Salut ! Tu peux garder tes pompes, tkt. Rentre, mets-toi bien ! Une petite infusion, un gâteau maison, une p'tite clope impayable ? Sers-toi. Tu peux mettre les pieds sur la table, fais comme chez toi. Ici tu trouveras moult textes, peut-être quelques morceaux, le tout de qualité moyenne, qui me permettent de ne pas crever d'angoisse et qui n'ont pour but que de divertir, d'amuser et c'est déjà pas mal. Et si jamais quelque chose t'inspirait, ou si tu en avais l'envie irréfléchie, et bien : les plumes sont là, l'encrier à côté, le coin stud' et les grattes sont en libre service, hésite pas à t'en servir et à placarder le résultat sur les murs ou dans le juke-box ! Ici c'est le partage ! D'ailleurs... *Prolétarien vous tend une drôle de cigarette*. Commençons ! Le premier matin des gilets jaunes, je suis allé dans la forêt, et, frappé par les couleurs, j'suis resté un moment. Un arbre m'a soufflé une idée de texte. Je suis en grève, oui ! En grève de la grève Ai filé ce matin en forêt à l'anglaise Au lieu d'aller crier dans les métrofournaises Déserteur de la guerre, j'ai préféré la trêve J'ai parcouru forêt, à mes côtés mon chien Emprunté des chemins, qui ne sont jamais miens Traverser des contrées qui n'ont pour seuls maîtres Que le génie du temps et les cycles champêtres J'allais tranquillement, tout à fait silencieux De mes chaussures trouées, d'un pas parcimonieux L'oreille attentive à ce qui, vu des cieux, Font de la Nature une plus belle chose que dieu Tout à coup, subitement, entre l'herbe et le vent Entre le chant des fleurs et les murmures du temps Une voix m'est venue, une voix grave et profonde Comme provenue tout droit des profondeurs du monde C'était un saule pleureur, penché sur le sentier Qui ployait incertain sous le poids des années Il me parlait à moi, d'une voix claire et sereine C'était une voix de Roi qui a perdu sa Reine "Je suis un saule pleureur, voici venu l'Automne Vois ! Mes frères alentours se sont rendus aphones Plus rien ici ne vibre et plus rien n'a de sens Vous les humains, démons, avez perdu vos sens ! Vos bouches folles parlent plus qu'elles ne disent Et vos bras ridicules, qui toujours mécanisent Pour ne pas accomplir vos terribles entreprises Qui font les oiseaux morts et les étoiles grises Regarde ! Homme, ton espèce est aveugle ! Elle bêle depuis des siècles et maintenant elle beugle ! L'idée lui est venue, subitement tout à coup, De mettre un gilet jaune pour prévenir du courroux ? Homme ! Regarde ! Regarde, c'est l'Automne ! Et mes frères et moi nous nous drapons de jaune Certains vont même jusqu'a saigner de rouge Tout bloqués que nous sommes, nous voulons que ça bouge ! La mésange au travail prévenait de son bleu Le rouge-gorge protestait, n'était pas merveilleux L'abeille volait, criarde, de son jaune flamboyant Et le feu des étoiles dans l'oeil de l'éléphant ! Tu n'as rien vu de ça, et tu parles de raison ? Vois, âme de paille, et va dans les maisons, Les rues et les palais, à travers les saisons Et dis-leur que l'Automne est notre révolution !"
Prolétarien Il y a 5 ans

Salut ! Tu peux garder tes pompes, tkt. Rentre, mets-toi bien ! Une petite infusion, un gâteau maison, une p'tite clope impayable ? Sers-toi.
Tu peux mettre les pieds sur la table, fais comme chez toi. Ici tu trouveras moult textes, peut-être quelques morceaux, le tout de qualité moyenne, qui me permettent de ne pas crever d'angoisse et qui n'ont pour but que de divertir, d'amuser et c'est déjà pas mal.

Et si jamais quelque chose t'inspirait, ou si tu en avais l'envie irréfléchie, et bien : les plumes sont là, l'encrier à côté, le coin stud' et les grattes sont en libre service, hésite pas à t'en servir et à placarder le résultat sur les murs ou dans le juke-box ! Ici c'est le partage ! D'ailleurs...

*Prolétarien vous tend une drôle de cigarette*.

Commençons ! Le premier matin des gilets jaunes, je suis allé dans la forêt, et, frappé par les couleurs, j'suis resté un moment. Un arbre m'a soufflé une idée de texte.

Je suis en grève, oui ! En grève de la grève
Ai filé ce matin en forêt à l'anglaise
Au lieu d'aller crier dans les métrofournaises
Déserteur de la guerre, j'ai préféré la trêve

J'ai parcouru forêt, à mes côtés mon chien
Emprunté des chemins, qui ne sont jamais miens
Traverser des contrées qui n'ont pour seuls maîtres
Que le génie du temps et les cycles champêtres

J'allais tranquillement, tout à fait silencieux
De mes chaussures trouées, d'un pas parcimonieux
L'oreille attentive à ce qui, vu des cieux,
Font de la Nature une plus belle chose que dieu

Tout à coup, subitement, entre l'herbe et le vent
Entre le chant des fleurs et les murmures du temps
Une voix m'est venue, une voix grave et profonde
Comme provenue tout droit des profondeurs du monde

C'était un saule pleureur, penché sur le sentier
Qui ployait incertain sous le poids des années
Il me parlait à moi, d'une voix claire et sereine
C'était une voix de Roi qui a perdu sa Reine

"Je suis un saule pleureur, voici venu l'Automne
Vois ! Mes frères alentours se sont rendus aphones
Plus rien ici ne vibre et plus rien n'a de sens
Vous les humains, démons, avez perdu vos sens !

Vos bouches folles parlent plus qu'elles ne disent
Et vos bras ridicules, qui toujours mécanisent
Pour ne pas accomplir vos terribles entreprises
Qui font les oiseaux morts et les étoiles grises

Regarde ! Homme, ton espèce est aveugle !
Elle bêle depuis des siècles et maintenant elle beugle !
L'idée lui est venue, subitement tout à coup,
De mettre un gilet jaune pour prévenir du courroux ?

Homme ! Regarde ! Regarde, c'est l'Automne !
Et mes frères et moi nous nous drapons de jaune
Certains vont même jusqu'a saigner de rouge
Tout bloqués que nous sommes, nous voulons que ça bouge !

La mésange au travail prévenait de son bleu
Le rouge-gorge protestait, n'était pas merveilleux
L'abeille volait, criarde, de son jaune flamboyant
Et le feu des étoiles dans l'oeil de l'éléphant !

Tu n'as rien vu de ça, et tu parles de raison ?
Vois, âme de paille, et va dans les maisons,
Les rues et les palais, à travers les saisons
Et dis-leur que l'Automne est notre révolution !"

Rainy sunday... https://youtu.be/Gx1T_dS6_LE #Mood
Prolétarien Il y a 5 ans

Rainy sunday...


https://youtu.be/Gx1T_dS6_LE

#Mood

[quote="Prolétarien"]Rainy sunday... https://youtu.be/Gx1T_dS6_LE #Mood[/quote] <3
suffragettes AB Il y a 5 ans

Rainy sunday...


https://youtu.be/Gx1T_dS6_LE

#Mood


<3

Allez fock it ; j'ai rouvert le mediapart. Avec une petite dédicasse à un copain du forum dedans, qui se reconnaitra ;) https://blogs.mediapart.fr/ben-kwak/blog/021218/humanite-saez-inception-de-la-critique
Prolétarien Il y a 5 ans

Allez fock it ; j'ai rouvert le mediapart. Avec une petite dédicasse à un copain du forum dedans, qui se reconnaitra

https://blogs.mediapart.fr/ben-kwak/blog/021218/humanite-saez-inception-de-la-critique

[quote="Prolétarien"]Allez fock it ; j'ai rouvert le mediapart. Avec une petite dédicasse à un copain du forum dedans, qui se reconnaitra ;) https://blogs.mediapart.fr/ben-kwak/blog/021218/humanite-saez-inception-de-la-critique[/quote] <3 " C'est la propension d'un monde globalisé qui tend à dire que si on vise précis, on touche tout le monde ? (...) Celui de viser un comportement plus qu'une personne. Celui de mettre en scène un archétype (ce qu'a toujours fait Saez) et de le démonter, comme de la satyre. Car ce n'est rien d'autre : de l'exagération et de la satyre, de la montée en épingle grossière pour mieux percuter ceux qui pourraient se sentir visés. Rien ni personne n'est à 100% le personnage de la chanson. Pourtant, nous sommes tous, à 0.2, 3, ou 10%, des cibles de la chanson - Saez y compris." bien vu
suffragettes AB Il y a 5 ans

Allez fock it ; j'ai rouvert le mediapart. Avec une petite dédicasse à un copain du forum dedans, qui se reconnaitra

https://blogs.mediapart.fr/ben-kwak/blog/021218/humanite-saez-inception-de-la-critique


<3 " C'est la propension d'un monde globalisé qui tend à dire que si on vise précis, on touche tout le monde ? (...) Celui de viser un comportement plus qu'une personne. Celui de mettre en scène un archétype (ce qu'a toujours fait Saez) et de le démonter, comme de la satyre.

Car ce n'est rien d'autre : de l'exagération et de la satyre, de la montée en épingle grossière pour mieux percuter ceux qui pourraient se sentir visés. Rien ni personne n'est à 100% le personnage de la chanson. Pourtant, nous sommes tous, à 0.2, 3, ou 10%, des cibles de la chanson - Saez y compris."

bien vu

Beau billet @Prolétarien. Du coup je comprend pas trop la pique que tu m'envoie, sachant que 95% des choses que tu dis dans ton article je les partages et je les aies exprimées dans le forum. Encore hier soir je faisais un parallèle entre le traitement de l'archétype de la courtisane dans la peinture et sa récurrence dans l'oeuvre de Saez. Et je ne dis pas cela pour Saez mais pour essayé de faire comprendre la chose aux spectateurs. La même démarche que toi avec ton billet... Enfin bon, il y a ceux qui comprennent vite et ceux à qui il faut plus de temps, l'essentiel c'est que tu as réussit par finir a comprendre! ;) Par contre j'ai pas pu m'empêcher de pouffer en lisant ça: "En réalité, le problème c'est pas tant l'artiste que la façon dont il est perçu et attendu. le problème souvent, c'est moins l'oeuvre que le public et les critiques, véritables ruines qui se croient sémaphores." C'est très juste! Mais quand on se rappel les inepties sémaphoriques dont tu nous a gratifiés, jusqu'il y a encore peu de temps, c'est cocasse de lire cela sous ta plume! La schizophrénie, un effet secondaire de tout les psychotropes dont tu uses et abuse?
Koolseb Il y a 5 ans

Beau billet Prolétarien.

Du coup je comprend pas trop la pique que tu m'envoie, sachant que 95% des choses que tu dis dans ton article je les partages et je les aies exprimées dans le forum. Encore hier soir je faisais un parallèle entre le traitement de l'archétype de la courtisane dans la peinture et sa récurrence dans l'oeuvre de Saez. Et je ne dis pas cela pour Saez mais pour essayé de faire comprendre la chose aux spectateurs. La même démarche que toi avec ton billet...

Enfin bon, il y a ceux qui comprennent vite et ceux à qui il faut plus de temps, l'essentiel c'est que tu as réussit par finir a comprendre!

Par contre j'ai pas pu m'empêcher de pouffer en lisant ça:

"En réalité, le problème c'est pas tant l'artiste que la façon dont il est perçu et attendu. le problème souvent, c'est moins l'oeuvre que le public et les critiques, véritables ruines qui se croient sémaphores."

C'est très juste! Mais quand on se rappel les inepties sémaphoriques dont tu nous a gratifiés, jusqu'il y a encore peu de temps, c'est cocasse de lire cela sous ta plume! La schizophrénie, un effet secondaire de tout les psychotropes dont tu uses et abuse?

Je t'envoyais cette petite pique rigolote parce que j'ai eu peur que tu restes braqué sur nos dernières frasques vu le message reçu quand j'suis reviendu. L'air de dire que les vrais artistes, souvent, ils sont confrontés à l'indifférence voire au mépris d'un paquet de publics. (je ne dis absolument pas ça pour dire que je suis un artiste, je ne suis qu'un fou, mais l'air de dire qu'on pourra tirer à boulet rouges sur les créatifs, ça ne les fera pas arrêter s'ils en sont vraiment). l'air de dire à la twittosphère (et à moi même aussi) qu'au fond, qu'on kiffe, qu'on soit gêné, ou qu'on soit fan, l'artiste s'en branle, c'est pour ça je pense que Damien a écrit en énorme "N'est maitre de son art que celui qui le crée" sur le site du manifeste. le fait que l'album soit très léché musicalement et que tout ne soit pas uniquement dans la veine d'une critique acerbe et réactionnaire a du pas mal me calmer, j'ai jamais cherché un autre angle que le vieux perché arraché qu'a pas les moyens de passer la porte du manifeste, donc le terme d'abruti, de réac, d'imbécile, je veux bien, mais de sémaphore, j'ai jamais cherché autre chose quand je faisais du frontal ici qu'à mettre des coups de pied dans la fourmilière. J'ai jamais fait un article pour exprimer mon opinion, alors que pour la critique de la critique, je me sens plus légitime : c'est pas l'opinion sur un artiste que je partage, mais celle du traitement qu'on réserve à différents artistes. Oui, tu as bien remarqué, j'ai une propension maladive parfois à me faire l'avocat du diable ou l'inquisiteur des Saints, à défendre l'indéfendable, à attaquer l'innattaquable. Lorsqu'il faut défendre des pédophiles au milieu des nuées de coupeurs de couilles, je trouve un plaisir malsain. Je ne sais pas pourquoi. Mais je me soigne. Des fois ça me fait dire des trucs que je ne pense absolument pas mais que je trouve intéressant de sortir. Y'a des cachets contre ça ? (j'ai trouvé que la weed, qui fait s'en foutre de tout ^^) Et oui j'pense que j'ai un souci psycho, plus proche de la bipolarité que de la schyzophrénie, j'ai pas encore de voix ou mon image distordue dans le miroir. M'enfin, on apprend à vivre avec ;) bref je suis heureux qu'on puisse se reparler au calme, j't'aime bien, moi, avec ton sens de la verve acérée ;)
Prolétarien Il y a 5 ans

Je t'envoyais cette petite pique rigolote parce que j'ai eu peur que tu restes braqué sur nos dernières frasques vu le message reçu quand j'suis reviendu. L'air de dire que les vrais artistes, souvent, ils sont confrontés à l'indifférence voire au mépris d'un paquet de publics. (je ne dis absolument pas ça pour dire que je suis un artiste, je ne suis qu'un fou, mais l'air de dire qu'on pourra tirer à boulet rouges sur les créatifs, ça ne les fera pas arrêter s'ils en sont vraiment).

l'air de dire à la twittosphère (et à moi même aussi) qu'au fond, qu'on kiffe, qu'on soit gêné, ou qu'on soit fan, l'artiste s'en branle, c'est pour ça je pense que Damien a écrit en énorme "N'est maitre de son art que celui qui le crée" sur le site du manifeste.

le fait que l'album soit très léché musicalement et que tout ne soit pas uniquement dans la veine d'une critique acerbe et réactionnaire a du pas mal me calmer, j'ai jamais cherché un autre angle que le vieux perché arraché qu'a pas les moyens de passer la porte du manifeste, donc le terme d'abruti, de réac, d'imbécile, je veux bien, mais de sémaphore, j'ai jamais cherché autre chose quand je faisais du frontal ici qu'à mettre des coups de pied dans la fourmilière. J'ai jamais fait un article pour exprimer mon opinion, alors que pour la critique de la critique, je me sens plus légitime : c'est pas l'opinion sur un artiste que je partage, mais celle du traitement qu'on réserve à différents artistes.

Oui, tu as bien remarqué, j'ai une propension maladive parfois à me faire l'avocat du diable ou l'inquisiteur des Saints, à défendre l'indéfendable, à attaquer l'innattaquable. Lorsqu'il faut défendre des pédophiles au milieu des nuées de coupeurs de couilles, je trouve un plaisir malsain. Je ne sais pas pourquoi. Mais je me soigne. Des fois ça me fait dire des trucs que je ne pense absolument pas mais que je trouve intéressant de sortir. Y'a des cachets contre ça ? (j'ai trouvé que la weed, qui fait s'en foutre de tout )

Et oui j'pense que j'ai un souci psycho, plus proche de la bipolarité que de la schyzophrénie, j'ai pas encore de voix ou mon image distordue dans le miroir. M'enfin, on apprend à vivre avec

bref je suis heureux qu'on puisse se reparler au calme, j't'aime bien, moi, avec ton sens de la verve acérée

Allez, petit novella en monologue ;) LES REVERBERES, C'EST VRAIMENT DE LA MERDE « J'sais pas trop quoi vous dire, moi. C’est pas qu’votre petite tentative de me mettre la pression ne marche pas, avec votre costume terne, votre regard de condé et vos questions à la mords-moi-l’noeud. J’dois bien avouer que c’est impressionnant, mais vous fatiguez pas, j’ai rien fait, quoi. J’en suis le premier navré, parce que ça me rend malade, cette histoire, mais j’peux pas vous révéler grand chose, vous savez. J’me doute bien que j’dois être sur le haut de la liste des concernés, ou pas loin, vu que j’passais l’ensemble de mes soirées avec lui, à vider bouteille sur bouteille en écumant les rues houleuses de cette ville noyée par le chagrin et bouffée par le froid, mais j’sais rien. Désolé. Vous savez, moi, dans la rue, depuis la rue, j’veux dire, j’fais tout mon possible pour ne plus jamais repenser à rien ni à personne. C’est trop dur. C’est pour ça que j’percute que j’ai jamais vraiment su grand chose sur Jo’. Pour tout vous dire, je crois que je connaissais mieux son clébard... Oh, bien sûr, j’pourrais vous dire, comme tant d’autres paumés de cette ville, combien de bouteilles le Jo’ avait besoin de s’envoyer avant de rejoindre son squatt’ miteux en bas des vieux quartiers. J’pourrais vous dire qu’il lisait - parce qu’il lisait, le con ; et même que ce qui lui faisait le plus plaisir, à Jo’, après le trop plein de whisky, c’était qu’on aille faire un tour chez la vieille Louise. Moi j’adorais son ragoût et puis on trouvait facilement de quoi s’mettre au chaud là-d’dans pour un moment, quoi, la vieille Louise elle tolérait qu’on aille foutre nos sales pattes sur son sol immaculé, pour la simple et bonne raison qu’elle était folle du chien de Jo’, comme tout le monde dans cette foutue ville, d’ailleurs. Jo’, il en a jamais rien eu à branler, du ragoût, et du mauvais pinard servi là bas, et j’crois même qu’il pouvait pas s’encadrer la vieille Louise. Par contre, que son chien soit au chaud, qu’il ait lui aussi son assiette comme tout un chacun - mais gratuit, pour lui ! - et qu’il ait droit aux caresses de l’assemblée et de se foutre en boule comme un vieux caniche devant le poêle, ça, c’était quelque chose, et ça suffisait pour faire disparaître les rides d’anxiété que Jo’ avait toujours aux coins des joues. J’pense pas m’avancer en disant que c’est à ce moment là que Jo’ était au plus proche de ce qu’on pourrait nommer un petit bout de morceau de bonheur. Mais j'sais que c'est pas ce qui vous intéresse. Ce qui vous intéresse, c'est à dire d’où venait Jo’, pourquoi on le surnommait Jo’, s’il avait eu un jour un métier, une famille, des amis, et où il allait, j’en sais foutre rien, j’vous le répète, m’sieur. J’peux vous dire qu’il adorait la nuit, son chien, les clopes sans filtres et voir le soleil se lever, bourrés - nous, je veux dire, hein, pas le soleil. Mais j’ai jamais foutu un pied chez lui - enfin, si j’puis dire - et encore moins osé poser une question. Jo’, on l’appréciait parce qu’il était dans la rue, lui aussi, et qu’il la connaissait par coeur. Donc j'peux vous dire que ça faisait perpet' qu’il y était. Combien de temps ? Trop. Précisément ? Aucune idée. Et j’pense que Jo’ ne savait pas non plus. P’t’être que seul le clebs... D’ailleurs, j’ai jamais su comment il s’appelait, ce putain de corniaud à la con, parce que Jo’ disait qu’il avait pas de nom. Il baragouinait, entre ses chicos pourris, que si le chien avait pas trouvé utile de nous donner des noms à nous, y’avait aucune raison de lui en donner un, à lui. Question de non-réciprocité, qu’il disait. De respect animal. Il disait que nommer les choses, c’était les réduire, et que le langage c’était une barrière. J’ai jamais trop compris, mais j’aimais bien quand il partait dans ses délires de littéraire-philosophe, ça allumait les étoiles, et puis surtout ça faisait passer le temps et se vider les bouteilles, parce qu’il faut bien se l’avouer, m’sieur : l’hiver, dehors, les nuits sont longues, et écouter Jo’ réciter ou inventer, ça réchauffait la tête et le coeur en même temps. Pour tout vous dire, quand il parlait, j'pense qu’il s’adressait tout autant à son chien qu’à moi qu’aux étoiles, le Jo’, de sa vieille voix rauque qui grattait les murs de la ville comme pour les faire s’effondrer. Il pouvait rester là, des heures, à penser à voix-haute, et réciter des trucs et des machins, en prose ou en vers, en rimes ou pas, et moi, surement plus con que le corniaud, quand rarement j'comprenais quelque chose, j’trouvais jamais rien à répondre. Alors on restait là, et Jo’ parlait, parlait, comme un livre d’au moins trois cent pages. De là à vous dire où il avait appris tous ces trucs, s’il les inventait, s’il récitait, où s’il s’agissait là de fragments d’une vie ruinée, j’en suis pas capable, nom de dieu, et j’en ai pas grand chose à foutre. C’était beau, et comme tout ce qui est vraiment beau, j’suis incapable de vous dire pourquoi, et surtout, j’ai aucune envie de le savoir, ça flinguerait tout le charme. Ce qui est comique, c’est que Jo’ parlait autant quand on était seuls qu’il se montrait avare de mots avec les passants, les flics qui venaient nous faire chier - le prenez pas pour vous, hein -, ou les vendeurs de gnôle des épiceries de nuit. Le strict minimum, quoi. Bien évidemment, toujours poli, le bonhomme, mais c’est tout. “ Bonjour, whisky, croquettes, merci au revoir ”. Et une fois revenus dehors, dans le grand froid des rues désertées, il s’adressait aux trottoirs, aux étoiles, à la nuit et même à tout le reste, j’crois bien. A tout ce qui ne pouvait pas répondre, en fait, dont moi. Mais faut pas partir trop loin, hein, j’pense pas qu’il lui soit arrivé grand chose. Ca fait quoi, deux, trois semaines qu’il a disparu ? Il a du mettre les voiles, trouver son port, ou j’sais pas : c’est pas le genre à faire des adieux, le Jo’. J’comprends pas pourquoi vous cherchez absolument à mettre la main dessus. Personne l’aurait zigouillé, quand même, j’vois pas comment on peut lui vouloir le moindre mal, et comment il pourrait se créer la moindre embrouille. Il va bien, j’en suis sûr : c’est un débrouillard, et c’est pas le genre à avoir des idées moroses même sous une nuit givrée à -4° par un soir de noël, contrairement à nous tous. Si j’devais m’inquiéter vraiment pour quelqu’un d’autre que moi-même - ce que je me refuse de faire sinon je serai mort d’inquiétude depuis longtemps - j’aurais plus les jetons pour le chien, quoi, parce que quand même, c’était une vieille bête, et j’suis pas sûr qu’il tienne la route encore trop longtemps, alors si Jo’ a mis les voiles, le corniaud a pas du suivre facilement... A vrai dire, j’pense que ça a toujours été son drame, à Jo’, que son clébard ne le suive pas, intellectuellement. Qu'il ne lui parle pas. Parce qu’au final, il a toujours été plus proche du chien que de l’homme, ça j’en suis sûr. Quand parfois, pour continuer à profiter un peu de son alcool, j'le raccompagnais jusque devant son squatt’, on faisait tout le trajet sans qu’il ne m’adresse la parole une seule fois. Tout était adressée au chien. Un sacré tableau ! Jo’, titubant et déclamant des poèmes à n’en plus finir, et ce con de corniaud, réglé comme une horloge, qui pissait et reniflait toujours aux mêmes endroits chaque soir, avec une exactitude presque surréaliste. La rue de la vieille église, le lampadaire de droite, puis la rue Saint-James, avec ses pavés et ses plots, qu’il sniffait un par un, toujours, comme si l’un d’eux allait changer d’une nuit à l’autre, ou comme s’ils recelaient un trésor olfactif inestimable, ou j'sais pas quoi... et enfin, le vieux chantier délaissé, avec son hangar pourri, et toujours le chien qui renifle à droite à gauche dans une routine dédaigneuse de pisse-partout. La dernière soirée où j’ai vu Jo’, il parlait à son chien, comme d’hab, mais, maintenant qu’on parle de tout ça depuis un moment, en fait, ça m'revient : il lui posait des questions, très sérieusement, comme si le corniaud allait lui répondre voire même lui tenir la dragée haute. Du genre, j'ai plus les mots exacts - où alors ça va me revenir d’un coup comme ça et repartir aussi sec - mais il lui disait un truc du genre : “Encore pisser sur ce foutu lampadaires, corniaud ?! Pourquoi t’as toujours eu besoin de marquer ton territoire comme un guerrier à la con, hein ? Rien n’est à personne, personne n’est rien, et j’en ai marre de te voir te ruer sur ces poteaux grisâtres et autres merdes urbaines pour qu’un autre chien, tout aussi légitime que toi, ne vienne te griller dès le lendemain matin, dans la grande valse ridicule du territoires des chiens. Pourquoi ?” Le clebs avait relevé la tête, puis repris sa distribution de pisse au compte-goutte, imperturbable. C'était quasiment sa dernière phrase, avant qu’on arrive au squatt, et ça nous a laissé pensifs tous les deux pendant au moins cinq cent mètres, facile. Mais, juste avant de le laisser rentrer dans son hangar et que j'reparte, comme si le chien lui avait répondu sans que j’entende, Jo’ s’est tourné vers moi, ça m'revient tout à fait maintenant, puis il m’a dit : “En fait, c’est nous qui sommes vraiment largués. On parle plus comme il faut. Le chien communique depuis tout ce temps, et j’étais trop con pour le comprendre. S’il pisse sur le lampadaire avec assiduité chaque fois, ce n’est ni pour marquer son territoire, ni pour attirer des femelles, mais pour communiquer. C’est métaphorique, un chien, et toujours sans concession. Et à mon avis, l’corniaud, là, il dit simplement :”les réverbères, il faut pisser dessus. Tout comme les murs, les magasins, les maisons, et tout le reste. Partout, toujours, il faut pisser : votre civilisation, c’est vraiment de la merde !” J'ai pas su quoi répondre, alors j'ai dit « Bonne nuit !». Et depuis, plus la moindre trace de Jo', ni même du chien, m’sieur. Et j'ai rien d'autre à vous dire. Juste, comme j'vous le dis, j'y suis pour rien, moi... Mais excusez, vous avez des toilettes, ici ? Faut que j’aille pisser... »
Prolétarien Il y a 5 ans

Allez, petit novella en monologue

LES REVERBERES, C'EST VRAIMENT DE LA MERDE

« J'sais pas trop quoi vous dire, moi. C’est pas qu’votre petite tentative de me mettre la pression ne marche pas, avec votre costume terne, votre regard de condé et vos questions à la mords-moi-l’noeud. J’dois bien avouer que c’est impressionnant, mais vous fatiguez pas, j’ai rien fait, quoi. J’en suis le premier navré, parce que ça me rend malade, cette histoire, mais j’peux pas vous révéler grand chose, vous savez. J’me doute bien que j’dois être sur le haut de la liste des concernés, ou pas loin, vu que j’passais l’ensemble de mes soirées avec lui, à vider bouteille sur bouteille en écumant les rues houleuses de cette ville noyée par le chagrin et bouffée par le froid, mais j’sais rien. Désolé. Vous savez, moi, dans la rue, depuis la rue, j’veux dire, j’fais tout mon possible pour ne plus jamais repenser à rien ni à personne. C’est trop dur. C’est pour ça que j’percute que j’ai jamais vraiment su grand chose sur Jo’. Pour tout vous dire, je crois que je connaissais mieux son clébard...

Oh, bien sûr, j’pourrais vous dire, comme tant d’autres paumés de cette ville, combien de bouteilles le Jo’ avait besoin de s’envoyer avant de rejoindre son squatt’ miteux en bas des vieux quartiers. J’pourrais vous dire qu’il lisait - parce qu’il lisait, le con ; et même que ce qui lui faisait le plus plaisir, à Jo’, après le trop plein de whisky, c’était qu’on aille faire un tour chez la vieille Louise. Moi j’adorais son ragoût et puis on trouvait facilement de quoi s’mettre au chaud là-d’dans pour un moment, quoi, la vieille Louise elle tolérait qu’on aille foutre nos sales pattes sur son sol immaculé, pour la simple et bonne raison qu’elle était folle du chien de Jo’, comme tout le monde dans cette foutue ville, d’ailleurs. Jo’, il en a jamais rien eu à branler, du ragoût, et du mauvais pinard servi là bas, et j’crois même qu’il pouvait pas s’encadrer la vieille Louise. Par contre, que son chien soit au chaud, qu’il ait lui aussi son assiette comme tout un chacun - mais gratuit, pour lui ! - et qu’il ait droit aux caresses de l’assemblée et de se foutre en boule comme un vieux caniche devant le poêle, ça, c’était quelque chose, et ça suffisait pour faire disparaître les rides d’anxiété que Jo’ avait toujours aux coins des joues. J’pense pas m’avancer en disant que c’est à ce moment là que Jo’ était au plus proche de ce qu’on pourrait nommer un petit bout de morceau de bonheur.

Mais j'sais que c'est pas ce qui vous intéresse.

Ce qui vous intéresse, c'est à dire d’où venait Jo’, pourquoi on le surnommait Jo’, s’il avait eu un jour un métier, une famille, des amis, et où il allait, j’en sais foutre rien, j’vous le répète, m’sieur. J’peux vous dire qu’il adorait la nuit, son chien, les clopes sans filtres et voir le soleil se lever, bourrés - nous, je veux dire, hein, pas le soleil. Mais j’ai jamais foutu un pied chez lui - enfin, si j’puis dire - et encore moins osé poser une question. Jo’, on l’appréciait parce qu’il était dans la rue, lui aussi, et qu’il la connaissait par coeur. Donc j'peux vous dire que ça faisait perpet' qu’il y était. Combien de temps ? Trop. Précisément ? Aucune idée. Et j’pense que Jo’ ne savait pas non plus. P’t’être que seul le clebs...

D’ailleurs, j’ai jamais su comment il s’appelait, ce putain de corniaud à la con, parce que Jo’ disait qu’il avait pas de nom. Il baragouinait, entre ses chicos pourris, que si le chien avait pas trouvé utile de nous donner des noms à nous, y’avait aucune raison de lui en donner un, à lui. Question de non-réciprocité, qu’il disait. De respect animal. Il disait que nommer les choses, c’était les réduire, et que le langage c’était une barrière. J’ai jamais trop compris, mais j’aimais bien quand il partait dans ses délires de littéraire-philosophe, ça allumait les étoiles, et puis surtout ça faisait passer le temps et se vider les bouteilles, parce qu’il faut bien se l’avouer, m’sieur : l’hiver, dehors, les nuits sont longues, et écouter Jo’ réciter ou inventer, ça réchauffait la tête et le coeur en même temps.

Pour tout vous dire, quand il parlait, j'pense qu’il s’adressait tout autant à son chien qu’à moi qu’aux étoiles, le Jo’, de sa vieille voix rauque qui grattait les murs de la ville comme pour les faire s’effondrer. Il pouvait rester là, des heures, à penser à voix-haute, et réciter des trucs et des machins, en prose ou en vers, en rimes ou pas, et moi, surement plus con que le corniaud, quand rarement j'comprenais quelque chose, j’trouvais jamais rien à répondre. Alors on restait là, et Jo’ parlait, parlait, comme un livre d’au moins trois cent pages. De là à vous dire où il avait appris tous ces trucs, s’il les inventait, s’il récitait, où s’il s’agissait là de fragments d’une vie ruinée, j’en suis pas capable, nom de dieu, et j’en ai pas grand chose à foutre. C’était beau, et comme tout ce qui est vraiment beau, j’suis incapable de vous dire pourquoi, et surtout, j’ai aucune envie de le savoir, ça flinguerait tout le charme.

Ce qui est comique, c’est que Jo’ parlait autant quand on était seuls qu’il se montrait avare de mots avec les passants, les flics qui venaient nous faire chier - le prenez pas pour vous, hein -, ou les vendeurs de gnôle des épiceries de nuit. Le strict minimum, quoi. Bien évidemment, toujours poli, le bonhomme, mais c’est tout. “ Bonjour, whisky, croquettes, merci au revoir ”. Et une fois revenus dehors, dans le grand froid des rues désertées, il s’adressait aux trottoirs, aux étoiles, à la nuit et même à tout le reste, j’crois bien. A tout ce qui ne pouvait pas répondre, en fait, dont moi.

Mais faut pas partir trop loin, hein, j’pense pas qu’il lui soit arrivé grand chose. Ca fait quoi, deux, trois semaines qu’il a disparu ? Il a du mettre les voiles, trouver son port, ou j’sais pas : c’est pas le genre à faire des adieux, le Jo’. J’comprends pas pourquoi vous cherchez absolument à mettre la main dessus. Personne l’aurait zigouillé, quand même, j’vois pas comment on peut lui vouloir le moindre mal, et comment il pourrait se créer la moindre embrouille. Il va bien, j’en suis sûr : c’est un débrouillard, et c’est pas le genre à avoir des idées moroses même sous une nuit givrée à -4° par un soir de noël, contrairement à nous tous. Si j’devais m’inquiéter vraiment pour quelqu’un d’autre que moi-même - ce que je me refuse de faire sinon je serai mort d’inquiétude depuis longtemps - j’aurais plus les jetons pour le chien, quoi, parce que quand même, c’était une vieille bête, et j’suis pas sûr qu’il tienne la route encore trop longtemps, alors si Jo’ a mis les voiles, le corniaud a pas du suivre facilement...

A vrai dire, j’pense que ça a toujours été son drame, à Jo’, que son clébard ne le suive pas, intellectuellement. Qu'il ne lui parle pas. Parce qu’au final, il a toujours été plus proche du chien que de l’homme, ça j’en suis sûr. Quand parfois, pour continuer à profiter un peu de son alcool, j'le raccompagnais jusque devant son squatt’, on faisait tout le trajet sans qu’il ne m’adresse la parole une seule fois. Tout était adressée au chien. Un sacré tableau ! Jo’, titubant et déclamant des poèmes à n’en plus finir, et ce con de corniaud, réglé comme une horloge, qui pissait et reniflait toujours aux mêmes endroits chaque soir, avec une exactitude presque surréaliste. La rue de la vieille église, le lampadaire de droite, puis la rue Saint-James, avec ses pavés et ses plots, qu’il sniffait un par un, toujours, comme si l’un d’eux allait changer d’une nuit à l’autre, ou comme s’ils recelaient un trésor olfactif inestimable, ou j'sais pas quoi... et enfin, le vieux chantier délaissé, avec son hangar pourri, et toujours le chien qui renifle à droite à gauche dans une routine dédaigneuse de pisse-partout.

La dernière soirée où j’ai vu Jo’, il parlait à son chien, comme d’hab, mais, maintenant qu’on parle de tout ça depuis un moment, en fait, ça m'revient : il lui posait des questions, très sérieusement, comme si le corniaud allait lui répondre voire même lui tenir la dragée haute. Du genre, j'ai plus les mots exacts - où alors ça va me revenir d’un coup comme ça et repartir aussi sec - mais il lui disait un truc du genre : “Encore pisser sur ce foutu lampadaires, corniaud ?! Pourquoi t’as toujours eu besoin de marquer ton territoire comme un guerrier à la con, hein ? Rien n’est à personne, personne n’est rien, et j’en ai marre de te voir te ruer sur ces poteaux grisâtres et autres merdes urbaines pour qu’un autre chien, tout aussi légitime que toi, ne vienne te griller dès le lendemain matin, dans la grande valse ridicule du territoires des chiens. Pourquoi ?”

Le clebs avait relevé la tête, puis repris sa distribution de pisse au compte-goutte, imperturbable.

C'était quasiment sa dernière phrase, avant qu’on arrive au squatt, et ça nous a laissé pensifs tous les deux pendant au moins cinq cent mètres, facile. Mais, juste avant de le laisser rentrer dans son hangar et que j'reparte, comme si le chien lui avait répondu sans que j’entende, Jo’ s’est tourné vers moi, ça m'revient tout à fait maintenant, puis il m’a dit : “En fait, c’est nous qui sommes vraiment largués. On parle plus comme il faut. Le chien communique depuis tout ce temps, et j’étais trop con pour le comprendre. S’il pisse sur le lampadaire avec assiduité chaque fois, ce n’est ni pour marquer son territoire, ni pour attirer des femelles, mais pour communiquer. C’est métaphorique, un chien, et toujours sans concession. Et à mon avis, l’corniaud, là, il dit simplement :”les réverbères, il faut pisser dessus. Tout comme les murs, les magasins, les maisons, et tout le reste. Partout, toujours, il faut pisser : votre civilisation, c’est vraiment de la merde !”

J'ai pas su quoi répondre, alors j'ai dit « Bonne nuit !». Et depuis, plus la moindre trace de Jo', ni même du chien, m’sieur. Et j'ai rien d'autre à vous dire. Juste, comme j'vous le dis, j'y suis pour rien, moi... Mais excusez, vous avez des toilettes, ici ? Faut que j’aille pisser... »

[quote="Prolétarien"] Tu peux mettre les pieds sur la table, fais comme chez toi.[/quote] Vraiment ? okay mec ! [quote="Prolétarien"] Je suis en grève, oui ! En grève de la grève Ai filé ce matin en forêt à l'anglaise Au lieu d'aller crier dans les métrofournaises Déserteur de la guerre, j'ai préféré la trêve J'ai parcouru forêt, à mes côtés mon chien Emprunté des chemins, qui ne sont jamais miens Traverser des contrées qui n'ont pour seuls maîtres Que le génie du temps et les cycles champêtres J'allais tranquillement, tout à fait silencieux De mes chaussures trouées, d'un pas parcimonieux L'oreille attentive à ce qui, vu des cieux, Font de la Nature une plus belle chose que dieu Tout à coup, subitement, entre l'herbe et le vent Entre le chant des fleurs et les murmures du temps Une voix m'est venue, une voix grave et profonde Comme provenue tout droit des profondeurs du monde C'était un saule pleureur, penché sur le sentier Qui ployait incertain sous le poids des années Il me parlait à moi, d'une voix claire et sereine C'était une voix de Roi qui a perdu sa Reine "Je suis un saule pleureur, voici venu l'Automne Vois ! Mes frères alentours se sont rendus aphones Plus rien ici ne vibre et plus rien n'a de sens Vous les humains, démons, avez perdu vos sens ! Vos bouches folles parlent plus qu'elles ne disent Et vos bras ridicules, qui toujours mécanisent Pour ne pas accomplir vos terribles entreprises Qui font les oiseaux morts et les étoiles grises Regarde ! Homme, ton espèce est aveugle ! Elle bêle depuis des siècles et maintenant elle beugle ! L'idée lui est venue, subitement tout à coup, De mettre un gilet jaune pour prévenir du courroux ? Homme ! Regarde ! Regarde, c'est l'Automne ! Et mes frères et moi nous nous drapons de jaune Certains vont même jusqu'a saigner de rouge Tout bloqués que nous sommes, nous voulons que ça bouge ! La mésange au travail prévenait de son bleu Le rouge-gorge protestait, n'était pas merveilleux L'abeille volait, criarde, de son jaune flamboyant Et le feu des étoiles dans l'oeil de l'éléphant ! Tu n'as rien vu de ça, et tu parles de raison ? Vois, âme de paille, et va dans les maisons, Les rues et les palais, à travers les saisons Et dis-leur que l'Automne est notre révolution !"[/quote] [URL=https://www.casimages.com/i/18120402093915810816023475.jpg.html][IMG]https://nsm09.casimages.com/img/2018/12/04//18120402093915810816023475.jpg[/IMG][/URL] [URL=https://www.casimages.com/i/18120402093815810816023474.jpg.html][IMG]https://nsm09.casimages.com/img/2018/12/04//18120402093815810816023474.jpg[/IMG][/URL] Le saule causeur tout un mardi !!!
latent Il y a 5 ans


Tu peux mettre les pieds sur la table, fais comme chez toi.


Vraiment ? okay mec !




Je suis en grève, oui ! En grève de la grève
Ai filé ce matin en forêt à l'anglaise
Au lieu d'aller crier dans les métrofournaises
Déserteur de la guerre, j'ai préféré la trêve

J'ai parcouru forêt, à mes côtés mon chien
Emprunté des chemins, qui ne sont jamais miens
Traverser des contrées qui n'ont pour seuls maîtres
Que le génie du temps et les cycles champêtres

J'allais tranquillement, tout à fait silencieux
De mes chaussures trouées, d'un pas parcimonieux
L'oreille attentive à ce qui, vu des cieux,
Font de la Nature une plus belle chose que dieu

Tout à coup, subitement, entre l'herbe et le vent
Entre le chant des fleurs et les murmures du temps
Une voix m'est venue, une voix grave et profonde
Comme provenue tout droit des profondeurs du monde

C'était un saule pleureur, penché sur le sentier
Qui ployait incertain sous le poids des années
Il me parlait à moi, d'une voix claire et sereine
C'était une voix de Roi qui a perdu sa Reine

"Je suis un saule pleureur, voici venu l'Automne
Vois ! Mes frères alentours se sont rendus aphones
Plus rien ici ne vibre et plus rien n'a de sens
Vous les humains, démons, avez perdu vos sens !

Vos bouches folles parlent plus qu'elles ne disent
Et vos bras ridicules, qui toujours mécanisent
Pour ne pas accomplir vos terribles entreprises
Qui font les oiseaux morts et les étoiles grises

Regarde ! Homme, ton espèce est aveugle !
Elle bêle depuis des siècles et maintenant elle beugle !
L'idée lui est venue, subitement tout à coup,
De mettre un gilet jaune pour prévenir du courroux ?

Homme ! Regarde ! Regarde, c'est l'Automne !
Et mes frères et moi nous nous drapons de jaune
Certains vont même jusqu'a saigner de rouge
Tout bloqués que nous sommes, nous voulons que ça bouge !

La mésange au travail prévenait de son bleu
Le rouge-gorge protestait, n'était pas merveilleux
L'abeille volait, criarde, de son jaune flamboyant
Et le feu des étoiles dans l'oeil de l'éléphant !

Tu n'as rien vu de ça, et tu parles de raison ?
Vois, âme de paille, et va dans les maisons,
Les rues et les palais, à travers les saisons
Et dis-leur que l'Automne est notre révolution !"







Le saule causeur tout un mardi !!!

Latent, c'est à mon tour de t'aimer. Faisons des bébés qui feront des peintures textuelles. T'es blindé de talent mon salaud, et je viens de comprendre ton pseudo ! Talent latent hein ? Tkt il commence à poindre ! Tu veux tracer des traits sur ma CB ? ce serait un honneur, amour que tu es <3 Edit : nan vraiment tes perspectives sont dingues ptin !!
Prolétarien Il y a 5 ans

Latent, c'est à mon tour de t'aimer. Faisons des bébés qui feront des peintures textuelles.

T'es blindé de talent mon salaud, et je viens de comprendre ton pseudo ! Talent latent hein ? Tkt il commence à poindre !

Tu veux tracer des traits sur ma CB ? ce serait un honneur, amour que tu es <3

Edit : nan vraiment tes perspectives sont dingues ptin !!

Hé, SaezLive, si en 2019 on disait qu'on en avait plus rien à foutre ? Chanson pour Marlène Schiappa ! \o/ https://soundcloud.com/user-453165221/marlene-schiappa Au fond d'une cour noire de sueur La clope noyée dans sa noirceur Y'a un prolo sans frère ni soeur Qui s'dit en ruminant malheur "j'aurais pu être un d'ces nantis La verve entourée d'abrutis Fiers des libertés asservies Au prix du peuple bien assis J'aurais vu les Dames de Montmartre J'eus même goûté des crabes en tarte Tenant en main les meilleures cartes J'aurais ri du peuple à pancarte. J'aurais pu être un de ceux-là Mais j'ai le rêve au-dessus d'ça, J'suis pas nanti mais pire que moi : j'aurais pu être Marlène Schiappa !" Au fond d'l'usine où il s'éreinte, La peau bouffée d'acides teintes Y'a un gamin dans son astreinte qui chante sur l'air de la pire plainte, "J'aurais pu être un d'ces marmots, La bouche toute pleine de jolis mots, Troquer contre une cuillère d'argent Ce que veulent les intelli-gens. La peau lissée tout comme les ailes Les policiers pour tout modèle N'ayant pour but que d'croque-la-belle Qu'elle soit colombe où hirondelle J'aurais pu être un de ceux-là Mais j'ai le coeur au dessus d'ça Moi j'me plains point, car pire, voilà : J'aurais pu être Marlène Schiappa !" Depuis les ruines de sa maison Sous l'humidité de son plafond Y'a un vieillard, seul sans un son Qui se marmonne avec raison "J'ai eu une vie toute en misère, Connu la faim et la galère Jamais pu changer d'hémisphère J'voulais traverser l'atmosphère ! J'ai connu femmes qui s'sont barrées, Aux bras des voleurs, des curés, Et même le chien à mes côtés J'crois qu'il a mieux vu d's'envoler ! J'méritais surement un peu mieux qu'ça, Qu'mon cul soit séché dans la soie Mais j'le sais bien, mieux vaut être soi Que d'être un jour Marlène Schiappa ! j'méritais surement un peu mieux qu'ça Qu'mon cul soit séché dans la soie, Mais j'le sais bien, mieux vaut être toi, Que d'être un jour Marlène Schiappa ! j'méritais bien, un peu mieux qu'ça Un cul bien séché dans de la soie Mais j'le sais bien, mieux vaut être moi Que d'être un jour, Marlène Schiappa !
Prolétarien Il y a 5 ans

Hé, SaezLive, si en 2019 on disait qu'on en avait plus rien à foutre ?

Chanson pour Marlène Schiappa ! \o/

https://soundcloud.com/user-453165221/marlene-schiappa

Au fond d'une cour noire de sueur
La clope noyée dans sa noirceur
Y'a un prolo sans frère ni soeur
Qui s'dit en ruminant malheur

"j'aurais pu être un d'ces nantis
La verve entourée d'abrutis
Fiers des libertés asservies
Au prix du peuple bien assis

J'aurais vu les Dames de Montmartre
J'eus même goûté des crabes en tarte
Tenant en main les meilleures cartes
J'aurais ri du peuple à pancarte.

J'aurais pu être un de ceux-là
Mais j'ai le rêve au-dessus d'ça,
J'suis pas nanti mais pire que moi :
j'aurais pu être Marlène Schiappa !"

Au fond d'l'usine où il s'éreinte,
La peau bouffée d'acides teintes
Y'a un gamin dans son astreinte
qui chante sur l'air de la pire plainte,

"J'aurais pu être un d'ces marmots,
La bouche toute pleine de jolis mots,
Troquer contre une cuillère d'argent
Ce que veulent les intelli-gens.

La peau lissée tout comme les ailes
Les policiers pour tout modèle
N'ayant pour but que d'croque-la-belle
Qu'elle soit colombe où hirondelle

J'aurais pu être un de ceux-là
Mais j'ai le coeur au dessus d'ça
Moi j'me plains point, car pire, voilà :
J'aurais pu être Marlène Schiappa !"

Depuis les ruines de sa maison
Sous l'humidité de son plafond
Y'a un vieillard, seul sans un son
Qui se marmonne avec raison

"J'ai eu une vie toute en misère,
Connu la faim et la galère
Jamais pu changer d'hémisphère
J'voulais traverser l'atmosphère !

J'ai connu femmes qui s'sont barrées,
Aux bras des voleurs, des curés,
Et même le chien à mes côtés
J'crois qu'il a mieux vu d's'envoler !

J'méritais surement un peu mieux qu'ça,
Qu'mon cul soit séché dans la soie
Mais j'le sais bien, mieux vaut être soi
Que d'être un jour Marlène Schiappa !

j'méritais surement un peu mieux qu'ça
Qu'mon cul soit séché dans la soie,
Mais j'le sais bien, mieux vaut être toi,
Que d'être un jour Marlène Schiappa !

j'méritais bien, un peu mieux qu'ça
Un cul bien séché dans de la soie
Mais j'le sais bien, mieux vaut être moi
Que d'être un jour, Marlène Schiappa !

j'adore !
AnonymeIl y a 5 ans

j'adore !

Bon en vrai j'ai une copine qui est passée hier et du coup j'ai pu utiliser son collant pour faire un antipop et déglinguer les plosives, et du coup, j'ai rajouté plein de conneries et des petites ponctuations rigolotes en fond pour qui arrivera à les entendre ;) https://soundcloud.com/user-453165221/marlene-schiappa-1 J'ai universalisé la fin, aussi, afin que les moyens de production chansonnière soient liés au besoin incompressible de nos concitoyens de s'ancrer dans des démarches agréables de sociabilisation (je pex ma langue de bois, kesskya ?) Peace
Prolétarien Il y a 5 ans

Bon en vrai j'ai une copine qui est passée hier et du coup j'ai pu utiliser son collant pour faire un antipop et déglinguer les plosives, et du coup, j'ai rajouté plein de conneries et des petites ponctuations rigolotes en fond pour qui arrivera à les entendre

https://soundcloud.com/user-453165221/marlene-schiappa-1

J'ai universalisé la fin, aussi, afin que les moyens de production chansonnière soient liés au besoin incompressible de nos concitoyens de s'ancrer dans des démarches agréables de sociabilisation (je pex ma langue de bois, kesskya ?)

Peace

Et bim ! Aucun rapport mais dernière track Psy des familles ;) Quelques mois sur celle là... ^^ https://soundcloud.com/brain_zap/fibonacci-madness
Prolétarien Il y a 5 ans


Et bim ! Aucun rapport mais dernière track Psy des familles
Quelques mois sur celle là...

https://soundcloud.com/brain_zap/fibonacci-madness

DÉGUEULASSE Faut dire que je l'ai trouvé beau Ca m'arrive pas souvent Mais faut le dire, quoi Il était beau Vraiment Ce qui m'a frappé C'était pas sa gueule Bouffée par la boisson C'était pas sa voix Butée par la clope Quand il a dit "un camel 100's" Qu'il a payé avec trop de pièces Sa voix a noirci l'air autour Comme un épais brouillard Dont on ne revient pas Ce qui m'a frappé Ce n'était pas non plus Ses fringues rapiécées Ou ses chaussures trouées Encore moins les huit-six Achetées avec les clopes Au nombre de cinq Non Si je l'ai trouvé beau C'est parce que Dans sa main Impériale Trônait une fleur Une seule Unique Et superbe rose Qui en valait trois mille Et qui à elle seule Inondait De couleur sa misère Pour qui ? Pourquoi ? Alors Je l'ai suivi Même quand il a ouvert sa bière A peine sorti du commerce Et qu'il l'a vidé D'un coup En rotant Dans la rue froide Je l'ai suivi Et j’ai même hésité A intervenir Quand il a titubé Vers cet homme normal Pour demander du feu Et que l'homme normal A normalement eu peur De ne pas en avoir Mais Je me suis ravisé Je n'ai jamais su être Tout à fait normal Et j’ai toujours du feu Je l'ai suivi encore Et même cet autobus Criant de mépris Ne m'a pas empêché De le suivre toujours En montant avec lui Derrière lui Encore Après avoir ouvert une bière D'un geste brutal Tout à fait soigneusement Il a posé la rose Sa seule rose Bien en équilibre Précautionneusement Sur le siège voisin Comme s'il posait Un oiseau Un enfant Un trésor Et surtout pas Comme il a posé sa bière Bringuebalante Et mal-en-place Comme lui Ses poches cherchaient ses mains Ses mains son téléphone Trouvèrent un vieux machin Qui doit avoir son âge A l'écran brisé Aux touches effacées Par sa voix trop grasse Il l'avait sorti Pour rien Comme ça Pour attendre Il le fixait avidement Son téléphone Levant juste la tête Pour regarder par la fenêtre S'il fallait descendre S’il pouvait enfin descendre Comme si le temps pressait Puis il regardait la rose Comme si elle allait Disparaître S'envoler Flétrir Subitement Comme ça "Pouf" Après un temps Ou deux Ou trois ou cent La seule chose subite Fut son téléphone S'éclairant tout à coup Et j’ai vu ses yeux Lire Relire Et re-relire Ce qu’ils savaient déjà Sans le savoir Puis j’ai cru les voir s’embrumer Mais pas sûr La bière est venue les cacher Pour se vider cul-sec D’un coup Comme ça “Pouf” C'est vrai qu'il était beau, C'est pour ça que j'ai eu mal Quand il s'est levé d'un coup Et qu'il a jeté la fleur En même temps que son âme Ou le peu qu’il en restait Sur le sol mort du bus En grommelant Sur un autre cul-sec "Putains..." Sans la rose, Avec la grossièreté La bière et tout le reste Il était laid Comme un arbre sans soleil Avant qu'il ne descende Voyant les gens L’accabler De leurs yeux affreux J'ai voulu lui offrir Un verre une table un repas Une bouteille mes oreilles un tonneau Un fou rire un ami un oubli Alors je me suis approché Et quand j'ai dit Bégayant presque, "Monsieur, excusez-moi" Il s'est tourné En demandant l’arrêt D'un coup Et il m'a dit "Qu'est-ce qu'il me veut, Le bon samaritain ? Laisse moi cuver trop-plein L'amour n'est que trop vain" Et quand il est descendu Il prêtait à gerber Pourtant Un temps avant Il était beau Vraiment C'est juste le monde Qui est dégueulasse
Prolétarien Il y a 5 ans

DÉGUEULASSE

Faut dire que je l'ai trouvé beau
Ca m'arrive pas souvent
Mais faut le dire, quoi
Il était beau
Vraiment

Ce qui m'a frappé
C'était pas sa gueule
Bouffée par la boisson
C'était pas sa voix
Butée par la clope
Quand il a dit "un camel 100's"
Qu'il a payé avec trop de pièces
Sa voix a noirci l'air autour
Comme un épais brouillard
Dont on ne revient pas

Ce qui m'a frappé
Ce n'était pas non plus
Ses fringues rapiécées
Ou ses chaussures trouées
Encore moins les huit-six
Achetées avec les clopes
Au nombre de cinq

Non
Si je l'ai trouvé beau
C'est parce que
Dans sa main
Impériale
Trônait une fleur
Une seule
Unique
Et superbe rose
Qui en valait trois mille
Et qui à elle seule
Inondait
De couleur sa misère

Pour qui ?
Pourquoi ?

Alors
Je l'ai suivi
Même quand il a ouvert sa bière
A peine sorti du commerce
Et qu'il l'a vidé
D'un coup
En rotant
Dans la rue froide

Je l'ai suivi
Et j’ai même hésité
A intervenir
Quand il a titubé
Vers cet homme normal
Pour demander du feu
Et que l'homme normal
A normalement eu peur
De ne pas en avoir
Mais
Je me suis ravisé
Je n'ai jamais su être
Tout à fait normal
Et j’ai toujours du feu

Je l'ai suivi encore
Et même cet autobus
Criant de mépris
Ne m'a pas empêché
De le suivre toujours
En montant avec lui
Derrière lui
Encore

Après avoir ouvert une bière
D'un geste brutal
Tout à fait soigneusement
Il a posé la rose
Sa seule rose
Bien en équilibre
Précautionneusement
Sur le siège voisin
Comme s'il posait
Un oiseau
Un enfant
Un trésor
Et surtout pas
Comme il a posé sa bière
Bringuebalante
Et mal-en-place
Comme lui

Ses poches cherchaient ses mains
Ses mains son téléphone
Trouvèrent un vieux machin
Qui doit avoir son âge
A l'écran brisé
Aux touches effacées
Par sa voix trop grasse

Il l'avait sorti
Pour rien
Comme ça
Pour attendre
Il le fixait avidement
Son téléphone
Levant juste la tête
Pour regarder par la fenêtre
S'il fallait descendre
S’il pouvait enfin descendre
Comme si le temps pressait
Puis il regardait la rose
Comme si elle allait
Disparaître
S'envoler
Flétrir
Subitement
Comme ça
"Pouf"

Après un temps
Ou deux
Ou trois ou cent
La seule chose subite
Fut son téléphone
S'éclairant tout à coup
Et j’ai vu ses yeux
Lire
Relire
Et re-relire
Ce qu’ils savaient déjà
Sans le savoir
Puis j’ai cru les voir s’embrumer
Mais pas sûr
La bière est venue les cacher
Pour se vider cul-sec
D’un coup
Comme ça
“Pouf”

C'est vrai qu'il était beau,
C'est pour ça que j'ai eu mal
Quand il s'est levé d'un coup
Et qu'il a jeté la fleur
En même temps que son âme
Ou le peu qu’il en restait
Sur le sol mort du bus
En grommelant
Sur un autre cul-sec
"Putains..."

Sans la rose,
Avec la grossièreté
La bière et tout le reste
Il était laid
Comme un arbre sans soleil

Avant qu'il ne descende
Voyant les gens
L’accabler
De leurs yeux affreux
J'ai voulu lui offrir
Un verre une table un repas
Une bouteille mes oreilles un tonneau
Un fou rire un ami un oubli

Alors je me suis approché
Et quand j'ai dit
Bégayant presque,
"Monsieur, excusez-moi"
Il s'est tourné
En demandant l’arrêt
D'un coup
Et il m'a dit

"Qu'est-ce qu'il me veut,
Le bon samaritain ?
Laisse moi cuver trop-plein
L'amour n'est que trop vain"

Et quand il est descendu
Il prêtait à gerber
Pourtant
Un temps avant
Il était beau
Vraiment
C'est juste le monde
Qui est dégueulasse

:)
AnonymeIl y a 5 ans


Dégueulasse ce récit, à ressortir pourri de ce qui est si joliment écrit. Merci l'ami. (Je me permet cet "ami" pour la circonstance de l'assonance, loin de moi toute tendance à sombrer dans l'indigence, ce serait de l'indécence, et pour sur, de l'inélegance)
Maitre Kaio Il y a 5 ans

Dégueulasse ce récit, à ressortir pourri de ce qui est si joliment écrit. Merci l'ami.

(Je me permet cet "ami" pour la circonstance de l'assonance, loin de moi toute tendance à sombrer dans l'indigence, ce serait de l'indécence, et pour sur, de l'inélegance)

Très beau texte
Julien.R Il y a 5 ans

Très beau texte

Merci les zigo-copains ;) https://youtu.be/b_71tJRgxag En mode en plein milieu de la ville que même le commissaire il est venu et il était pas si méchant en vrai La culture on l'amène devant chez toi et souvent elle a pas la gueule de ta radio jiwala => https://soundcloud.com/brain_zap/chromatic-dawn-free-download
Prolétarien Il y a 5 ans

Merci les zigo-copains


https://youtu.be/b_71tJRgxag

En mode en plein milieu de la ville que même le commissaire il est venu et il était pas si méchant en vrai
La culture on l'amène devant chez toi et souvent elle a pas la gueule de ta radio jiwala

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[BIOÉTHIQUE] Aprés l'affaire des bébés sans bras des bouches-du-rhone, on nous signale la naissance du premier bébé sans coeur à Monaco. Mais qu'on se rassure : loin de parler de handicap, ses parents confiants lui prévoient déjà une grande carrière dans la finance. Ouf !
Prolétarien Il y a 5 ans

[BIOÉTHIQUE]

Aprés l'affaire des bébés sans bras des bouches-du-rhone, on nous signale la naissance du premier bébé sans coeur à Monaco. Mais qu'on se rassure : loin de parler de handicap, ses parents confiants lui prévoient déjà une grande carrière dans la finance. Ouf !

A cet instant, D. faisait la trompette avec sa bouche en tapant des deux pieds sur le sol froid tandis que le psychiatre le regardait, impassible. - Vous voulez bien enlever cet entonnoir ? fit ce dernier, désabusé. Même avec, je sais que vous n'êtes pas complètement fou. - Bien sûr que si, fit D., que je suis fou ! Je le suis, je le dois ! Regardez ! Sur ces mots, il se leva en prenant tout à fait soin de garder l'accessoire détraqué bien en équilibre sur le plat de sa tête, puis il baissa son pantalon et fit les cents pas dans la pièce, non sans complications. Il avait réalisé cette exercice avec panache, agrémentant le tout d'un ou deux borborygmes improbables et de trois ou quatre rares onomatopées. Après un certain temps, il se rassit. - Alors ? (il avait remis son pantalon) - Ce n'est pas ça, être fou, contredit le psychiatre, bien calé au fond de son fauteuil d'homme doué de raison. Malgré tout le mal que vous vous donnez pour incarner devant moi les pires clichés de l'histoire de la folie, vous n'en avez rien. En réplique, D. fit une grimace bouffonne. Le docteur continua : - Quoiqu'il en soit : au mieux, vous vous jouez de moi, au pire, vous êtes complètement stupide ; ce sur quoi je vous rassure : vous pouvez très bien vivre dehors. Des milliers d'autres citoyens comme vous ne s'en privent pas. - Quand même ! D'abord le mutisme, puis les menaces, l'entonnoir, et maintenant ça, et vous n'en croyez rien ? - Non. - Que vous faut-il de plus, Doc' ? Le psychiatre laisse un blanc. D. appuya : - Vous me pensez... normal ? - Je l'ignore. Je souligne simplement que votre petit cinéma est ridicule au possible et que tout ceci ne me semble guère n'être qu'un prétexte grossier. Bref, en d'autres mots, à mon sens, vous floutez la raison de votre demande d'internement. D. théâtralisa : - Allons-bon ! Un prétexte ? Pourquoi voudrais-je me faire porter fou ? Je suis flou tout entier, et je vous l'assure, en cela bien fou ! Que pourrais-je flouter de plus ? - Flouter la réalité. Ce pour quoi vous voulez - il insista sur ce mot -que je vous accueille dans mon établissement. Feinter, quoi. A ces mots, D fit un sourire grandiose. - Z'êtes pas bête, Doc'. On vous la fait pas, hein ? Bien sûr que je suis taré, et bien sûr que vous avez raison. Je vous ai menti. Je n'ai jamais eu besoin d"entonnoir, de borborygmes ou d'être nu pour être fou. - C'est un début. Mais alors, pourquoi vouloir rentrer ? Le sourire devint un rire. - Parce que je suis fou d'amour. - Vous êtes amoureux ? - Comme dans les films, Doc'. - C'est plutôt une bonne chose, non ? - Actuellement, pas dans mon cas. - Pourquoi donc ? Le rire devint plus sombre. D. s'éclipsa : - Croyez-le où non : l'amour, c'est de la folie, rien d'autre. - Sorti des discours romantiques, dans la réalité, je vous assure que vous vous trompez. Quoiqu'il en soit, nous n'avons pas les moyens de soigner l'amour dans notre enceinte. Et, encore une fois, je souligne que c'est une chose dont les gens semblent vivre très bien. - Et bien moi, aujourd'hui, j'en vis très mal. Le docteur fut heureux de pouvoir se raccrocher à un semblant de schéma connu. - Quelque part, si vous voulez, cela nous fait un bon point de départ. Il déroula : - Dépression ? Départ précipité ? Vous n'avez pas eu de réciprocité ? - Oh, ne parlez pas de malheur, Doc' ! (A ces mots, D. ouvert de grands yeux, et posé ses mains sur son coeur). Non, non, elle m'aime, je l'aime, nous nous aimons, et rien ne saura nous séparer ! Le psychiatre perdit presque patience. - Mais alors, pourquoi vouloir vous faire soigner chez moi ? - Soigner, je ne sais pas. Mais venir, en tout cas, je vous ai déjà dit pourquoi : parce que je suis amoureux ! - Bon. De qui, alors ? Il y eut un temps, puis les yeux de D. pétillèrent. - De la fille qui parle aux statues ! Ceux du psychiatre s'étonnèrent. - De la... pardon ? - De la fille qui parle aux statues. - Eh bien ! - Vous verriez votre tête ! C'est pour ça que je m'épuise à faire tout ce cinéma depuis tout à l'heure : je savais que vous n'y comprendriez rien, aux statues, aux filles, et puis à la folie ! - Mais qu'y-puis-je, moi, aux statues ?.. Après un temps, le docteur continua : - Notez : vous commencer à me persuader de vous prendre en charge. - Bien, bien ! C'est ce que je veux ! - Mais voyons, si vous êtes si amoureux, et que tout va bien, pourquoi plutôt ne pas aller dehors, libre, et vivre votre amour avec... euh... la fille qui parle aux statues ? D. lâcha un rire fou. Puis : - Mais pardi, Doc'... Parce qu'elle est entre vos murs, voyons !
Prolétarien Il y a 5 ans

A cet instant, D. faisait la trompette avec sa bouche en tapant des deux pieds sur le sol froid tandis que le psychiatre le regardait, impassible.

- Vous voulez bien enlever cet entonnoir ? fit ce dernier, désabusé. Même avec, je sais que vous n'êtes pas complètement fou.
- Bien sûr que si, fit D., que je suis fou ! Je le suis, je le dois ! Regardez !
Sur ces mots, il se leva en prenant tout à fait soin de garder l'accessoire détraqué bien en équilibre sur le plat de sa tête, puis il baissa son pantalon et fit les cents pas dans la pièce, non sans complications. Il avait réalisé cette exercice avec panache, agrémentant le tout d'un ou deux borborygmes improbables et de trois ou quatre rares onomatopées. Après un certain temps, il se rassit.
- Alors ? (il avait remis son pantalon)
- Ce n'est pas ça, être fou, contredit le psychiatre, bien calé au fond de son fauteuil d'homme doué de raison. Malgré tout le mal que vous vous donnez pour incarner devant moi les pires clichés de l'histoire de la folie, vous n'en avez rien.
En réplique, D. fit une grimace bouffonne. Le docteur continua :
- Quoiqu'il en soit : au mieux, vous vous jouez de moi, au pire, vous êtes complètement stupide ; ce sur quoi je vous rassure : vous pouvez très bien vivre dehors. Des milliers d'autres citoyens comme vous ne s'en privent pas.
- Quand même ! D'abord le mutisme, puis les menaces, l'entonnoir, et maintenant ça, et vous n'en croyez rien ?
- Non.
- Que vous faut-il de plus, Doc' ?
Le psychiatre laisse un blanc. D. appuya :
- Vous me pensez... normal ?
- Je l'ignore. Je souligne simplement que votre petit cinéma est ridicule au possible et que tout ceci ne me semble guère n'être qu'un prétexte grossier. Bref, en d'autres mots, à mon sens, vous floutez la raison de votre demande d'internement.
D. théâtralisa :
- Allons-bon ! Un prétexte ? Pourquoi voudrais-je me faire porter fou ? Je suis flou tout entier, et je vous l'assure, en cela bien fou ! Que pourrais-je flouter de plus ?
- Flouter la réalité. Ce pour quoi vous voulez - il insista sur ce mot -que je vous accueille dans mon établissement. Feinter, quoi.
A ces mots, D fit un sourire grandiose.
- Z'êtes pas bête, Doc'. On vous la fait pas, hein ? Bien sûr que je suis taré, et bien sûr que vous avez raison. Je vous ai menti. Je n'ai jamais eu besoin d"entonnoir, de borborygmes ou d'être nu pour être fou.
- C'est un début. Mais alors, pourquoi vouloir rentrer ?
Le sourire devint un rire.
- Parce que je suis fou d'amour.
- Vous êtes amoureux ?
- Comme dans les films, Doc'.
- C'est plutôt une bonne chose, non ?
- Actuellement, pas dans mon cas.
- Pourquoi donc ?
Le rire devint plus sombre. D. s'éclipsa :
- Croyez-le où non : l'amour, c'est de la folie, rien d'autre.
- Sorti des discours romantiques, dans la réalité, je vous assure que vous vous trompez. Quoiqu'il en soit, nous n'avons pas les moyens de soigner l'amour dans notre enceinte. Et, encore une fois, je souligne que c'est une chose dont les gens semblent vivre très bien.
- Et bien moi, aujourd'hui, j'en vis très mal.
Le docteur fut heureux de pouvoir se raccrocher à un semblant de schéma connu.
- Quelque part, si vous voulez, cela nous fait un bon point de départ.
Il déroula :
- Dépression ? Départ précipité ? Vous n'avez pas eu de réciprocité ?
- Oh, ne parlez pas de malheur, Doc' ! (A ces mots, D. ouvert de grands yeux, et posé ses mains sur son coeur). Non, non, elle m'aime, je l'aime, nous nous aimons, et rien ne saura nous séparer !
Le psychiatre perdit presque patience.
- Mais alors, pourquoi vouloir vous faire soigner chez moi ?
- Soigner, je ne sais pas. Mais venir, en tout cas, je vous ai déjà dit pourquoi : parce que je suis amoureux !
- Bon. De qui, alors ?
Il y eut un temps, puis les yeux de D. pétillèrent.
- De la fille qui parle aux statues !
Ceux du psychiatre s'étonnèrent.
- De la... pardon ?
- De la fille qui parle aux statues.
- Eh bien !
- Vous verriez votre tête ! C'est pour ça que je m'épuise à faire tout ce cinéma depuis tout à l'heure : je savais que vous n'y comprendriez rien, aux statues, aux filles, et puis à la folie !
- Mais qu'y-puis-je, moi, aux statues ?..
Après un temps, le docteur continua :
- Notez : vous commencer à me persuader de vous prendre en charge.
- Bien, bien ! C'est ce que je veux !
- Mais voyons, si vous êtes si amoureux, et que tout va bien, pourquoi plutôt ne pas aller dehors, libre, et vivre votre amour avec... euh... la fille qui parle aux statues ?
D. lâcha un rire fou. Puis :
- Mais pardi, Doc'... Parce qu'elle est entre vos murs, voyons !

Entonnoir sur la tête et pouce levé : j'ai bien aimé ce texte !
idem Il y a 5 ans

Entonnoir sur la tête et pouce levé : j'ai bien aimé ce texte !

Lu vers 4 heures du mat, je m'suis dit ça va être long (pour l'heure), puis j'ai bien aimé aussi, et me réveiller comme ça en sursaut n'a pas servi qu'à rien finalement.
AnonymeIl y a 5 ans

Lu vers 4 heures du mat, je m'suis dit ça va être long (pour l'heure), puis j'ai bien aimé aussi, et me réveiller comme ça en sursaut n'a pas servi qu'à rien finalement.

Merci vous donnez de la force :) C'est un extrait, mais la scène me faisait marrer, du coup je l'ai foutu ici. Bientôt vous devriez avoir le début et puis tout le reste au fur et a mesure que je le retravaille ;) Ca s'appelle "La fille qui parlait aux statues" !
Prolétarien Il y a 5 ans

Merci vous donnez de la force C'est un extrait, mais la scène me faisait marrer, du coup je l'ai foutu ici.

Bientôt vous devriez avoir le début et puis tout le reste au fur et a mesure que je le retravaille

Ca s'appelle "La fille qui parlait aux statues" !

[quote="Prolétarien"]Merci vous donnez de la force :) C'est un extrait, mais la scène me faisait marrer, du coup je l'ai foutu ici. Bientôt vous devriez avoir le début et puis tout le reste au fur et a mesure que je le retravaille ;) Ca s'appelle "La fille qui parlait aux statues" ![/quote] tant mieux on veut savoir la suite de cette pièce de théâtre, y a du suspense et c'est drôle.
suffragettes AB Il y a 5 ans

Merci vous donnez de la force C'est un extrait, mais la scène me faisait marrer, du coup je l'ai foutu ici.

Bientôt vous devriez avoir le début et puis tout le reste au fur et a mesure que je le retravaille

Ca s'appelle "La fille qui parlait aux statues" !


tant mieux on veut savoir la suite de cette pièce de théâtre, y a du suspense et c'est drôle.

:) Je viens de débaucher je vais m'y coller jusqu'à tard dans la nuit, vous devriez avoir le début bientôt ;) En attendant, de quoi patienter : (Désolé pour la mise en page le forum ne prend pas les tabulations, ne permettant pas une linéarité du théâtre respectueuse, tant pis ^^) SAINT-POETE [i]Un banal lundi d'automne. Fin de journée. Dans un cabinet médical . Un docteur et son patient, M. Pietater. Ce dernier porte un costume débraillé, et a l'air épuisé. Il pénètre dans le bureau du docteur.[/i] LE DOCTEUR — [i](se levant)[/i] Bonjour, M. Pietater ! M. PIETATER — [i](remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte)[/i] Bonjour, docteur, J’apporte mon malheur! LE DOCTEUR — [i](s'asseyant)[/i] Alors, qu'est-ce qui vous amène ? M. PIETATER — [i](de même)[/i] Et bien ! Voilà qui pour vous devrait être fort louche Pourtant, il est rare qu'un tel mal ne me touche Témoignez, vous savez, que de votre cabinet, Dieu m'en garde, je ne suis point abonné ! LE DOCTEUR — [i](il hausse le sourcil)[/i] En effet, non ? M. PIETATER — Et bien, voilà, je vous le dis ! Docteur, je vais de mal en pis ! LE DOCTEUR — Et bien ! Où avez-vous mal ? M. PIETATER — C'est bien ça le problème. Je n'ai mal nulle part, Je ne me trouve guère blême, Je suis même plutôt brave Mais mon état est grave, Ca n'est point le hasard ! LE DOCTEUR — [i](décontenancé)[/i] Mais que puis-je pour vous, alors ? M. PIETATER — D'après moi, rien, vous n'y pourrez jamais rien, Mais je dois l'avouer : c'est ma femme qui y tient ! LE DOCTEUR — Allons bon ! Votre femme ? M. PIETATER — Nettement, docteur, elle me fait des menaces ! Le toubib ou la porte : « Tu es fou tu m'agaces ! » LE DOCTEUR — Moi ou la porte ? Les problèmes psychologiques, on peut aussi les soigner, M. Pietaterre ! Que se passe t-il ? Dépression ? M. PIETATER — Je dois bien l'avouer : tout allait pour le mieux, Jusqu'à ce vendredi, qui me rendit précieux ! LE DOCTEUR — Vendredi ? Dernier ? M. PIETATER — Et bien, voilà qui n'est pas faux Je le précise même : c'était à mon bureau ! . LE DOCTEUR — Quelle est votre profession ? M. PIETATER — J'ai l'art de manigance, je suis dans la finance ! Alors que mes compères, dans une discussion dense, Parlaient d'émoluments et flux compensatoires, Je me suis décroché : j'ai raté leurs histoires ! LE DOCTEUR — Décroché ? M. PIETATER — Il fallait voir, aussi : c'était une belle fenêtre, L'oiseau y est passé, tout fugace qu'il puisse être, Au devant d'un copalme, dont les feuilles s'allongeaient Sur ce petit chemin, où mon esprit plongeait. LE DOCTEUR — [i](légèrement agacé)[/i] Euh ..Bien... et ? En quoi est-ce grave ? M. PIETATER — Oh, ici, ce n'est que le début ! Rien de grave, c'est bien net, Si, par malheur, de suite il n'y eut : Je l'affirme, docteur : me voici un poète ! LE DOCTEUR — Poète ? Et c'est une maladie, ça ? M. PIETATER — Pour Baudelaire, Verlaine, et autre faiseurs de vers, J'envisage, bien logique, que c'est fait pour leur plaire, Génie je ne suis point, voyez : j'ai la tête à l'envers, Pour moi, nulle place au doute : c'est horrible calvaire ! Je ne peux calculer, je ne sais réfléchir, Devant les éléments je sens mon âme fléchir, Je ne puis assister aux nouvelles réunions, Et face à mes travaux me retrouve infécond ! LE DOCTEUR — Je peux concevoir que c'est embêtant. De là à envisager un traitement ! M. PIETATER — Si, par bonheur, c'était là mon seul mal ! Mais jugez par vous même : la nuit, je me trimballe ! LE DOCTEUR — Vous.. vous trimballez la nuit ? M. PIETATER — Si j'en crois mon épouse, qui me sert de compagne, Je me lève comme un mort et allume une bougie, Marche, fantômatique, vers mon mat de cocagne : C'est mon bureau d'entrée, oui, sur lequel j'écris ! LE DOCTEUR – Qu'écrivez-vous ? M. PIETATER — Ah, il faut dire qu'elle est bien prévoyante, Elle me l'avait prédit, celle qui est mon amante, Voici donc, j'en ai honte, et j'en suis désolé, Ce que le soir j'écris, comme une âme damnée ! [i](il fouille sa poche, en ressort un papier froissé qu'il tend au médecin.)[/i] LE DOCTEUR — Hmm.. [i](il attrape la feuille, la déplie, et commence la lecture à voix haute)[/i] : « ô, cruels démons ! Vices insoupçonnés ! Quel sera donc le triste sort réservé à ces âmes en peine qui s'égarent lentement le long des tortueux chemins de la corruption, du vol et du pouvoir... [i](il lève un œil ahuri vers M. Pietater, saute quelques nombreuses lignes)[/i].. et dans une lumière d'été les miséricordieux seront illuminés par la grâce des Humanismes... » M. PIETATER — Et voilà ! Constatez, maintenant ! Ce sont là quelques mots : je les trouve terrifiants ! LE DOCTEUR — C'est surtout terriblement mauvais. Mais ce n'est pas de la poésie, ça ! M. PIETATER — De ma femme, ici, vous rejoignez l'avis : Pour elle, diantre, c'est un saint que je suis ! LE DOCTEUR — Saint-poète ! Pourquoi pas ! Mais qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans, moi ? M. PIETATER — Il me faut préciser - chaque chose en son temps ! Que de mon hygiène je ne suis plus tenant : Lorsque je me rase, tout repousse sur l'instant, Débraillé, décoiffé : voilà mon châtiment !- (il marque un temps) Et puis, infortune ! Il me faut bien le dire, C'est de cette agression que je redoute le pire. LE DOCTEUR — [i](complètement décontenancé)[/i] : L'agression ? M. PIETATER — Je le jure sur ma tête : on m'accuse à tort ! Je n'ai fait que défendre un magnifique trésor, Cet enfant qui jouait, en lâchant ce papier, N'avait pas le respect qu'ensuite il exigeait ! N'était-il point au calme, bien assis sur le sable, Quand la dune s'étendait, ô merveille ineffable, L'océan, bleu azur, y soufflait son ressac, Et le voilà, démon : voilà qu'il lâche son sac ! LE DOCTEUR — Un enfant ? Mais qu'avez-vous donc fait ? M. PIETATER — Aux jeux des imbéciles, Je sais tenir les fils ! Quoi d'autre qu'un croche-patte, Pour cette âme scélérate ? LE DOCTEUR — un croche patte ? M. PIETATER — Et bien, j'assume, oui, quoi, voilà. Avec en résultat que l'on hurla sur moi ! Ma fierté j'oubliais, ramassais le papier, Et fuyais à toutes jambes sans trop me retourner ! LE DOCTEUR — Bien, Bien... [i](il mordille ses lunettes)[/i] Bien. Je sais ce qu'il vous faut, M. Pietater : il vous faut un bon psy ! M. PIETATER — Ah, les voici : les escrocs, les voleurs ! Mon portefeuille, lui, reconnaît les menteurs ! Pour le prix d'une séance, je construis un empire : Non, si fou à lier je suis, je me choisis d'écrire ! LE DOCTEUR — Mais écrire ne vous guérira pas ! Non, malgré les coûts – parce que j'ai le malheur de vous annoncer que votre maladie n'est pas reconnue par la sécurité sociale – pour vous, c'est un psy, ou la plume ! M. PIETATER — La plume ? Et puis quoi d'autre encore ! Ah, non, ça, je ne suis pas d'accord ! Déjà que ça me bouffe la vie, la nuit... Ma femme en menace de me quitter ! [i](il boutonne ses manches.)[/i] Et puis, 70 euros la séance, à minimum 4 séances par mois.. [i](se redresse et se recoiffe)[/i] Ca va me couter au moins 23 % de mon salaire.. [i](recadre sa veste)[/i] Si on multiplie l'économie par douze, et que je contacte mon conseiller en placement d'usufruits sur les quote-parts subventionnés [/i](il pose les mains sur la table)[i], je pense que... LE DOCTEUR — M. Pietater, ne bougez plus ! Je crois que je tiens quelque chose. M. PIETATER — Vraiment, docteur ? [i](rassuré)[/i] Oh, vous êtes formidable ! LE DOCTEUR — [i](rassuré lui aussi)[/i] : Voilà, votre problème, à vous, c'est l'oisiveté ! Si vous ne calculez pas, ne pensez pas, si vous ne faites rien, M. Pietater, vous divaguez ! Et votre cerveau se perd dans les méandres du langage... Cortex surdéveloppé, M. Pietater, c'est grave ! Très grave [i](il s'avance de son fauteuil en agitant la main)[/i] C'est évident ! Il vous faut.. Des anxiogènes ! Il vous faut du stress ! Voyons... hmmm... Etes vous sûrs d'avoir bien réglé tous vos dossiers avant de partir du bureau, vendredi ? M. PIETATER [i](se ronge les ongles)[/i] — Le bureau... les dossiers... c'est vrai qu'on a cet impératif sur la bulle spéculative X38... LE DOCTEUR [i](ravi)[/i] — Vous voyez ! Vous avez parlé normalement ! M. PIETATER —Mais.. Mais oui ! Je vis toujours à cent à l'heure, c'est vrai, et j'allais tout juste être en vacances, ce que je ne supporte pas ! Je prends toujours des dossiers.. mais là, avec la crise, on avait un trou. J'avais déjà passé la journée de vendredi en stand-by... LE DOCTEUR — Et bien ne prenez plus le temps ! Plus jamais ! Calculez, contactez, planifiez, managez, éduquez, dirigez, menez ! Faites ! Comme anxiogène... je vous recommande de mettre votre maison en hypothèque ! Voilà ! Devenez locataire, achetez trois voitures, où que sais-je.. mais du stress, M. Pietater, du stress ! M. PIETATER — (a ressorti son portefeuille, plié ses jambes, et repris son air assuré) : Oh, Docteur, si vous saviez... Comme je suis soulagé ! Je vais vous payer. Payer, c'est ne pas penser. Quand même ! Quelle peur ! Saint poète ! [i](il pouffe)[/i] LE DOCTEUR — C'est bien connu, c'est un état qui coûte. La plupart des grands poètes avaient des vies sociales anarchiques... M. PIETATER — Quand même ! Se lever la nuit pour écrire, faire un croche-patte à un môme pour un papier lâché sur une plage... Quelle honte ! LE DOCTEUR — J'ai vu bien pire, vous savez. J'ai vu bien pire ! M. PIETATER — M'enfin, vous savez, ceci dit... C'était... c'était fort. LE DOCTEUR — Fort ? Que voulez-vous dire ? M. PIETATER — Et bien... connaître les arbres - que disais-je ? Un quoi ? Copalme ? -, révéler les couleurs, sentir la puissance du langage au service des choses, des éléments... c'était quelque chose. Presque reposant, presque magique. (il jette son regard dans le vide et s'affaisse sur sa chaise). Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes, Comme de n'être qu'un rien, au milieu de cohortes, Epris par une nature si puissante et si forte, A la sensibilité, c'est mon cœur qu'elle exhorte ! LE DOCTEUR — M. Pietater ! Vous rechutez ! 70 euros, votre salaire, votre travail ! Les... [i](il hésite)[/i]... Les monuments d'intérêts, les fruits subventionnés, ou que sais-je d'autre ! M. PIETATER — [i](se redressant d'un coup)[/i] : Mon dieu ! Que c'est traître ! On s'y reprend vite !.. [i](Il se frappe les genoux)[/i] Oh, je sais ! Je vais utiliser davantage mon smartphone. Les réseaux sociaux, l'actualité, la télé 4G, les mails, les sms ! Tout ce qui demande du temps ! LE DOCTEUR — Excellente idée ! Tout ce qui vous évitera d'être oisif, et donc poète ! Un boulot dans la finance, trois voitures, un smartphone, voilà ce qu'il vous faut ! [i](Un silence)[/i] Bien, M. Pietater, je crois que tout est réglé. Je vous fais donc un arrêt de travail pour aujourd'hui ? M. PIETATER — Oui, simplement aujourd'hui. Je vais retourner bosser ! Mettre des volets à mon bureau. Travailler à la lumière de l'ampoule : pas de soleil, pas de bougie ! LE DOCTEUR — [i](lui donnant l'arrêt maladie)[/i] Bon, et n'hésitez pas, surtout, en cas de rechute ! Je me renseignerai quant à savoir s'il existe des traitements anxiogènes... On pourrait vous détecter une maladie grave, voilà qui serait contre-poétique ! M. PIETATER — Voilà qui serait une solution : quoi de plus stressant ! [i](il rigole)[/i] [i]M. Pietater se lève, salue le docteur qui le raccompagne jusqu'à la porte, puis s'en va. Ce dernier retourne à son bureau.[/i] LE DOCTEUR — [i](il marmonne un peu)[/i] : Pas commun, comme dernière consultation pour la journée, ça.. Un Saint Poète.. pouet, ouais !. [i](il pouffe)[/i] Qu'est-ce qu'il faut pas entendre... [i](il range quelques dossiers, puis s'affale. Son téléphone sonne)[/i] TELEPHONE — [i](voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)[/i] LE DOCTEUR — [i](il soupire)[/i] Oui, oui, amour, bien sûr, je ramène du pain. Oui, on se fait toujours un petit plateau télé en amoureux, oui. Je sais, c'est ton émission préférée. Je suis là dans vingt minutes, amour. TELEPHONE — [i](voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)[/i] Le docteur raccroche, souffle, se lève, met son manteau et s'apprête à franchir la porte, mais, une fois cette dernière ouverte, il retient son geste. LE DOCTEUR [i](humant l'air arrivant de l'extérieur)[/i] — Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes... Comme de n'être qu'un rien... [i]Remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte, le docteur passe la porte.[/i]
Prolétarien Il y a 5 ans



Je viens de débaucher je vais m'y coller jusqu'à tard dans la nuit, vous devriez avoir le début bientôt

En attendant, de quoi patienter :
(Désolé pour la mise en page le forum ne prend pas les tabulations, ne permettant pas une linéarité du théâtre respectueuse, tant pis )

SAINT-POETE

Un banal lundi d'automne. Fin de journée. Dans un cabinet médical . Un docteur et son patient, M. Pietater. Ce dernier porte un costume débraillé, et a l'air épuisé. Il pénètre dans le bureau du docteur.

LE DOCTEUR — (se levant) Bonjour, M. Pietater !
M. PIETATER — (remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte)
Bonjour, docteur,
J’apporte mon malheur!
LE DOCTEUR — (s'asseyant) Alors, qu'est-ce qui vous amène ?
M. PIETATER — (de même) Et bien ! Voilà qui pour vous devrait être fort louche
Pourtant, il est rare qu'un tel mal ne me touche
Témoignez, vous savez, que de votre cabinet,
Dieu m'en garde, je ne suis point abonné !
LE DOCTEUR — (il hausse le sourcil) En effet, non ?
M. PIETATER — Et bien, voilà, je vous le dis !
Docteur, je vais de mal en pis !
LE DOCTEUR — Et bien ! Où avez-vous mal ?
M. PIETATER — C'est bien ça le problème.
Je n'ai mal nulle part,
Je ne me trouve guère blême,
Je suis même plutôt brave
Mais mon état est grave,
Ca n'est point le hasard !
LE DOCTEUR — (décontenancé) Mais que puis-je pour vous, alors ?
M. PIETATER — D'après moi, rien, vous n'y pourrez jamais rien,
Mais je dois l'avouer : c'est ma femme qui y tient !
LE DOCTEUR — Allons bon ! Votre femme ?
M. PIETATER — Nettement, docteur, elle me fait des menaces !
Le toubib ou la porte : « Tu es fou tu m'agaces ! »
LE DOCTEUR — Moi ou la porte ? Les problèmes psychologiques, on peut aussi les soigner, M. Pietaterre ! Que se passe t-il ? Dépression ?
M. PIETATER — Je dois bien l'avouer : tout allait pour le mieux,
Jusqu'à ce vendredi, qui me rendit précieux !
LE DOCTEUR — Vendredi ? Dernier ?
M. PIETATER — Et bien, voilà qui n'est pas faux
Je le précise même : c'était à mon bureau ! .
LE DOCTEUR — Quelle est votre profession ?
M. PIETATER — J'ai l'art de manigance, je suis dans la finance !
Alors que mes compères, dans une discussion dense,
Parlaient d'émoluments et flux compensatoires,
Je me suis décroché : j'ai raté leurs histoires !
LE DOCTEUR — Décroché ?
M. PIETATER — Il fallait voir, aussi : c'était une belle fenêtre,
L'oiseau y est passé, tout fugace qu'il puisse être,
Au devant d'un copalme, dont les feuilles s'allongeaient
Sur ce petit chemin, où mon esprit plongeait.
LE DOCTEUR — (légèrement agacé) Euh ..Bien... et ? En quoi est-ce grave ?
M. PIETATER — Oh, ici, ce n'est que le début !
Rien de grave, c'est bien net,
Si, par malheur, de suite il n'y eut :
Je l'affirme, docteur : me voici un poète !
LE DOCTEUR — Poète ? Et c'est une maladie, ça ?
M. PIETATER — Pour Baudelaire, Verlaine, et autre faiseurs de vers,
J'envisage, bien logique, que c'est fait pour leur plaire,
Génie je ne suis point, voyez : j'ai la tête à l'envers,
Pour moi, nulle place au doute : c'est horrible calvaire !
Je ne peux calculer, je ne sais réfléchir,
Devant les éléments je sens mon âme fléchir,
Je ne puis assister aux nouvelles réunions,
Et face à mes travaux me retrouve infécond !
LE DOCTEUR — Je peux concevoir que c'est embêtant. De là à envisager un traitement !
M. PIETATER — Si, par bonheur, c'était là mon seul mal !
Mais jugez par vous même : la nuit, je me trimballe !
LE DOCTEUR — Vous.. vous trimballez la nuit ?
M. PIETATER — Si j'en crois mon épouse, qui me sert de compagne,
Je me lève comme un mort et allume une bougie,
Marche, fantômatique, vers mon mat de cocagne :
C'est mon bureau d'entrée, oui, sur lequel j'écris !
LE DOCTEUR – Qu'écrivez-vous ?
M. PIETATER — Ah, il faut dire qu'elle est bien prévoyante,
Elle me l'avait prédit, celle qui est mon amante,
Voici donc, j'en ai honte, et j'en suis désolé,
Ce que le soir j'écris, comme une âme damnée !

(il fouille sa poche, en ressort un papier froissé qu'il tend au médecin.)

LE DOCTEUR — Hmm.. (il attrape la feuille, la déplie, et commence la lecture à voix haute) : « ô, cruels démons ! Vices insoupçonnés ! Quel sera donc le triste sort réservé à ces âmes en peine qui s'égarent lentement le long des tortueux chemins de la corruption, du vol et du pouvoir... (il lève un œil ahuri vers M. Pietater, saute quelques nombreuses lignes).. et dans une lumière d'été les miséricordieux seront illuminés par la grâce des Humanismes... »
M. PIETATER — Et voilà ! Constatez, maintenant !
Ce sont là quelques mots : je les trouve terrifiants !
LE DOCTEUR — C'est surtout terriblement mauvais. Mais ce n'est pas de la poésie, ça !
M. PIETATER — De ma femme, ici, vous rejoignez l'avis :
Pour elle, diantre, c'est un saint que je suis !
LE DOCTEUR — Saint-poète ! Pourquoi pas ! Mais qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans, moi ?
M. PIETATER — Il me faut préciser - chaque chose en son temps !
Que de mon hygiène je ne suis plus tenant :
Lorsque je me rase, tout repousse sur l'instant,
Débraillé, décoiffé : voilà mon châtiment !- (il marque un temps)
Et puis, infortune ! Il me faut bien le dire,
C'est de cette agression que je redoute le pire.
LE DOCTEUR — (complètement décontenancé) : L'agression ?
M. PIETATER — Je le jure sur ma tête : on m'accuse à tort !
Je n'ai fait que défendre un magnifique trésor,
Cet enfant qui jouait, en lâchant ce papier,
N'avait pas le respect qu'ensuite il exigeait !
N'était-il point au calme, bien assis sur le sable,
Quand la dune s'étendait, ô merveille ineffable,
L'océan, bleu azur, y soufflait son ressac,
Et le voilà, démon : voilà qu'il lâche son sac !
LE DOCTEUR — Un enfant ? Mais qu'avez-vous donc fait ?
M. PIETATER — Aux jeux des imbéciles,
Je sais tenir les fils !
Quoi d'autre qu'un croche-patte,
Pour cette âme scélérate ?
LE DOCTEUR — un croche patte ?
M. PIETATER — Et bien, j'assume, oui, quoi, voilà.
Avec en résultat que l'on hurla sur moi !
Ma fierté j'oubliais, ramassais le papier,
Et fuyais à toutes jambes sans trop me retourner !

LE DOCTEUR — Bien, Bien... (il mordille ses lunettes) Bien. Je sais ce qu'il vous faut, M. Pietater : il vous faut un bon psy !
M. PIETATER — Ah, les voici : les escrocs, les voleurs !
Mon portefeuille, lui, reconnaît les menteurs !
Pour le prix d'une séance, je construis un empire :
Non, si fou à lier je suis, je me choisis d'écrire !
LE DOCTEUR — Mais écrire ne vous guérira pas ! Non, malgré les coûts – parce que j'ai le malheur de vous annoncer que votre maladie n'est pas reconnue par la sécurité sociale – pour vous, c'est un psy, ou la plume !
M. PIETATER — La plume ? Et puis quoi d'autre encore !
Ah, non, ça, je ne suis pas d'accord !
Déjà que ça me bouffe la vie, la nuit...
Ma femme en menace de me quitter ! (il boutonne ses manches.)
Et puis, 70 euros la séance, à minimum 4 séances par mois.. (se redresse et se recoiffe)
Ca va me couter au moins 23 % de mon salaire.. (recadre sa veste)
Si on multiplie l'économie par douze, et que je contacte mon conseiller en placement d'usufruits sur les quote-parts subventionnés [/i](il pose les mains sur la table), je pense que...
LE DOCTEUR — M. Pietater, ne bougez plus ! Je crois que je tiens quelque chose.
M. PIETATER — Vraiment, docteur ? (rassuré) Oh, vous êtes formidable !
LE DOCTEUR — (rassuré lui aussi) : Voilà, votre problème, à vous, c'est l'oisiveté ! Si vous ne calculez pas, ne pensez pas, si vous ne faites rien, M. Pietater, vous divaguez ! Et votre cerveau se perd dans les méandres du langage... Cortex surdéveloppé, M. Pietater, c'est grave ! Très grave (il s'avance de son fauteuil en agitant la main) C'est évident ! Il vous faut.. Des anxiogènes ! Il vous faut du stress ! Voyons... hmmm... Etes vous sûrs d'avoir bien réglé tous vos dossiers avant de partir du bureau, vendredi ?
M. PIETATER (se ronge les ongles) — Le bureau... les dossiers... c'est vrai qu'on a cet impératif sur la bulle spéculative X38...
LE DOCTEUR (ravi) — Vous voyez ! Vous avez parlé normalement !
M. PIETATER —Mais.. Mais oui ! Je vis toujours à cent à l'heure, c'est vrai, et j'allais tout juste être en vacances, ce que je ne supporte pas ! Je prends toujours des dossiers.. mais là, avec la crise, on avait un trou. J'avais déjà passé la journée de vendredi en stand-by...
LE DOCTEUR — Et bien ne prenez plus le temps ! Plus jamais ! Calculez, contactez, planifiez, managez, éduquez, dirigez, menez ! Faites ! Comme anxiogène... je vous recommande de mettre votre maison en hypothèque ! Voilà ! Devenez locataire, achetez trois voitures, où que sais-je.. mais du stress, M. Pietater, du stress !
M. PIETATER — (a ressorti son portefeuille, plié ses jambes, et repris son air assuré) : Oh, Docteur, si vous saviez... Comme je suis soulagé ! Je vais vous payer. Payer, c'est ne pas penser. Quand même ! Quelle peur ! Saint poète ! (il pouffe)
LE DOCTEUR — C'est bien connu, c'est un état qui coûte. La plupart des grands poètes avaient des vies sociales anarchiques...
M. PIETATER — Quand même ! Se lever la nuit pour écrire, faire un croche-patte à un môme pour un papier lâché sur une plage... Quelle honte !
LE DOCTEUR — J'ai vu bien pire, vous savez. J'ai vu bien pire !
M. PIETATER — M'enfin, vous savez, ceci dit... C'était... c'était fort.
LE DOCTEUR — Fort ? Que voulez-vous dire ?
M. PIETATER — Et bien... connaître les arbres - que disais-je ? Un quoi ? Copalme ? -, révéler les couleurs, sentir la puissance du langage au service des choses, des éléments... c'était quelque chose. Presque reposant, presque magique. (il jette son regard dans le vide et s'affaisse sur sa chaise).
Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes,
Comme de n'être qu'un rien, au milieu de cohortes,
Epris par une nature si puissante et si forte,
A la sensibilité, c'est mon cœur qu'elle exhorte !
LE DOCTEUR — M. Pietater ! Vous rechutez ! 70 euros, votre salaire, votre travail ! Les... (il hésite)... Les monuments d'intérêts, les fruits subventionnés, ou que sais-je d'autre !
M. PIETATER — (se redressant d'un coup) : Mon dieu ! Que c'est traître ! On s'y reprend vite !.. (Il se frappe les genoux) Oh, je sais ! Je vais utiliser davantage mon smartphone. Les réseaux sociaux, l'actualité, la télé 4G, les mails, les sms ! Tout ce qui demande du temps !
LE DOCTEUR — Excellente idée ! Tout ce qui vous évitera d'être oisif, et donc poète ! Un boulot dans la finance, trois voitures, un smartphone, voilà ce qu'il vous faut ! (Un silence) Bien, M. Pietater, je crois que tout est réglé. Je vous fais donc un arrêt de travail pour aujourd'hui ?
M. PIETATER — Oui, simplement aujourd'hui. Je vais retourner bosser ! Mettre des volets à mon bureau. Travailler à la lumière de l'ampoule : pas de soleil, pas de bougie !
LE DOCTEUR — (lui donnant l'arrêt maladie) Bon, et n'hésitez pas, surtout, en cas de rechute ! Je me renseignerai quant à savoir s'il existe des traitements anxiogènes... On pourrait vous détecter une maladie grave, voilà qui serait contre-poétique !
M. PIETATER — Voilà qui serait une solution : quoi de plus stressant ! (il rigole)


M. Pietater se lève, salue le docteur qui le raccompagne jusqu'à la porte, puis s'en va. Ce dernier retourne à son bureau.


LE DOCTEUR — (il marmonne un peu) : Pas commun, comme dernière consultation pour la journée, ça.. Un Saint Poète.. pouet, ouais !. (il pouffe) Qu'est-ce qu'il faut pas entendre... (il range quelques dossiers, puis s'affale. Son téléphone sonne)


TELEPHONE — (voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)
LE DOCTEUR — (il soupire) Oui, oui, amour, bien sûr, je ramène du pain. Oui, on se fait toujours un petit plateau télé en amoureux, oui. Je sais, c'est ton émission préférée. Je suis là dans vingt minutes, amour.
TELEPHONE — (voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)

Le docteur raccroche, souffle, se lève, met son manteau et s'apprête à franchir la porte, mais, une fois cette dernière ouverte, il retient son geste.

LE DOCTEUR (humant l'air arrivant de l'extérieur) — Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes... Comme de n'être qu'un rien...

Remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte, le docteur passe la porte.

[quote="Prolétarien"]:) Je viens de débaucher je vais m'y coller jusqu'à tard dans la nuit, vous devriez avoir le début bientôt ;) En attendant, de quoi patienter : (Désolé pour la mise en page le forum ne prend pas les tabulations, ne permettant pas une linéarité du théâtre respectueuse, tant pis ^^) SAINT-POETE [i]Un banal lundi d'automne. Fin de journée. Dans un cabinet médical . Un docteur et son patient, M. Pietater. Ce dernier porte un costume débraillé, et a l'air épuisé. Il pénètre dans le bureau du docteur.[/i] LE DOCTEUR — [i](se levant)[/i] Bonjour, M. Pietater ! M. PIETATER — [i](remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte)[/i] Bonjour, docteur, J’apporte mon malheur! LE DOCTEUR — [i](s'asseyant)[/i] Alors, qu'est-ce qui vous amène ? M. PIETATER — [i](de même)[/i] Et bien ! Voilà qui pour vous devrait être fort louche Pourtant, il est rare qu'un tel mal ne me touche Témoignez, vous savez, que de votre cabinet, Dieu m'en garde, je ne suis point abonné ! LE DOCTEUR — [i](il hausse le sourcil)[/i] En effet, non ? M. PIETATER — Et bien, voilà, je vous le dis ! Docteur, je vais de mal en pis ! LE DOCTEUR — Et bien ! Où avez-vous mal ? M. PIETATER — C'est bien ça le problème. Je n'ai mal nulle part, Je ne me trouve guère blême, Je suis même plutôt brave Mais mon état est grave, Ca n'est point le hasard ! LE DOCTEUR — [i](décontenancé)[/i] Mais que puis-je pour vous, alors ? M. PIETATER — D'après moi, rien, vous n'y pourrez jamais rien, Mais je dois l'avouer : c'est ma femme qui y tient ! LE DOCTEUR — Allons bon ! Votre femme ? M. PIETATER — Nettement, docteur, elle me fait des menaces ! Le toubib ou la porte : « Tu es fou tu m'agaces ! » LE DOCTEUR — Moi ou la porte ? Les problèmes psychologiques, on peut aussi les soigner, M. Pietaterre ! Que se passe t-il ? Dépression ? M. PIETATER — Je dois bien l'avouer : tout allait pour le mieux, Jusqu'à ce vendredi, qui me rendit précieux ! LE DOCTEUR — Vendredi ? Dernier ? M. PIETATER — Et bien, voilà qui n'est pas faux Je le précise même : c'était à mon bureau ! . LE DOCTEUR — Quelle est votre profession ? M. PIETATER — J'ai l'art de manigance, je suis dans la finance ! Alors que mes compères, dans une discussion dense, Parlaient d'émoluments et flux compensatoires, Je me suis décroché : j'ai raté leurs histoires ! LE DOCTEUR — Décroché ? M. PIETATER — Il fallait voir, aussi : c'était une belle fenêtre, L'oiseau y est passé, tout fugace qu'il puisse être, Au devant d'un copalme, dont les feuilles s'allongeaient Sur ce petit chemin, où mon esprit plongeait. LE DOCTEUR — [i](légèrement agacé)[/i] Euh ..Bien... et ? En quoi est-ce grave ? M. PIETATER — Oh, ici, ce n'est que le début ! Rien de grave, c'est bien net, Si, par malheur, de suite il n'y eut : Je l'affirme, docteur : me voici un poète ! LE DOCTEUR — Poète ? Et c'est une maladie, ça ? M. PIETATER — Pour Baudelaire, Verlaine, et autre faiseurs de vers, J'envisage, bien logique, que c'est fait pour leur plaire, Génie je ne suis point, voyez : j'ai la tête à l'envers, Pour moi, nulle place au doute : c'est horrible calvaire ! Je ne peux calculer, je ne sais réfléchir, Devant les éléments je sens mon âme fléchir, Je ne puis assister aux nouvelles réunions, Et face à mes travaux me retrouve infécond ! LE DOCTEUR — Je peux concevoir que c'est embêtant. De là à envisager un traitement ! M. PIETATER — Si, par bonheur, c'était là mon seul mal ! Mais jugez par vous même : la nuit, je me trimballe ! LE DOCTEUR — Vous.. vous trimballez la nuit ? M. PIETATER — Si j'en crois mon épouse, qui me sert de compagne, Je me lève comme un mort et allume une bougie, Marche, fantômatique, vers mon mat de cocagne : C'est mon bureau d'entrée, oui, sur lequel j'écris ! LE DOCTEUR – Qu'écrivez-vous ? M. PIETATER — Ah, il faut dire qu'elle est bien prévoyante, Elle me l'avait prédit, celle qui est mon amante, Voici donc, j'en ai honte, et j'en suis désolé, Ce que le soir j'écris, comme une âme damnée ! [i](il fouille sa poche, en ressort un papier froissé qu'il tend au médecin.)[/i] LE DOCTEUR — Hmm.. [i](il attrape la feuille, la déplie, et commence la lecture à voix haute)[/i] : « ô, cruels démons ! Vices insoupçonnés ! Quel sera donc le triste sort réservé à ces âmes en peine qui s'égarent lentement le long des tortueux chemins de la corruption, du vol et du pouvoir... [i](il lève un œil ahuri vers M. Pietater, saute quelques nombreuses lignes)[/i].. et dans une lumière d'été les miséricordieux seront illuminés par la grâce des Humanismes... » M. PIETATER — Et voilà ! Constatez, maintenant ! Ce sont là quelques mots : je les trouve terrifiants ! LE DOCTEUR — C'est surtout terriblement mauvais. Mais ce n'est pas de la poésie, ça ! M. PIETATER — De ma femme, ici, vous rejoignez l'avis : Pour elle, diantre, c'est un saint que je suis ! LE DOCTEUR — Saint-poète ! Pourquoi pas ! Mais qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans, moi ? M. PIETATER — Il me faut préciser - chaque chose en son temps ! Que de mon hygiène je ne suis plus tenant : Lorsque je me rase, tout repousse sur l'instant, Débraillé, décoiffé : voilà mon châtiment !- (il marque un temps) Et puis, infortune ! Il me faut bien le dire, C'est de cette agression que je redoute le pire. LE DOCTEUR — [i](complètement décontenancé)[/i] : L'agression ? M. PIETATER — Je le jure sur ma tête : on m'accuse à tort ! Je n'ai fait que défendre un magnifique trésor, Cet enfant qui jouait, en lâchant ce papier, N'avait pas le respect qu'ensuite il exigeait ! N'était-il point au calme, bien assis sur le sable, Quand la dune s'étendait, ô merveille ineffable, L'océan, bleu azur, y soufflait son ressac, Et le voilà, démon : voilà qu'il lâche son sac ! LE DOCTEUR — Un enfant ? Mais qu'avez-vous donc fait ? M. PIETATER — Aux jeux des imbéciles, Je sais tenir les fils ! Quoi d'autre qu'un croche-patte, Pour cette âme scélérate ? LE DOCTEUR — un croche patte ? M. PIETATER — Et bien, j'assume, oui, quoi, voilà. Avec en résultat que l'on hurla sur moi ! Ma fierté j'oubliais, ramassais le papier, Et fuyais à toutes jambes sans trop me retourner ! LE DOCTEUR — Bien, Bien... [i](il mordille ses lunettes)[/i] Bien. Je sais ce qu'il vous faut, M. Pietater : il vous faut un bon psy ! M. PIETATER — Ah, les voici : les escrocs, les voleurs ! Mon portefeuille, lui, reconnaît les menteurs ! Pour le prix d'une séance, je construis un empire : Non, si fou à lier je suis, je me choisis d'écrire ! LE DOCTEUR — Mais écrire ne vous guérira pas ! Non, malgré les coûts – parce que j'ai le malheur de vous annoncer que votre maladie n'est pas reconnue par la sécurité sociale – pour vous, c'est un psy, ou la plume ! M. PIETATER — La plume ? Et puis quoi d'autre encore ! Ah, non, ça, je ne suis pas d'accord ! Déjà que ça me bouffe la vie, la nuit... Ma femme en menace de me quitter ! [i](il boutonne ses manches.)[/i] Et puis, 70 euros la séance, à minimum 4 séances par mois.. [i](se redresse et se recoiffe)[/i] Ca va me couter au moins 23 % de mon salaire.. [i](recadre sa veste)[/i] Si on multiplie l'économie par douze, et que je contacte mon conseiller en placement d'usufruits sur les quote-parts subventionnés [/i](il pose les mains sur la table)[i], je pense que... LE DOCTEUR — M. Pietater, ne bougez plus ! Je crois que je tiens quelque chose. M. PIETATER — Vraiment, docteur ? [i](rassuré)[/i] Oh, vous êtes formidable ! LE DOCTEUR — [i](rassuré lui aussi)[/i] : Voilà, votre problème, à vous, c'est l'oisiveté ! Si vous ne calculez pas, ne pensez pas, si vous ne faites rien, M. Pietater, vous divaguez ! Et votre cerveau se perd dans les méandres du langage... Cortex surdéveloppé, M. Pietater, c'est grave ! Très grave [i](il s'avance de son fauteuil en agitant la main)[/i] C'est évident ! Il vous faut.. Des anxiogènes ! Il vous faut du stress ! Voyons... hmmm... Etes vous sûrs d'avoir bien réglé tous vos dossiers avant de partir du bureau, vendredi ? M. PIETATER [i](se ronge les ongles)[/i] — Le bureau... les dossiers... c'est vrai qu'on a cet impératif sur la bulle spéculative X38... LE DOCTEUR [i](ravi)[/i] — Vous voyez ! Vous avez parlé normalement ! M. PIETATER —Mais.. Mais oui ! Je vis toujours à cent à l'heure, c'est vrai, et j'allais tout juste être en vacances, ce que je ne supporte pas ! Je prends toujours des dossiers.. mais là, avec la crise, on avait un trou. J'avais déjà passé la journée de vendredi en stand-by... LE DOCTEUR — Et bien ne prenez plus le temps ! Plus jamais ! Calculez, contactez, planifiez, managez, éduquez, dirigez, menez ! Faites ! Comme anxiogène... je vous recommande de mettre votre maison en hypothèque ! Voilà ! Devenez locataire, achetez trois voitures, où que sais-je.. mais du stress, M. Pietater, du stress ! M. PIETATER — (a ressorti son portefeuille, plié ses jambes, et repris son air assuré) : Oh, Docteur, si vous saviez... Comme je suis soulagé ! Je vais vous payer. Payer, c'est ne pas penser. Quand même ! Quelle peur ! Saint poète ! [i](il pouffe)[/i] LE DOCTEUR — C'est bien connu, c'est un état qui coûte. La plupart des grands poètes avaient des vies sociales anarchiques... M. PIETATER — Quand même ! Se lever la nuit pour écrire, faire un croche-patte à un môme pour un papier lâché sur une plage... Quelle honte ! LE DOCTEUR — J'ai vu bien pire, vous savez. J'ai vu bien pire ! M. PIETATER — M'enfin, vous savez, ceci dit... C'était... c'était fort. LE DOCTEUR — Fort ? Que voulez-vous dire ? M. PIETATER — Et bien... connaître les arbres - que disais-je ? Un quoi ? Copalme ? -, révéler les couleurs, sentir la puissance du langage au service des choses, des éléments... c'était quelque chose. Presque reposant, presque magique. (il jette son regard dans le vide et s'affaisse sur sa chaise). Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes, Comme de n'être qu'un rien, au milieu de cohortes, Epris par une nature si puissante et si forte, A la sensibilité, c'est mon cœur qu'elle exhorte ! LE DOCTEUR — M. Pietater ! Vous rechutez ! 70 euros, votre salaire, votre travail ! Les... [i](il hésite)[/i]... Les monuments d'intérêts, les fruits subventionnés, ou que sais-je d'autre ! M. PIETATER — [i](se redressant d'un coup)[/i] : Mon dieu ! Que c'est traître ! On s'y reprend vite !.. [i](Il se frappe les genoux)[/i] Oh, je sais ! Je vais utiliser davantage mon smartphone. Les réseaux sociaux, l'actualité, la télé 4G, les mails, les sms ! Tout ce qui demande du temps ! LE DOCTEUR — Excellente idée ! Tout ce qui vous évitera d'être oisif, et donc poète ! Un boulot dans la finance, trois voitures, un smartphone, voilà ce qu'il vous faut ! [i](Un silence)[/i] Bien, M. Pietater, je crois que tout est réglé. Je vous fais donc un arrêt de travail pour aujourd'hui ? M. PIETATER — Oui, simplement aujourd'hui. Je vais retourner bosser ! Mettre des volets à mon bureau. Travailler à la lumière de l'ampoule : pas de soleil, pas de bougie ! LE DOCTEUR — [i](lui donnant l'arrêt maladie)[/i] Bon, et n'hésitez pas, surtout, en cas de rechute ! Je me renseignerai quant à savoir s'il existe des traitements anxiogènes... On pourrait vous détecter une maladie grave, voilà qui serait contre-poétique ! M. PIETATER — Voilà qui serait une solution : quoi de plus stressant ! [i](il rigole)[/i] [i]M. Pietater se lève, salue le docteur qui le raccompagne jusqu'à la porte, puis s'en va. Ce dernier retourne à son bureau.[/i] LE DOCTEUR — [i](il marmonne un peu)[/i] : Pas commun, comme dernière consultation pour la journée, ça.. Un Saint Poète.. pouet, ouais !. [i](il pouffe)[/i] Qu'est-ce qu'il faut pas entendre... [i](il range quelques dossiers, puis s'affale. Son téléphone sonne)[/i] TELEPHONE — [i](voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)[/i] LE DOCTEUR — [i](il soupire)[/i] Oui, oui, amour, bien sûr, je ramène du pain. Oui, on se fait toujours un petit plateau télé en amoureux, oui. Je sais, c'est ton émission préférée. Je suis là dans vingt minutes, amour. TELEPHONE — [i](voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)[/i] Le docteur raccroche, souffle, se lève, met son manteau et s'apprête à franchir la porte, mais, une fois cette dernière ouverte, il retient son geste. LE DOCTEUR [i](humant l'air arrivant de l'extérieur)[/i] — Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes... Comme de n'être qu'un rien... [i]Remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte, le docteur passe la porte.[/i][/quote] <3 https://www.youtube.com/watch?v=anujpzVRneY la verve d'une molaire ce monsieur pietater d'une humeur de papier mâché ne se ferait pas bâcher du temps de notre regretté molière où la camisole censure se ramifierait en poétique césure il suffit juste d'enlever la haine! et quant au mot banque il est ignoré du saltimbanque dans son humble coeur ne règne pas l'argent d'une couronne mais la lutte des sans-dents la verve d'une molaire et la langue de Molière! hommage à nos poètes et point de pouet pouet camembert à cet hypocondriaque monsieur pietater! c'est une épidémie! :)
suffragettes AB Il y a 5 ans



Je viens de débaucher je vais m'y coller jusqu'à tard dans la nuit, vous devriez avoir le début bientôt

En attendant, de quoi patienter :
(Désolé pour la mise en page le forum ne prend pas les tabulations, ne permettant pas une linéarité du théâtre respectueuse, tant pis )

SAINT-POETE

Un banal lundi d'automne. Fin de journée. Dans un cabinet médical . Un docteur et son patient, M. Pietater. Ce dernier porte un costume débraillé, et a l'air épuisé. Il pénètre dans le bureau du docteur.

LE DOCTEUR — (se levant) Bonjour, M. Pietater !
M. PIETATER — (remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte)
Bonjour, docteur,
J’apporte mon malheur!
LE DOCTEUR — (s'asseyant) Alors, qu'est-ce qui vous amène ?
M. PIETATER — (de même) Et bien ! Voilà qui pour vous devrait être fort louche
Pourtant, il est rare qu'un tel mal ne me touche
Témoignez, vous savez, que de votre cabinet,
Dieu m'en garde, je ne suis point abonné !
LE DOCTEUR — (il hausse le sourcil) En effet, non ?
M. PIETATER — Et bien, voilà, je vous le dis !
Docteur, je vais de mal en pis !
LE DOCTEUR — Et bien ! Où avez-vous mal ?
M. PIETATER — C'est bien ça le problème.
Je n'ai mal nulle part,
Je ne me trouve guère blême,
Je suis même plutôt brave
Mais mon état est grave,
Ca n'est point le hasard !
LE DOCTEUR — (décontenancé) Mais que puis-je pour vous, alors ?
M. PIETATER — D'après moi, rien, vous n'y pourrez jamais rien,
Mais je dois l'avouer : c'est ma femme qui y tient !
LE DOCTEUR — Allons bon ! Votre femme ?
M. PIETATER — Nettement, docteur, elle me fait des menaces !
Le toubib ou la porte : « Tu es fou tu m'agaces ! »
LE DOCTEUR — Moi ou la porte ? Les problèmes psychologiques, on peut aussi les soigner, M. Pietaterre ! Que se passe t-il ? Dépression ?
M. PIETATER — Je dois bien l'avouer : tout allait pour le mieux,
Jusqu'à ce vendredi, qui me rendit précieux !
LE DOCTEUR — Vendredi ? Dernier ?
M. PIETATER — Et bien, voilà qui n'est pas faux
Je le précise même : c'était à mon bureau ! .
LE DOCTEUR — Quelle est votre profession ?
M. PIETATER — J'ai l'art de manigance, je suis dans la finance !
Alors que mes compères, dans une discussion dense,
Parlaient d'émoluments et flux compensatoires,
Je me suis décroché : j'ai raté leurs histoires !
LE DOCTEUR — Décroché ?
M. PIETATER — Il fallait voir, aussi : c'était une belle fenêtre,
L'oiseau y est passé, tout fugace qu'il puisse être,
Au devant d'un copalme, dont les feuilles s'allongeaient
Sur ce petit chemin, où mon esprit plongeait.
LE DOCTEUR — (légèrement agacé) Euh ..Bien... et ? En quoi est-ce grave ?
M. PIETATER — Oh, ici, ce n'est que le début !
Rien de grave, c'est bien net,
Si, par malheur, de suite il n'y eut :
Je l'affirme, docteur : me voici un poète !
LE DOCTEUR — Poète ? Et c'est une maladie, ça ?
M. PIETATER — Pour Baudelaire, Verlaine, et autre faiseurs de vers,
J'envisage, bien logique, que c'est fait pour leur plaire,
Génie je ne suis point, voyez : j'ai la tête à l'envers,
Pour moi, nulle place au doute : c'est horrible calvaire !
Je ne peux calculer, je ne sais réfléchir,
Devant les éléments je sens mon âme fléchir,
Je ne puis assister aux nouvelles réunions,
Et face à mes travaux me retrouve infécond !
LE DOCTEUR — Je peux concevoir que c'est embêtant. De là à envisager un traitement !
M. PIETATER — Si, par bonheur, c'était là mon seul mal !
Mais jugez par vous même : la nuit, je me trimballe !
LE DOCTEUR — Vous.. vous trimballez la nuit ?
M. PIETATER — Si j'en crois mon épouse, qui me sert de compagne,
Je me lève comme un mort et allume une bougie,
Marche, fantômatique, vers mon mat de cocagne :
C'est mon bureau d'entrée, oui, sur lequel j'écris !
LE DOCTEUR – Qu'écrivez-vous ?
M. PIETATER — Ah, il faut dire qu'elle est bien prévoyante,
Elle me l'avait prédit, celle qui est mon amante,
Voici donc, j'en ai honte, et j'en suis désolé,
Ce que le soir j'écris, comme une âme damnée !

(il fouille sa poche, en ressort un papier froissé qu'il tend au médecin.)

LE DOCTEUR — Hmm.. (il attrape la feuille, la déplie, et commence la lecture à voix haute) : « ô, cruels démons ! Vices insoupçonnés ! Quel sera donc le triste sort réservé à ces âmes en peine qui s'égarent lentement le long des tortueux chemins de la corruption, du vol et du pouvoir... (il lève un œil ahuri vers M. Pietater, saute quelques nombreuses lignes).. et dans une lumière d'été les miséricordieux seront illuminés par la grâce des Humanismes... »
M. PIETATER — Et voilà ! Constatez, maintenant !
Ce sont là quelques mots : je les trouve terrifiants !
LE DOCTEUR — C'est surtout terriblement mauvais. Mais ce n'est pas de la poésie, ça !
M. PIETATER — De ma femme, ici, vous rejoignez l'avis :
Pour elle, diantre, c'est un saint que je suis !
LE DOCTEUR — Saint-poète ! Pourquoi pas ! Mais qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans, moi ?
M. PIETATER — Il me faut préciser - chaque chose en son temps !
Que de mon hygiène je ne suis plus tenant :
Lorsque je me rase, tout repousse sur l'instant,
Débraillé, décoiffé : voilà mon châtiment !- (il marque un temps)
Et puis, infortune ! Il me faut bien le dire,
C'est de cette agression que je redoute le pire.
LE DOCTEUR — (complètement décontenancé) : L'agression ?
M. PIETATER — Je le jure sur ma tête : on m'accuse à tort !
Je n'ai fait que défendre un magnifique trésor,
Cet enfant qui jouait, en lâchant ce papier,
N'avait pas le respect qu'ensuite il exigeait !
N'était-il point au calme, bien assis sur le sable,
Quand la dune s'étendait, ô merveille ineffable,
L'océan, bleu azur, y soufflait son ressac,
Et le voilà, démon : voilà qu'il lâche son sac !
LE DOCTEUR — Un enfant ? Mais qu'avez-vous donc fait ?
M. PIETATER — Aux jeux des imbéciles,
Je sais tenir les fils !
Quoi d'autre qu'un croche-patte,
Pour cette âme scélérate ?
LE DOCTEUR — un croche patte ?
M. PIETATER — Et bien, j'assume, oui, quoi, voilà.
Avec en résultat que l'on hurla sur moi !
Ma fierté j'oubliais, ramassais le papier,
Et fuyais à toutes jambes sans trop me retourner !

LE DOCTEUR — Bien, Bien... (il mordille ses lunettes) Bien. Je sais ce qu'il vous faut, M. Pietater : il vous faut un bon psy !
M. PIETATER — Ah, les voici : les escrocs, les voleurs !
Mon portefeuille, lui, reconnaît les menteurs !
Pour le prix d'une séance, je construis un empire :
Non, si fou à lier je suis, je me choisis d'écrire !
LE DOCTEUR — Mais écrire ne vous guérira pas ! Non, malgré les coûts – parce que j'ai le malheur de vous annoncer que votre maladie n'est pas reconnue par la sécurité sociale – pour vous, c'est un psy, ou la plume !
M. PIETATER — La plume ? Et puis quoi d'autre encore !
Ah, non, ça, je ne suis pas d'accord !
Déjà que ça me bouffe la vie, la nuit...
Ma femme en menace de me quitter ! (il boutonne ses manches.)
Et puis, 70 euros la séance, à minimum 4 séances par mois.. (se redresse et se recoiffe)
Ca va me couter au moins 23 % de mon salaire.. (recadre sa veste)
Si on multiplie l'économie par douze, et que je contacte mon conseiller en placement d'usufruits sur les quote-parts subventionnés [/i](il pose les mains sur la table), je pense que...
LE DOCTEUR — M. Pietater, ne bougez plus ! Je crois que je tiens quelque chose.
M. PIETATER — Vraiment, docteur ? (rassuré) Oh, vous êtes formidable !
LE DOCTEUR — (rassuré lui aussi) : Voilà, votre problème, à vous, c'est l'oisiveté ! Si vous ne calculez pas, ne pensez pas, si vous ne faites rien, M. Pietater, vous divaguez ! Et votre cerveau se perd dans les méandres du langage... Cortex surdéveloppé, M. Pietater, c'est grave ! Très grave (il s'avance de son fauteuil en agitant la main) C'est évident ! Il vous faut.. Des anxiogènes ! Il vous faut du stress ! Voyons... hmmm... Etes vous sûrs d'avoir bien réglé tous vos dossiers avant de partir du bureau, vendredi ?
M. PIETATER (se ronge les ongles) — Le bureau... les dossiers... c'est vrai qu'on a cet impératif sur la bulle spéculative X38...
LE DOCTEUR (ravi) — Vous voyez ! Vous avez parlé normalement !
M. PIETATER —Mais.. Mais oui ! Je vis toujours à cent à l'heure, c'est vrai, et j'allais tout juste être en vacances, ce que je ne supporte pas ! Je prends toujours des dossiers.. mais là, avec la crise, on avait un trou. J'avais déjà passé la journée de vendredi en stand-by...
LE DOCTEUR — Et bien ne prenez plus le temps ! Plus jamais ! Calculez, contactez, planifiez, managez, éduquez, dirigez, menez ! Faites ! Comme anxiogène... je vous recommande de mettre votre maison en hypothèque ! Voilà ! Devenez locataire, achetez trois voitures, où que sais-je.. mais du stress, M. Pietater, du stress !
M. PIETATER — (a ressorti son portefeuille, plié ses jambes, et repris son air assuré) : Oh, Docteur, si vous saviez... Comme je suis soulagé ! Je vais vous payer. Payer, c'est ne pas penser. Quand même ! Quelle peur ! Saint poète ! (il pouffe)
LE DOCTEUR — C'est bien connu, c'est un état qui coûte. La plupart des grands poètes avaient des vies sociales anarchiques...
M. PIETATER — Quand même ! Se lever la nuit pour écrire, faire un croche-patte à un môme pour un papier lâché sur une plage... Quelle honte !
LE DOCTEUR — J'ai vu bien pire, vous savez. J'ai vu bien pire !
M. PIETATER — M'enfin, vous savez, ceci dit... C'était... c'était fort.
LE DOCTEUR — Fort ? Que voulez-vous dire ?
M. PIETATER — Et bien... connaître les arbres - que disais-je ? Un quoi ? Copalme ? -, révéler les couleurs, sentir la puissance du langage au service des choses, des éléments... c'était quelque chose. Presque reposant, presque magique. (il jette son regard dans le vide et s'affaisse sur sa chaise).
Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes,
Comme de n'être qu'un rien, au milieu de cohortes,
Epris par une nature si puissante et si forte,
A la sensibilité, c'est mon cœur qu'elle exhorte !
LE DOCTEUR — M. Pietater ! Vous rechutez ! 70 euros, votre salaire, votre travail ! Les... (il hésite)... Les monuments d'intérêts, les fruits subventionnés, ou que sais-je d'autre !
M. PIETATER — (se redressant d'un coup) : Mon dieu ! Que c'est traître ! On s'y reprend vite !.. (Il se frappe les genoux) Oh, je sais ! Je vais utiliser davantage mon smartphone. Les réseaux sociaux, l'actualité, la télé 4G, les mails, les sms ! Tout ce qui demande du temps !
LE DOCTEUR — Excellente idée ! Tout ce qui vous évitera d'être oisif, et donc poète ! Un boulot dans la finance, trois voitures, un smartphone, voilà ce qu'il vous faut ! (Un silence) Bien, M. Pietater, je crois que tout est réglé. Je vous fais donc un arrêt de travail pour aujourd'hui ?
M. PIETATER — Oui, simplement aujourd'hui. Je vais retourner bosser ! Mettre des volets à mon bureau. Travailler à la lumière de l'ampoule : pas de soleil, pas de bougie !
LE DOCTEUR — (lui donnant l'arrêt maladie) Bon, et n'hésitez pas, surtout, en cas de rechute ! Je me renseignerai quant à savoir s'il existe des traitements anxiogènes... On pourrait vous détecter une maladie grave, voilà qui serait contre-poétique !
M. PIETATER — Voilà qui serait une solution : quoi de plus stressant ! (il rigole)


M. Pietater se lève, salue le docteur qui le raccompagne jusqu'à la porte, puis s'en va. Ce dernier retourne à son bureau.


LE DOCTEUR — (il marmonne un peu) : Pas commun, comme dernière consultation pour la journée, ça.. Un Saint Poète.. pouet, ouais !. (il pouffe) Qu'est-ce qu'il faut pas entendre... (il range quelques dossiers, puis s'affale. Son téléphone sonne)


TELEPHONE — (voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)
LE DOCTEUR — (il soupire) Oui, oui, amour, bien sûr, je ramène du pain. Oui, on se fait toujours un petit plateau télé en amoureux, oui. Je sais, c'est ton émission préférée. Je suis là dans vingt minutes, amour.
TELEPHONE — (voix aigüe et étouffée qu'on ne comprend pas)

Le docteur raccroche, souffle, se lève, met son manteau et s'apprête à franchir la porte, mais, une fois cette dernière ouverte, il retient son geste.

LE DOCTEUR (humant l'air arrivant de l'extérieur) — Je me souviens si bien, de l'odeur des feuilles mortes... Comme de n'être qu'un rien...

Remontant sa braguette qu'il vient de remarquer ouverte, le docteur passe la porte.


<3



https://www.youtube.com/watch?v=anujpzVRneY

la verve d'une molaire
ce monsieur pietater
d'une humeur de papier mâché
ne se ferait pas bâcher
du temps de notre regretté molière
où la camisole censure
se ramifierait en poétique césure
il suffit juste d'enlever la haine!
et quant au mot banque
il est ignoré du saltimbanque
dans son humble coeur
ne règne pas l'argent d'une couronne
mais la lutte des sans-dents
la verve d'une molaire
et la langue de Molière!
hommage à nos poètes
et point de pouet pouet camembert
à cet hypocondriaque monsieur pietater!

c'est une épidémie!

[quote="Prolétarien"]DÉGUEULASSE Faut dire que je l'ai trouvé beau Ca m'arrive pas souvent Mais faut le dire, quoi Il était beau Vraiment Ce qui m'a frappé C'était pas sa gueule Bouffée par la boisson C'était pas sa voix Butée par la clope Quand il a dit "un camel 100's" Qu'il a payé avec trop de pièces Sa voix a noirci l'air autour Comme un épais brouillard Dont on ne revient pas Ce qui m'a frappé Ce n'était pas non plus Ses fringues rapiécées Ou ses chaussures trouées Encore moins les huit-six Achetées avec les clopes Au nombre de cinq Non Si je l'ai trouvé beau C'est parce que Dans sa main Impériale Trônait une fleur Une seule Unique Et superbe rose Qui en valait trois mille Et qui à elle seule Inondait De couleur sa misère Pour qui ? Pourquoi ? Alors Je l'ai suivi Même quand il a ouvert sa bière A peine sorti du commerce Et qu'il l'a vidé D'un coup En rotant Dans la rue froide Je l'ai suivi Et j’ai même hésité A intervenir Quand il a titubé Vers cet homme normal Pour demander du feu Et que l'homme normal A normalement eu peur De ne pas en avoir Mais Je me suis ravisé Je n'ai jamais su être Tout à fait normal Et j’ai toujours du feu Je l'ai suivi encore Et même cet autobus Criant de mépris Ne m'a pas empêché De le suivre toujours En montant avec lui Derrière lui Encore Après avoir ouvert une bière D'un geste brutal Tout à fait soigneusement Il a posé la rose Sa seule rose Bien en équilibre Précautionneusement Sur le siège voisin Comme s'il posait Un oiseau Un enfant Un trésor Et surtout pas Comme il a posé sa bière Bringuebalante Et mal-en-place Comme lui Ses poches cherchaient ses mains Ses mains son téléphone Trouvèrent un vieux machin Qui doit avoir son âge A l'écran brisé Aux touches effacées Par sa voix trop grasse Il l'avait sorti Pour rien Comme ça Pour attendre Il le fixait avidement Son téléphone Levant juste la tête Pour regarder par la fenêtre S'il fallait descendre S’il pouvait enfin descendre Comme si le temps pressait Puis il regardait la rose Comme si elle allait Disparaître S'envoler Flétrir Subitement Comme ça "Pouf" Après un temps Ou deux Ou trois ou cent La seule chose subite Fut son téléphone S'éclairant tout à coup Et j’ai vu ses yeux Lire Relire Et re-relire Ce qu’ils savaient déjà Sans le savoir Puis j’ai cru les voir s’embrumer Mais pas sûr La bière est venue les cacher Pour se vider cul-sec D’un coup Comme ça “Pouf” C'est vrai qu'il était beau, C'est pour ça que j'ai eu mal Quand il s'est levé d'un coup Et qu'il a jeté la fleur En même temps que son âme Ou le peu qu’il en restait Sur le sol mort du bus En grommelant Sur un autre cul-sec "Putains..." Sans la rose, Avec la grossièreté La bière et tout le reste Il était laid Comme un arbre sans soleil Avant qu'il ne descende Voyant les gens L’accabler De leurs yeux affreux J'ai voulu lui offrir Un verre une table un repas Une bouteille mes oreilles un tonneau Un fou rire un ami un oubli Alors je me suis approché Et quand j'ai dit Bégayant presque, "Monsieur, excusez-moi" Il s'est tourné En demandant l’arrêt D'un coup Et il m'a dit "Qu'est-ce qu'il me veut, Le bon samaritain ? Laisse moi cuver trop-plein L'amour n'est que trop vain" Et quand il est descendu Il prêtait à gerber Pourtant Un temps avant Il était beau Vraiment C'est juste le monde Qui est dégueulasse[/quote] Euh sincèrement, ce texte est à couper le souffle, bravo, ça te fout un uppercut en pleine face, wouah ...
Angellore Il y a 5 ans

DÉGUEULASSE

Faut dire que je l'ai trouvé beau
Ca m'arrive pas souvent
Mais faut le dire, quoi
Il était beau
Vraiment

Ce qui m'a frappé
C'était pas sa gueule
Bouffée par la boisson
C'était pas sa voix
Butée par la clope
Quand il a dit "un camel 100's"
Qu'il a payé avec trop de pièces
Sa voix a noirci l'air autour
Comme un épais brouillard
Dont on ne revient pas

Ce qui m'a frappé
Ce n'était pas non plus
Ses fringues rapiécées
Ou ses chaussures trouées
Encore moins les huit-six
Achetées avec les clopes
Au nombre de cinq

Non
Si je l'ai trouvé beau
C'est parce que
Dans sa main
Impériale
Trônait une fleur
Une seule
Unique
Et superbe rose
Qui en valait trois mille
Et qui à elle seule
Inondait
De couleur sa misère

Pour qui ?
Pourquoi ?

Alors
Je l'ai suivi
Même quand il a ouvert sa bière
A peine sorti du commerce
Et qu'il l'a vidé
D'un coup
En rotant
Dans la rue froide

Je l'ai suivi
Et j’ai même hésité
A intervenir
Quand il a titubé
Vers cet homme normal
Pour demander du feu
Et que l'homme normal
A normalement eu peur
De ne pas en avoir
Mais
Je me suis ravisé
Je n'ai jamais su être
Tout à fait normal
Et j’ai toujours du feu

Je l'ai suivi encore
Et même cet autobus
Criant de mépris
Ne m'a pas empêché
De le suivre toujours
En montant avec lui
Derrière lui
Encore

Après avoir ouvert une bière
D'un geste brutal
Tout à fait soigneusement
Il a posé la rose
Sa seule rose
Bien en équilibre
Précautionneusement
Sur le siège voisin
Comme s'il posait
Un oiseau
Un enfant
Un trésor
Et surtout pas
Comme il a posé sa bière
Bringuebalante
Et mal-en-place
Comme lui

Ses poches cherchaient ses mains
Ses mains son téléphone
Trouvèrent un vieux machin
Qui doit avoir son âge
A l'écran brisé
Aux touches effacées
Par sa voix trop grasse

Il l'avait sorti
Pour rien
Comme ça
Pour attendre
Il le fixait avidement
Son téléphone
Levant juste la tête
Pour regarder par la fenêtre
S'il fallait descendre
S’il pouvait enfin descendre
Comme si le temps pressait
Puis il regardait la rose
Comme si elle allait
Disparaître
S'envoler
Flétrir
Subitement
Comme ça
"Pouf"

Après un temps
Ou deux
Ou trois ou cent
La seule chose subite
Fut son téléphone
S'éclairant tout à coup
Et j’ai vu ses yeux
Lire
Relire
Et re-relire
Ce qu’ils savaient déjà
Sans le savoir
Puis j’ai cru les voir s’embrumer
Mais pas sûr
La bière est venue les cacher
Pour se vider cul-sec
D’un coup
Comme ça
“Pouf”

C'est vrai qu'il était beau,
C'est pour ça que j'ai eu mal
Quand il s'est levé d'un coup
Et qu'il a jeté la fleur
En même temps que son âme
Ou le peu qu’il en restait
Sur le sol mort du bus
En grommelant
Sur un autre cul-sec
"Putains..."

Sans la rose,
Avec la grossièreté
La bière et tout le reste
Il était laid
Comme un arbre sans soleil

Avant qu'il ne descende
Voyant les gens
L’accabler
De leurs yeux affreux
J'ai voulu lui offrir
Un verre une table un repas
Une bouteille mes oreilles un tonneau
Un fou rire un ami un oubli

Alors je me suis approché
Et quand j'ai dit
Bégayant presque,
"Monsieur, excusez-moi"
Il s'est tourné
En demandant l’arrêt
D'un coup
Et il m'a dit

"Qu'est-ce qu'il me veut,
Le bon samaritain ?
Laisse moi cuver trop-plein
L'amour n'est que trop vain"

Et quand il est descendu
Il prêtait à gerber
Pourtant
Un temps avant
Il était beau
Vraiment
C'est juste le monde
Qui est dégueulasse


Euh sincèrement, ce texte est à couper le souffle, bravo, ça te fout un uppercut en pleine face, wouah ...