Il faut flinguer Ramirez, Acte 1 – Nicolas Petrimaux [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1545385297.jpg[/img] L'histoire : Dans une ville moyenne d'Arizona, Jacques Ramirez est le meilleur réparateur des aspirateurs Robotop. Ramirez est muet, a une grosse moustache et des yeux chafouins, est attifé comme l'as de pique et a une tâche de naissance qui lui mange le visage. A priori, difficile donc de le prendre pour un autre. Deux hommes de mains d'un réseau mafieux le croisent inopinément alors qu'ils viennent déposer un appareil défectueux. Ils croient reconnaître le tueur à gages qui a trahi l'organisation il y a quelques années. Ramirez aurait-il eu le génie de devenir ce pâle individu pour mieux cacher sa véritable identité ? Ils montent une opération pour le tuer, bien évidemment foireuse mais qui fait monter la mayonnaise et sortir les voitures de police. En parallèle, le hasard fait entrer dans la danse deux filles un peu dingues qui ont la police à leurs trousses et une fuite de gaz non colmatée, qui vont rebattre les cartes pour sauver Ramirez des pièges qu'on lui tend. Une histoire réjouissante, entre Tarantino et Thelma et Louise, dotée d'un humour premier degré tout à fait approprié et de quiproquos loufoques propres à faire des histoires à rebondissements. Le découpage génialissime qui joue avec les temps de narration pour mieux multiplier les pistes, le graphisme qui réussit le pari d'être à la fois précis et outrancier, les encarts publicitaires et articles de journal où l'absurde est roi, et un hommage à la R5, font de ce premier volume un héritier tarantinesque du Grand blond avec une chaussure noire. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1545385786.jpg[/img] Espérons seulement que la piste d'explication proposée en fin de ce premier volume soit une tromperie supplémentaire.
Ema Il y a 5 ans

Il faut flinguer Ramirez, Acte 1 – Nicolas Petrimaux



L'histoire :
Dans une ville moyenne d'Arizona, Jacques Ramirez est le meilleur réparateur des aspirateurs Robotop. Ramirez est muet, a une grosse moustache et des yeux chafouins, est attifé comme l'as de pique et a une tâche de naissance qui lui mange le visage. A priori, difficile donc de le prendre pour un autre. Deux hommes de mains d'un réseau mafieux le croisent inopinément alors qu'ils viennent déposer un appareil défectueux. Ils croient reconnaître le tueur à gages qui a trahi l'organisation il y a quelques années. Ramirez aurait-il eu le génie de devenir ce pâle individu pour mieux cacher sa véritable identité ? Ils montent une opération pour le tuer, bien évidemment foireuse mais qui fait monter la mayonnaise et sortir les voitures de police.
En parallèle, le hasard fait entrer dans la danse deux filles un peu dingues qui ont la police à leurs trousses et une fuite de gaz non colmatée, qui vont rebattre les cartes pour sauver Ramirez des pièges qu'on lui tend.

Une histoire réjouissante, entre Tarantino et Thelma et Louise, dotée d'un humour premier degré tout à fait approprié et de quiproquos loufoques propres à faire des histoires à rebondissements. Le découpage génialissime qui joue avec les temps de narration pour mieux multiplier les pistes, le graphisme qui réussit le pari d'être à la fois précis et outrancier, les encarts publicitaires et articles de journal où l'absurde est roi, et un hommage à la R5, font de ce premier volume un héritier tarantinesque du Grand blond avec une chaussure noire.


Espérons seulement que la piste d'explication proposée en fin de ce premier volume soit une tromperie supplémentaire.

[quote="petit nounours"] La Différence Invisible de DACHEZ Julie et Mademoiselle Caroline Résumé : "Marguerite a 27 ans, en apparence rien ne la distingue des autres. Elle est jolie, vive et intelligente. Elle travaille dans une grande entreprise et vit en couple. Pourtant, elle est différente." [/quote] +1 j'ai lu dernièrement "Les rigoles" de Brecht Evens. Je n'ai pas les mots pour décrire cette BD qui m'a profondément marquée... Il y a ce style, cette aquarelle, pleines de couleurs, de détail, qui nous emporte dans un univers bien particulier. Des personnages qu'on apprend à connaitre, avec leur côté obscur et leurs faiblesses qu'on découvre petit à petit. C'est une atmosphère très particulière qui entoure toute cette BD, qui m'a beaucoup plu tout en me mettant mal à l'aise car faisant ressortir nos vieux démons qu'on a tous. A lire absolument! Petit extrait du résumé : "Jona déménage, afin de s’installer à Berlin avec sa femme Camille. Pour sa dernière soirée de liberté, comme ses amis l’ont lâché les uns après les autres, il file au cœur du quartier des Rigoles, dans une grande brasserie où il rencontre un couple auprès duquel il s’épanche" [url=https://pix.blizzart.net/image/1545387676][img]https://pix.blizzart.net/image/1545387676/medium.jpg[/img][/url] [url=https://pix.blizzart.net/image/1545387699][img]https://pix.blizzart.net/image/1545387699/medium.jpg[/img][/url]
zaël Il y a 5 ans


La Différence Invisible de DACHEZ Julie et Mademoiselle Caroline
Résumé : "Marguerite a 27 ans, en apparence rien ne la distingue des autres. Elle est jolie, vive et intelligente. Elle travaille dans une grande entreprise et vit en couple. Pourtant, elle est différente."


+1

j'ai lu dernièrement "Les rigoles" de Brecht Evens.

Je n'ai pas les mots pour décrire cette BD qui m'a profondément marquée... Il y a ce style, cette aquarelle, pleines de couleurs, de détail, qui nous emporte dans un univers bien particulier. Des personnages qu'on apprend à connaitre, avec leur côté obscur et leurs faiblesses qu'on découvre petit à petit. C'est une atmosphère très particulière qui entoure toute cette BD, qui m'a beaucoup plu tout en me mettant mal à l'aise car faisant ressortir nos vieux démons qu'on a tous.

A lire absolument!

Petit extrait du résumé : "Jona déménage, afin de s’installer à Berlin avec sa femme Camille. Pour sa dernière soirée de liberté, comme ses amis l’ont lâché les uns après les autres, il file au cœur du quartier des Rigoles, dans une grande brasserie où il rencontre un couple auprès duquel il s’épanche"



Couleur de peau : miel – Jung [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1546186074.jpg[/img] Récit autobiographique de Jung, dessinateur entre autres de la série La Jeune Fille et le Vent. Jung est né en Corée du Sud en 1965. Recueilli dans un orphelinat américain, il est très vite adopté par une famille belge de 4 enfants, auxquels viendra bientôt s'ajouter une petite sœur également d'origine sud coréenne. La question de l'identité est le fil rouge de cette histoire vraie. Qui est-il ? Jusqu'où est-il semblable à son frère, et quoi faire de cette différence inscrite sur sa peau ? La première partie (correspondant au premier tome) est sans doute la plus « légère ». Elle correspond aux premières années du jeune Jung chez les « longs-nez » au parfum de sucre. C'est essentiellement cette partie qui a servi à l'adaptation du film d'animation. La deuxième partie, plus tourmentée, nous fait entrer dans une adolescence où la quête de soi bouscule les lignes. C'est la confusion totale entre racines en Asie et le réel belge et les choix d'amitiés et de parcours de vie qui vont orienter l'adulte qu'il est devenu. La dernière partie correspond au voyage entrepris par Jung, adulte, dans le pays où il est né, à l'occasion de la réalisation du (très joli et qui plaira à tous âges) film d'animation. http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19342182&cfilm=190926.html Le temps a fait son œuvre et l'homme a unifié ses deux identités. Il est prêt à laisser partir le petit coréen qu'il était. Le dessin, fin et à l'efficacité tournée vers le sensible, telle cette mère coréenne dont il ne peut se résoudre à figer un visage, le récit oscillant entre humour et drame, mais toujours baigné de retenue qui ferait presque oublier qu'il s'agit d'une histoire vraie, font de cette BD un joli témoignage sur l'adoption et, au-delà, une réflexion tant sur l'amour filial et parental que sur la construction de son identité. C'est aussi un récit qui évoque l'histoire de la Corée et notamment comment les choix politiques quant à la place des femmes dans la société coréenne ont entraîné des centaines de milliers d'abandon d'enfants.
Ema Il y a 5 ans

Couleur de peau : miel – Jung



Récit autobiographique de Jung, dessinateur entre autres de la série La Jeune Fille et le Vent.
Jung est né en Corée du Sud en 1965. Recueilli dans un orphelinat américain, il est très vite adopté par une famille belge de 4 enfants, auxquels viendra bientôt s'ajouter une petite sœur également d'origine sud coréenne.

La question de l'identité est le fil rouge de cette histoire vraie. Qui est-il ? Jusqu'où est-il semblable à son frère, et quoi faire de cette différence inscrite sur sa peau ?
La première partie (correspondant au premier tome) est sans doute la plus « légère ». Elle correspond aux premières années du jeune Jung chez les « longs-nez » au parfum de sucre. C'est essentiellement cette partie qui a servi à l'adaptation du film d'animation.
La deuxième partie, plus tourmentée, nous fait entrer dans une adolescence où la quête de soi bouscule les lignes. C'est la confusion totale entre racines en Asie et le réel belge et les choix d'amitiés et de parcours de vie qui vont orienter l'adulte qu'il est devenu.
La dernière partie correspond au voyage entrepris par Jung, adulte, dans le pays où il est né, à l'occasion de la réalisation du (très joli et qui plaira à tous âges) film d'animation.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19342182&cfilm=190926.html

Le temps a fait son œuvre et l'homme a unifié ses deux identités. Il est prêt à laisser partir le petit coréen qu'il était.

Le dessin, fin et à l'efficacité tournée vers le sensible, telle cette mère coréenne dont il ne peut se résoudre à figer un visage, le récit oscillant entre humour et drame, mais toujours baigné de retenue qui ferait presque oublier qu'il s'agit d'une histoire vraie, font de cette BD un joli témoignage sur l'adoption et, au-delà, une réflexion tant sur l'amour filial et parental que sur la construction de son identité.

C'est aussi un récit qui évoque l'histoire de la Corée et notamment comment les choix politiques quant à la place des femmes dans la société coréenne ont entraîné des centaines de milliers d'abandon d'enfants.



Le décalogue + Le légataire + Les Fleury-Nadal ; scénario Frank Giroud – divers dessinateurs Dans la série : les pavés pour l'hiver histoire de reposer ses yeux des lumières bleues des écrans et faire un bon dodo : Une série à tiroirs de 22 volumes : Le décalogue : 10 volumes + tome 11 « Le X1e commandement », qui apporte notamment des éclairages historiques liés à cette saga → A lire soit dans l'ordre de parution (tome 1 à 10), soit dans l'ordre chronologique (tome 10 à 1) [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1546612730.jpg[/img] Les Fleury-Nadal : 6 volumes (« Benjamin », 2 tomes oubliables malgré le dessin du regretté Daniel Hulet, + volumes « Ninon » et « Anahide », pourquoi pas + « Missak », 2 tomes intéressants) [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1546612777.jpg[/img] Le légataire : 5 tomes de facture plus classique que le décalogue mais néanmoins intéressants [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1546612827.jpg[/img] Un roman est publié en Ecosse. Il prend appui sur un ouvrage du 18e siècle qui évoque un décalogue pacifique écrit de la main de Mahomet, écrit dont personne n'a jamais entendu parler. Délire d'auteur ? Alors pourquoi ce mystère et ces drames qui entourent cette source ? Et pourquoi personne ne l'aurait divulgué ? Cette série part à la découverte de ceux directement impliqués dans la rédaction, la conservation et le choix de non-transmission de ce document. La série présente deux aspects qui se superposent : d'une part, la recherche quasi policière et les expéditions menées depuis la mort du prophète pour retrouver ce texte, d'autre part, l'utilisation qu'en ont faite les (mal-)heureux détenteurs. Sur le thème plus qu'actuel du fanatisme d'obédience islamique, cette série dont le premier tome a été publié en janvier 2001 (soit, avant le WTC...), Frank Giroud écrit une épopée qui allie aventures, enquêtes, récit historique et sondage de l'âme humaine, qui sait aussi en quelques occasions et malgré les ténèbres qui la guettent, préserver une lumière de raison. Pris indépendamment, la plupart des albums ont un intérêt tout relatif et le dessin est à l'avenant. Mais, pris bout à bout, quelle fresque ! Que de rebondissements.... qui peuvent déstabiliser (mais il veut aller où là, ça n'a rien à voir.... et pourtant), mais qui finissent par s'articuler de façon logique. En prenant appui sur des faits historiques réels et en y intégrant une pure fiction, Giroud fournit matière à réflexion sur la place de la religion dans la société. Un regard critique dans le respect des convictions de tous, qui apportera du grain à moudre aux athées et croyants de tous bords.... si et seulement si l'expression «oui, mais » fait partie de leur langage.
Ema Il y a 5 ans

Le décalogue + Le légataire + Les Fleury-Nadal ; scénario Frank Giroud – divers dessinateurs

Dans la série : les pavés pour l'hiver histoire de reposer ses yeux des lumières bleues des écrans et faire un bon dodo :
Une série à tiroirs de 22 volumes :

Le décalogue : 10 volumes + tome 11 « Le X1e commandement », qui apporte notamment des éclairages historiques liés à cette saga → A lire soit dans l'ordre de parution (tome 1 à 10), soit dans l'ordre chronologique (tome 10 à 1)


Les Fleury-Nadal : 6 volumes (« Benjamin », 2 tomes oubliables malgré le dessin du regretté Daniel Hulet, + volumes « Ninon » et « Anahide », pourquoi pas + « Missak », 2 tomes intéressants)


Le légataire : 5 tomes de facture plus classique que le décalogue mais néanmoins intéressants


Un roman est publié en Ecosse. Il prend appui sur un ouvrage du 18e siècle qui évoque un décalogue pacifique écrit de la main de Mahomet, écrit dont personne n'a jamais entendu parler. Délire d'auteur ? Alors pourquoi ce mystère et ces drames qui entourent cette source ? Et pourquoi personne ne l'aurait divulgué ?
Cette série part à la découverte de ceux directement impliqués dans la rédaction, la conservation et le choix de non-transmission de ce document.

La série présente deux aspects qui se superposent : d'une part, la recherche quasi policière et les expéditions menées depuis la mort du prophète pour retrouver ce texte, d'autre part, l'utilisation qu'en ont faite les (mal-)heureux détenteurs.
Sur le thème plus qu'actuel du fanatisme d'obédience islamique, cette série dont le premier tome a été publié en janvier 2001 (soit, avant le WTC...), Frank Giroud écrit une épopée qui allie aventures, enquêtes, récit historique et sondage de l'âme humaine, qui sait aussi en quelques occasions et malgré les ténèbres qui la guettent, préserver une lumière de raison.

Pris indépendamment, la plupart des albums ont un intérêt tout relatif et le dessin est à l'avenant. Mais, pris bout à bout, quelle fresque ! Que de rebondissements.... qui peuvent déstabiliser (mais il veut aller où là, ça n'a rien à voir.... et pourtant), mais qui finissent par s'articuler de façon logique.

En prenant appui sur des faits historiques réels et en y intégrant une pure fiction, Giroud fournit matière à réflexion sur la place de la religion dans la société. Un regard critique dans le respect des convictions de tous, qui apportera du grain à moudre aux athées et croyants de tous bords.... si et seulement si l'expression «oui, mais » fait partie de leur langage.

Portugal, Cyril Pedrosa [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1546784514.jpg[/img] Une BD pleine d'ondes positives pour commencer l'année : L'histoire : Simon Muchat, la trentaine est un auteur de bandes dessinées qui a conscience d'avoir « consciencieusement raté ses livres » « sans aucune contrepartie » puisqu'ils ne lui « avaient apporté ni fortune, ni renommée, ni le moindre réconfort » : « J'avais fait des livres avec application. Comme on fait de jolies chaises ou des bouquets de fleurs. Rien de très grave. Rien de vraiment honteux sans doute. Simplement le sentiment désagréable de l'absolue inutilité de mes efforts ». C'est néanmoins grâce à ses ratages, qu'il est invité pour un festival de BD au Portugal, pays de son grand-père où il lui est arrivé d'aller, il y a longtemps, quand il était enfant. Il s' y sent étrangement bien. Il « n'entend plus des gens qui causent, mais il entend des sons qui s'harmonisent » (Kent). Il flotte parmi ces sons et cela est bon. Pas comme ses bains en piscine qu'il prend avec sa future ex-compagne, bains qui semblent l'aspirer vers le fond, vers le vide. Retour en France. Le constat d'une grisaille qui l'entoure et d'une perte de sens. Et maintenant ? Puis la réunion de famille et la question des origines, de l'exil, de la famille, des rôles qui y sont affectés et dans lesquels certains ne se retrouvent pas. Alors, retour aux sources pour retrouver l'hypothétique moment où « s'est scellée la lente dilution de notre famille, ces ruptures répétées entre les générations ; une famille où il est si difficile de se sentir libre, où les hommes ont du mal à mener leur vie. » Pour ce long récit de 260 pages qui prend sa source dans l'histoire de l'auteur, Pedrosa propose un dessin lumineux. Tout en couleurs directes, posé sur un papier tantôt neutre, blanc, basique puis plus jaune et texturé, comme donnant du relief à sa vie lorsque la lumière de son jardin au Portugal irradie son quotidien, il propose une alternance de gammes chromatiques marquant les différentes étapes de la trajectoire sinueuse de Simon. Son trait fin, délicat, se superposant à un décor toujours baigné dans des demi-tons tantôt plombés, tantôt évanescents s'épanouit dans un cadrage privilégiant le mouvement, que ce soit en lien avec les déplacements (nombreux) des personnages, ou lorsque Simon, en pleine crise existentielle, voit le monde s'agiter autour de lui. Un récit qui propose, lorsque la tempête intérieure est trop forte et que la dérive empêche la décision, de remonter à la source, de s'y poser le temps nécessaire avant de faire le choix qui arrêtera l'errance.
Ema Il y a 5 ans

Portugal, Cyril Pedrosa


Une BD pleine d'ondes positives pour commencer l'année :

L'histoire :
Simon Muchat, la trentaine est un auteur de bandes dessinées qui a conscience d'avoir « consciencieusement raté ses livres » « sans aucune contrepartie » puisqu'ils ne lui « avaient apporté ni fortune, ni renommée, ni le moindre réconfort » : « J'avais fait des livres avec application. Comme on fait de jolies chaises ou des bouquets de fleurs. Rien de très grave. Rien de vraiment honteux sans doute. Simplement le sentiment désagréable de l'absolue inutilité de mes efforts ».
C'est néanmoins grâce à ses ratages, qu'il est invité pour un festival de BD au Portugal, pays de son grand-père où il lui est arrivé d'aller, il y a longtemps, quand il était enfant.
Il s' y sent étrangement bien. Il « n'entend plus des gens qui causent, mais il entend des sons qui s'harmonisent » (Kent). Il flotte parmi ces sons et cela est bon. Pas comme ses bains en piscine qu'il prend avec sa future ex-compagne, bains qui semblent l'aspirer vers le fond, vers le vide.
Retour en France. Le constat d'une grisaille qui l'entoure et d'une perte de sens. Et maintenant ?
Puis la réunion de famille et la question des origines, de l'exil, de la famille, des rôles qui y sont affectés et dans lesquels certains ne se retrouvent pas.
Alors, retour aux sources pour retrouver l'hypothétique moment où « s'est scellée la lente dilution de notre famille, ces ruptures répétées entre les générations ; une famille où il est si difficile de se sentir libre, où les hommes ont du mal à mener leur vie. »

Pour ce long récit de 260 pages qui prend sa source dans l'histoire de l'auteur, Pedrosa propose un dessin lumineux. Tout en couleurs directes, posé sur un papier tantôt neutre, blanc, basique puis plus jaune et texturé, comme donnant du relief à sa vie lorsque la lumière de son jardin au Portugal irradie son quotidien, il propose une alternance de gammes chromatiques marquant les différentes étapes de la trajectoire sinueuse de Simon. Son trait fin, délicat, se superposant à un décor toujours baigné dans des demi-tons tantôt plombés, tantôt évanescents s'épanouit dans un cadrage privilégiant le mouvement, que ce soit en lien avec les déplacements (nombreux) des personnages, ou lorsque Simon, en pleine crise existentielle, voit le monde s'agiter autour de lui.

Un récit qui propose, lorsque la tempête intérieure est trop forte et que la dérive empêche la décision, de remonter à la source, de s'y poser le temps nécessaire avant de faire le choix qui arrêtera l'errance.

Heureuse vie, heureux combats – Marianne Duvivier, Denis Lapière [img]http://pix.toile-libre.org/upload/img/1547990130.jpg[/img] Quel destin que celui de Marianne Duvivier ! Un père engagé politiquement contre son pays natal pour l'indépendance du Congo alors sous domination belge, malmené par un tourbillon politique inaccessible à l'enfant, entraîné dans l'alcool, les dettes et des histoires extra-conjugales qui ne laisseront pas la famille indemne. Une mère adoptant très tôt une posture infantile pour tenir le coup dans un maelström sur lequel elle n'a aucune prise. Deux sœurs malades chacune à leur manière qui ne s'en relèveront pas. La petite Marianne devient très tôt dans cette famille instable un pilier, un ancrage. A hauteur d'enfant, elle tente d'abord de guérir les blessures des uns et des autres, puis prend ses distances et fuit dans la création, ignorant qu'elle s'est oubliée. Un accident cérébral la contraint à rassembler les pièces du puzzle familial, si bien représentées dans la couverture. Il en résulte une œuvre sensible sans sensiblerie dont le processus de réalisation est narré en parallèle, tant cette œuvre montre ô combien l'art permet de « transmuter les blessures en souvenirs » (p93). La désespérance qui couve n'arrive que rarement à prendre le pas sur la volonté de vivre de Marianne. L'ensemble baigne dans des couleurs claires, transparentes et extraordinairement douces au regard des événements qu'ils contiennent. Les paysages, les rues, les intérieurs sont baignés d'une lumière qui transperce la solitude dans laquelle baignent les personnages, chacun privé de lien à un autre qui le retiendrait. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1547990198.jpg[/img] Un témoignage lumineux et fragile.
Ema Il y a 5 ans

Heureuse vie, heureux combats – Marianne Duvivier, Denis Lapière


Quel destin que celui de Marianne Duvivier ! Un père engagé politiquement contre son pays natal pour l'indépendance du Congo alors sous domination belge, malmené par un tourbillon politique inaccessible à l'enfant, entraîné dans l'alcool, les dettes et des histoires extra-conjugales qui ne laisseront pas la famille indemne. Une mère adoptant très tôt une posture infantile pour tenir le coup dans un maelström sur lequel elle n'a aucune prise. Deux sœurs malades chacune à leur manière qui ne s'en relèveront pas.
La petite Marianne devient très tôt dans cette famille instable un pilier, un ancrage. A hauteur d'enfant, elle tente d'abord de guérir les blessures des uns et des autres, puis prend ses distances et fuit dans la création, ignorant qu'elle s'est oubliée. Un accident cérébral la contraint à rassembler les pièces du puzzle familial, si bien représentées dans la couverture.

Il en résulte une œuvre sensible sans sensiblerie dont le processus de réalisation est narré en parallèle, tant cette œuvre montre ô combien l'art permet de « transmuter les blessures en souvenirs » (p93). La désespérance qui couve n'arrive que rarement à prendre le pas sur la volonté de vivre de Marianne. L'ensemble baigne dans des couleurs claires, transparentes et extraordinairement douces au regard des événements qu'ils contiennent. Les paysages, les rues, les intérieurs sont baignés d'une lumière qui transperce la solitude dans laquelle baignent les personnages, chacun privé de lien à un autre qui le retiendrait.

Un témoignage lumineux et fragile.

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres Emil Ferris @Ema en a déjà parlé :) Un roman graphique...800 pages de dessins au stylo...Je trouve ce Livre Premier sublime. Emil ferris a essuyé 48 refus ( tant pis pour eux). Un journal intime d'une enfant fascinante. A découvrir, à dévorer.
éoline Il y a 5 ans

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres
Emil Ferris
Ema en a déjà parlé
Un roman graphique...800 pages de dessins au stylo...Je trouve ce Livre Premier sublime. Emil ferris a essuyé 48 refus ( tant pis pour eux).
Un journal intime d'une enfant fascinante. A découvrir, à dévorer.

Dark night, Une histoire vraie – Paul Dini et Eduardo Risso [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1548354803.jpg[/img] Un soir, Paul Dini, scénariste notamment des films d'animation Batman, se fait agresser par deux hommes qui ne seront jamais arrêtés. 20 ans plus tard, il raconte comment cette agression l'a transformé. Ce récit n'est ni une ode à la résilience héroïque, ni un récit de rédemption moralisatrice. Pourtant il y aurait de la matière, tant l'auteur se complaît à se regarder le nombril sous tous les angles. Mais après tout, cette histoire n'est-elle pas celle dont il est le héros ? Et il ne nous/s' épargne rien : Petit garçon maladroit trouvant dans l'imaginaire un monde qu'il peut modeler à ses fantasmes, le succès en fait un adulescent un tantinet manipulateur et peu sincère jusqu'à cette façon d'abord illusoire d'assumer les dégâts portés à un corps qu'il maltraite, avant que l'immobilisation ne l'oblige à se confronter à la question : Pourquoi (s')inventer des histoires ? Cette BD est donc une réflexion sur la création, littéraire notamment. Ces héros qui nous accompagnent, que nous les concevions ou les regardions vivre, à quoi servent-ils ? Est-ce que ce sont des modèles que nous construisons afin de projeter cet autre que nous voudrions tant être ? Ou ont-ils leur vie propre et nous susurrent-ils à l'oreille ce que nous n'arrivons pas à formuler nous-mêmes ? Le dessin d'Eduardo Risso, et notamment ses couleurs, alternent fonction des étapes que traverse Paul Dini, qu'il s'agisse des événements vécus (la scène de l'agression qui a l'intelligence de laisser l'horreur en hors-champ est un modèle d'efficacité quant à la retranscription de la violence administrée et subie), de ses états d'âme et notamment du lien qu'il entretient avec ses personnages. Une BD qui décevra ceux qui s'attendent à une histoire de Batman (la couverture est trompeuse et celui qui lit vite le titre peut ne pas voir que ce n'est pas le chevalier mais la nuit qui est noire) mais qui devrait trouver écho chez ceux dont l'imaginaire est aussi vital que le boire et le manger.
Ema Il y a 5 ans

Dark night, Une histoire vraie – Paul Dini et Eduardo Risso



Un soir, Paul Dini, scénariste notamment des films d'animation Batman, se fait agresser par deux hommes qui ne seront jamais arrêtés. 20 ans plus tard, il raconte comment cette agression l'a transformé.

Ce récit n'est ni une ode à la résilience héroïque, ni un récit de rédemption moralisatrice. Pourtant il y aurait de la matière, tant l'auteur se complaît à se regarder le nombril sous tous les angles. Mais après tout, cette histoire n'est-elle pas celle dont il est le héros ?
Et il ne nous/s' épargne rien : Petit garçon maladroit trouvant dans l'imaginaire un monde qu'il peut modeler à ses fantasmes, le succès en fait un adulescent un tantinet manipulateur et peu sincère jusqu'à cette façon d'abord illusoire d'assumer les dégâts portés à un corps qu'il maltraite, avant que l'immobilisation ne l'oblige à se confronter à la question : Pourquoi (s')inventer des histoires ?

Cette BD est donc une réflexion sur la création, littéraire notamment. Ces héros qui nous accompagnent, que nous les concevions ou les regardions vivre, à quoi servent-ils ? Est-ce que ce sont des modèles que nous construisons afin de projeter cet autre que nous voudrions tant être ? Ou ont-ils leur vie propre et nous susurrent-ils à l'oreille ce que nous n'arrivons pas à formuler nous-mêmes ?

Le dessin d'Eduardo Risso, et notamment ses couleurs, alternent fonction des étapes que traverse Paul Dini, qu'il s'agisse des événements vécus (la scène de l'agression qui a l'intelligence de laisser l'horreur en hors-champ est un modèle d'efficacité quant à la retranscription de la violence administrée et subie), de ses états d'âme et notamment du lien qu'il entretient avec ses personnages.

Une BD qui décevra ceux qui s'attendent à une histoire de Batman (la couverture est trompeuse et celui qui lit vite le titre peut ne pas voir que ce n'est pas le chevalier mais la nuit qui est noire) mais qui devrait trouver écho chez ceux dont l'imaginaire est aussi vital que le boire et le manger.

Fondu au noir, Ed Brubaker (scenario), Sean Phillips (dessin), Elizabeth Breitweiser (couleurs) [url=https://postimg.cc/wRJ3w5D6][img]https://i.postimg.cc/wRJ3w5D6/fonduaunoir-couv.jpg[/img][/url] Le temps Sitôt la fin de la seconde guerre mondiale une panique sourde s'installe aux Etats-Unis. Et si,les idées communistes s'instillaient dans les esprits des américains, notamment à travers le cinéma. S'en suit une chasse aux sorcières organisée notamment par le sénateur McCarthy. Parmi les victimes du maccarthysme avec interdiction d'exercer aux USA, on compte : Léo Penn (le papa de Sean!), Joseph Losey (« Monsieur Klein », « The Servant »), Charles Chaplin ou Jules Dassin (le papa de Joe!). L'espace « Au temps du boom économique de l'après-Seconde Guerre Mondiale », Hollywood avait été le théâtre de l'une des dernières ruées vers l'or. Beaucoup étaient venus là, espérant trouver la gloire et la fortune, mais très peu y étaient parvenus. Les principaux studios contrôlaient la vie des acteurs, et les fixers (des « arrangeurs »), employaient tous les moyens nécessaires pour que le grand public n'ait pas la moindre idée de la véritable existence des stars. » C'est dans ce contexte de paranoïa exacerbée et de manipulation collective que les auteurs posent ce roman noir. Charlie Parish, scénariste en panne d'inspiration depuis son retour du front, se réveille d'une gueule de bois à proximité du cadavre de Valeria, nouveau visage du cinéma américain, et premier rôle féminin du film noir en tournage dont il est scénariste. Fictif, puisque les pages sont écrites par son ami Gil, scénariste blacklisté, qui ne trouve de raison de vivre que dans l'écriture. Les conditions de la mort de Valeria sont à ce point suspecte, que le studio maquille le crime en suicide. Charlie et Gil ne l'entendent pas ainsi et vont plonger dans les arcanes les plus sordides de Hollywood afin de faire la lumière sur ce crime. La plongée va les mener dans un cloaque dont ils ne sortiront pas indemnes : acteurs soumis à l'ordre politique, starlettes vendant leur corps pour une promesse d'apparition, magnats aux pulsions les plus abjectes, hommes de mains courbant les velléités de penser libre, attachés de presse écrivant une réalité au gré des intérêts financiers,... Pour cette plongée dans la puanteur des étoiles, Sean Philips (« Criminal », « Fatal »), offre un dessin d'abord diablement efficace, ce qui est un peu une gageure étant donnée, d'une part le foisonnement des personnages d'égale importance et d'autre part, les pistes qui sont soulevées au fur et à mesure où l'enquête avance. Associé aux magnifiques couleurs d'Elizabeth Breitweiser, la nervosité de l'encrage et la délicatesse du trait qui laisse une place, juste comme il faut, aux décors judicieusement installés, plongés dans un clair-obscur voire de nombreux plans de nuit, permettent une mise en lumière d'un geste, d'un regard, d'un indice réel ou non qui ne nous font pas lâcher ce volumineux (340 pages) album des mains. [url=https://postimg.cc/fSZhhY6W][img]https://i.postimg.cc/fSZhhY6W/fondu-Au-Noir-p10.jpg[/img][/url] Cette BD est bien évidemment une belle vitrine du grand Hollywood, mais sa lecture constitue également une réflexion sur les usines à rêve qui nous balancent les idoles que nous attendons, tant l'apparence, si elle est instituée en système, tend à prendre valeur de vérité.
Ema Il y a 5 ans

Fondu au noir, Ed Brubaker (scenario), Sean Phillips (dessin), Elizabeth Breitweiser (couleurs)


Le temps
Sitôt la fin de la seconde guerre mondiale une panique sourde s'installe aux Etats-Unis. Et si,les idées communistes s'instillaient dans les esprits des américains, notamment à travers le cinéma. S'en suit une chasse aux sorcières organisée notamment par le sénateur McCarthy. Parmi les victimes du maccarthysme avec interdiction d'exercer aux USA, on compte : Léo Penn (le papa de Sean!), Joseph Losey (« Monsieur Klein », « The Servant »), Charles Chaplin ou Jules Dassin (le papa de Joe!).

L'espace
« Au temps du boom économique de l'après-Seconde Guerre Mondiale », Hollywood avait été le théâtre de l'une des dernières ruées vers l'or. Beaucoup étaient venus là, espérant trouver la gloire et la fortune, mais très peu y étaient parvenus. Les principaux studios contrôlaient la vie des acteurs, et les fixers (des « arrangeurs »), employaient tous les moyens nécessaires pour que le grand public n'ait pas la moindre idée de la véritable existence des stars. »

C'est dans ce contexte de paranoïa exacerbée et de manipulation collective que les auteurs posent ce roman noir.
Charlie Parish, scénariste en panne d'inspiration depuis son retour du front, se réveille d'une gueule de bois à proximité du cadavre de Valeria, nouveau visage du cinéma américain, et premier rôle féminin du film noir en tournage dont il est scénariste. Fictif, puisque les pages sont écrites par son ami Gil, scénariste blacklisté, qui ne trouve de raison de vivre que dans l'écriture.
Les conditions de la mort de Valeria sont à ce point suspecte, que le studio maquille le crime en suicide. Charlie et Gil ne l'entendent pas ainsi et vont plonger dans les arcanes les plus sordides de Hollywood afin de faire la lumière sur ce crime.
La plongée va les mener dans un cloaque dont ils ne sortiront pas indemnes : acteurs soumis à l'ordre politique, starlettes vendant leur corps pour une promesse d'apparition, magnats aux pulsions les plus abjectes, hommes de mains courbant les velléités de penser libre, attachés de presse écrivant une réalité au gré des intérêts financiers,...

Pour cette plongée dans la puanteur des étoiles, Sean Philips (« Criminal », « Fatal »), offre un dessin d'abord diablement efficace, ce qui est un peu une gageure étant donnée, d'une part le foisonnement des personnages d'égale importance et d'autre part, les pistes qui sont soulevées au fur et à mesure où l'enquête avance.
Associé aux magnifiques couleurs d'Elizabeth Breitweiser, la nervosité de l'encrage et la délicatesse du trait qui laisse une place, juste comme il faut, aux décors judicieusement installés, plongés dans un clair-obscur voire de nombreux plans de nuit, permettent une mise en lumière d'un geste, d'un regard, d'un indice réel ou non qui ne nous font pas lâcher ce volumineux (340 pages) album des mains.


Cette BD est bien évidemment une belle vitrine du grand Hollywood, mais sa lecture constitue également une réflexion sur les usines à rêve qui nous balancent les idoles que nous attendons, tant l'apparence, si elle est instituée en système, tend à prendre valeur de vérité.

[quote="éoline"]Moi, ce que j'aime, c'est les monstres Emil Ferris @Ema en a déjà parlé :) Un roman graphique...800 pages de dessins au stylo...Je trouve ce Livre Premier sublime. Emil ferris a essuyé 48 refus ( tant pis pour eux). Un journal intime d'une enfant fascinante. A découvrir, à dévorer.[/quote] Pas une suprise, mais justifié : A obtenu le Prix du festival BD d'Angoulême.
Ema Il y a 5 ans

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres
Emil Ferris
Ema en a déjà parlé
Un roman graphique...800 pages de dessins au stylo...Je trouve ce Livre Premier sublime. Emil ferris a essuyé 48 refus ( tant pis pour eux).
Un journal intime d'une enfant fascinante. A découvrir, à dévorer.


Pas une suprise, mais justifié : A obtenu le Prix du festival BD d'Angoulême.

La tête dans les nuages, Joseph Remnant [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1549614998.jpg[/img] Seth et ses amis sortent d'une école d'art. Et maintenant, quel destin s'ouvre à eux ? Dans cette chronique douce-amère sur le passage à l'âge adulte, nous suivons cette année charnière, entre l'enveloppe protectrice et conventionnelle de l'université et les nouveaux choix qui s'offrent. Qu'abandonner ? Jusqu'où transiger ? Quelles règles faire siennes ? Quel en est le prix ? Mais avant tout, pourquoi avancer ? Située dans le milieu de l'art, l'auteur en dénonce la superficialité. Mais le récit est plus large que celui de jeunes artistes prêts ou non à faire des compromis pour vivre de leur art. Ce sont des destins universels que l'on suit. L'un ne peut se projeter pendant que le narrateur ne sait quelle direction prendre, l'une s'empare des règles du jeu social, dans toute sa médiocrité pour mieux en user, tandis que l'autre fait avec, au mieux. Il y a beaucoup d'amour dans l'histoire de ces destins. Le noir-et-blanc très expressif s'attardant sur la gestuelle des personnages prend le temps de calmer une narration parfois redondante et permet ainsi d'entrer en connexion avec les paradoxes des personnages, ce qui les rend terriblement attachants. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1549615114.jpg[/img] En bref, une jolie réflexion sur les choix de vie.
Ema Il y a 5 ans

La tête dans les nuages, Joseph Remnant


Seth et ses amis sortent d'une école d'art. Et maintenant, quel destin s'ouvre à eux ?

Dans cette chronique douce-amère sur le passage à l'âge adulte, nous suivons cette année charnière, entre l'enveloppe protectrice et conventionnelle de l'université et les nouveaux choix qui s'offrent.
Qu'abandonner ? Jusqu'où transiger ? Quelles règles faire siennes ? Quel en est le prix ? Mais avant tout, pourquoi avancer ?
Située dans le milieu de l'art, l'auteur en dénonce la superficialité. Mais le récit est plus large que celui de jeunes artistes prêts ou non à faire des compromis pour vivre de leur art. Ce sont des destins universels que l'on suit. L'un ne peut se projeter pendant que le narrateur ne sait quelle direction prendre, l'une s'empare des règles du jeu social, dans toute sa médiocrité pour mieux en user, tandis que l'autre fait avec, au mieux.
Il y a beaucoup d'amour dans l'histoire de ces destins. Le noir-et-blanc très expressif s'attardant sur la gestuelle des personnages prend le temps de calmer une narration parfois redondante et permet ainsi d'entrer en connexion avec les paradoxes des personnages, ce qui les rend terriblement attachants.


En bref, une jolie réflexion sur les choix de vie.

Barbara Baldi – 2 volumes indépendants : La partition de Flintham (Nov 2018) ; Ada (nouveauté) La première chose qui saute aux yeux dans le rayon, c'est la beauté des couvertures. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1549982610.jpg[/img] [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1549982721.jpg[/img] Rentrons dans les livres. Deux histoires indépendantes. Mais tant de parallèles à tisser entre elles. Deux jeunes filles soumises à la tradition (aristocratique ; patriarcale) tentent de trouver leur voie. Deux périodes (Angleterre 1850 ; Autriche 1917) toutes deux annonciatrices d'un effondrement d'une classe sociale (cf La grande illusion de Renoir) et de l'ordre moral qui y est associé. Deux destins qui vont aller au bout de ce que l'on attend d'elles (entretien du domaine ; entretien du père), et qui vont s'arrêter avant le sacrifice de trop qui les condamnerait à s'oublier elles-mêmes. Deux issues (la musique ; la peinture), mais art interdit, car seul échappatoire possible avant de devenir la bête de somme réclamée par le destin. Chaque page est une œuvre d'art (les curieux s'amuseront à trouver les références, des lumières de Turner à Van Gogh, des visages de Van Eyck à Schiele), qui distille une atmosphère silencieuse qui est en soi personnage de ces deux histoires. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/img/1549982791.jpg[/img] [img]http://pix.toile-libre.org/upload/img/1549982967.jpg[/img] La nature y est source et destruction, refuge et défi. Les jeunes filles y sont maltraitées mais la compagnie humaine leur est bien pire. Et l'art, comme un écho d'une nature bienfaisante, sera le pont entre la brutalité du destin subi et le choix d'une vie. Du Flaubert sous les pinceaux de Jane Austen. Magnifique.
Ema Il y a 5 ans

Barbara Baldi – 2 volumes indépendants : La partition de Flintham (Nov 2018) ; Ada (nouveauté)
La première chose qui saute aux yeux dans le rayon, c'est la beauté des couvertures.


Rentrons dans les livres.
Deux histoires indépendantes. Mais tant de parallèles à tisser entre elles.
Deux jeunes filles soumises à la tradition (aristocratique ; patriarcale) tentent de trouver leur voie. Deux périodes (Angleterre 1850 ; Autriche 1917) toutes deux annonciatrices d'un effondrement d'une classe sociale (cf La grande illusion de Renoir) et de l'ordre moral qui y est associé.
Deux destins qui vont aller au bout de ce que l'on attend d'elles (entretien du domaine ; entretien du père), et qui vont s'arrêter avant le sacrifice de trop qui les condamnerait à s'oublier elles-mêmes.
Deux issues (la musique ; la peinture), mais art interdit, car seul échappatoire possible avant de devenir la bête de somme réclamée par le destin.

Chaque page est une œuvre d'art (les curieux s'amuseront à trouver les références, des lumières de Turner à Van Gogh, des visages de Van Eyck à Schiele), qui distille une atmosphère silencieuse qui est en soi personnage de ces deux histoires.




La nature y est source et destruction, refuge et défi. Les jeunes filles y sont maltraitées mais la compagnie humaine leur est bien pire. Et l'art, comme un écho d'une nature bienfaisante, sera le pont entre la brutalité du destin subi et le choix d'une vie.
Du Flaubert sous les pinceaux de Jane Austen. Magnifique.

Ok là tu m’as eue @Ema : j’ai super envie de découvrir ces BD ! :)
idem Il y a 5 ans

Ok là tu m’as eue Ema : j’ai super envie de découvrir ces BD !

L'ombre de la nuit – Jordan Crane [URL=https://www.casimages.com/i/190214040213108115.jpg.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/02/14/mini_190214040213108115.jpg[/IMG] 9 récits courts permettant à leur auteur de montrer l'étendue de son talent à dresser des portraits d'individus ordinaires entraînés de gré ou de force dans des situations inextricables dignes des tragédies grecques. L'ombre de la nuit : un ado veut s'échapper du quotidien ou tout le monde l'emmerde et vérifie pas à pas la véracité de la loi de Murphy. Only a movie : un enfant regarde un film d'horreur seul dans le séjour. Hommage aux séries B entre humour noir et cynisme glauque. Ramène-moi à la maison : un employé se sent dans l'obligation de réaligner le destin d'un mourant. Un récit digne du grand EA Poe. Avant que les choses s'améliorent : où la médiocrité d'une vie ordinaire. Tout est dans le titre. Vicissitude : le récit le plus long. Un garagiste sent que sa compagne lui échappe. Il réagit à la hauteur de l'homme pusillanime qu'il est. Réveille-toi : s'inspire d'un grand classique de la littérature fantastique : le rêve en boucle. (pas celui qui m'a le plus convaincu, car trop attendu). Au milieu de nulle part : récit fantastique explorant les limites du rêve et du réel, de la mort annoncée et de la lutte pour la vie, en proposant un joli mic-mac autour d'une figure duale de sirène. Hyi : récit philosophique sur la nécessité de taire son bruit intérieur pour laisser pénétrer la nature en soi. Ou promenade en forêt sous LSD. C'est selon. Seul récit en couleur. Noir néant : une patrouille de géologues de l'espace tentent d'arrimer une météore à leur vaisseau, mais la matière résiste et va les entraîner à leur perte. Mouais pour celui-là malgré la chouette bichromie violette. 9 récits à ne pas lire un jour de déprime. C'est grinçant, noir, et sans espoir. [URL=https://www.casimages.com/i/190214040507360241.jpg.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/02/14/mini_190214040507360241.jpg[/IMG]
Ema Il y a 5 ans

L'ombre de la nuit – Jordan Crane


9 récits courts permettant à leur auteur de montrer l'étendue de son talent à dresser des portraits d'individus ordinaires entraînés de gré ou de force dans des situations inextricables dignes des tragédies grecques.

L'ombre de la nuit : un ado veut s'échapper du quotidien ou tout le monde l'emmerde et vérifie pas à pas la véracité de la loi de Murphy.
Only a movie : un enfant regarde un film d'horreur seul dans le séjour. Hommage aux séries B entre humour noir et cynisme glauque.
Ramène-moi à la maison : un employé se sent dans l'obligation de réaligner le destin d'un mourant. Un récit digne du grand EA Poe.
Avant que les choses s'améliorent : où la médiocrité d'une vie ordinaire. Tout est dans le titre.
Vicissitude : le récit le plus long. Un garagiste sent que sa compagne lui échappe. Il réagit à la hauteur de l'homme pusillanime qu'il est.
Réveille-toi : s'inspire d'un grand classique de la littérature fantastique : le rêve en boucle. (pas celui qui m'a le plus convaincu, car trop attendu).
Au milieu de nulle part : récit fantastique explorant les limites du rêve et du réel, de la mort annoncée et de la lutte pour la vie, en proposant un joli mic-mac autour d'une figure duale de sirène.
Hyi : récit philosophique sur la nécessité de taire son bruit intérieur pour laisser pénétrer la nature en soi. Ou promenade en forêt sous LSD. C'est selon. Seul récit en couleur.
Noir néant : une patrouille de géologues de l'espace tentent d'arrimer une météore à leur vaisseau, mais la matière résiste et va les entraîner à leur perte. Mouais pour celui-là malgré la chouette bichromie violette.

9 récits à ne pas lire un jour de déprime. C'est grinçant, noir, et sans espoir.

Retour à Killybegs, Pierre Alary d'après le roman de Sorj Chalandon [URL=https://www.casimages.com/i/190217121505776160.jpg.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/02/17/mini_190217121505776160.jpg[/IMG] Après la sidération et la douleur du trahi exposée dans « Mon traître », ... [URL=https://www.casimages.com/i/19021712135153893.jpg.html][IMG]https://nsa40.casimages.com/img/2019/02/17/mini_19021712135153893.jpg[/IMG] ... Pierre Alary s'intéresse au traître. Il s'approche du petit dragon tapi dans le ventre d'un individu presque héroïque et le laisse parler et exposer, sans vindicte ni apitoiement, comment il a fini par s'emparer de son hôte. « Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place... L'IRA, les britanniques, ma famille, des journalistes que je n'ai même pas rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir... N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes amis, encore moins à mes ennemis... Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre. » https://www.franceinter.fr/livres/sorj-chalandon-on-a-tous-un-traitre-en-nous-et-notre-combat-quotidien-est-de-le-faire-taire
Ema Il y a 5 ans

Retour à Killybegs, Pierre Alary d'après le roman de Sorj Chalandon


Après la sidération et la douleur du trahi exposée dans « Mon traître », ...


... Pierre Alary s'intéresse au traître. Il s'approche du petit dragon tapi dans le ventre d'un individu presque héroïque et le laisse parler et exposer, sans vindicte ni apitoiement, comment il a fini par s'emparer de son hôte.

« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place... L'IRA, les britanniques, ma famille, des journalistes que je n'ai même pas rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir... N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes amis, encore moins à mes ennemis... Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre. »

https://www.franceinter.fr/livres/sorj-chalandon-on-a-tous-un-traitre-en-nous-et-notre-combat-quotidien-est-de-le-faire-taire

Salto, Mark Bellido et Judith Vanistendael [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551026686.jpg[/img] Autre conflit, autre histoire. Un marchand de bonbons, un peu fantaisiste, un peu désinvolte, se pique d'écrire. Mais quoi écrire lorsque l'on ne vit rien d'exaltant ? Dans cette Espagne post-ETA, des centaines d'unionistes sont menacés. Le gouvernement espagnol décide d'embaucher massivement des gardes du corps, sans expérience, sans préparation physique ni formation stratégique. Attiré tant par la perspective de vivre une expérience hors du commun que par une paie plus que convenable, Salto sera l'un de ceux-là. Il embarque femme et enfants dans son aventure, et à coups de déménagements, d'incompréhensions mutuelles et d'incapacité à mener de front vie de famille et vie de « chien », comme les indépendantistes appellent Salto et ses confrères, il va apprendre qu'on se s'approche pas impunément de la mort, sans qu'elle ne vous transforme. Et qu'à la côtoyer au quotidien, il y a un prix à payer pour demeurer vivant. Ce récit qui frôle l'autofiction a d'abord, le mérite d'évoquer, sans parti pris, une guerre qui n'a jamais dit son nom et qui a fait des centaines de victimes. Décrivant avec humour et détachement le quotidien de garde du corps, les auteurs réussissent à montrer comment la routine le transforme en un autre lui, comment son identité de marchand de bonbons a disparu sous la pluie. Le dessin tout en mouvement des personnages tranche avec des décors (voire des mouvements de foule) monolithiques baignés dans une atmosphère de plomb le plus souvent diffuse où tout se perd dans une brume grisâtre et fantomatique qu'arrache au gré des actions de l'ETA un trait épais comme une marque qui cisaille la routine autant que la chair des victimes. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551026579.jpg[/img] Un récit qui rappelle qu'il faut être armé pour affronter la mort.
Ema Il y a 5 ans

Salto, Mark Bellido et Judith Vanistendael


Autre conflit, autre histoire.

Un marchand de bonbons, un peu fantaisiste, un peu désinvolte, se pique d'écrire. Mais quoi écrire lorsque l'on ne vit rien d'exaltant ?
Dans cette Espagne post-ETA, des centaines d'unionistes sont menacés. Le gouvernement espagnol décide d'embaucher massivement des gardes du corps, sans expérience, sans préparation physique ni formation stratégique. Attiré tant par la perspective de vivre une expérience hors du commun que par une paie plus que convenable, Salto sera l'un de ceux-là.
Il embarque femme et enfants dans son aventure, et à coups de déménagements, d'incompréhensions mutuelles et d'incapacité à mener de front vie de famille et vie de « chien », comme les indépendantistes appellent Salto et ses confrères, il va apprendre qu'on se s'approche pas impunément de la mort, sans qu'elle ne vous transforme. Et qu'à la côtoyer au quotidien, il y a un prix à payer pour demeurer vivant.

Ce récit qui frôle l'autofiction a d'abord, le mérite d'évoquer, sans parti pris, une guerre qui n'a jamais dit son nom et qui a fait des centaines de victimes.
Décrivant avec humour et détachement le quotidien de garde du corps, les auteurs réussissent à montrer comment la routine le transforme en un autre lui, comment son identité de marchand de bonbons a disparu sous la pluie.

Le dessin tout en mouvement des personnages tranche avec des décors (voire des mouvements de foule) monolithiques baignés dans une atmosphère de plomb le plus souvent diffuse où tout se perd dans une brume grisâtre et fantomatique qu'arrache au gré des actions de l'ETA un trait épais comme une marque qui cisaille la routine autant que la chair des victimes.


Un récit qui rappelle qu'il faut être armé pour affronter la mort.

Speak, Emily Carroll, d'après le roman éponyme de Laurie Halse Anderson [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551201951.jpg[/img] Fête de fin d'année. Bières, musique, copines, promesses d'amour. Melinda a 15 ans et s'isole un peu. Elle est rejoint par « un dieu grec, un terminal », qui lui donne « un baiser d'homme, vigoureux, doux et profond à la fois ». Elle croit avoir « un petit ami plus âgé, plus fort et prêt à [la] protéger ». « Il [devient] violent. [Elle ne sait] pas comment lui dire d'y aller doucement. [Elle] n'aime pas ça. Ses lèvres sont collées aux [siennes] et [elle ne peut] rien dire. Il [lui] fait mal et il sourit. » Elle vient d'être violée. Elle appelle la police. Mais aucun mot ne sort de sa bouche. Mais son appel a des conséquences sur les autres jeunes. De victime invisible, elle devient la mauvaise, celle que, au mieux on ignore, au pire on malmène. Comment survivre quand l'horreur fait intrusion ? Que l'on côtoie son agresseur ? Qu'on le voit entraîner à sa perte une autre fille ? Doit-on envisager les conséquences d'une parole libérée ? Mais comment dire cette effraction qui l'a transforme en une « fille [qu'elle] n'avait jamais vue avant » ? En nous ouvrant cette sorte de journal intime sur le quotidien de Mélinda, ce récit rappelle combien est douloureuse la parole, mais combien cette douleur est indispensable à la vie qui continue.
Ema Il y a 5 ans

Speak, Emily Carroll, d'après le roman éponyme de Laurie Halse Anderson


Fête de fin d'année. Bières, musique, copines, promesses d'amour. Melinda a 15 ans et s'isole un peu. Elle est rejoint par « un dieu grec, un terminal », qui lui donne « un baiser d'homme, vigoureux, doux et profond à la fois ». Elle croit avoir « un petit ami plus âgé, plus fort et prêt à [la] protéger ». « Il [devient] violent. [Elle ne sait] pas comment lui dire d'y aller doucement. [Elle] n'aime pas ça. Ses lèvres sont collées aux [siennes] et [elle ne peut] rien dire. Il [lui] fait mal et il sourit. »
Elle vient d'être violée.
Elle appelle la police. Mais aucun mot ne sort de sa bouche.
Mais son appel a des conséquences sur les autres jeunes. De victime invisible, elle devient la mauvaise, celle que, au mieux on ignore, au pire on malmène.

Comment survivre quand l'horreur fait intrusion ? Que l'on côtoie son agresseur ? Qu'on le voit entraîner à sa perte une autre fille ? Doit-on envisager les conséquences d'une parole libérée ? Mais comment dire cette effraction qui l'a transforme en une « fille [qu'elle] n'avait jamais vue avant » ?

En nous ouvrant cette sorte de journal intime sur le quotidien de Mélinda, ce récit rappelle combien est douloureuse la parole, mais combien cette douleur est indispensable à la vie qui continue.

Un peu de tarte aux épinards, T1 : Bons baisers de Machy, Philippe Pelaez et Javier Sanchez Casado [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551364079.jpg[/img] Voilà un premier tome de série qui a besoin d'être défendu tellement le plaisir que l'on en tire est inversement proportionnel à l'horreur qui fait office de couverture, avec son titre et sous-titre si peu engageants et le dessin immonde choisi pour l'illustrer. L'histoire : une mère célibataire de 8 enfants vit dans la maison de feu son garde-barrière de père. Elle cultive des épinards parce que c'est pas exigeant et que ça permet de faire des tartes pour ses enfants et pour les vendre, avec un succès très modéré, au marché. Une série d'erreurs d'expédition lui fait recevoir des colis contenants une herbe africaine aux propriétés euphorisantes (non, ce n'est pas ce que vous croyez!). Succès garanti sur le marché. Jusqu'à l'arrivée des propriétaires anglais des colis. Une BD pas prétentieuse mais non dénuée de subtilité, qui permet de dresser un portrait de femme qui, à défaut d'instruction, a de l'intelligence à revendre, un courage indéfectible et un amour inconditionnel pour ses enfants. Les personnages sont suffisamment caractérisés (trop,diront les bégueules), pour que l'on rentre dès la première planche dans une histoire dont les jolis tons pastels et la finesse du trait [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551364429.jpg[/img] masquent que sous des airs bucoliques et charmants, se livrent des combats pas jolis-jolis.... mais vraiment drôles. C'est plein d'humour, parfois un peu grinçant lorsque le propos se mêle de politique, de presse, des rapports entre producteurs et distributeurs, mais c'est alors la bêtise humaine plus que sa méchanceté qui est tournée gentiment en dérision. L'histoire est truffée de situations gaguesques, certaines inédites qui savent surprendre et faire rire. Ma préférence va aux quiproquos générés par la méconnaissance de nos compatriotes pour l'anglais des méchants. Un premier tome à encourager en attente du plaisir qu'un deuxième soit livré.
Ema Il y a 5 ans

Un peu de tarte aux épinards, T1 : Bons baisers de Machy, Philippe Pelaez et Javier Sanchez Casado


Voilà un premier tome de série qui a besoin d'être défendu tellement le plaisir que l'on en tire est inversement proportionnel à l'horreur qui fait office de couverture, avec son titre et sous-titre si peu engageants et le dessin immonde choisi pour l'illustrer.

L'histoire : une mère célibataire de 8 enfants vit dans la maison de feu son garde-barrière de père. Elle cultive des épinards parce que c'est pas exigeant et que ça permet de faire des tartes pour ses enfants et pour les vendre, avec un succès très modéré, au marché.
Une série d'erreurs d'expédition lui fait recevoir des colis contenants une herbe africaine aux propriétés euphorisantes (non, ce n'est pas ce que vous croyez!). Succès garanti sur le marché. Jusqu'à l'arrivée des propriétaires anglais des colis.

Une BD pas prétentieuse mais non dénuée de subtilité, qui permet de dresser un portrait de femme qui, à défaut d'instruction, a de l'intelligence à revendre, un courage indéfectible et un amour inconditionnel pour ses enfants.
Les personnages sont suffisamment caractérisés (trop,diront les bégueules), pour que l'on rentre dès la première planche dans une histoire dont les jolis tons pastels et la finesse du trait


masquent que sous des airs bucoliques et charmants, se livrent des combats pas jolis-jolis.... mais vraiment drôles.

C'est plein d'humour, parfois un peu grinçant lorsque le propos se mêle de politique, de presse, des rapports entre producteurs et distributeurs, mais c'est alors la bêtise humaine plus que sa méchanceté qui est tournée gentiment en dérision.
L'histoire est truffée de situations gaguesques, certaines inédites qui savent surprendre et faire rire.
Ma préférence va aux quiproquos générés par la méconnaissance de nos compatriotes pour l'anglais des méchants.

Un premier tome à encourager en attente du plaisir qu'un deuxième soit livré.

Quand un père veut épargner à son fils de devenir l'homme qu'il a été : 2 BD parues quasi simultanément chez Bamboo Deux récits qui traitent de la même chose : un père estime (à raison) avoir foutu sa vie en l'air envoûté qu'il était par une chimère, l'ambition pour l'un, l'alcool pour l'autre. Avant de franchir le grand saut vers le néant, sa dernière pensée va à son fils : lui parler de ses erreurs afin qu'il ne commette pas les mêmes. Nos vies prisonnières, Parno et Phil Castaza [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551460015.jpg[/img] L'histoire : Un médecin désabusé recueille les dernières volontés d'un homme sans nom en rupture avec la société. Cet homme lui demande de remettre à son fils un manuscrit dans lequel il explique les raisons qui l'ont amené à l'abandonner. Pas pour se dédouaner, non. Pour inviter son fils à ne pas faire les mêmes erreurs que lui, à ne pas devenir le prisonnier volontaire de sa propre existence. En cherchant ce fils grâce aux éléments figurant dans le manuscrit, le médecin va s'approprier les propos de cet homme ayant constaté sa dérive et va, en parallèle du fils retrouvé, s'émanciper de l'avis des autres et construire une vie qui lui ressemble. Avis : J'aimerais ne pas l'aimer cette BD. Trop de pathos, un propos tellement appuyé que l'issue des histoires est connue à l'avance, On a en effet vite compris le principe : l'ambition tue ce qui est beau. Soit. Mais pourquoi diable faut-il appuyer le propos avec autant de destins qui l'ont cherché, ce succès et qui, au final, se rendent compte que la vie c'est plus pratique avec des sous, mais qu'a contrario, les sous ça fait pas tout. En parallèle, cet album dégouline de malheur dont certains n'apportent rien à une trame narrative initialement très forte. Séparations, abandons, licenciements, mensonges, inceste et même le petit cancéreux à la mort programmée. Rien ne nous est épargné. Je sais, je suis cynique. Alors, pourquoi je ne peux pas ne pas l'aimer cette BD ? Parce que si le propos qui veut que la vie ne vaut que si elle est libre (après, chacun mettra ce qu'il voudra derrière le mot liberté) n'est pas nouveau, il est sacrément bien amené. L'idée de la reconnaissance du ratage de sa vie d'un père à son fils est relativement rare en littérature. Qui plus est lorsque ce ratage est annoncé sans misérabilisme ni auto-flagellation, mais plutôt comme un constat circonstancié, un regard terriblement vrai sur une vie ratée. On aura donc compris que la grande force de cette BD est le contenu du manuscrit. Le texte y est d'une grande force, une sorte de leçon par la négative mais qui s'étire comme un long …. (peut-être un chouia trop long, puisque le fantôme du père le poursuit lon...gue...ment...jusque sur les bancs publics, à tel point qu'on s'attend quasiment à voir surgir Patrick Swayze du buisson derrière le banc)...donc, un long plaidoyer pour la vie. Le dessin de Phil Castaza, auquel il faut reconnaître sa lisibilité et son efficacité narrative, n'a jamais autant de caractère que lorsqu'il illustre le contenu du manuscrit. Les déferlantes de sanguines, tantôt brumeuses et floues dans lesquelles flottent des fantômes de glace, tantôt lacérées de trouées aux noirs abyssaux ou lacérant des paysages à l'épuration salvatrice, constituent à elles seules un roman dans le roman. Pas pour rien que c'est ce parti pris qui a été retenu pour la couverture. On referme la BD avec l'envie de se replonger dans ces quelques planches silencieuses tant leur puissance d'évocation recèle l'entièreté du propos des auteurs. Mon père ce poivrot, Stéphane Louis et Véra Daviet [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551460287.jpg[/img] L'histoire : Comme tous les soirs, Lulu comate dans les vapeurs d'alcool au bar de Salim. Aux infos, on parle de la ZAD de Notre Dame des Landes. Son fils surgit dans l'écran, cocktail Molotov à la main. Cela faisait des années qu'il n'avait vu ce fils parti loin de son addiction destructrice. Lulu panique. Ce jeune en colère est un fils en danger. Il veut redevenir ce père qui protège son enfant. Mais la bouteille est rancunière et n'aime pas être laissée de côté. Avis : Le titre qui peut paraître un jeu de mots douteux prend toute sa dimension lorsqu'il est prononcé par le fils retrouvé : « Mon père était malade. De la vie. De l'alcool. Mais c'était un mec bien. Il m'a sauvé et le moins que je puisse faire, c'est qu'on garde cette image de lui, plus celle du malade. C'était un poivrot, Lulu, oui, mais c'était mon père, ce poivrot. » La BD n'est pas parfaite, loin de là. La volonté d'intégrer du parler alcoolisé traduit en langue correcte sur des longues séquences force le propos et tourne le tendre comique en farce grotesque : « Toi Salim, du sais bas ze gue ze que ce que j'ai bécu, vécu. Gné ? Kektufé danlatélé toi ? » Toujours pour mettre du comique, des personnages caricaturaux sont essaimés dans l'odyssée de cet homme et font perdre de l'intensité à ce vieil homme auquel on voudrait tant s'attacher, d'autant plus après avoir lu la préface des auteurs. Cette BD n'en reste pas moins un témoignage apaisé sur une relation père-fils détruite par l'alcool et comment chacun tente de vivre avec des douleurs qui ne cicatriseront jamais. En résumé, ces deux BD illustrent que « nous ne sommes pas que nos faiblesses. Nous sommes ce que nous essayons d'en faire. » L'une des plus belles phrases sur le genre humain.
Ema Il y a 5 ans

Quand un père veut épargner à son fils de devenir l'homme qu'il a été : 2 BD parues quasi simultanément chez Bamboo
Deux récits qui traitent de la même chose : un père estime (à raison) avoir foutu sa vie en l'air envoûté qu'il était par une chimère, l'ambition pour l'un, l'alcool pour l'autre. Avant de franchir le grand saut vers le néant, sa dernière pensée va à son fils : lui parler de ses erreurs afin qu'il ne commette pas les mêmes.

Nos vies prisonnières, Parno et Phil Castaza


L'histoire :
Un médecin désabusé recueille les dernières volontés d'un homme sans nom en rupture avec la société. Cet homme lui demande de remettre à son fils un manuscrit dans lequel il explique les raisons qui l'ont amené à l'abandonner. Pas pour se dédouaner, non. Pour inviter son fils à ne pas faire les mêmes erreurs que lui, à ne pas devenir le prisonnier volontaire de sa propre existence.
En cherchant ce fils grâce aux éléments figurant dans le manuscrit, le médecin va s'approprier les propos de cet homme ayant constaté sa dérive et va, en parallèle du fils retrouvé, s'émanciper de l'avis des autres et construire une vie qui lui ressemble.

Avis :
J'aimerais ne pas l'aimer cette BD.
Trop de pathos, un propos tellement appuyé que l'issue des histoires est connue à l'avance,
On a en effet vite compris le principe : l'ambition tue ce qui est beau. Soit. Mais pourquoi diable faut-il appuyer le propos avec autant de destins qui l'ont cherché, ce succès et qui, au final, se rendent compte que la vie c'est plus pratique avec des sous, mais qu'a contrario, les sous ça fait pas tout.
En parallèle, cet album dégouline de malheur dont certains n'apportent rien à une trame narrative initialement très forte. Séparations, abandons, licenciements, mensonges, inceste et même le petit cancéreux à la mort programmée. Rien ne nous est épargné. Je sais, je suis cynique.

Alors, pourquoi je ne peux pas ne pas l'aimer cette BD ?
Parce que si le propos qui veut que la vie ne vaut que si elle est libre (après, chacun mettra ce qu'il voudra derrière le mot liberté) n'est pas nouveau, il est sacrément bien amené. L'idée de la reconnaissance du ratage de sa vie d'un père à son fils est relativement rare en littérature. Qui plus est lorsque ce ratage est annoncé sans misérabilisme ni auto-flagellation, mais plutôt comme un constat circonstancié, un regard terriblement vrai sur une vie ratée.
On aura donc compris que la grande force de cette BD est le contenu du manuscrit. Le texte y est d'une grande force, une sorte de leçon par la négative mais qui s'étire comme un long …. (peut-être un chouia trop long, puisque le fantôme du père le poursuit lon...gue...ment...jusque sur les bancs publics, à tel point qu'on s'attend quasiment à voir surgir Patrick Swayze du buisson derrière le banc)...donc, un long plaidoyer pour la vie.

Le dessin de Phil Castaza, auquel il faut reconnaître sa lisibilité et son efficacité narrative, n'a jamais autant de caractère que lorsqu'il illustre le contenu du manuscrit. Les déferlantes de sanguines, tantôt brumeuses et floues dans lesquelles flottent des fantômes de glace, tantôt lacérées de trouées aux noirs abyssaux ou lacérant des paysages à l'épuration salvatrice, constituent à elles seules un roman dans le roman. Pas pour rien que c'est ce parti pris qui a été retenu pour la couverture.
On referme la BD avec l'envie de se replonger dans ces quelques planches silencieuses tant leur puissance d'évocation recèle l'entièreté du propos des auteurs.

Mon père ce poivrot, Stéphane Louis et Véra Daviet


L'histoire :
Comme tous les soirs, Lulu comate dans les vapeurs d'alcool au bar de Salim. Aux infos, on parle de la ZAD de Notre Dame des Landes. Son fils surgit dans l'écran, cocktail Molotov à la main. Cela faisait des années qu'il n'avait vu ce fils parti loin de son addiction destructrice. Lulu panique. Ce jeune en colère est un fils en danger. Il veut redevenir ce père qui protège son enfant. Mais la bouteille est rancunière et n'aime pas être laissée de côté.

Avis :
Le titre qui peut paraître un jeu de mots douteux prend toute sa dimension lorsqu'il est prononcé par le fils retrouvé : « Mon père était malade. De la vie. De l'alcool. Mais c'était un mec bien. Il m'a sauvé et le moins que je puisse faire, c'est qu'on garde cette image de lui, plus celle du malade. C'était un poivrot, Lulu, oui, mais c'était mon père, ce poivrot. »
La BD n'est pas parfaite, loin de là.
La volonté d'intégrer du parler alcoolisé traduit en langue correcte sur des longues séquences force le propos et tourne le tendre comique en farce grotesque : « Toi Salim, du sais bas ze gue ze que ce que j'ai bécu, vécu. Gné ? Kektufé danlatélé toi ? »
Toujours pour mettre du comique, des personnages caricaturaux sont essaimés dans l'odyssée de cet homme et font perdre de l'intensité à ce vieil homme auquel on voudrait tant s'attacher, d'autant plus après avoir lu la préface des auteurs.

Cette BD n'en reste pas moins un témoignage apaisé sur une relation père-fils détruite par l'alcool et comment chacun tente de vivre avec des douleurs qui ne cicatriseront jamais.

En résumé, ces deux BD illustrent que « nous ne sommes pas que nos faiblesses. Nous sommes ce que nous essayons d'en faire. »
L'une des plus belles phrases sur le genre humain.

La venin, t1 Déluge de feu, Laurent Astier [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551865549.jpg[/img] Années 1900. Emily est une fille de pute. Littéralement. Et elle compte bien ne pas faire comme sa mère. Mais, lorsque son promis meurt avant de l'avoir épousée et qu'elle se retrouve seule dans l'ouest sauvage, la seule proposition d'emploi qu'elle trouve est dans un bordel. Ça, c'est une version de l'histoire. Parce qu'on découvre petit à petit qu'Emily n'est pas du genre à subir son destin. Ou alors pas longtemps. Ou alors, gare à celui qui aurait tenté de la faire plier.... Dans ce western sans prétention, aux codes bien maîtrisés et truffé de clins d'oeil aux films et BD de genre, voilà un portrait d'une héroïne qui refuse d'être « une faible femme ». Tantôt léger tantôt grave, cette histoire vaut bien des discours. Le scénario avec des encarts rétroactifs parfois un peu superficiels apportent à chaque étape du périple d'Emily du grain à moudre pour comprendre ce qui peut bien motiver cette femme à manier aussi bien la carabine. La haine des hommes ? La vengeance contre qui ? Pourquoi ? On se doute que ce serait trop simple. Le dessin somme toute assez classique est de belle facture, joliment mis en valeur par des gammes chromatiques codifiées selon les atmosphères et les personnages mais sans outrance. Il sert un récit mené tambour battant et c'est bien ce qu'on demande à une BD de genre. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1551865585.jpg[/img] Ce premier volume pose les bases d'un cycle de plusieurs tomes. Espérons que la suite saura garder le cap sans se noyer dans les artifices de quêtes annexes.
Ema Il y a 5 ans

La venin, t1 Déluge de feu, Laurent Astier


Années 1900. Emily est une fille de pute. Littéralement. Et elle compte bien ne pas faire comme sa mère. Mais, lorsque son promis meurt avant de l'avoir épousée et qu'elle se retrouve seule dans l'ouest sauvage, la seule proposition d'emploi qu'elle trouve est dans un bordel.
Ça, c'est une version de l'histoire.
Parce qu'on découvre petit à petit qu'Emily n'est pas du genre à subir son destin. Ou alors pas longtemps. Ou alors, gare à celui qui aurait tenté de la faire plier....

Dans ce western sans prétention, aux codes bien maîtrisés et truffé de clins d'oeil aux films et BD de genre, voilà un portrait d'une héroïne qui refuse d'être « une faible femme ». Tantôt léger tantôt grave, cette histoire vaut bien des discours. Le scénario avec des encarts rétroactifs parfois un peu superficiels apportent à chaque étape du périple d'Emily du grain à moudre pour comprendre ce qui peut bien motiver cette femme à manier aussi bien la carabine. La haine des hommes ? La vengeance contre qui ? Pourquoi ? On se doute que ce serait trop simple.

Le dessin somme toute assez classique est de belle facture, joliment mis en valeur par des gammes chromatiques codifiées selon les atmosphères et les personnages mais sans outrance. Il sert un récit mené tambour battant et c'est bien ce qu'on demande à une BD de genre.


Ce premier volume pose les bases d'un cycle de plusieurs tomes. Espérons que la suite saura garder le cap sans se noyer dans les artifices de quêtes annexes.

Hope One, 'Fane (tome 1) [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1552144135.jpg[/img] Megan se réveille dans une capsule spatiale après 49 ans de sommeil programmé. Du moins c'est ce que lui dit Adam, son partenaire à bord. Megan ne se souvient de rien de ce qu'Adam lui annonce. Elle serait donc l'une de ces volontaires, comme ceux qui sont dans les 11 autres véhicules qui tournent autour d'une terre morte ? La vie se traîne, déchirée par des rêves qui la perturbent, au moins autant que la présence des nombreux accès qui lui sont interdits par ce Adam bien insistant à ce qu'elle prenne la potion vitaminée indispensable à sa santé. Deux personnages dans ce huis clos qui va crescendo. Une tension psychologique s'instille petit à petit et nous nous retrouvons dans la tête de Megan. Où est le vrai dans cette histoire ? Est-elle cette spationaute qu'il prétend qu'elle est ?Est-elle paranoïaque et lit-elle l'existant par le prisme de son angoisse ? Pourquoi ne se souvient-elle de rien ? Pourquoi ces rêves  ? Pourquoi y a-t-il autant de portes interdites dans cette capsule spatiale ? Pourquoi retrouve-t-elle les bandes sons de communication avec les autres capsules ? Si ce sont des archives, dans quel but ? Et à quoi cela sert-il de tourner autour d'une terre si celle-ci est définitivement inhabitable ? Est-ce que tout cela est réel ? Il y a du Truman Show dans cette BD, qui serait mêlé aux classiques de l'affrontement psychologique, où l'on ne sait plus très bien qui manipule qui. L'idée d'enfermer les deux protagonistes dans une capsule spatiale renforce la crédibilité du scénario. En effet, accoutumés que nous sommes aux histoires futuristes, ne cessons-nous pas d'être étonnés lorsque le futur fait irruption dans nos vies ? Alors si cette idée du futur était placée comme un leurre entre les mains d'un geôlier sordide, dans quelle mesure pourrait-il nous amener à agir selon les règles utiles au maintien de l'illusion dans laquelle il nous aurait plongés ? (vous avez 4 heures.....) Un récit qui relève autant de la science fiction que du thriller. Haletant jusqu'au bout. Un suspense dont on espère qu'il ne sera pas déçu au 2e tome tellement le postulat est original est bien amené.
Ema Il y a 5 ans

Hope One, 'Fane (tome 1)



Megan se réveille dans une capsule spatiale après 49 ans de sommeil programmé. Du moins c'est ce que lui dit Adam, son partenaire à bord. Megan ne se souvient de rien de ce qu'Adam lui annonce. Elle serait donc l'une de ces volontaires, comme ceux qui sont dans les 11 autres véhicules qui tournent autour d'une terre morte ?
La vie se traîne, déchirée par des rêves qui la perturbent, au moins autant que la présence des nombreux accès qui lui sont interdits par ce Adam bien insistant à ce qu'elle prenne la potion vitaminée indispensable à sa santé.

Deux personnages dans ce huis clos qui va crescendo. Une tension psychologique s'instille petit à petit et nous nous retrouvons dans la tête de Megan.
Où est le vrai dans cette histoire ? Est-elle cette spationaute qu'il prétend qu'elle est ?Est-elle paranoïaque et lit-elle l'existant par le prisme de son angoisse ?
Pourquoi ne se souvient-elle de rien ? Pourquoi ces rêves  ? Pourquoi y a-t-il autant de portes interdites dans cette capsule spatiale ? Pourquoi retrouve-t-elle les bandes sons de communication avec les autres capsules ? Si ce sont des archives, dans quel but ?
Et à quoi cela sert-il de tourner autour d'une terre si celle-ci est définitivement inhabitable ?
Est-ce que tout cela est réel ?

Il y a du Truman Show dans cette BD, qui serait mêlé aux classiques de l'affrontement psychologique, où l'on ne sait plus très bien qui manipule qui.
L'idée d'enfermer les deux protagonistes dans une capsule spatiale renforce la crédibilité du scénario. En effet, accoutumés que nous sommes aux histoires futuristes, ne cessons-nous pas d'être étonnés lorsque le futur fait irruption dans nos vies ? Alors si cette idée du futur était placée comme un leurre entre les mains d'un geôlier sordide, dans quelle mesure pourrait-il nous amener à agir selon les règles utiles au maintien de l'illusion dans laquelle il nous aurait plongés ? (vous avez 4 heures.....)

Un récit qui relève autant de la science fiction que du thriller. Haletant jusqu'au bout. Un suspense dont on espère qu'il ne sera pas déçu au 2e tome tellement le postulat est original est bien amené.

220 Volts, Sylvain Escallon – d'après le roman éponyme de Joseph Incardona [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1552243950.jpg[/img] L'histoire : Ramon Hill est un auteur à succès, heureux époux et heureux père de deux enfants. Mais il est en panne d'inspiration. A la demande de sa femme, ils vont passer ensemble quelques jours dans la maison de campagne. Cela semble faire effet. L'inspiration revient en même temps qu'un regain d'intérêt pour cette épouse dont il doutait parfois de la sincérité des sentiments, plus sensible lui semble-t-il à son confort de vie qu'aux états d'âme de son écrivain de mari. Mais ce renouveau s'accompagne d'épisodes de somnambulisme et d'une désagréable sensation qu'il se trame des choses derrière son dos. Un matin, il se réveille à côté du cadavre de sa femme. Sur un postulat assez basique, la BD distille une atmosphère dont la tension va crescendo au fur et à mesure que le héros découvre des traces qui alimentent la perception qu'il a des choses. La réussite tient notamment au principe consistant à suivre ce personnage avec une relative empathie et nous faire adopter en toutes circonstances son point de vue.... jusqu’à la dernière page qui donne une autre lecture à l'histoire (on résiste à la tentation de commencer par la fin, sinon c'est pas du jeu !) Le dessin en noir et blanc extrêmement contrasté baigne les personnages et les décors dans une atmosphère tendue où l'action se passe hors champ, le lecteur n'en ayant le rendu qu'après coup. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1552244074.jpg[/img] Un roman noir classique et bien fait que l'on a plaisir à relire une fois les faits révélés.
Ema Il y a 5 ans

220 Volts, Sylvain Escallon – d'après le roman éponyme de Joseph Incardona


L'histoire :
Ramon Hill est un auteur à succès, heureux époux et heureux père de deux enfants. Mais il est en panne d'inspiration. A la demande de sa femme, ils vont passer ensemble quelques jours dans la maison de campagne. Cela semble faire effet. L'inspiration revient en même temps qu'un regain d'intérêt pour cette épouse dont il doutait parfois de la sincérité des sentiments, plus sensible lui semble-t-il à son confort de vie qu'aux états d'âme de son écrivain de mari.
Mais ce renouveau s'accompagne d'épisodes de somnambulisme et d'une désagréable sensation qu'il se trame des choses derrière son dos. Un matin, il se réveille à côté du cadavre de sa femme.

Sur un postulat assez basique, la BD distille une atmosphère dont la tension va crescendo au fur et à mesure que le héros découvre des traces qui alimentent la perception qu'il a des choses.
La réussite tient notamment au principe consistant à suivre ce personnage avec une relative empathie et nous faire adopter en toutes circonstances son point de vue.... jusqu’à la dernière page qui donne une autre lecture à l'histoire (on résiste à la tentation de commencer par la fin, sinon c'est pas du jeu !)

Le dessin en noir et blanc extrêmement contrasté baigne les personnages et les décors dans une atmosphère tendue où l'action se passe hors champ, le lecteur n'en ayant le rendu qu'après coup.


Un roman noir classique et bien fait que l'on a plaisir à relire une fois les faits révélés.

Nocturno, Tony Sandoval [url=https://postimg.cc/6yVFZVv0][img]https://i.postimg.cc/6yVFZVv0/nocturno-couv.jpg[/img][/url] L'histoire : Seck vit chez son oncle depuis la mort de son père. Une violence de trop le fait partir, ainsi que le lui conseille son défunt père qui le guide dans sa vie. Il rencontre un groupe de métal au sein duquel il prend le micro. Il rencontre la belle Karen mais son talent suscite également la jalousie d'un groupe rival, bien décidé à l'éliminer. C'est le début d'un long voyage de cinq années au cours duquel Seck va osciller entre figures bienveillantes et démons en tous genres, les humains qu'il rencontre n'étant pas des moindres. Plus qu'une histoire, c'est un conte onirique que nous propose Sandoval. Assumant son lignage avec La Tempête de Shakespeare, nous croisons des esprits de l'air et de l'eau sous diverses formes mythologiques, porteurs de vie et de passages vers une renaissance, en lutte avec la meute humaine destructrice dans laquelle Nocturno, le double de Seck efface sous un masque une inhumanité qui l'empêche d'avancer. Le traitement graphique réservé à ce conte participe en plein à sa dimension onirique. Le dessin passe du noir au blanc à la couleur, du crayon à l'acrylique, d'un encrage nerveux à des aquarelles incendiaires,... C'est un feu d'artifices d'émotions qui se crient ou qui se devinent pour mieux faire parler des cœurs arrachés ou meurtris. [url=https://postimg.cc/WdB9fhg3][img]https://i.postimg.cc/WdB9fhg3/nocturno-p299.jpg[/img][/url] [url=https://postimg.cc/LnhN9zV5][img]https://i.postimg.cc/LnhN9zV5/nocturno-crayon.jpg[/img][/url] Cette étrange balade se lit et se relit, tant les passerelles entre réalité et rêve sont judicieusement mêlées jusqu'au final qui réussit le pari de rester ouvert et intense à la fois. Une valeur sûre pour qui veut rêver encore.
Ema Il y a 5 ans

Nocturno, Tony Sandoval


L'histoire :
Seck vit chez son oncle depuis la mort de son père. Une violence de trop le fait partir, ainsi que le lui conseille son défunt père qui le guide dans sa vie.
Il rencontre un groupe de métal au sein duquel il prend le micro. Il rencontre la belle Karen mais son talent suscite également la jalousie d'un groupe rival, bien décidé à l'éliminer.
C'est le début d'un long voyage de cinq années au cours duquel Seck va osciller entre figures bienveillantes et démons en tous genres, les humains qu'il rencontre n'étant pas des moindres.

Plus qu'une histoire, c'est un conte onirique que nous propose Sandoval. Assumant son lignage avec La Tempête de Shakespeare, nous croisons des esprits de l'air et de l'eau sous diverses formes mythologiques, porteurs de vie et de passages vers une renaissance, en lutte avec la meute humaine destructrice dans laquelle Nocturno, le double de Seck efface sous un masque une inhumanité qui l'empêche d'avancer.

Le traitement graphique réservé à ce conte participe en plein à sa dimension onirique. Le dessin passe du noir au blanc à la couleur, du crayon à l'acrylique, d'un encrage nerveux à des aquarelles incendiaires,... C'est un feu d'artifices d'émotions qui se crient ou qui se devinent pour mieux faire parler des cœurs arrachés ou meurtris.


Cette étrange balade se lit et se relit, tant les passerelles entre réalité et rêve sont judicieusement mêlées jusqu'au final qui réussit le pari de rester ouvert et intense à la fois.
Une valeur sûre pour qui veut rêver encore.

Oscar et Monsieur O, Emmanuel Moynot [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1555053678.jpg[/img] Oscar Plume vit chichement de ses dessins de presse. Son double imaginaire le tance pour qu'il laisse tomber des commandes à peine dignes d'un gratte-papier et qu'il développe la griffe que ce double lui souffle à l'oreille. Mais Oscar ne sait pas s'affirmer. Pas plus avec son éditeur qu'avec la belle et distante Gladys. Et pendant que Monsieur O peste, propose, conseille, rage, critique, M'zelle Lilas se signale tout doucement. Qui de l'irrévérencieux Monsieur O ou du pusillanime Oscar gagnera la manche ? A partir du thème de la difficulté de créer, Emmanuel Moynot développe un propos plus large sur l'oser être soi. Il explore la lutte que trop d'entre nous mènent, entre acceptation d'un ordre rassurant mais sclérosant et confrontation à ses doutes et faiblesses afin de les travailler pour en faire la pierre angulaire de son œuvre de vie. Le dessin magnifique tout en couleurs directes éblouissantes, dans un format inhabituel en BD (et depuis abandonné par l'éditeur) s'offrant le luxe d'échapper au gaufrier à bordure tout en maintenant la linéarité, offre un cadre subtil, tout à la fois brumeux et lumineux comme la lutte intérieure d'Oscar et Monsieur O. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1555053730.jpg[/img] Un récit résolument positif et poétique pour ne pas oublier que nous pouvons être les créateurs de notre propre vie.
Ema Il y a 4 ans

Oscar et Monsieur O, Emmanuel Moynot


Oscar Plume vit chichement de ses dessins de presse. Son double imaginaire le tance pour qu'il laisse tomber des commandes à peine dignes d'un gratte-papier et qu'il développe la griffe que ce double lui souffle à l'oreille. Mais Oscar ne sait pas s'affirmer. Pas plus avec son éditeur qu'avec la belle et distante Gladys. Et pendant que Monsieur O peste, propose, conseille, rage, critique, M'zelle Lilas se signale tout doucement.
Qui de l'irrévérencieux Monsieur O ou du pusillanime Oscar gagnera la manche ?

A partir du thème de la difficulté de créer, Emmanuel Moynot développe un propos plus large sur l'oser être soi. Il explore la lutte que trop d'entre nous mènent, entre acceptation d'un ordre rassurant mais sclérosant et confrontation à ses doutes et faiblesses afin de les travailler pour en faire la pierre angulaire de son œuvre de vie.
Le dessin magnifique tout en couleurs directes éblouissantes, dans un format inhabituel en BD (et depuis abandonné par l'éditeur) s'offrant le luxe d'échapper au gaufrier à bordure tout en maintenant la linéarité, offre un cadre subtil, tout à la fois brumeux et lumineux comme la lutte intérieure d'Oscar et Monsieur O.


Un récit résolument positif et poétique pour ne pas oublier que nous pouvons être les créateurs de notre propre vie.

De rose et de noir, Thibault Lambert [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1555252360.jpg[/img] Manon consulte une psy car elle n'arrive pas à se détacher de l'emprise que son ex violent exerce encore sur elle, plus d'un an après leur rupture. « Après tout ce qui s'est passé ! Tout ce qu'il m'a fait, les insultes, les coups, je devrais le haïr, le détester pour ça mais je n'y arrive pas. Une partie de moi déborde de rage tandis que l'autre n'arrête pas de penser à lui et par moment le regrette. » jette-t-elle à sa première visite. C'est le début d'un parcours vers la guérison, car apprendre à faire confiance à ses sentiments autant qu'à ceux des autres n'est pas aisé lorsque l'on a été violentée. Entourée de ses amies, elle va peu à peu apprendre à se détacher de cette ombre qui hante son quotidien et contamine la relation qui commence à se nouer avec un homme qui saura montrer avec délicatesse le désir qu'il a pour elle. Un récit qui prend le parti de la lumière, à l'image d'une bichromie rouge disposée en va-et-vient chronologiques entre brumes mornes et évanescentes du passé et affirmation d'un présent à la palette plus dense et variée, comme une ouverture vers des possibles structurants à l'image d'un trait plus assuré. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1555252495.jpg[/img] Traité avec beaucoup de délicatesse et sans manichéisme, une jolie histoire qui offre des possibles.
Ema Il y a 4 ans

De rose et de noir, Thibault Lambert


Manon consulte une psy car elle n'arrive pas à se détacher de l'emprise que son ex violent exerce encore sur elle, plus d'un an après leur rupture. « Après tout ce qui s'est passé ! Tout ce qu'il m'a fait, les insultes, les coups, je devrais le haïr, le détester pour ça mais je n'y arrive pas. Une partie de moi déborde de rage tandis que l'autre n'arrête pas de penser à lui et par moment le regrette. » jette-t-elle à sa première visite.
C'est le début d'un parcours vers la guérison, car apprendre à faire confiance à ses sentiments autant qu'à ceux des autres n'est pas aisé lorsque l'on a été violentée. Entourée de ses amies, elle va peu à peu apprendre à se détacher de cette ombre qui hante son quotidien et contamine la relation qui commence à se nouer avec un homme qui saura montrer avec délicatesse le désir qu'il a pour elle.
Un récit qui prend le parti de la lumière, à l'image d'une bichromie rouge disposée en va-et-vient chronologiques entre brumes mornes et évanescentes du passé et affirmation d'un présent à la palette plus dense et variée, comme une ouverture vers des possibles structurants à l'image d'un trait plus assuré.


Traité avec beaucoup de délicatesse et sans manichéisme, une jolie histoire qui offre des possibles.

Mettez des mots sur votre colère, Marc Malès [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1556119797.jpg[/img] « Début du Xxe siècle, aux Etats-Unis. Owen Brady, photographe, s'est spécialisé dans la prise d'instantanés représentant des portraits d'enfants. Ils ont tous en commun le fait de venir de milieux défavorisés et d'être, malgré leur âge, obligés de gagner leur vie. Soutenu par le National Child Labour Committee, voilà plusieurs années qu'il parcourt le pays dans le but de dénoncer le scandale de l'exploitation de ces jeunes travailleurs. Mais ce combat, il le livre aussi pour lui-même : des cicatrices mal refermées ont fait de lui un écorché vif, en lutte contre toutes les formes d'injustices... » 4e de couverture Cette BD au titre digne d'un mauvais livre de développement personnel (ce qui reviendrait à adhérer à l'hypothèse qu'il en existe des bons...) cache une pépite à deux niveaux de lecture. Le premier, sociologique/politique/économique, évoque comment le travail des enfants a contribué à l'expansion de la grande Amérique. Rien de nouveau sous le soleil. Les grands bonds économiques s'accompagnent toujours de l'exploitation des plus fragiles : les détenteurs du capital estiment toujours trop payer leurs salariés qui eux manquent toujours de trop pour autoriser à leur progéniture la possibilité d'une existence pas tout à fait aussi misérable que la leur. Et on recommence la génération suivante. Et encore la suivante. Et encore la suivante. Au charbon a succédé le pétrole de nos voitures, l'or de nos piercings de rebelles et le coltan de nos portables d'occasion. C'est tout. Sauf à ressortir les bougies et les dominos pour occuper nos soirées, difficile de se draper du linge vierge de l'impunité sociale. Car nous qui sommes au bout de la chaîne, nous qui lisons les textes de notre artiste préféré sur des ordinateurs animés par des composants au goût de sang, ne sommes pas exempts de responsabilités. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1556120132.jpg[/img] Ok. Mais quand on a dit ça, on n'a rien dit du tout. Et ça ne change pas grand chose. A-t-on vraiment suffisamment de colère devant cette horreur pour entreprendre quoi que ce soit ? On peut toujours préférer les transports en commun et refuser de porter une alliance en or. Ce n'est pas très difficile et ça peut même donner un genre pour ceux dont la personnalité ne suffit pas à briller en société. Mais peut-on renoncer à tout ce qui n'est pas vertueux ? A nos portables, à nos ordinateurs ? Pas moi. Alors comme la plupart, je fais avec mes contradictions et mes petites compromissions personnelles. Parce que je ne suis pas quelqu'un d'exceptionnel. Et c'est là que cette BD devient vraiment intéressante. Car en face de la réelle médiocrité de nos existences, beaucoup d'entre nous vont s'emparer d'une cause. Pourquoi cette cause ? Que dit-elle de nous ? Qu'est-ce que cette procuration cherche à réparer ? Y parvient-elle ? Ou n'est-elle qu'un pis-aller qui dispenserait d'aller creuser dans nos entrailles y exhumer le monstre qui nous ronge, monstre que nous mettons tant de cœur à contempler dans les yeux de ceux que nous prétendons aider ? Dans ce bel album au format à l'italienne réalisé dans un lavis sépia, Malès se livre à un va-et-vient entre le travail documentaire que livre le photographe et le travail intérieur auquel il refuse de se livrer. Les cadrages léchés rarement tout à fait droits nous donnent accès mieux que des mots aux émotions tanguantes d'Owen tandis que le format des planches autorise des panoramiques atmosphériques rendant compte autant de la fourmilière humaine que de la quête d'Owen pour une paix qui lui semble à jamais interdite. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1556120065.jpg[/img] Alors, Owen a-t-il pu mettre des mots sur sa colère ? En un sens oui. Cela lui aura-t-il permis de toucher à la paix intérieure ? Peut-être pas, mais, finalement, est-ce souhaitable ? Et si l'issue était plutôt de dompter cette colère jusqu'à la rendre tolérable ? Pour faire de cette colère un pas en avant ?
Ema Il y a 4 ans

Mettez des mots sur votre colère, Marc Malès


« Début du Xxe siècle, aux Etats-Unis. Owen Brady, photographe, s'est spécialisé dans la prise d'instantanés représentant des portraits d'enfants. Ils ont tous en commun le fait de venir de milieux défavorisés et d'être, malgré leur âge, obligés de gagner leur vie. Soutenu par le National Child Labour Committee, voilà plusieurs années qu'il parcourt le pays dans le but de dénoncer le scandale de l'exploitation de ces jeunes travailleurs. Mais ce combat, il le livre aussi pour lui-même : des cicatrices mal refermées ont fait de lui un écorché vif, en lutte contre toutes les formes d'injustices... » 4e de couverture

Cette BD au titre digne d'un mauvais livre de développement personnel (ce qui reviendrait à adhérer à l'hypothèse qu'il en existe des bons...) cache une pépite à deux niveaux de lecture.

Le premier, sociologique/politique/économique, évoque comment le travail des enfants a contribué à l'expansion de la grande Amérique. Rien de nouveau sous le soleil. Les grands bonds économiques s'accompagnent toujours de l'exploitation des plus fragiles : les détenteurs du capital estiment toujours trop payer leurs salariés qui eux manquent toujours de trop pour autoriser à leur progéniture la possibilité d'une existence pas tout à fait aussi misérable que la leur. Et on recommence la génération suivante. Et encore la suivante. Et encore la suivante. Au charbon a succédé le pétrole de nos voitures, l'or de nos piercings de rebelles et le coltan de nos portables d'occasion. C'est tout. Sauf à ressortir les bougies et les dominos pour occuper nos soirées, difficile de se draper du linge vierge de l'impunité sociale.
Car nous qui sommes au bout de la chaîne, nous qui lisons les textes de notre artiste préféré sur des ordinateurs animés par des composants au goût de sang, ne sommes pas exempts de responsabilités.


Ok. Mais quand on a dit ça, on n'a rien dit du tout. Et ça ne change pas grand chose. A-t-on vraiment suffisamment de colère devant cette horreur pour entreprendre quoi que ce soit ? On peut toujours préférer les transports en commun et refuser de porter une alliance en or. Ce n'est pas très difficile et ça peut même donner un genre pour ceux dont la personnalité ne suffit pas à briller en société. Mais peut-on renoncer à tout ce qui n'est pas vertueux ? A nos portables, à nos ordinateurs ? Pas moi. Alors comme la plupart, je fais avec mes contradictions et mes petites compromissions personnelles. Parce que je ne suis pas quelqu'un d'exceptionnel.

Et c'est là que cette BD devient vraiment intéressante.

Car en face de la réelle médiocrité de nos existences, beaucoup d'entre nous vont s'emparer d'une cause. Pourquoi cette cause ? Que dit-elle de nous ? Qu'est-ce que cette procuration cherche à réparer ? Y parvient-elle ? Ou n'est-elle qu'un pis-aller qui dispenserait d'aller creuser dans nos entrailles y exhumer le monstre qui nous ronge, monstre que nous mettons tant de cœur à contempler dans les yeux de ceux que nous prétendons aider ?

Dans ce bel album au format à l'italienne réalisé dans un lavis sépia, Malès se livre à un va-et-vient entre le travail documentaire que livre le photographe et le travail intérieur auquel il refuse de se livrer. Les cadrages léchés rarement tout à fait droits nous donnent accès mieux que des mots aux émotions tanguantes d'Owen tandis que le format des planches autorise des panoramiques atmosphériques rendant compte autant de la fourmilière humaine que de la quête d'Owen pour une paix qui lui semble à jamais interdite.


Alors, Owen a-t-il pu mettre des mots sur sa colère ? En un sens oui. Cela lui aura-t-il permis de toucher à la paix intérieure ? Peut-être pas, mais, finalement, est-ce souhaitable ? Et si l'issue était plutôt de dompter cette colère jusqu'à la rendre tolérable ? Pour faire de cette colère un pas en avant ?

Le procès, d'après l'oeuvre de Franz Kafka – Clod & Ceka [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1557651075.jpg[/img] Joseph K découvre en se réveillant deux agents qui fouillent sa chambre. Ils l'informent qu'il est arrêté parce que l'administration « est bien renseignée, elle ne se trompe jamais. Il ne peut y avoir d'erreur avec la loi. » Curieuse arrestation puisque « cela ne doit aucunement l'empêcher de mener une vie normale » ; Joseph K va donc travailler et va tenter d'organiser une défense pour des faits qu'il ignore avoir commis pour la simple raison qu'il ne sait pas les faits qui lui sont reprochés. Kafka, on connait plus ou moins. Qu'on se le soit fadé au lycée ou qu'on l'ait aimé, on l'associe aux mots : absurde, dédale, spirale, oppression, angoisse, liberté, piège, gris et noir, sinistre, déshumanisation. Ou chiant et long quand on n'a pas aimé. Son univers est si caractéristique qu'il a eu le prestige d'être devenu mot usuel, kafkaien. Pas facile d'être surpris par une adaptation. C'est pourtant le cas avec celle-ci. Fidèles (à peu près, certains personnages ayant été évacués, car les auteurs se sont focalisés sur le procès, quitte à laisser tomber la quotidienneté du personnage) au propos de Kafka, ils ont opté pour une lecture à la Beckett (en moins prise-de-tête!), où le burlesque transforme ce récit en farce sinistre. Ils n'échappent pas parfois à un côté « peau de banane », mais l'effet est efficace. L'histoire gagne non seulement en rythme mais aussi en puissance, le comique faisant systématiquement contrepoint au tragique de la situation, ce qui, finalement, renforce la noirceur du propos. Le dessin extraordinairement lisible et fluide devient de plus en plus sombre suivant ainsi la progression de l'état d'esprit du personnage. Les décors rendent grâce au Prague labyrinthique et vorace imaginé par Kafka, les foules sont anonymes et la singularité lorsqu'elle est revendiquée (le peintre, l'avocat), l'est avec bouffonnerie, comme pour mieux servir l'organisation de la cour. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1557651220.jpg[/img] [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1557651277.jpg[/img] (fin) (début) Une lecture qui donne envie de se replonger dans l'oeuvre de Kafka avec un regard différent. Kafka n'a pas fini de nous surprendre.
Ema Il y a 4 ans

Le procès, d'après l'oeuvre de Franz Kafka – Clod & Ceka


Joseph K découvre en se réveillant deux agents qui fouillent sa chambre. Ils l'informent qu'il est arrêté parce que l'administration « est bien renseignée, elle ne se trompe jamais. Il ne peut y avoir d'erreur avec la loi. » Curieuse arrestation puisque « cela ne doit aucunement l'empêcher de mener une vie normale » ; Joseph K va donc travailler et va tenter d'organiser une défense pour des faits qu'il ignore avoir commis pour la simple raison qu'il ne sait pas les faits qui lui sont reprochés.

Kafka, on connait plus ou moins. Qu'on se le soit fadé au lycée ou qu'on l'ait aimé, on l'associe aux mots : absurde, dédale, spirale, oppression, angoisse, liberté, piège, gris et noir, sinistre, déshumanisation.
Ou chiant et long quand on n'a pas aimé.
Son univers est si caractéristique qu'il a eu le prestige d'être devenu mot usuel, kafkaien.

Pas facile d'être surpris par une adaptation.

C'est pourtant le cas avec celle-ci. Fidèles (à peu près, certains personnages ayant été évacués, car les auteurs se sont focalisés sur le procès, quitte à laisser tomber la quotidienneté du personnage) au propos de Kafka, ils ont opté pour une lecture à la Beckett (en moins prise-de-tête!), où le burlesque transforme ce récit en farce sinistre. Ils n'échappent pas parfois à un côté « peau de banane », mais l'effet est efficace. L'histoire gagne non seulement en rythme mais aussi en puissance, le comique faisant systématiquement contrepoint au tragique de la situation, ce qui, finalement, renforce la noirceur du propos.

Le dessin extraordinairement lisible et fluide devient de plus en plus sombre suivant ainsi la progression de l'état d'esprit du personnage.
Les décors rendent grâce au Prague labyrinthique et vorace imaginé par Kafka, les foules sont anonymes et la singularité lorsqu'elle est revendiquée (le peintre, l'avocat), l'est avec bouffonnerie, comme pour mieux servir l'organisation de la cour.
(fin)
(début)

Une lecture qui donne envie de se replonger dans l'oeuvre de Kafka avec un regard différent. Kafka n'a pas fini de nous surprendre.

..... dans la série : la BD adapte les grands classiques : La Perle, Jean-Luc Cornette, adapté du roman de John Steinbeck [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1557840385.jpg[/img] Kino est un pêcheur de perle. Un jour son fils se fait piquer par un scorpion. Il a besoin de soins. Mais tout se paie. Le sort lui offre la plus grosse des perles du monde. Des futurs semblent s'ouvrir alors pour Kino et sa famille. Mais. Ce conte, comme tous les contes, offre de multiples lectures, de multiples messages. Est-ce une critique morale de l'appât du gain ? Car Kino aurait-il du accepter l'offre d'achat au rabais de la perle ? Est-ce l'éloge de l'acceptation de son destin ? Car Kino aurait-il du laisser la nature décider de la survie ou non de son enfant ? Est-ce une condamnation morale envers celui qui rêve de s'y échapper ? Car Kino n'a-t-il pas contrarié son destin à rêver trop fort ? Est-ce une dénonciation des privilèges de classe, chacun, médecin, prêtre, commerçant, veillant à exploiter l'ignorance et la dépendance de plus pauvre que lui ? Est-ce tout simplement un conte dans lequel évolue l'humanité dans sa splendeur et sa médiocrité, un drame antique sur le bien ou le mal, la résignation ou la révolte ? Cornette a pris le parti d'évacuer les mots autant que faire se peut. La puissance de son trait anguleux, l'expressivité sourde et sèche des personnages et leur évolution dans des décors minimalistes aux couleurs omniprésentes mais tout en contraste, ancrent l'histoire dans une noirceur humaine que peu de mots suffiraient à décrire. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1557840484.jpg[/img] C'est lumineux et violent à la fois. A lire.
Ema Il y a 4 ans

..... dans la série : la BD adapte les grands classiques :
La Perle, Jean-Luc Cornette, adapté du roman de John Steinbeck


Kino est un pêcheur de perle. Un jour son fils se fait piquer par un scorpion. Il a besoin de soins. Mais tout se paie.
Le sort lui offre la plus grosse des perles du monde. Des futurs semblent s'ouvrir alors pour Kino et sa famille.
Mais.

Ce conte, comme tous les contes, offre de multiples lectures, de multiples messages. Est-ce une critique morale de l'appât du gain ? Car Kino aurait-il du accepter l'offre d'achat au rabais de la perle ?
Est-ce l'éloge de l'acceptation de son destin ? Car Kino aurait-il du laisser la nature décider de la survie ou non de son enfant ?
Est-ce une condamnation morale envers celui qui rêve de s'y échapper ? Car Kino n'a-t-il pas contrarié son destin à rêver trop fort ?
Est-ce une dénonciation des privilèges de classe, chacun, médecin, prêtre, commerçant, veillant à exploiter l'ignorance et la dépendance de plus pauvre que lui ?
Est-ce tout simplement un conte dans lequel évolue l'humanité dans sa splendeur et sa médiocrité, un drame antique sur le bien ou le mal, la résignation ou la révolte ?

Cornette a pris le parti d'évacuer les mots autant que faire se peut. La puissance de son trait anguleux, l'expressivité sourde et sèche des personnages et leur évolution dans des décors minimalistes aux couleurs omniprésentes mais tout en contraste, ancrent l'histoire dans une noirceur humaine que peu de mots suffiraient à décrire.


C'est lumineux et violent à la fois. A lire.

Salon Dolorès & Gérard, Sylvain Cabot [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1558088122.jpg[/img] Michel a 19 ans et est apprenti coiffeur. « C'est plus à 16 ans le début de l'apprentissage ? Non ? » demande une cliente. « C'est parce que... j'ai redoublé plusieurs fois et... j'ai pris du retard. » « Vous prenez votre temps quoi. Vous arrivez quand vous arrivez » Ce n'est pas qu'avec les études que Michel prend son temps. Il n'est jamais sorti avec une fille et ce n'est pas les kékés de sa cité qui vont l'aider à franchir le pas. Entre vantardise et mensonges, il va devoir se révéler lui-même. Mais de bien jolies fées vont lui servir de guides. [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1558088332.jpg[/img] Une jolie bd aux tonalités tendres et au propos délicat, et pourtant tout à fait ancrée dans la réalité. La 128e page arrive bien trop vite. On aurait tellement envie de suivre ce Michel dans les prochaines étapes de sa vie ! Une BD positive qui fait du bien.
Ema Il y a 4 ans

Salon Dolorès & Gérard, Sylvain Cabot


Michel a 19 ans et est apprenti coiffeur. « C'est plus à 16 ans le début de l'apprentissage ? Non ? » demande une cliente. « C'est parce que... j'ai redoublé plusieurs fois et... j'ai pris du retard. » « Vous prenez votre temps quoi. Vous arrivez quand vous arrivez »
Ce n'est pas qu'avec les études que Michel prend son temps. Il n'est jamais sorti avec une fille et ce n'est pas les kékés de sa cité qui vont l'aider à franchir le pas. Entre vantardise et mensonges, il va devoir se révéler lui-même. Mais de bien jolies fées vont lui servir de guides.



Une jolie bd aux tonalités tendres et au propos délicat, et pourtant tout à fait ancrée dans la réalité. La 128e page arrive bien trop vite. On aurait tellement envie de suivre ce Michel dans les prochaines étapes de sa vie ! Une BD positive qui fait du bien.

Les zombies qui ont mangé le monde, série complète en 4 tomes - Guy Davies & Jerry Frissen [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1560008385.jpg[/img] [img]http://pix.toile-libre.org/upload/thumb/1560008728.jpg[/img] « Los Angeles, 2 juin 2064. Le monde a changé. Les morts sortent des tombes, les cadavres ressuscitent. Impuissants devant l'accroissement à hauteur de 35% de la population des morts-vivants, le gouvernement a adopté des lois qui obligent les vivants à cohabiter avec les morts. » Vous aimez les histoires de zombies méchants qui passent leur temps à manger des humains et des humains qui survivent dans un monde hostile et post-apocalyptique ? Ben, vous n'allez pas être servis. Parce que le postulat de base n'a rien à voir. Les zombies sont des citoyens qui tentent de cohabiter avec des humains qui ne leur font pas de cadeau. D'abord parce qu'ils ont « une odeur épouvantable » (T1) et que rien que pour cela, ça justifie qu'on les réduise en cendres qui elles, ont une odeur tout à fait acceptable. Pour cela, on peut compter sur Karl Neard, un loser très moche qui travaille au noir à la capture (sans danger) de zombies et à leur incinération clandestine. Il travaille avec sa sœur Maggie pour laquelle il est admis qu'elle est « complètement givrée », bien que l'histoire montrera (une fois de plus!) que les femmes sont bien l'avenir de l'humanité. Freddy Mercky, est le troisième larron, un malabar qui au fil des albums, va devenir le personnage principal de cette histoire de zombies qui n'en est pas une. Détail qui n'en est pas un puisque à l'origine de nombre de ses actions musclées, il ne supporte pas qu'on l'appelle « le Belge » parce que « Etre belge, c'est comme marcher dans une merde avec des godasses à crampons. Ça colle. » (Jerry Frissen, le scénariste est belge, et comme le dit la préface de Jean-Pierre Dionnet (feu « Les enfants du rock »), il « en profite pour régler ses comptes avec sa belle-mère »). Les 2 premiers albums contiennent des histoires brèves indépendantes. Chaque histoire s'achève ainsi : « un fait divers crépusculaire comme il s'en déroule des centaines chaque jour à Los Angeles ». Ce sont les meilleurs de la série. Les 2 derniers prennent le temps de distiller l'intrigue qui, du coup, se noie un peu dans des détails superflus quoique rigolos mais qui créent un tempo plus lent. Sous ses allures de grand n'importe quoi, cette BD est beaucoup moins débile que le dessin, volontairement crado et puisant volontairement dans les récits de genre de série Z baigné de couleurs évoquant des variations de fèces pourrait le faire croire. Parce que : un monde où Jésus ressuscite, où le religieux impose sa loi, son langage, ainsi on ne dit plus morts-vivants et zombies est une injure ; le terme approprié est non-vivant, « Foi et espoir » conclue toute discussion ; la philosophie est « respecte le vivant autant que le non-vivant » un monde où l'homme s'est inventé une hiérarchie dans le partage de l'espace social, où tout une frange de la population zone dans l'insalubrité et s'organise en une société à côté de, puisque la cohabitation parmi, est source de danger, permettant l'émergence d'une mafia dont le patron est Frank Geneva, « le non-vivant le plus puissant d'Hollywood » un monde où cette même partie de la population est utilisée (dans tous les sens du terme!) par des hommes qui n'ont pour ambition qu'imposer une loi qui leur assurera le contrôle du pouvoir politique et la richesse de ceux qui les financent Mais c'est avant tout une BD hilarante. Un enchaînement de situations improbables mais logiques, un humour premier degré assumé et jouissif, avec des vivants laids au dedans comme au dehors, bêtes et méchants dont on se demande ce qu'ils ont encore d'humains entre eux et des phrases qui font mouche et font bien marrer. Bon Dieu que ça fait du bien ! Allez, Foi et espoir à tous !
Ema Il y a 4 ans

Les zombies qui ont mangé le monde, série complète en 4 tomes - Guy Davies & Jerry Frissen


« Los Angeles, 2 juin 2064.
Le monde a changé. Les morts sortent des tombes, les cadavres ressuscitent. Impuissants devant l'accroissement à hauteur de 35% de la population des morts-vivants, le gouvernement a adopté des lois qui obligent les vivants à cohabiter avec les morts. »

Vous aimez les histoires de zombies méchants qui passent leur temps à manger des humains et des humains qui survivent dans un monde hostile et post-apocalyptique ?
Ben, vous n'allez pas être servis.
Parce que le postulat de base n'a rien à voir.
Les zombies sont des citoyens qui tentent de cohabiter avec des humains qui ne leur font pas de cadeau. D'abord parce qu'ils ont « une odeur épouvantable » (T1) et que rien que pour cela, ça justifie qu'on les réduise en cendres qui elles, ont une odeur tout à fait acceptable. Pour cela, on peut compter sur Karl Neard, un loser très moche qui travaille au noir à la capture (sans danger) de zombies et à leur incinération clandestine.
Il travaille avec sa sœur Maggie pour laquelle il est admis qu'elle est « complètement givrée », bien que l'histoire montrera (une fois de plus!) que les femmes sont bien l'avenir de l'humanité.
Freddy Mercky, est le troisième larron, un malabar qui au fil des albums, va devenir le personnage principal de cette histoire de zombies qui n'en est pas une. Détail qui n'en est pas un puisque à l'origine de nombre de ses actions musclées, il ne supporte pas qu'on l'appelle « le Belge » parce que « Etre belge, c'est comme marcher dans une merde avec des godasses à crampons. Ça colle. » (Jerry Frissen, le scénariste est belge, et comme le dit la préface de Jean-Pierre Dionnet (feu « Les enfants du rock »), il « en profite pour régler ses comptes avec sa belle-mère »).

Les 2 premiers albums contiennent des histoires brèves indépendantes. Chaque histoire s'achève ainsi : « un fait divers crépusculaire comme il s'en déroule des centaines chaque jour à Los Angeles ».
Ce sont les meilleurs de la série.
Les 2 derniers prennent le temps de distiller l'intrigue qui, du coup, se noie un peu dans des détails superflus quoique rigolos mais qui créent un tempo plus lent.

Sous ses allures de grand n'importe quoi, cette BD est beaucoup moins débile que le dessin, volontairement crado et puisant volontairement dans les récits de genre de série Z baigné de couleurs évoquant des variations de fèces pourrait le faire croire. Parce que :

un monde où Jésus ressuscite, où le religieux impose sa loi, son langage, ainsi on ne dit plus morts-vivants et zombies est une injure ; le terme approprié est non-vivant, « Foi et espoir » conclue toute discussion ; la philosophie est « respecte le vivant autant que le non-vivant »

un monde où l'homme s'est inventé une hiérarchie dans le partage de l'espace social, où tout une frange de la population zone dans l'insalubrité et s'organise en une société à côté de, puisque la cohabitation parmi, est source de danger, permettant l'émergence d'une mafia dont le patron est Frank Geneva, « le non-vivant le plus puissant d'Hollywood »

un monde où cette même partie de la population est utilisée (dans tous les sens du terme!) par des hommes qui n'ont pour ambition qu'imposer une loi qui leur assurera le contrôle du pouvoir politique et la richesse de ceux qui les financent

Mais c'est avant tout une BD hilarante. Un enchaînement de situations improbables mais logiques, un humour premier degré assumé et jouissif, avec des vivants laids au dedans comme au dehors, bêtes et méchants dont on se demande ce qu'ils ont encore d'humains entre eux et des phrases qui font mouche et font bien marrer. Bon Dieu que ça fait du bien ! Allez, Foi et espoir à tous !