" Tes yeux sont si profonds qu' en me penchant pour boire j'ai vu tous les soleils y venir se mirer. S' y jeter à mourir tous les désespérés . Tes yeux sont si profonds que j' y perds la mémoire. " Les yeux d' Elsa " -Louis Aragon-
AnonymeIl y a 5 ans

" Tes yeux sont si profonds
qu' en me penchant pour boire j'ai vu tous les soleils y venir se mirer.
S' y jeter à mourir tous les désespérés .
Tes yeux sont si profonds que j' y perds la mémoire.

" Les yeux d' Elsa "
-Louis Aragon-

merci @Cygne_noir :) pourvu que le poète de CCC se réveille et descende dans nos villes Le soleil Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures Les persiennes, abri des secrètes luxures, Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés, Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime, Flairant dans tous les coins les hasards de la rime, Trébuchant sur les mots comme sur les pavés, Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés. Ce père nourricier, ennemi des chloroses, Eveille dans les champs les vers comme les roses ; Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel, Et remplit les cerveaux et les ruches de miel. C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles Et les rend gais et doux comme des jeunes filles, Et commande aux moissons de croître et de mûrir Dans le coeur immortel qui toujours veut fleurir ! Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes, Il ennoblit le sort des choses les plus viles, Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets, Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais. Charles Baudelaire
Eléa Il y a 5 ans

merci @Cygne_noir

pourvu que le poète de CCC se réveille et descende dans nos villes


Le soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le coeur immortel qui toujours veut fleurir !

Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

Charles Baudelaire

Tout beau, fauve grondeur, demeure dans ton antre, Il n'est pas temps encore ; couche-toi sur le ventre ; De ta queue aux crins roux flagelle-toi les flancs, Comme un sphinx accroupi dans les sables brûlants, Sur l'oreiller velu de tes pattes croisées Pose ton mufle énorme, aux babines froncées ; Dors et prends patience, ô lion du désert ; Demain, César le veut, de ton cachot ouvert, Demain tu sauteras dans la pleine lumière, Au beau milieu du Cirque, aux yeux de Rome entière, Et de tous les côtés les applaudissements Répondront comme un chœur à tes grommèlements. On te tient en réserve une vierge chrétienne, Plus blanche mille fois que la Vénus païenne ; Tu pourras à loisir, de tes griffes de fer, Rayer ce dos d'ivoire et cette belle chair ; Tu boiras ce sang pur, vermeil comme la rose : Ne frotte plus ton nez contre la grille close, Songe, sous ta crinière, au plaisir de ronger Un beau corps tout vivant, et de pouvoir plonger Dans le gouffre béant de ta gueule qui fume, Une tête où déjà l'auréole s'allume. Le Belluaire ainsi gourmande son lion, Et le lion fait trêve à sa rébellion. Mais toi, sauvage amour, qui, la prunelle en flamme, Rugis affreusement dans l'antre de mon âme, Je n'ai pas de victime à promettre à ta faim, Ni d'esclave chrétienne à te jeter demain ; Tâche de t'apaiser, ou je m'en vais te clore Dans un lieu plus profond et plus sinistre encore ; A quoi bon te débattre et grincer et hurler ? Le temps n'est pas venu de te démuseler. En attendant le jour de revoir la lumière, Silencieusement, à l'angle d'une pierre, Ou contre les barreaux de ton noir souterrain, Aiguise le tranchant de tes ongles d'airain. [i]Le lion du cirque[/i] Théophile Gautier
Sémiramis Il y a 5 ans

Tout beau, fauve grondeur, demeure dans ton antre,
Il n'est pas temps encore ; couche-toi sur le ventre ;
De ta queue aux crins roux flagelle-toi les flancs,
Comme un sphinx accroupi dans les sables brûlants,
Sur l'oreiller velu de tes pattes croisées
Pose ton mufle énorme, aux babines froncées ;
Dors et prends patience, ô lion du désert ;
Demain, César le veut, de ton cachot ouvert,
Demain tu sauteras dans la pleine lumière,
Au beau milieu du Cirque, aux yeux de Rome entière,
Et de tous les côtés les applaudissements
Répondront comme un chœur à tes grommèlements.
On te tient en réserve une vierge chrétienne,
Plus blanche mille fois que la Vénus païenne ;
Tu pourras à loisir, de tes griffes de fer,
Rayer ce dos d'ivoire et cette belle chair ;
Tu boiras ce sang pur, vermeil comme la rose :
Ne frotte plus ton nez contre la grille close,
Songe, sous ta crinière, au plaisir de ronger
Un beau corps tout vivant, et de pouvoir plonger
Dans le gouffre béant de ta gueule qui fume,
Une tête où déjà l'auréole s'allume.

Le Belluaire ainsi gourmande son lion,
Et le lion fait trêve à sa rébellion.

Mais toi, sauvage amour, qui, la prunelle en flamme,
Rugis affreusement dans l'antre de mon âme,
Je n'ai pas de victime à promettre à ta faim,
Ni d'esclave chrétienne à te jeter demain ;
Tâche de t'apaiser, ou je m'en vais te clore
Dans un lieu plus profond et plus sinistre encore ;
A quoi bon te débattre et grincer et hurler ?
Le temps n'est pas venu de te démuseler.
En attendant le jour de revoir la lumière,
Silencieusement, à l'angle d'une pierre,
Ou contre les barreaux de ton noir souterrain,
Aiguise le tranchant de tes ongles d'airain.

Le lion du cirque
Théophile Gautier

Allons, ange déchu, ferme ton aile rose ; Ôte ta robe blanche et tes beaux rayons d'or ; Il faut, du haut des cieux où tendait ton essor, Filer comme une étoile, et tomber dans la prose. Il faut que sur le sol ton pied d'oiseau se pose. Marche au lieu de voler : il n'est pas temps encore ; Renferme dans ton cœur l'harmonieux trésor ; Que ta harpe un moment se détende et repose. Ô pauvre enfant du ciel, tu chanterais en vain Ils ne comprendraient pas ton langage divin ; À tes plus doux accords leur oreille est fermée ! Mais, avant de partir, mon bel ange à l’œil bleu, Va trouver de ma part ma pâle bien-aimée, Et pose sur son front un long baiser d'adieu ! [ i ]Adieux à la poésie[/i ] Théophile Gautier
Flo Il y a 5 ans

Allons, ange déchu, ferme ton aile rose ;
Ôte ta robe blanche et tes beaux rayons d'or ;
Il faut, du haut des cieux où tendait ton essor,
Filer comme une étoile, et tomber dans la prose.

Il faut que sur le sol ton pied d'oiseau se pose.
Marche au lieu de voler : il n'est pas temps encore ;
Renferme dans ton cœur l'harmonieux trésor ;
Que ta harpe un moment se détende et repose.

Ô pauvre enfant du ciel, tu chanterais en vain
Ils ne comprendraient pas ton langage divin ;
À tes plus doux accords leur oreille est fermée !

Mais, avant de partir, mon bel ange à l’œil bleu,
Va trouver de ma part ma pâle bien-aimée,
Et pose sur son front un long baiser d'adieu !

Adieux à la poésie
Théophile Gautier

Rabindranath Tagore dans le recueil L’écrin vert extrait du poème "initial" La pulsion première de la vie palpite dans la moelle des figuiers, ses harmoniques insonores vibrent nuit et jour au fond du ciel – et mes veines jusque dans les fibres résonnent d’elle ; et dans les profondeurs du conscient une danse se compose de figures invisibles au chant du feuillage susurrant. Volubiles sont ces arbres, ces plantes en feuilles et en fleurs- au fond de l’abysse de silence où le verbe est roi, au travers des terres et des eaux silencieux j’écoute la respiration première sacrée, j’entends la muette rumeur de la pensée enfouie. Dans cet univers orphelin de parole qui s’étend de la poussière terrestre aux confins stellaires je prends place les yeux ouverts emplis d’un chant sans sonorité.
suffragettes AB Il y a 5 ans

Rabindranath Tagore
dans le recueil L’écrin vert

extrait du poème "initial"

La pulsion première de la vie
palpite dans la moelle des figuiers,
ses harmoniques insonores vibrent
nuit et jour au fond du ciel –
et mes veines jusque dans les fibres
résonnent d’elle ;

et dans les profondeurs du conscient
une danse se compose
de figures invisibles
au chant du feuillage susurrant.

Volubiles sont ces arbres, ces plantes
en feuilles et en fleurs-
au fond de l’abysse de silence
où le verbe est roi,

au travers des terres et des eaux
silencieux
j’écoute la respiration première
sacrée,
j’entends la muette rumeur
de la pensée enfouie.

Dans cet univers orphelin de parole
qui s’étend de la poussière terrestre
aux confins stellaires
je prends place
les yeux ouverts emplis d’un chant
sans sonorité.

Je le mets là, évidemment, mais je pense que c'est autre chose que de la poésie. C'est la puissance de l'âme du plus beau des damnés... Un départ, un constat, tiens ça me rappelle quelqu'un.... (sûrement un hommage, d'ailleurs ça me paraît évident maintenant, comme il est cité souvent ... Arthur Rimbaud, celui qui nous donne la permission d'être fou tout en étant lucide). Adieu ¯¯¯¯¯¯¯¯ L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons. L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère. Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort ! - Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée ! Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan ! Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi ? Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons. Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ? ¯¯¯¯¯¯¯¯ Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère. Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais ! Il faut être absolument moderne. Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes. Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps. Arthur Rimbaud
AnonymeIl y a 5 ans

Je le mets là, évidemment, mais je pense que c'est autre chose que de la poésie.
C'est la puissance de l'âme du plus beau des damnés...
Un départ, un constat, tiens ça me rappelle quelqu'un.... (sûrement un hommage, d'ailleurs ça me paraît évident maintenant, comme il est cité souvent ... Arthur Rimbaud, celui qui nous donne la permission d'être fou tout en étant lucide).

Adieu
¯¯¯¯¯¯¯¯

L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.

L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.

Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !

- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !

Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !

Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi ?

Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.

Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?

¯¯¯¯¯¯¯¯

Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.

Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.

Arthur Rimbaud

pour la disparition des nuages programmé par les scientifiques :( ... I am the daughter of Earth and Water, And the nursling of the Sky; I pass through the pores of the ocean and shores; I change, but I cannot die. ... ( extrait de The Cloud -Shelley) Le nuage Levez les yeux ! C’est moi qui passe sur vos têtes, Diaphane et léger, libre dans le ciel pur ; L’aile ouverte, attendant le souffle des tempêtes, Je plonge et nage en plein azur. Comme un mirage errant, je flotte et je voyage. Coloré par l’aurore et le soir tour à tour, Miroir aérien, je reflète au passage Les sourires changeants du jour. Le soleil me rencontre au bout de sa carrière Couché sur l’horizon dont j’enflamme le bord ; Dans mes flancs transparents le roi de la lumière Lance en fuyant ses flèches d’or. Quand la lune, écartant son cortège d’étoiles, Jette un regard pensif sur le monde endormi, Devant son front glacé je fais courir mes voiles, Ou je les soulève à demi. On croirait voir au loin une flotte qui sombre, Quand, d’un bond furieux fendant l’air ébranlé, L’ouragan sur ma proue inaccessible et sombre S’assied comme un pilote ailé. Dans les champs de l’éther je livre des batailles ; La ruine et la mort ne sont pour moi qu’un jeu. Je me charge de grêle, et porte en mes entrailles La foudre et ses hydres de feu. Sur le sol altéré je m’épanche en ondées. La terre rit ; je tiens sa vie entre mes mains. C’est moi qui gonfle, au sein des terres fécondées, L’épi qui nourrit les humains. Où j’ai passé, soudain tout verdit, tout pullule ; Le sillon que j’enivre enfante avec ardeur. Je suis onde et je cours, je suis sève et circule, Caché dans la source ou la fleur. Un fleuve me recueille, il m’emporte, et je coule Comme une veine au coeur des continents profonds. Sur les longs pays plats ma nappe se déroule, Ou s’engouffre à travers les monts. Rien ne m’arrête plus ; dans mon élan rapide J’obéis au courant, par le désir poussé, Et je vole à mon but comme un grand trait liquide Qu’un bras invisible a lancé. Océan, ô mon père ! Ouvre ton sein, j’arrive ! Tes flots tumultueux m’ont déjà répondu ; Ils accourent ; mon onde a reculé, craintive, Devant leur accueil éperdu. En ton lit mugissant ton amour nous rassemble. Autour des noirs écueils ou sur le sable fin Nous allons, confondus, recommencer ensemble Nos fureurs et nos jeux sans fin. Mais le soleil, baissant vers toi son oeil splendide, M’a découvert bientôt dans tes gouffres amers. Son rayon tout puissant baise mon front limpide : J’ai repris le chemin des airs ! Ainsi, jamais d’arrêt. L’immortelle matière Un seul instant encor n’a pu se reposer. La Nature ne fait, patiente ouvrière, Que dissoudre et recomposer. Tout se métamorphose entre ses mains actives ; Partout le mouvement incessant et divers, Dans le cercle éternel des formes fugitives, Agitant l’immense univers. Nice, 1871 Louise Ackermann, Poésies Philosophiques
Eléa Il y a 5 ans

pour la disparition des nuages programmé par les scientifiques

... I am the daughter of Earth and Water,
And the nursling of the Sky;
I pass through the pores of the ocean and shores;
I change, but I cannot die. ... ( extrait de The Cloud -Shelley)


Le nuage

Levez les yeux ! C’est moi qui passe sur vos têtes,
Diaphane et léger, libre dans le ciel pur ;
L’aile ouverte, attendant le souffle des tempêtes,
Je plonge et nage en plein azur.

Comme un mirage errant, je flotte et je voyage.
Coloré par l’aurore et le soir tour à tour,
Miroir aérien, je reflète au passage
Les sourires changeants du jour.

Le soleil me rencontre au bout de sa carrière
Couché sur l’horizon dont j’enflamme le bord ;
Dans mes flancs transparents le roi de la lumière
Lance en fuyant ses flèches d’or.

Quand la lune, écartant son cortège d’étoiles,
Jette un regard pensif sur le monde endormi,
Devant son front glacé je fais courir mes voiles,
Ou je les soulève à demi.

On croirait voir au loin une flotte qui sombre,
Quand, d’un bond furieux fendant l’air ébranlé,
L’ouragan sur ma proue inaccessible et sombre
S’assied comme un pilote ailé.

Dans les champs de l’éther je livre des batailles ;
La ruine et la mort ne sont pour moi qu’un jeu.
Je me charge de grêle, et porte en mes entrailles
La foudre et ses hydres de feu.

Sur le sol altéré je m’épanche en ondées.
La terre rit ; je tiens sa vie entre mes mains.
C’est moi qui gonfle, au sein des terres fécondées,
L’épi qui nourrit les humains.

Où j’ai passé, soudain tout verdit, tout pullule ;
Le sillon que j’enivre enfante avec ardeur.
Je suis onde et je cours, je suis sève et circule,
Caché dans la source ou la fleur.

Un fleuve me recueille, il m’emporte, et je coule
Comme une veine au coeur des continents profonds.
Sur les longs pays plats ma nappe se déroule,
Ou s’engouffre à travers les monts.

Rien ne m’arrête plus ; dans mon élan rapide
J’obéis au courant, par le désir poussé,
Et je vole à mon but comme un grand trait liquide
Qu’un bras invisible a lancé.

Océan, ô mon père ! Ouvre ton sein, j’arrive !
Tes flots tumultueux m’ont déjà répondu ;
Ils accourent ; mon onde a reculé, craintive,
Devant leur accueil éperdu.

En ton lit mugissant ton amour nous rassemble.
Autour des noirs écueils ou sur le sable fin
Nous allons, confondus, recommencer ensemble
Nos fureurs et nos jeux sans fin.

Mais le soleil, baissant vers toi son oeil splendide,
M’a découvert bientôt dans tes gouffres amers.
Son rayon tout puissant baise mon front limpide :
J’ai repris le chemin des airs !

Ainsi, jamais d’arrêt. L’immortelle matière
Un seul instant encor n’a pu se reposer.
La Nature ne fait, patiente ouvrière,
Que dissoudre et recomposer.

Tout se métamorphose entre ses mains actives ;
Partout le mouvement incessant et divers,
Dans le cercle éternel des formes fugitives,
Agitant l’immense univers.

Nice, 1871

Louise Ackermann, Poésies Philosophiques

https://www.youtube.com/watch?v=ZpKb5I6kxbM Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir. Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés, qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau. Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux, qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions. Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber. Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie. Frida Kahlo
AnonymeIl y a 5 ans


https://www.youtube.com/watch?v=ZpKb5I6kxbM



Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir.

Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés,
qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau.

Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux,
qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions.

Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber.

Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie.

Frida Kahlo

[quote="Meduse"]https://www.youtube.com/watch?v=ZpKb5I6kxbM Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir. Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés, qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau. Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux, qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions. Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber. Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie. Frida Kahlo[/quote] <3 c'est beau ça! :) c'est comme ça qu'il faut aimer et être aimé, j'adore, j'adhère!
suffragettes AB Il y a 5 ans


https://www.youtube.com/watch?v=ZpKb5I6kxbM



Tu mérites un amour décoiffant, qui te pousse à te lever rapidement le matin, et qui éloigne tous ces démons qui ne te laissent pas dormir.

Tu mérites un amour qui te fasse te sentir en sécurité, capable de décrocher la lune lors qu’il marche à tes côtés,
qui pense que tes bras sont parfaits pour sa peau.

Tu mérites un amour qui veuille danser avec toi, qui trouve le paradis chaque fois qu’il regarde dans tes yeux,
qui ne s’ennuie jamais de lire tes expressions.

Tu mérites un amour qui t’écoute quand tu chantes, qui te soutiens lorsque tu es ridicule, qui respecte ta liberté, qui t’accompagne dans ton vol, qui n’a pas peur de tomber.

Tu mérites un amour qui balayerait les mensonges et t’apporterait le rêve, le café et la poésie.

Frida Kahlo
@Meduse


<3
c'est beau ça!

c'est comme ça qu'il faut aimer et être aimé, j'adore, j'adhère!

Muere lentamente quien se transforma en esclavo del hábito, repitiendo todos los días los mismos trayectos, quien no cambia de marca. No arriesga vestir un color nuevo y no le habla a quien no conoce. Muere lentamente quien hace de la televisión su gurú. Muere lentamente quien evita una pasión, quien prefiere el negro sobre blanco y los puntos sobre las “íes” a un remolino de emociones, justamente las que rescatan el brillo de los ojos, sonrisas de los bostezos, corazones a los tropiezos y sentimientos. Muere lentamente quien no voltea la mesa cuando está infeliz en el trabajo, quien no arriesga lo cierto por lo incierto para ir detrás de un sueño, quien no se permite por lo menos una vez en la vida, huir de los consejos sensatos. Muere lentamente quien no viaja, quien no lee, quien no oye música, quien no encuentra gracia en si mismo. Muere lentamente quien destruye su amor propio, quien no se deja ayudar. Muere lentamente, quien pasa los días quejándose de su mala suerte o de la lluvia incesante. Muere lentamente, quien abandona un proyecto antes de iniciarlo, no preguntando de un asunto que desconoce o no respondiendo cuando le indagan sobre algo que sabe. Evitemos la muerte en suaves cuotas, recordando siempre que estar vivo exige un esfuerzo mucho mayor que el simple hecho de respirar. Solamente la ardiente paciencia hará que conquistemos una espléndida felicidad. Martha Medeiros
Sémiramis Il y a 4 ans

Muere lentamente
quien se transforma en esclavo del hábito,
repitiendo todos los días los mismos trayectos,
quien no cambia de marca.
No arriesga vestir un color nuevo y no le habla a quien no conoce.

Muere lentamente
quien hace de la televisión su gurú.

Muere lentamente
quien evita una pasión,
quien prefiere el negro sobre blanco
y los puntos sobre las “íes” a un remolino de emociones,
justamente las que rescatan el brillo de los ojos,
sonrisas de los bostezos,
corazones a los tropiezos y sentimientos.

Muere lentamente
quien no voltea la mesa cuando está infeliz en el trabajo,
quien no arriesga lo cierto por lo incierto para ir detrás de un sueño,
quien no se permite por lo menos una vez en la vida,
huir de los consejos sensatos.

Muere lentamente
quien no viaja,
quien no lee,
quien no oye música,
quien no encuentra gracia en si mismo.

Muere lentamente
quien destruye su amor propio,
quien no se deja ayudar.

Muere lentamente,
quien pasa los días quejándose de su mala suerte
o de la lluvia incesante.

Muere lentamente,
quien abandona un proyecto antes de iniciarlo,
no preguntando de un asunto que desconoce
o no respondiendo cuando le indagan sobre algo que sabe.

Evitemos la muerte en suaves cuotas,
recordando siempre que estar vivo exige un esfuerzo mucho mayor
que el simple hecho de respirar.
Solamente la ardiente paciencia hará que conquistemos
una espléndida felicidad.

Martha Medeiros

L'ORGIE PARISIENNE OU PARIS SE REPEUPLE Ô lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares ! Le soleil essuya de ses poumons ardents Les boulevards qu’un soir comblèrent les Barbares. Voilà la Cité sainte, assise à l’occident ! Allez ! on préviendra les reflux d’incendie, Voilà les quais, voilà les boulevards, voilà Les maisons sur l’azur léger qui s’irradie Et qu’un soir la rougeur des bombes étoila ! Cachez les palais morts dans des niches de planches ! L’ancien jour effaré rafraîchit vos regards. Voici le troupeau roux des tordeuses de hanches : Soyez fous, vous serez drôles, étant hagards ! Tas de chiennes en rut mangeant des cataplasmes, Le cri des maisons d’or vous réclame. Volez ! Mangez ! Voici la nuit de joie aux profonds spasmes Qui descend dans la rue. Ô buveurs désolés, Buvez ! Quand la lumière arrive intense et folle, Fouillant à vos côtés les luxes ruisselants, Vous n’allez pas baver, sans geste, sans parole, Dans vos verres, les yeux perdus aux lointains blancs ? Avalez, pour la Reine aux fesses cascadantes ! Ecoutez l’action des stupides hoquets Déchirants ! Ecoutez sauter aux nuits ardentes Les idiots râleux, vieillards, pantins, laquais ! Ô coeurs de saleté, bouches épouvantables, Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs ! Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables… Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs ! Ouvrez votre narine aux superbes nausées ! Trempez de poisons forts les cordes de vos cous ! Sur vos nuques d’enfants baissant ses mains croisées Le Poète vous dit : » Ô lâches, soyez fous ! Parce que vous fouillez le ventre de la Femme, Vous craignez d’elle encore une convulsion Qui crie, asphyxiant votre nichée infâme Sur sa poitrine, en une horrible pression. Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques, Qu’est-ce que ça peut faire à la putain Paris, Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ? Elle se secouera de vous, hargneux pourris ! Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles, Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus, La rouge courtisane aux seins gros de batailles Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus ! Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères, Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau, Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires Un peu de la bonté du fauve renouveau, Ô cité douloureuse, ô cité quasi morte, La tête et les deux seins jetés vers l’Avenir Ouvrant sur ta pâleur ses milliards de portes, Cité que le Passé sombre pourrait bénir : Corps remagnétisé pour les énormes peines, Tu rebois donc la vie effroyable ! tu sens Sourdre le flux des vers livides en tes veines, Et sur ton clair amour rôder les doigts glaçants ! Et ce n’est pas mauvais. Les vers, les vers livides Ne gêneront pas plus ton souffle de Progrès Que les Stryx n’éteignaient l’oeil des Cariatides Où des pleurs d’or astral tombaient des bleus degrés. » Quoique ce soit affreux de te revoir couverte, Ainsi ; quoiqu’on n’ait fait jamais d’une cité Ulcère plus puant à la Nature verte, Le Poète te dit : » Splendide est ta Beauté ! » L’orage t’a sacrée suprême poésie ; L’immense remuement des forces te secourt ; Ton oeuvre bout, la mort gronde, Cité choisie ! Amasse les strideurs au coeur du clairon sourd. Le Poète prendra le sanglot des Infâmes, La haine des Forçats, la clameur des Maudits ; Et ses rayons d’amour flagelleront les Femmes. Ses strophes bondiront : Voilà ! voilà ! bandits ! - Société, tout est rétabli : – les orgies Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars : Et les gaz en délire, aux murailles rougies, Flambent sinistrement vers les azurs blafards !
AnonymeIl y a 4 ans

L'ORGIE PARISIENNE OU PARIS SE REPEUPLE

Ô lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares !
Le soleil essuya de ses poumons ardents
Les boulevards qu’un soir comblèrent les Barbares.
Voilà la Cité sainte, assise à l’occident !

Allez ! on préviendra les reflux d’incendie,
Voilà les quais, voilà les boulevards, voilà
Les maisons sur l’azur léger qui s’irradie
Et qu’un soir la rougeur des bombes étoila !

Cachez les palais morts dans des niches de planches !
L’ancien jour effaré rafraîchit vos regards.
Voici le troupeau roux des tordeuses de hanches :
Soyez fous, vous serez drôles, étant hagards !

Tas de chiennes en rut mangeant des cataplasmes,
Le cri des maisons d’or vous réclame. Volez !
Mangez ! Voici la nuit de joie aux profonds spasmes
Qui descend dans la rue. Ô buveurs désolés,

Buvez ! Quand la lumière arrive intense et folle,
Fouillant à vos côtés les luxes ruisselants,
Vous n’allez pas baver, sans geste, sans parole,
Dans vos verres, les yeux perdus aux lointains blancs ?

Avalez, pour la Reine aux fesses cascadantes !
Ecoutez l’action des stupides hoquets
Déchirants ! Ecoutez sauter aux nuits ardentes
Les idiots râleux, vieillards, pantins, laquais !

Ô coeurs de saleté, bouches épouvantables,
Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs !
Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables…
Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs !

Ouvrez votre narine aux superbes nausées !
Trempez de poisons forts les cordes de vos cous !
Sur vos nuques d’enfants baissant ses mains croisées
Le Poète vous dit : » Ô lâches, soyez fous !

Parce que vous fouillez le ventre de la Femme,
Vous craignez d’elle encore une convulsion
Qui crie, asphyxiant votre nichée infâme
Sur sa poitrine, en une horrible pression.

Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques,
Qu’est-ce que ça peut faire à la putain Paris,
Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ?
Elle se secouera de vous, hargneux pourris !

Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles,
Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus,
La rouge courtisane aux seins gros de batailles
Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus !

Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères,
Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau,
Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires
Un peu de la bonté du fauve renouveau,

Ô cité douloureuse, ô cité quasi morte,
La tête et les deux seins jetés vers l’Avenir
Ouvrant sur ta pâleur ses milliards de portes,
Cité que le Passé sombre pourrait bénir :

Corps remagnétisé pour les énormes peines,
Tu rebois donc la vie effroyable ! tu sens
Sourdre le flux des vers livides en tes veines,
Et sur ton clair amour rôder les doigts glaçants !

Et ce n’est pas mauvais. Les vers, les vers livides
Ne gêneront pas plus ton souffle de Progrès
Que les Stryx n’éteignaient l’oeil des Cariatides
Où des pleurs d’or astral tombaient des bleus degrés. »

Quoique ce soit affreux de te revoir couverte,
Ainsi ; quoiqu’on n’ait fait jamais d’une cité
Ulcère plus puant à la Nature verte,
Le Poète te dit : » Splendide est ta Beauté ! »

L’orage t’a sacrée suprême poésie ;
L’immense remuement des forces te secourt ;
Ton oeuvre bout, la mort gronde, Cité choisie !
Amasse les strideurs au coeur du clairon sourd.

Le Poète prendra le sanglot des Infâmes,
La haine des Forçats, la clameur des Maudits ;
Et ses rayons d’amour flagelleront les Femmes.
Ses strophes bondiront : Voilà ! voilà ! bandits !

- Société, tout est rétabli : – les orgies
Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars :
Et les gaz en délire, aux murailles rougies,
Flambent sinistrement vers les azurs blafards !


Paris ville de lumière luttant pour sa flamme, toujours autant d'actualité.
Pelican bleu Il y a 4 ans

Paris ville de lumière luttant pour sa flamme, toujours autant d'actualité.

"Il faut être absolument moderne" <3 même sorti de son contexte J'ai envie de dire c'est à jamais gagné Mr Rimbaud
AnonymeIl y a 4 ans

"Il faut être absolument moderne"
<3 même sorti de son contexte
J'ai envie de dire c'est à jamais gagné Mr Rimbaud

[quote="Damnée"]"Il faut être absolument moderne" <3 même sorti de son contexte J'ai envie de dire c'est à jamais gagné Mr Rimbaud[/quote] C'est la force des grands de lettres....
Pelican bleu Il y a 4 ans

"Il faut être absolument moderne"
<3 même sorti de son contexte
J'ai envie de dire c'est à jamais gagné Mr Rimbaud
@Damnée

C'est la force des grands de lettres....

MATIN N'eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d'or, - trop de chance ! Par quel crime, par quelle erreur, ai-je mérité ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus m'expliquer que le mendiant avec ses continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler ! Pourtant, aujourd'hui, je crois avoir fini la relation de mon enfer. C'était bien l'enfer ; l'ancien, celui dont le fils de l'homme ouvrit les portes. Du même désert, à la même nuit, toujours mes yeux las se réveillent à l'étoile d'argent, toujours, sans que s'émeuvent les Rois de la vie, les trois mages, le coeur l'âme, l'esprit. Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer - les premiers ! - Noël sur la terre ! Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves, ne maudissons pas la vie.
AnonymeIl y a 4 ans

MATIN

N'eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d'or, - trop de chance ! Par quel crime, par quelle erreur, ai-je mérité ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus m'expliquer que le mendiant avec ses continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler !

Pourtant, aujourd'hui, je crois avoir fini la relation de mon enfer. C'était bien l'enfer ; l'ancien, celui dont le fils de l'homme ouvrit les portes.

Du même désert, à la même nuit, toujours mes yeux las se réveillent à l'étoile d'argent, toujours, sans que s'émeuvent les Rois de la vie, les trois mages, le coeur l'âme, l'esprit. Quand irons-nous, par delà les grèves et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition, adorer - les premiers ! - Noël sur la terre !

Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves, ne maudissons pas la vie.

Mâtin ! Pourquoi ai-je l'impression de voir quelqu'un tourner en rond désespérant atteindre le neuvième ciel ?
Ema Il y a 4 ans

Mâtin !
Pourquoi ai-je l'impression de voir quelqu'un tourner en rond désespérant atteindre le neuvième ciel ?

[b]Elle existe[/b] Voici la fragile Qui est ton amour. ‒ Grand Dieu, que l'argile Fait un beau séjour Dans l'ombre animée De ma bien-aimée. Voici la charnelle Qui est ton avoir. ‒ Bonjour, mon oiselle, Mon clair dans mon noir. Petite chandelle Des nuits éternelles. Voici ta rêvée, Chaude et achevée, Le cygne et l'insigne, La figue et la vigne, Voici ta réelle Pour des lits sans âge. Foule ton raisin De ventre et de seins, Mille tourterelles, O pulpe et feuillages ; Vas-y, réaliste ! ‒ Alors, elle existe ? [i]Géo Norge, Remuer ciel et terre, 1953[/i]
Sémiramis Il y a 4 ans

Elle existe

Voici la fragile
Qui est ton amour.
‒ Grand Dieu, que l'argile
Fait un beau séjour
Dans l'ombre animée
De ma bien-aimée.

Voici la charnelle
Qui est ton avoir.
‒ Bonjour, mon oiselle,
Mon clair dans mon noir.
Petite chandelle
Des nuits éternelles.

Voici ta rêvée,
Chaude et achevée,
Le cygne et l'insigne,
La figue et la vigne,
Voici ta réelle
Pour des lits sans âge.

Foule ton raisin
De ventre et de seins,
Mille tourterelles,
O pulpe et feuillages ;
Vas-y, réaliste !
‒ Alors, elle existe ?

Géo Norge, Remuer ciel et terre, 1953

[quote="Sémiramis"][b]Elle existe[/b] Voici la fragile Qui est ton amour. ‒ Grand Dieu, que l'argile Fait un beau séjour Dans l'ombre animée De ma bien-aimée. Voici la charnelle Qui est ton avoir. ‒ Bonjour, mon oiselle, Mon clair dans mon noir. Petite chandelle Des nuits éternelles. Voici ta rêvée, Chaude et achevée, Le cygne et l'insigne, La figue et la vigne, Voici ta réelle Pour des lits sans âge. Foule ton raisin De ventre et de seins, Mille tourterelles, O pulpe et feuillages ; Vas-y, réaliste ! ‒ Alors, elle existe ? [i]Géo Norge, Remuer ciel et terre, 1953[/i][/quote] <3
suffragettes AB Il y a 4 ans

Elle existe

Voici la fragile
Qui est ton amour.
‒ Grand Dieu, que l'argile
Fait un beau séjour
Dans l'ombre animée
De ma bien-aimée.

Voici la charnelle
Qui est ton avoir.
‒ Bonjour, mon oiselle,
Mon clair dans mon noir.
Petite chandelle
Des nuits éternelles.

Voici ta rêvée,
Chaude et achevée,
Le cygne et l'insigne,
La figue et la vigne,
Voici ta réelle
Pour des lits sans âge.

Foule ton raisin
De ventre et de seins,
Mille tourterelles,
O pulpe et feuillages ;
Vas-y, réaliste !
‒ Alors, elle existe ?

Géo Norge, Remuer ciel et terre, 1953


<3

Pays arbitraire La lumière a été inversée en mes yeux Je pénètre dans l'univers inclus En la virtualité des miroirs Penché aux balcons du temps J'écoute la chute lente du pollen glacide Qui tombe des nébuleuses Je marche dans la beauté stérile des paysages Je foule les dalles de la vallée des tombeaux Les rois sont endormis dans le cristal Maîtres du monde silencieux où s'élaborent les formes Les somnambules veillent sur le sanctuaire de l'île fermée Où éclosent les fleurs troubles du sommeil La rumeur lumineuse des jeunes étoiles me grise J'ai oublié la pesanteur Le moi tombe au fond de la mer Et la nuit éternelle reprend sa vigile ************ La Tribu de la Nuit Je n’ai plus d’ombre Je l’ai vendu à la nuit qui prend toute chose En échange de son secret La nuit qui n’est rien Obscurité Néant Il n’y a plus de corps plus de contours plus de choses plus de froid plus de chaleur Mais les choses de l’esprit sont partout Elles sont en moi et je les touche Je suis la nuit je suis les choses Chacune devenue infinie Toutes occupant l’espace Mes doigts de rêve jouent sur les touches de coton de l’orgue des ténèbres Je perçois la musique d’une lumière amortie Qui se prolonge dans les vibrations des volontés tendues dans l’espace Je m’isole jusqu’à n’être plus qu’Un Pour mieux comprendre l’Unité Pour comprendre Tout L’aimer de conscience pour tendre à l’existence universelle. - Stanislas Rodanski
Ame Mélancolique Il y a 4 ans

Pays arbitraire

La lumière a été inversée en mes yeux
Je pénètre dans l'univers inclus
En la virtualité des miroirs
Penché aux balcons du temps
J'écoute la chute lente du pollen glacide
Qui tombe des nébuleuses
Je marche dans la beauté stérile des paysages
Je foule les dalles de la vallée des tombeaux
Les rois sont endormis dans le cristal
Maîtres du monde silencieux où s'élaborent les formes
Les somnambules veillent sur le sanctuaire de l'île fermée
Où éclosent les fleurs troubles du sommeil
La rumeur lumineuse des jeunes étoiles me grise
J'ai oublié la pesanteur
Le moi tombe au fond de la mer
Et la nuit éternelle reprend sa vigile

************

La Tribu de la Nuit


Je n’ai plus d’ombre
Je l’ai vendu à la nuit qui prend toute chose
En échange de son secret
La nuit qui n’est rien
Obscurité
Néant
Il n’y a plus de corps plus de contours plus de choses plus de
froid plus de chaleur
Mais les choses de l’esprit sont partout
Elles sont en moi et je les touche
Je suis la nuit je suis les choses
Chacune devenue infinie
Toutes occupant l’espace
Mes doigts de rêve jouent sur les touches de coton de l’orgue
des ténèbres
Je perçois la musique d’une lumière amortie
Qui se prolonge dans les vibrations des volontés tendues dans
l’espace
Je m’isole jusqu’à n’être plus qu’Un
Pour mieux comprendre l’Unité
Pour comprendre Tout
L’aimer de conscience pour tendre à l’existence universelle.


- Stanislas Rodanski

[quote="Ame Mélancolique"]Pays arbitraire La lumière a été inversée en mes yeux Je pénètre dans l'univers inclus En la virtualité des miroirs Penché aux balcons du temps J'écoute la chute lente du pollen glacide Qui tombe des nébuleuses Je marche dans la beauté stérile des paysages Je foule les dalles de la vallée des tombeaux Les rois sont endormis dans le cristal Maîtres du monde silencieux où s'élaborent les formes Les somnambules veillent sur le sanctuaire de l'île fermée Où éclosent les fleurs troubles du sommeil La rumeur lumineuse des jeunes étoiles me grise J'ai oublié la pesanteur Le moi tombe au fond de la mer Et la nuit éternelle reprend sa vigile ************ La Tribu de la Nuit Je n’ai plus d’ombre Je l’ai vendu à la nuit qui prend toute chose En échange de son secret La nuit qui n’est rien Obscurité Néant Il n’y a plus de corps plus de contours plus de choses plus de froid plus de chaleur Mais les choses de l’esprit sont partout Elles sont en moi et je les touche Je suis la nuit je suis les choses Chacune devenue infinie Toutes occupant l’espace Mes doigts de rêve jouent sur les touches de coton de l’orgue des ténèbres Je perçois la musique d’une lumière amortie Qui se prolonge dans les vibrations des volontés tendues dans l’espace Je m’isole jusqu’à n’être plus qu’Un Pour mieux comprendre l’Unité Pour comprendre Tout L’aimer de conscience pour tendre à l’existence universelle. - Stanislas Rodanski[/quote] <3 merci pour la découverte, il est canon ce poète. "Connais-toi ta solitude Ma main de gloire joue sur les fils de la vierge La nuit est une grande lyre mélodieuse Ma musique brûle l’ombrage des arbres mortels Ma musique brûle d’accord avec l’eau J’apporte ma flamme au cœur de la glace Cristal silencieux de ma solitude Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages Je suis seul Au bord d’une mer de lait où nagent des poissons fraternels Mon sang perpétuel connaît sa profondeur Pour aimer il faut être deux L’amour est une grande solitude Étoile de mer la femme est une eau méditative Prisonnier des places des plaines multiples J’ai fui en moi le monde Bel espace restauré grandeur nature Le monde lieu commun Lieu humain Chacun son centre intime égal à l’un à l’autre Du pareil au même on va on vient Tels qu’en nous-mêmes en fin de quête La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux Et de s’y retrouver au fond du puits Puits de science intime Je suis si vaste d’être seul Je me croirai multiple Femme ton corps est une lune rousse Ta nuit une gelée blanche Ton corps de tous les jours est un matin Mais tu es toutes les pluies de la mer Et pour cela je t’aime Aimant la nuit." "Cendre de nuit Neige de vérité pure comme l’aimant de fer bleu Onde de l’aurore qui baigne une plage sainte ! Les temps sont venus où le temps s’oublie J’ai vécu de la chair des sourires J’ai bu la lumière que d’autres adorent Et le sable de ma vie s’est égoutté des régions profondes Mais au repli de moi-même d’un creux vierge et ignoré Sourd un murmure comme d’un lait premier coulant dans les ténèbres Un murmure d’au-delà comme la grande mer qui habitait mon être d’avant les époques Le flot mélodieux de la mort a ouvert mes yeux d’amour"
suffragettes AB Il y a 4 ans

Pays arbitraire

La lumière a été inversée en mes yeux
Je pénètre dans l'univers inclus
En la virtualité des miroirs
Penché aux balcons du temps
J'écoute la chute lente du pollen glacide
Qui tombe des nébuleuses
Je marche dans la beauté stérile des paysages
Je foule les dalles de la vallée des tombeaux
Les rois sont endormis dans le cristal
Maîtres du monde silencieux où s'élaborent les formes
Les somnambules veillent sur le sanctuaire de l'île fermée
Où éclosent les fleurs troubles du sommeil
La rumeur lumineuse des jeunes étoiles me grise
J'ai oublié la pesanteur
Le moi tombe au fond de la mer
Et la nuit éternelle reprend sa vigile

************

La Tribu de la Nuit


Je n’ai plus d’ombre
Je l’ai vendu à la nuit qui prend toute chose
En échange de son secret
La nuit qui n’est rien
Obscurité
Néant
Il n’y a plus de corps plus de contours plus de choses plus de
froid plus de chaleur
Mais les choses de l’esprit sont partout
Elles sont en moi et je les touche
Je suis la nuit je suis les choses
Chacune devenue infinie
Toutes occupant l’espace
Mes doigts de rêve jouent sur les touches de coton de l’orgue
des ténèbres
Je perçois la musique d’une lumière amortie
Qui se prolonge dans les vibrations des volontés tendues dans
l’espace
Je m’isole jusqu’à n’être plus qu’Un
Pour mieux comprendre l’Unité
Pour comprendre Tout
L’aimer de conscience pour tendre à l’existence universelle.


- Stanislas Rodanski


<3
merci pour la découverte, il est canon ce poète.

"Connais-toi ta solitude


Ma main de gloire joue sur les fils de la vierge
La nuit est une grande lyre mélodieuse
Ma musique brûle l’ombrage des arbres mortels
Ma musique brûle d’accord avec l’eau
J’apporte ma flamme au cœur de la glace
Cristal silencieux de ma solitude
Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages
Je suis seul
Au bord d’une mer de lait où nagent des poissons fraternels
Mon sang perpétuel connaît sa profondeur
Pour aimer il faut être deux
L’amour est une grande solitude
Étoile de mer la femme est une eau méditative
Prisonnier des places des plaines multiples
J’ai fui en moi le monde
Bel espace restauré grandeur nature
Le monde lieu commun
Lieu humain
Chacun son centre intime égal à l’un à l’autre
Du pareil au même on va on vient
Tels qu’en nous-mêmes en fin de quête
La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante
Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux
Et de s’y retrouver au fond du puits
Puits de science intime
Je suis si vaste d’être seul
Je me croirai multiple
Femme ton corps est une lune rousse
Ta nuit une gelée blanche
Ton corps de tous les jours est un matin
Mais tu es toutes les pluies de la mer
Et pour cela je t’aime
Aimant la nuit."

"Cendre de nuit

Neige de vérité
pure comme l’aimant de fer bleu
Onde de l’aurore qui baigne une plage sainte !
Les temps sont venus où le temps s’oublie

J’ai vécu de la chair des sourires
J’ai bu la lumière que d’autres adorent
Et le sable de ma vie s’est égoutté des régions profondes
Mais au repli de moi-même
d’un creux vierge et ignoré
Sourd un murmure comme d’un lait premier coulant dans les ténèbres
Un murmure d’au-delà comme la grande mer qui habitait mon être d’avant
les époques
Le flot mélodieux de la mort a ouvert mes yeux d’amour"

[quote="suffragettes AB"][quote="Ame Mélancolique"]Pays arbitraire La lumière a été inversée en mes yeux Je pénètre dans l'univers inclus En la virtualité des miroirs Penché aux balcons du temps J'écoute la chute lente du pollen glacide Qui tombe des nébuleuses Je marche dans la beauté stérile des paysages Je foule les dalles de la vallée des tombeaux Les rois sont endormis dans le cristal Maîtres du monde silencieux où s'élaborent les formes Les somnambules veillent sur le sanctuaire de l'île fermée Où éclosent les fleurs troubles du sommeil La rumeur lumineuse des jeunes étoiles me grise J'ai oublié la pesanteur Le moi tombe au fond de la mer Et la nuit éternelle reprend sa vigile ************ La Tribu de la Nuit Je n’ai plus d’ombre Je l’ai vendu à la nuit qui prend toute chose En échange de son secret La nuit qui n’est rien Obscurité Néant Il n’y a plus de corps plus de contours plus de choses plus de froid plus de chaleur Mais les choses de l’esprit sont partout Elles sont en moi et je les touche Je suis la nuit je suis les choses Chacune devenue infinie Toutes occupant l’espace Mes doigts de rêve jouent sur les touches de coton de l’orgue des ténèbres Je perçois la musique d’une lumière amortie Qui se prolonge dans les vibrations des volontés tendues dans l’espace Je m’isole jusqu’à n’être plus qu’Un Pour mieux comprendre l’Unité Pour comprendre Tout L’aimer de conscience pour tendre à l’existence universelle. - Stanislas Rodanski[/quote] <3 merci pour la découverte, il est canon ce poète. "Connais-toi ta solitude Ma main de gloire joue sur les fils de la vierge La nuit est une grande lyre mélodieuse Ma musique brûle l’ombrage des arbres mortels Ma musique brûle d’accord avec l’eau J’apporte ma flamme au cœur de la glace Cristal silencieux de ma solitude Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages Je suis seul Au bord d’une mer de lait où nagent des poissons fraternels Mon sang perpétuel connaît sa profondeur Pour aimer il faut être deux L’amour est une grande solitude Étoile de mer la femme est une eau méditative Prisonnier des places des plaines multiples J’ai fui en moi le monde Bel espace restauré grandeur nature Le monde lieu commun Lieu humain Chacun son centre intime égal à l’un à l’autre Du pareil au même on va on vient Tels qu’en nous-mêmes en fin de quête La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux Et de s’y retrouver au fond du puits Puits de science intime Je suis si vaste d’être seul Je me croirai multiple Femme ton corps est une lune rousse Ta nuit une gelée blanche Ton corps de tous les jours est un matin Mais tu es toutes les pluies de la mer Et pour cela je t’aime Aimant la nuit." "Cendre de nuit Neige de vérité pure comme l’aimant de fer bleu Onde de l’aurore qui baigne une plage sainte ! Les temps sont venus où le temps s’oublie J’ai vécu de la chair des sourires J’ai bu la lumière que d’autres adorent Et le sable de ma vie s’est égoutté des régions profondes Mais au repli de moi-même d’un creux vierge et ignoré Sourd un murmure comme d’un lait premier coulant dans les ténèbres Un murmure d’au-delà comme la grande mer qui habitait mon être d’avant les époques Le flot mélodieux de la mort a ouvert mes yeux d’amour"[/quote] Superbes que de belles découvertes...
Pelican bleu Il y a 4 ans

Pays arbitraire

La lumière a été inversée en mes yeux
Je pénètre dans l'univers inclus
En la virtualité des miroirs
Penché aux balcons du temps
J'écoute la chute lente du pollen glacide
Qui tombe des nébuleuses
Je marche dans la beauté stérile des paysages
Je foule les dalles de la vallée des tombeaux
Les rois sont endormis dans le cristal
Maîtres du monde silencieux où s'élaborent les formes
Les somnambules veillent sur le sanctuaire de l'île fermée
Où éclosent les fleurs troubles du sommeil
La rumeur lumineuse des jeunes étoiles me grise
J'ai oublié la pesanteur
Le moi tombe au fond de la mer
Et la nuit éternelle reprend sa vigile

************

La Tribu de la Nuit


Je n’ai plus d’ombre
Je l’ai vendu à la nuit qui prend toute chose
En échange de son secret
La nuit qui n’est rien
Obscurité
Néant
Il n’y a plus de corps plus de contours plus de choses plus de
froid plus de chaleur
Mais les choses de l’esprit sont partout
Elles sont en moi et je les touche
Je suis la nuit je suis les choses
Chacune devenue infinie
Toutes occupant l’espace
Mes doigts de rêve jouent sur les touches de coton de l’orgue
des ténèbres
Je perçois la musique d’une lumière amortie
Qui se prolonge dans les vibrations des volontés tendues dans
l’espace
Je m’isole jusqu’à n’être plus qu’Un
Pour mieux comprendre l’Unité
Pour comprendre Tout
L’aimer de conscience pour tendre à l’existence universelle.


- Stanislas Rodanski


<3
merci pour la découverte, il est canon ce poète.

"Connais-toi ta solitude


Ma main de gloire joue sur les fils de la vierge
La nuit est une grande lyre mélodieuse
Ma musique brûle l’ombrage des arbres mortels
Ma musique brûle d’accord avec l’eau
J’apporte ma flamme au cœur de la glace
Cristal silencieux de ma solitude
Libéré mon ombre mon reflet morts avec les feuillages
Je suis seul
Au bord d’une mer de lait où nagent des poissons fraternels
Mon sang perpétuel connaît sa profondeur
Pour aimer il faut être deux
L’amour est une grande solitude
Étoile de mer la femme est une eau méditative
Prisonnier des places des plaines multiples
J’ai fui en moi le monde
Bel espace restauré grandeur nature
Le monde lieu commun
Lieu humain
Chacun son centre intime égal à l’un à l’autre
Du pareil au même on va on vient
Tels qu’en nous-mêmes en fin de quête
La vérité nous baigne tout nus dans notre nudité rayonnante
Mille fois plus seul de se regarder dans les yeux
Et de s’y retrouver au fond du puits
Puits de science intime
Je suis si vaste d’être seul
Je me croirai multiple
Femme ton corps est une lune rousse
Ta nuit une gelée blanche
Ton corps de tous les jours est un matin
Mais tu es toutes les pluies de la mer
Et pour cela je t’aime
Aimant la nuit."

"Cendre de nuit

Neige de vérité
pure comme l’aimant de fer bleu
Onde de l’aurore qui baigne une plage sainte !
Les temps sont venus où le temps s’oublie

J’ai vécu de la chair des sourires
J’ai bu la lumière que d’autres adorent
Et le sable de ma vie s’est égoutté des régions profondes
Mais au repli de moi-même
d’un creux vierge et ignoré
Sourd un murmure comme d’un lait premier coulant dans les ténèbres
Un murmure d’au-delà comme la grande mer qui habitait mon être d’avant
les époques
Le flot mélodieux de la mort a ouvert mes yeux d’amour"

Superbes que de belles découvertes...

En effet, de bons choix :) Mettons un peu les femmes à l'honneur, quelques vers de Madeleine Novarina plus connue pour son art pictural que pour sa poésie : "Quand le loup regarde à la loupe Son féminin transparent La fourrure du désert blanc ondule Sous la vague sablière"
Sémiramis Il y a 4 ans

En effet, de bons choix

Mettons un peu les femmes à l'honneur, quelques vers de Madeleine Novarina plus connue pour son art pictural que pour sa poésie :

"Quand le loup regarde à la loupe
Son féminin transparent
La fourrure du désert blanc ondule
Sous la vague sablière"

le verbe dense et foisonnant de Desnos :), quelle imagination! https://www.lapoesie.org/robert-desnos/siramour/ "Coucher avec elle Pour le sommeil côte à côte Pour les rêves parallèles Pour la double respiration Coucher avec elle Pour l’ombre unique et surprenante Pour la même chaleur Pour la même solitude Coucher avec elle Pour l’aurore partagée Pour le minuit identique Pour les mêmes fantômes Coucher coucher avec elle Pour l’amour absolu Pour le vice, pour le vice Pour les baisers de toute espèce Coucher avec elle Pour un naufrage ineffable Pour se prouver et prouver vraiment Que jamais n’a pesé sur l’âme et le corps des amants Le mensonge d’une tache originelle" Robert Desnos
suffragettes AB Il y a 4 ans

le verbe dense et foisonnant de Desnos , quelle imagination!

https://www.lapoesie.org/robert-desnos/siramour/

"Coucher avec elle
Pour le sommeil côte à côte
Pour les rêves parallèles
Pour la double respiration

Coucher avec elle
Pour l’ombre unique et surprenante
Pour la même chaleur
Pour la même solitude

Coucher avec elle
Pour l’aurore partagée
Pour le minuit identique
Pour les mêmes fantômes

Coucher coucher avec elle

Pour l’amour absolu
Pour le vice, pour le vice
Pour les baisers de toute espèce

Coucher avec elle
Pour un naufrage ineffable
Pour se prouver et prouver vraiment
Que jamais n’a pesé sur l’âme et le corps des amants
Le mensonge d’une tache originelle"

Robert Desnos

Les Espaces du sommeil Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme. Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés. Il y a toi. Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l’assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier. Il y a toi. Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l’aube. Il y a toi. Un air de piano, un éclat de voix. Une porte claque. Un horloge. Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels. Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse. Il y a toi l’immolée, toi que j’attends. Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent. Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent et se fanent et renaissent comme des feux d’artifice charnus. Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures. Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne. Et l’âme palpable de l’étendue. Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d’il y a 2 000 ans et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers. Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde et des essieux qui grincent sur des routes médusantes. Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire. Mais qui, présente dans mes rêves, t’obstines à s’y laisser deviner sans y paraître. Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve. Toi qui m’appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion mais qui n’approches ton visage du mien que mes yeux clos aussi bien au rêve qu’à la réalité. Toi qu’en dépit d’un rhétorique facile où le flot meurt sur les plages, où la corneille vole dans des usines en ruines, où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb, Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses et qui me laisses ton gant quand je baise ta main. Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer, des fleuves, des forêts, des villes, des herbes, des poumons de millions et millions d’êtres. Dans la nuit il y a les merveilles du mondes. Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil. Dans la nuit il y a toi. Dans le jour aussi. Robert Desnos ****** J’ai vu Enfant de la nuit, je veille. Mes yeux grands ouvert ont contemplé le sommeil. L’orgue du Déluge a brûlé pour moi l’obscurité froide des mers. J’ai vu briller la plus sombre des vagues sur des villes endeuillés, des campagnes alarmées. J'ai vu naviguer les épaves du crépuscule, un fleuve à queue de cheval galoper librement dans le désert métallique des rues blanches. J’ai vu l’azur aux yeux de pierres dures semer la terreur dans la foulée attardé sur les boulevards. J’ai vu des pays carrelés de brumes, où des soldats perdaient le chemin de leur pas, où des exilés hantaient des bagnes murés de ruines. J’ai vu l’ombre des hommes découper des parois de larmes sur le brouillard sans écho de leur vie. J’ai vu certains m’aimer plus que leur femme, certains m’aimer moins que rien. J’ai vu mon visage rayonner de sang noir au clou d’une croix périmée. J'ai vu ma solitude où ne frémissait pas une feuille, ma main où ne coulait pas un fleuve. J’ai vu ma mère sur la scène d’un théâtre de corridors - où mourrait une étoile, où gémissait un roi aveugle, près de son enfant perdu. J’ai vu - je dis voir et je vois. Je suis couché dans la Nuit, sentinelle solitaire de l’aurore du monde. L’Orient partage avec moi le désespoir de faire un signal précoce, d’ensemencer de douleur et de révolte les champs de bataille. J’ai posé sur les plages humides du Déluge l’étoile rousse de mon abjection, Pour qu’enfin je reconnaisse en mon corps libre l’identité de mon éternelle passion. Que je sois enfin fraternel et non plus seul. Ô vous qui êtes mes ennemis parce que vous serez peut-être mes frères ! Nous sommes au déclin du mystère. L’arche de la pluie dérive sur le petit-lait d’un jour informulé. Nos vitres rincées sont bleues et profondément pénétrées de splendeurs fluviales. Le jour naît à la source des eaux, il coule de l’épaisseur opaque de notre nuit sans sillage. Avec la dernière étoile pâle la Montgolfière prodigieuse s’échappe très vite du chevet des montagnes radieuses. Le piano de la rosée égoutte ses arpèges dans les flaques du sommeil. Mais sur la dalle rayonnante du Tibet, la feuille blanche d’un jour a glissé en silence. Ô Toit du monde qui garde les calendes que je sais voir ! Orient Orient une femme se lèvera qui sera la nouvelle aurore des hommes. L’aigle naissant dans l’écume pour couronner l’amour perpétuel. Je suis couché dans l’asile d’une chambre d’ami, un homme dort à côté. Souvent je passe dans ses rêves, toujours j’y reconnais mon souci. Et pourtant nous communiquons péniblement, nous sommes loin dans le noyau organique de notre vie, que d’autres n’abordent pas. Je suis couché dans un chalet de montagne. Les perspectives de mes mains s’allongent et pâlissent, entre leurs lignes s’écoule ma chevelure. La moelle de mon échine est glacée car un torrent continue mon corps. Les glaciers sont crispés à ma gorge, la neige de mon coeur fond et me dépasse à l’horizon le plus obscur de ma veillée. La mer est loin, l’aube est proche de mon lit. Je suis couché dans un navire aux draps fantômes, portés par le Déluge il flotte sur les saisons les plus diverses Des ondes s’élargissent sur l’encre où je trempe ma plume inspirée. Des cités étranges se noient dans le flot noir qui nous entoure de son fluide sec et froid. - Stanislas Rodanski
Ame Mélancolique Il y a 4 ans

Les Espaces du sommeil

Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles
du monde et la grandeur et le tragique et le charme.
Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende
cachées dans les fourrés.
Il y a toi.
Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l’assassin
et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère
et celle de la lanterne du chiffonnier.
Il y a toi.
Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays
où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule
et les premiers frissons de l’aube.
Il y a toi.
Un air de piano, un éclat de voix.
Une porte claque. Un horloge.
Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels.
Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse.
Il y a toi l’immolée, toi que j’attends.
Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent.
Quand je ferme les yeux, des floraisons phosphorescentes apparaissent
et se fanent et renaissent comme des feux d’artifice charnus.
Des pays inconnus que je parcours en compagnie de créatures.
Il y a toi sans doute, ô belle et discrète espionne.
Et l’âme palpable de l’étendue.
Et les parfums du ciel et des étoiles et le chant du coq d’il y a 2 000 ans
et le cri du paon dans des parcs en flamme et des baisers.
Des mains qui se serrent sinistrement dans une lumière blafarde
et des essieux qui grincent sur des routes médusantes.
Il y a toi sans doute que je ne connais pas, que je connais au contraire.
Mais qui, présente dans mes rêves, t’obstines à s’y laisser deviner sans y paraître.
Toi qui restes insaisissable dans la réalité et dans le rêve.
Toi qui m’appartiens de par ma volonté de te posséder en illusion
mais qui n’approches ton visage du mien que mes yeux clos
aussi bien au rêve qu’à la réalité.
Toi qu’en dépit d’un rhétorique facile où le flot meurt sur les plages,
où la corneille vole dans des usines en ruines,
où le bois pourrit en craquant sous un soleil de plomb,
Toi qui es à la base de mes rêves et qui secoues mon esprit plein de métamorphoses
et qui me laisses ton gant quand je baise ta main.
Dans la nuit, il y a les étoiles et le mouvement ténébreux de la mer,
des fleuves, des forêts, des villes, des herbes,
des poumons de millions et millions d’êtres.
Dans la nuit il y a les merveilles du mondes.
Dans la nuit il n’y a pas d’anges gardiens mais il y a le sommeil.
Dans la nuit il y a toi.
Dans le jour aussi.

Robert Desnos


******

J’ai vu

Enfant de la nuit, je veille. Mes yeux grands ouvert ont contemplé le sommeil.
L’orgue du Déluge a brûlé pour moi l’obscurité froide des mers.
J’ai vu briller la plus sombre des vagues sur des villes endeuillés, des campagnes alarmées.
J'ai vu naviguer les épaves du crépuscule, un fleuve à queue de cheval galoper librement
dans le désert métallique des rues blanches.
J’ai vu l’azur aux yeux de pierres dures semer la terreur dans la foulée attardé sur les boulevards.

J’ai vu des pays carrelés de brumes, où des soldats perdaient le chemin de leur pas,
où des exilés hantaient des bagnes murés de ruines.
J’ai vu l’ombre des hommes découper des parois de larmes sur le brouillard sans écho de leur vie.
J’ai vu certains m’aimer plus que leur femme, certains m’aimer moins que rien.
J’ai vu mon visage rayonner de sang noir au clou d’une croix périmée.
J'ai vu ma solitude où ne frémissait pas une feuille, ma main où ne coulait pas un fleuve.
J’ai vu ma mère sur la scène d’un théâtre de corridors - où mourrait une étoile,
où gémissait un roi aveugle, près de son enfant perdu.

J’ai vu - je dis voir et je vois.

Je suis couché dans la Nuit, sentinelle solitaire de l’aurore du monde.
L’Orient partage avec moi le désespoir de faire un signal précoce,
d’ensemencer de douleur et de révolte les champs de bataille.
J’ai posé sur les plages humides du Déluge l’étoile rousse de mon abjection,
Pour qu’enfin je reconnaisse en mon corps libre l’identité de mon éternelle passion.
Que je sois enfin fraternel et non plus seul.

Ô vous qui êtes mes ennemis parce que vous serez peut-être mes frères !
Nous sommes au déclin du mystère. L’arche de la pluie dérive sur le petit-lait d’un jour informulé.
Nos vitres rincées sont bleues et profondément pénétrées de splendeurs fluviales.
Le jour naît à la source des eaux, il coule de l’épaisseur opaque de notre nuit sans sillage.
Avec la dernière étoile pâle la Montgolfière prodigieuse s’échappe très vite du chevet des montagnes radieuses.
Le piano de la rosée égoutte ses arpèges dans les flaques du sommeil.

Mais sur la dalle rayonnante du Tibet, la feuille blanche d’un jour a glissé en silence.
Ô Toit du monde qui garde les calendes que je sais voir !
Orient Orient une femme se lèvera qui sera la nouvelle aurore des hommes.
L’aigle naissant dans l’écume pour couronner l’amour perpétuel.
Je suis couché dans l’asile d’une chambre d’ami, un homme dort à côté.
Souvent je passe dans ses rêves, toujours j’y reconnais mon souci.
Et pourtant nous communiquons péniblement,
nous sommes loin dans le noyau organique de notre vie, que d’autres n’abordent pas.

Je suis couché dans un chalet de montagne.
Les perspectives de mes mains s’allongent et pâlissent, entre leurs lignes s’écoule ma chevelure.
La moelle de mon échine est glacée car un torrent continue mon corps.
Les glaciers sont crispés à ma gorge, la neige de mon coeur fond et me dépasse
à l’horizon le plus obscur de ma veillée. La mer est loin, l’aube est proche de mon lit.

Je suis couché dans un navire aux draps fantômes,
portés par le Déluge il flotte sur les saisons les plus diverses
Des ondes s’élargissent sur l’encre où je trempe ma plume inspirée.
Des cités étranges se noient dans le flot noir qui nous entoure de son fluide sec et froid.

- Stanislas Rodanski

LE BAZAR C’est un bazar, au bout des faubourgs rouges : Étalages bondés, éventaires ventrus. Tumulte et cris brandis, gestes bourrus et crus, Et lettres d’or, qui soudain bougent, En torsades, sur la façade. Chaque matin, on vend, en ce bazar, Parmi les épices, les fards Et les drogues omnipotentes, À bon marché, pour quelques sous, Les diamants dissous De la rosée immense et éclatante. Le soir, à prix numéroté, Avec le désir noir de trafiquer de la pureté, On y brocante le soleil Que toutes les vagues de la mer claire Lavent, entre leurs doigts vermeils, Aux horizons auréolaires. C’est un bazar, avec des murs géants Et des balcons et des sous-sols béants Et des tympans montés sur des corniches Et des drapeaux et des affiches, Où deux clowns noirs plument un ange. À travers boue, à travers fange, Roulent, la nuit vers le bazar, Les chars, les camions et les fardiers, Qui s’en reviennent des usines Voisines, Des cimetières et des charniers, Avec un tel poids noir de cargaisons, Que le sol bouge et les maisons. On met au clair à certains jours, En de vaines et frivoles boutiques, Ce que l’humanité des temps antiques Croyait divinement être l’amour ; Aussi les Dieux et leur beauté Et l’effrayant aspect de leur éternité Et leurs yeux d’or et leurs mythes et leurs emblèmes Et des livres qui les blasphèment. Toutes ardeurs, tous souvenirs, toutes prières Sont là, sur des étals, et s’empoussièrent. Des mots qui renfermaient l’âme du monde Et que les prêtres seuls disaient au nom de tous, Sont charriés et ballottés, dans la faconde Des camelots et des voyous. L’immensité se serre en des armoires Dérisoires et rayonne de plaies Et le sens même de la gloire Se définit par des monnaies. Lettres jusques au ciel, lettres en or qui bouge, C’est un bazar au bout des faubourgs rouges ! La foule et ses flots noirs S’y bouscule près des comptoirs ; La foule et ses désirs multipliés, Par centaines et par milliers, Y tourne, y monte, au long des escaliers, Et s’érige folle et sauvage, En spirale, vers les étages. Là haut, c’est la pensée Immortelle, mais convulsée, Avec ses triomphes et ses surprises, Qu’à la hâte on expertise. Tous ceux dont le cerveau S’enflamme aux feux des problèmes nouveaux, Tous les chercheurs qui se fixent pour cible Le front d’airain de l’impossible Et le cassent, pour que les découvertes S’en échappent, ailes ouvertes, Sont là gauches, fiévreux, distraits, Dupes des gens qui les renient Mais utilisent leur génie, Et font argent de leurs secrets. Oh ! les Edens, là-bas, au bout du monde, Avec des arbres purs à leurs sommets, Que ces voyants des lois profondes Ont exploré pour à jamais, Sans se douter qu’ils sont les Dieux. Oh ! leur ardeur à recréer la vie, Selon la foi qu’ils ont en eux Et la douceur et la bonté de leurs grands yeux, Quand, revenus de l’inconnu Vers les hommes, d’où ils s’érigent, On leur vole ce qui leur reste aux mains De vérité conquise et de destin. C’est un bazar tout en vertiges Que bat, continûment, la foule, avec ses houles Et ses vagues d’argent et d’or ; C’est un bazar tout en décors, Avec des tours de feux et des lumières, Si large et haut que, dans la nuit, Il apparaît la bête éclatante de bruit Qui monte épouvanter le silence stellaire. - Emile Verhaeren, les Viles tentaculaires.
Ame Mélancolique Il y a 4 ans


LE BAZAR

C’est un bazar, au bout des faubourgs rouges :
Étalages bondés, éventaires ventrus.
Tumulte et cris brandis, gestes bourrus et crus,
Et lettres d’or, qui soudain bougent,
En torsades, sur la façade.

Chaque matin, on vend, en ce bazar,
Parmi les épices, les fards
Et les drogues omnipotentes,
À bon marché, pour quelques sous,
Les diamants dissous
De la rosée immense et éclatante.

Le soir, à prix numéroté,
Avec le désir noir de trafiquer de la pureté,
On y brocante le soleil
Que toutes les vagues de la mer claire
Lavent, entre leurs doigts vermeils,
Aux horizons auréolaires.

C’est un bazar, avec des murs géants
Et des balcons et des sous-sols béants
Et des tympans montés sur des corniches
Et des drapeaux et des affiches,
Où deux clowns noirs plument un ange.

À travers boue, à travers fange,
Roulent, la nuit vers le bazar,
Les chars, les camions et les fardiers,
Qui s’en reviennent des usines
Voisines,
Des cimetières et des charniers,
Avec un tel poids noir de cargaisons,
Que le sol bouge et les maisons.

On met au clair à certains jours,
En de vaines et frivoles boutiques,
Ce que l’humanité des temps antiques
Croyait divinement être l’amour ;
Aussi les Dieux et leur beauté
Et l’effrayant aspect de leur éternité
Et leurs yeux d’or et leurs mythes et leurs emblèmes
Et des livres qui les blasphèment.

Toutes ardeurs, tous souvenirs, toutes prières
Sont là, sur des étals, et s’empoussièrent.
Des mots qui renfermaient l’âme du monde
Et que les prêtres seuls disaient au nom de tous,
Sont charriés et ballottés, dans la faconde
Des camelots et des voyous.
L’immensité se serre en des armoires
Dérisoires et rayonne de plaies
Et le sens même de la gloire
Se définit par des monnaies.

Lettres jusques au ciel, lettres en or qui bouge,

C’est un bazar au bout des faubourgs rouges !
La foule et ses flots noirs
S’y bouscule près des comptoirs ;
La foule et ses désirs multipliés,
Par centaines et par milliers,
Y tourne, y monte, au long des escaliers,
Et s’érige folle et sauvage,
En spirale, vers les étages.

Là haut, c’est la pensée
Immortelle, mais convulsée,
Avec ses triomphes et ses surprises,
Qu’à la hâte on expertise.
Tous ceux dont le cerveau
S’enflamme aux feux des problèmes nouveaux,
Tous les chercheurs qui se fixent pour cible
Le front d’airain de l’impossible
Et le cassent, pour que les découvertes
S’en échappent, ailes ouvertes,
Sont là gauches, fiévreux, distraits,
Dupes des gens qui les renient
Mais utilisent leur génie,

Et font argent de leurs secrets.

Oh ! les Edens, là-bas, au bout du monde,
Avec des arbres purs à leurs sommets,
Que ces voyants des lois profondes
Ont exploré pour à jamais,
Sans se douter qu’ils sont les Dieux.
Oh ! leur ardeur à recréer la vie,
Selon la foi qu’ils ont en eux
Et la douceur et la bonté de leurs grands yeux,
Quand, revenus de l’inconnu
Vers les hommes, d’où ils s’érigent,
On leur vole ce qui leur reste aux mains
De vérité conquise et de destin.

C’est un bazar tout en vertiges
Que bat, continûment, la foule, avec ses houles
Et ses vagues d’argent et d’or ;
C’est un bazar tout en décors,
Avec des tours de feux et des lumières,
Si large et haut que, dans la nuit,
Il apparaît la bête éclatante de bruit
Qui monte épouvanter le silence stellaire.

- Emile Verhaeren, les Viles tentaculaires.

[b]La guerre au Luxembourg[/b] Une deux une deux Et tout ira bien... Ils chantaient Un blessé battait la mesure avec sa béquille Sous le bandeau son œil Le sourire du Luxembourg Et les fumées des usines de munitions Au-dessus des frondaisons d'or Pâle automne fin d'été On ne peut rien oublier Il n'y a que les petits enfants qui jouent à la guerre La Somme Verdun Mon grand frère est aux Dardanelles Comme c'est beau Un fusil MOI! Cris voix flûtées Cris MOI! Les mains se tendent Je ressemble à papa On a aussi des canons Une fillette fait le cycliste MOI! Un dada caracole Dans le bassin les flottilles s'entre-croisent Le méridien de Paris est dans le jet d'eau On part à l'assaut du garde qui seul a un sabre authentique Et on le tue à force de rire Sur les palmiers encaissés le soleil pend Médaille Militaire On applaudit le dirigeable qui passe du côté de la Tour Eiffel Puis on relève les morts Tout le monde veut en être Ou tout au moins blessé ROUGE Coupe coupe Coupe le bras coupe la tête BLANC On donne tout Croix-Rouge BLEU Les infirmières ont 6 ans Leur cœur est plein d'émotion On enlève les yeux aux poupées pour réparer les aveugles J'y vois! j'y vois Ceux qui faisaient les Turcs sont maintenant brancardiers Et ceux qui faisaient les morts ressuscitent pour assister à la merveilleuse opération A présent on consulte les journaux illustrés Les photographies Les photographies On se souvient de ce que l'on a vu au cinéma Ça devient plus sérieux On crie et l'on cogne mieux que Guignol Et au plus fort de la mêlée Chaud chaudes Tout le monde se sauve pour aller manger les gaufres Elles sont prêtes. Il est cinq heures. Les grilles se ferment. On rentre. Il fait soir. On attend le zeppelin qui ne vient pas Las Les yeux aux fusées des étoiles Tandis que les bonnes vous tirent par la main Et que les mamans trébuchent sur les grandes automobiles d'ombre Le lendemain ou un autre jour Il y a une tranchée dans le tas de sable Il y a un petit bois dans le tas de sable Des villes Une maison Tout le pays La Mer Et peut-être bien la mer L'artillerie improvisée tourne autour des barbelés imaginaires Un cerf-volant rapide comme un avion de chasse Les arbres se dégonflent et les feuilles tombent par-dessus bord et tournent en parachute Les 3 veines du drapeau se gonflent à chaque coup de l'obusier du vent Tu ne seras pas emportée petite arche de sable Enfants prodiges, plus que les ingénieurs On joue en riant au tank aux gaz-asphyxiants au sous-marin-devant-new-york-qui-ne-peut-pas-passer Je suis Australien, tu es nègre, il se lave pour faire la-vie-des-soldats-anglais-en-belgique Casquette russe Légion d'honneur en chocolat vaut 3 boutons d'uniforme Voilà le général qui passe Une petite fille dit : J'aime beaucoup ma nouvelle maman américaine Et un petit garçon : — Non pas Jules Verne mais achète-moi encore le beau communiqué du dimanche A PARIS Le jour de la Victoire quand les soldats reviendront.. Tout le monde voudra LES voir Le soleil ouvrira de bonne heure comme un marchand de nougat un jour de fête Il fera printemps au Bois de Boulogne ou du côté de Meudon Toutes les automobiles seront parfumées et les pauvres chevaux mangeront des fleurs Aux fenêtres les petites orphelines de la guerre auront toutes une belle robe patriotique Sur les marronniers des boulevards les photographes à califourchon braqueront leur œil à déclic On fera cercle autour de l'opérateur du cinéma qui mieux qu'un mangeur de serpents engloutira le cortège historique Dans l'après-midi Les blessés accrocheront leurs Médailles à l'Arc-de-Triomphe et rentreront à la maison sans boiter Puis Le soir La place de l'Étoile montera au ciel Le Dôme des Invalides chantera sur Paris comme une immense cloche d'or *** [b]Au centre du monde [/b] Ce ciel de Paris est plus pur qu'un ciel d'hiver lucide de froid Jamais je ne vis de nuits plus sidérales et plus touffues que ce printemps Où les arbres des boulevards sont comme les ombres du ciel, Frondaisons dans les rivières mêlées aux oreilles d'éléphant, Feuilles de platanes, lourds marronniers. Un nénuphar sur la Seine, c'est la lune au fond de l'eau La Voie Lactée dans le ciel se pâme sur Paris et l'étreint Folle et nue et renversée, sa bouche suce Notre-Dame. La Grande Ourse et la Petite Ourse grognent autour de Saint-Merry. Ma main coupée brille au ciel dans la constellation d'Orion. Dans cette lumière froide et crue, tremblotante, plus qu'irréelle, Paris est comme l'image refroidie d'une plante Qui réapparaît dans sa cendre. Triste simulacre. Tirées au cordeau et sans âge, les maisons et les rues ne sont Que pierre et fer en tas dans un désert invraisemblable. Babylone et la Thébaïde ne sont pas plus mortes, cette nuit, que la ville morte de Paris Bleue et verte, encre et goudron, ses arêtes blanchies aux étoiles. Pas un bruit. Pas un passant. C'est le lourd silence de guerre. Mon oeil va des pissotières à l'œil violet des réverbères. C'est le seul espace éclairé où traîner mon inquiétude. C'est ainsi que tous les soirs je traverse tout Paris à pied Des Batignolles au Quartier Latin comme je traverserai les Andes Sous les feux de nouvelles étoiles, plus grandes et plus consternantes, La Croix du Sud plus prodigieuse à chaque pas que l'on fait vers elle émergeant de l'ancien monde Sur son nouveau continent. Je suis l'homme qui n'a plus de passé. — Seul mon moignon me fait mal. — J'ai loué une chambre d'hôtel pour être bien seul avec moi-même. J'ai un panier d'osier tout neuf qui s'emplit de mes manuscrits. Je n'ai ni livres ni tableau, aucun bibelot esthétique. Un journal traîne sur ma table. Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace dépolie, Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des ballons et une petite trompette d'enfant : Je travaille à la fin du monde. Blaise Cendrars
Sémiramis Il y a 4 ans

La guerre au Luxembourg

Une deux une deux
Et tout ira bien...
Ils chantaient
Un blessé battait la mesure avec sa béquille
Sous le bandeau son œil
Le sourire du
Luxembourg
Et les fumées des usines de munitions
Au-dessus des frondaisons d'or
Pâle automne fin d'été
On ne peut rien oublier
Il n'y a que les petits enfants qui jouent à la guerre
La Somme
Verdun
Mon grand frère est aux Dardanelles
Comme c'est beau
Un fusil
MOI!
Cris voix flûtées
Cris
MOI!
Les mains se tendent
Je ressemble à papa
On a aussi des canons
Une fillette fait le cycliste
MOI!
Un dada caracole
Dans le bassin les flottilles s'entre-croisent
Le méridien de
Paris est dans le jet d'eau
On part à l'assaut du garde qui seul a un sabre authentique
Et on le tue à force de rire
Sur les palmiers encaissés le soleil pend
Médaille
Militaire
On applaudit le dirigeable qui passe du côté de la Tour Eiffel
Puis on relève les morts
Tout le monde veut en être
Ou tout au moins blessé
ROUGE
Coupe coupe
Coupe le bras coupe la tête
BLANC
On donne tout
Croix-Rouge
BLEU
Les infirmières ont 6 ans
Leur cœur est plein d'émotion
On enlève les yeux aux poupées pour réparer les aveugles
J'y vois! j'y vois
Ceux qui faisaient les
Turcs sont maintenant brancardiers
Et ceux qui faisaient les morts ressuscitent pour assister à la merveilleuse opération
A présent on consulte les journaux illustrés
Les photographies
Les photographies
On se souvient de ce que l'on a vu au cinéma
Ça devient plus sérieux
On crie et l'on cogne mieux que
Guignol
Et au plus fort de la mêlée
Chaud chaudes
Tout le monde se sauve pour aller manger les gaufres
Elles sont prêtes.
Il est cinq heures.
Les grilles se ferment.
On rentre.
Il fait soir.
On attend le zeppelin qui ne vient pas
Las
Les yeux aux fusées des étoiles
Tandis que les bonnes vous tirent par la main
Et que les mamans trébuchent sur les grandes automobiles d'ombre
Le lendemain ou un autre jour
Il y a une tranchée dans le tas de sable
Il y a un petit bois dans le tas de sable
Des villes
Une maison
Tout le pays
La
Mer
Et peut-être bien la mer
L'artillerie improvisée tourne autour des barbelés imaginaires
Un cerf-volant rapide comme un avion de chasse
Les arbres se dégonflent et les feuilles tombent par-dessus bord et tournent en parachute
Les 3 veines du drapeau se gonflent à chaque coup de l'obusier du vent
Tu ne seras pas emportée petite arche de sable
Enfants prodiges, plus que les ingénieurs
On joue en riant au tank aux gaz-asphyxiants au sous-marin-devant-new-york-qui-ne-peut-pas-passer
Je suis
Australien, tu es nègre, il se lave pour faire la-vie-des-soldats-anglais-en-belgique
Casquette russe
Légion d'honneur en chocolat vaut 3 boutons d'uniforme
Voilà le général qui passe
Une petite fille dit :
J'aime beaucoup ma nouvelle maman américaine
Et un petit garçon : — Non pas Jules Verne mais achète-moi encore le beau communiqué du dimanche
A
PARIS
Le jour de la
Victoire quand les soldats reviendront..
Tout le monde voudra
LES voir
Le soleil ouvrira de bonne heure comme un marchand
de nougat un jour de fête
Il fera printemps au
Bois de
Boulogne ou du côté de
Meudon
Toutes les automobiles seront parfumées et les pauvres chevaux mangeront des fleurs
Aux fenêtres les petites orphelines de la guerre auront toutes une belle robe patriotique
Sur les marronniers des boulevards les photographes à califourchon braqueront leur œil à déclic
On fera cercle autour de l'opérateur du cinéma qui mieux qu'un mangeur de serpents engloutira le cortège historique
Dans l'après-midi
Les blessés accrocheront leurs
Médailles à l'Arc-de-Triomphe et rentreront à la maison sans boiter
Puis
Le soir
La place de l'Étoile montera au ciel
Le
Dôme des
Invalides chantera sur
Paris comme une immense cloche d'or

***

Au centre du monde

Ce ciel de Paris est plus pur qu'un ciel d'hiver lucide de froid

Jamais je ne vis de nuits plus sidérales et plus touffues que ce printemps

Où les arbres des boulevards sont comme les ombres du ciel,

Frondaisons dans les rivières mêlées aux oreilles d'éléphant,

Feuilles de platanes, lourds marronniers.

Un nénuphar sur la
Seine, c'est la lune au fond de l'eau
La
Voie
Lactée dans le ciel se pâme sur
Paris et l'étreint
Folle et nue et renversée, sa bouche suce
Notre-Dame.
La
Grande
Ourse et la
Petite
Ourse grognent autour de
Saint-Merry.
Ma main coupée brille au ciel dans la constellation d'Orion.

Dans cette lumière froide et crue, tremblotante, plus qu'irréelle,
Paris est comme l'image refroidie d'une plante
Qui réapparaît dans sa cendre.
Triste simulacre.

Tirées au cordeau et sans âge, les maisons et les rues ne sont
Que pierre et fer en tas dans un désert invraisemblable.
Babylone et la Thébaïde ne sont pas plus mortes, cette nuit, que la ville morte de Paris
Bleue et verte, encre et goudron, ses arêtes blanchies aux étoiles.

Pas un bruit.
Pas un passant.
C'est le lourd silence de guerre.
Mon oeil va des pissotières à l'œil violet des réverbères.
C'est le seul espace éclairé où traîner mon inquiétude.
C'est ainsi que tous les soirs je traverse tout Paris à pied
Des Batignolles au Quartier Latin comme je traverserai les
Andes
Sous les feux de nouvelles étoiles, plus grandes et plus consternantes,
La Croix du Sud plus prodigieuse à chaque pas que l'on fait vers elle émergeant de l'ancien monde
Sur son nouveau continent.

Je suis l'homme qui n'a plus de passé. — Seul mon moignon me fait mal. —
J'ai loué une chambre d'hôtel pour être bien seul avec moi-même.
J'ai un panier d'osier tout neuf qui s'emplit de mes manuscrits.
Je n'ai ni livres ni tableau, aucun bibelot esthétique.

Un journal traîne sur ma table.

Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace dépolie,
Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des ballons et une petite trompette d'enfant :
Je travaille à la fin du monde.

Blaise Cendrars

[quote="Sémiramis"][b]La guerre au Luxembourg[/b] Une deux une deux Et tout ira bien... Ils chantaient Un blessé battait la mesure avec sa béquille Sous le bandeau son œil Le sourire du Luxembourg Et les fumées des usines de munitions Au-dessus des frondaisons d'or Pâle automne fin d'été On ne peut rien oublier Il n'y a que les petits enfants qui jouent à la guerre La Somme Verdun Mon grand frère est aux Dardanelles Comme c'est beau Un fusil MOI! Cris voix flûtées Cris MOI! Les mains se tendent Je ressemble à papa On a aussi des canons Une fillette fait le cycliste MOI! Un dada caracole Dans le bassin les flottilles s'entre-croisent Le méridien de Paris est dans le jet d'eau On part à l'assaut du garde qui seul a un sabre authentique Et on le tue à force de rire Sur les palmiers encaissés le soleil pend Médaille Militaire On applaudit le dirigeable qui passe du côté de la Tour Eiffel Puis on relève les morts Tout le monde veut en être Ou tout au moins blessé ROUGE Coupe coupe Coupe le bras coupe la tête BLANC On donne tout Croix-Rouge BLEU Les infirmières ont 6 ans Leur cœur est plein d'émotion On enlève les yeux aux poupées pour réparer les aveugles J'y vois! j'y vois Ceux qui faisaient les Turcs sont maintenant brancardiers Et ceux qui faisaient les morts ressuscitent pour assister à la merveilleuse opération A présent on consulte les journaux illustrés Les photographies Les photographies On se souvient de ce que l'on a vu au cinéma Ça devient plus sérieux On crie et l'on cogne mieux que Guignol Et au plus fort de la mêlée Chaud chaudes Tout le monde se sauve pour aller manger les gaufres Elles sont prêtes. Il est cinq heures. Les grilles se ferment. On rentre. Il fait soir. On attend le zeppelin qui ne vient pas Las Les yeux aux fusées des étoiles Tandis que les bonnes vous tirent par la main Et que les mamans trébuchent sur les grandes automobiles d'ombre Le lendemain ou un autre jour Il y a une tranchée dans le tas de sable Il y a un petit bois dans le tas de sable Des villes Une maison Tout le pays La Mer Et peut-être bien la mer L'artillerie improvisée tourne autour des barbelés imaginaires Un cerf-volant rapide comme un avion de chasse Les arbres se dégonflent et les feuilles tombent par-dessus bord et tournent en parachute Les 3 veines du drapeau se gonflent à chaque coup de l'obusier du vent Tu ne seras pas emportée petite arche de sable Enfants prodiges, plus que les ingénieurs On joue en riant au tank aux gaz-asphyxiants au sous-marin-devant-new-york-qui-ne-peut-pas-passer Je suis Australien, tu es nègre, il se lave pour faire la-vie-des-soldats-anglais-en-belgique Casquette russe Légion d'honneur en chocolat vaut 3 boutons d'uniforme Voilà le général qui passe Une petite fille dit : J'aime beaucoup ma nouvelle maman américaine Et un petit garçon : — Non pas Jules Verne mais achète-moi encore le beau communiqué du dimanche A PARIS Le jour de la Victoire quand les soldats reviendront.. Tout le monde voudra LES voir Le soleil ouvrira de bonne heure comme un marchand de nougat un jour de fête Il fera printemps au Bois de Boulogne ou du côté de Meudon Toutes les automobiles seront parfumées et les pauvres chevaux mangeront des fleurs Aux fenêtres les petites orphelines de la guerre auront toutes une belle robe patriotique Sur les marronniers des boulevards les photographes à califourchon braqueront leur œil à déclic On fera cercle autour de l'opérateur du cinéma qui mieux qu'un mangeur de serpents engloutira le cortège historique Dans l'après-midi Les blessés accrocheront leurs Médailles à l'Arc-de-Triomphe et rentreront à la maison sans boiter Puis Le soir La place de l'Étoile montera au ciel Le Dôme des Invalides chantera sur Paris comme une immense cloche d'or *** [b]Au centre du monde [/b] Ce ciel de Paris est plus pur qu'un ciel d'hiver lucide de froid Jamais je ne vis de nuits plus sidérales et plus touffues que ce printemps Où les arbres des boulevards sont comme les ombres du ciel, Frondaisons dans les rivières mêlées aux oreilles d'éléphant, Feuilles de platanes, lourds marronniers. Un nénuphar sur la Seine, c'est la lune au fond de l'eau La Voie Lactée dans le ciel se pâme sur Paris et l'étreint Folle et nue et renversée, sa bouche suce Notre-Dame. La Grande Ourse et la Petite Ourse grognent autour de Saint-Merry. Ma main coupée brille au ciel dans la constellation d'Orion. Dans cette lumière froide et crue, tremblotante, plus qu'irréelle, Paris est comme l'image refroidie d'une plante Qui réapparaît dans sa cendre. Triste simulacre. Tirées au cordeau et sans âge, les maisons et les rues ne sont Que pierre et fer en tas dans un désert invraisemblable. Babylone et la Thébaïde ne sont pas plus mortes, cette nuit, que la ville morte de Paris Bleue et verte, encre et goudron, ses arêtes blanchies aux étoiles. Pas un bruit. Pas un passant. C'est le lourd silence de guerre. Mon oeil va des pissotières à l'œil violet des réverbères. C'est le seul espace éclairé où traîner mon inquiétude. C'est ainsi que tous les soirs je traverse tout Paris à pied Des Batignolles au Quartier Latin comme je traverserai les Andes Sous les feux de nouvelles étoiles, plus grandes et plus consternantes, La Croix du Sud plus prodigieuse à chaque pas que l'on fait vers elle émergeant de l'ancien monde Sur son nouveau continent. Je suis l'homme qui n'a plus de passé. — Seul mon moignon me fait mal. — J'ai loué une chambre d'hôtel pour être bien seul avec moi-même. J'ai un panier d'osier tout neuf qui s'emplit de mes manuscrits. Je n'ai ni livres ni tableau, aucun bibelot esthétique. Un journal traîne sur ma table. Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace dépolie, Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des ballons et une petite trompette d'enfant : Je travaille à la fin du monde. Blaise Cendrars[/quote] J'aime beaucoup Cendrars, ça poésie est toujours en perpétuelle mouvement, en rythme découpé, comme une sorte d'élan, de fleuves parfois sombres parfois lumineux. Un poète indémodable. ****************** Quelques textes et quelques poèmes de Rodanski : « Je me vois dans cette constellation, inscrite comme dans des graffiti sur un mur nu, dans une chambre froide ? Ensuite je me vois emporter cette image dans la dissolution complète. Les eaux. Ce doit être toi qui entres, masqué. Du caveau s’exhale la Voie lactée. La pierre tombale est une lune solitaire dans l’espace, une étoile qui se brûle dans la glace. L’adoration perpétuelle... » [...] « L’eau des vitres est un bain de lune, depuis mon premier sommeil, au berceau de ma vie une réfrigération s’est mise en route en grande pompe. L’éclair se coagule dans le verre. Il fait clair. La fleur est une éclaboussure. Il est une clarté diffuse. En mémoire de moi il y a cette corbeille de fleurs anesthésiées, ce sommeil le long des couloirs aux motifs factices. Des chemins se déroulent comme des bandes de gaze, les marches des escaliers sont des coussins de plume et l’on se laisse aller. » Statues claires “Statues claires d’un pays chanté dans le temps Hommes et femmes présents dans votre chair lumineuse Présents avec votre grande mer ou bien le soleil Vous êtes tous dans le regard heureux de vivre Le rêve qui l’anime - marbre ou créatures Du temps des pommes du sel et de la lyre Maintenant le sel érige d’étranges statues vertes Dans un verger envahi où coulent les prairies gelées Pommes blettes et lyre brisée ! C’est alentour la débâcle des saisons La pluie sur les morts la pluie sur les ruines La pluie sur la mer pour d’autres prestiges Que la vague au flanc du temple et les jeux révolus Une femme passe qui ne calme pas les flots La lyre noire du bois d’enfer exalte Le farouche troupeau des cadavres Mélopée lancinante qui résonne aux halliers de la nuit Où s’égarent des chasseurs éperdus Le sang du soleil s’écoule sans lumière Nous marchons parmi le désastre des cités Univers chaotique de mon rêve Flamme morte au biseau du temps Et son fantôme errant dans l’orbite vide d’un théâtre ! Je passe avec le vent qui s’offre aux plaines Envergure mystérieuse par monts et par vaux Je suis frère de celui qui court[…]” - Stanislas Rodanski
Ame Mélancolique Il y a 4 ans

La guerre au Luxembourg

Une deux une deux
Et tout ira bien...
Ils chantaient
Un blessé battait la mesure avec sa béquille
Sous le bandeau son œil
Le sourire du
Luxembourg
Et les fumées des usines de munitions
Au-dessus des frondaisons d'or
Pâle automne fin d'été
On ne peut rien oublier
Il n'y a que les petits enfants qui jouent à la guerre
La Somme
Verdun
Mon grand frère est aux Dardanelles
Comme c'est beau
Un fusil
MOI!
Cris voix flûtées
Cris
MOI!
Les mains se tendent
Je ressemble à papa
On a aussi des canons
Une fillette fait le cycliste
MOI!
Un dada caracole
Dans le bassin les flottilles s'entre-croisent
Le méridien de
Paris est dans le jet d'eau
On part à l'assaut du garde qui seul a un sabre authentique
Et on le tue à force de rire
Sur les palmiers encaissés le soleil pend
Médaille
Militaire
On applaudit le dirigeable qui passe du côté de la Tour Eiffel
Puis on relève les morts
Tout le monde veut en être
Ou tout au moins blessé
ROUGE
Coupe coupe
Coupe le bras coupe la tête
BLANC
On donne tout
Croix-Rouge
BLEU
Les infirmières ont 6 ans
Leur cœur est plein d'émotion
On enlève les yeux aux poupées pour réparer les aveugles
J'y vois! j'y vois
Ceux qui faisaient les
Turcs sont maintenant brancardiers
Et ceux qui faisaient les morts ressuscitent pour assister à la merveilleuse opération
A présent on consulte les journaux illustrés
Les photographies
Les photographies
On se souvient de ce que l'on a vu au cinéma
Ça devient plus sérieux
On crie et l'on cogne mieux que
Guignol
Et au plus fort de la mêlée
Chaud chaudes
Tout le monde se sauve pour aller manger les gaufres
Elles sont prêtes.
Il est cinq heures.
Les grilles se ferment.
On rentre.
Il fait soir.
On attend le zeppelin qui ne vient pas
Las
Les yeux aux fusées des étoiles
Tandis que les bonnes vous tirent par la main
Et que les mamans trébuchent sur les grandes automobiles d'ombre
Le lendemain ou un autre jour
Il y a une tranchée dans le tas de sable
Il y a un petit bois dans le tas de sable
Des villes
Une maison
Tout le pays
La
Mer
Et peut-être bien la mer
L'artillerie improvisée tourne autour des barbelés imaginaires
Un cerf-volant rapide comme un avion de chasse
Les arbres se dégonflent et les feuilles tombent par-dessus bord et tournent en parachute
Les 3 veines du drapeau se gonflent à chaque coup de l'obusier du vent
Tu ne seras pas emportée petite arche de sable
Enfants prodiges, plus que les ingénieurs
On joue en riant au tank aux gaz-asphyxiants au sous-marin-devant-new-york-qui-ne-peut-pas-passer
Je suis
Australien, tu es nègre, il se lave pour faire la-vie-des-soldats-anglais-en-belgique
Casquette russe
Légion d'honneur en chocolat vaut 3 boutons d'uniforme
Voilà le général qui passe
Une petite fille dit :
J'aime beaucoup ma nouvelle maman américaine
Et un petit garçon : — Non pas Jules Verne mais achète-moi encore le beau communiqué du dimanche
A
PARIS
Le jour de la
Victoire quand les soldats reviendront..
Tout le monde voudra
LES voir
Le soleil ouvrira de bonne heure comme un marchand
de nougat un jour de fête
Il fera printemps au
Bois de
Boulogne ou du côté de
Meudon
Toutes les automobiles seront parfumées et les pauvres chevaux mangeront des fleurs
Aux fenêtres les petites orphelines de la guerre auront toutes une belle robe patriotique
Sur les marronniers des boulevards les photographes à califourchon braqueront leur œil à déclic
On fera cercle autour de l'opérateur du cinéma qui mieux qu'un mangeur de serpents engloutira le cortège historique
Dans l'après-midi
Les blessés accrocheront leurs
Médailles à l'Arc-de-Triomphe et rentreront à la maison sans boiter
Puis
Le soir
La place de l'Étoile montera au ciel
Le
Dôme des
Invalides chantera sur
Paris comme une immense cloche d'or

***

Au centre du monde

Ce ciel de Paris est plus pur qu'un ciel d'hiver lucide de froid

Jamais je ne vis de nuits plus sidérales et plus touffues que ce printemps

Où les arbres des boulevards sont comme les ombres du ciel,

Frondaisons dans les rivières mêlées aux oreilles d'éléphant,

Feuilles de platanes, lourds marronniers.

Un nénuphar sur la
Seine, c'est la lune au fond de l'eau
La
Voie
Lactée dans le ciel se pâme sur
Paris et l'étreint
Folle et nue et renversée, sa bouche suce
Notre-Dame.
La
Grande
Ourse et la
Petite
Ourse grognent autour de
Saint-Merry.
Ma main coupée brille au ciel dans la constellation d'Orion.

Dans cette lumière froide et crue, tremblotante, plus qu'irréelle,
Paris est comme l'image refroidie d'une plante
Qui réapparaît dans sa cendre.
Triste simulacre.

Tirées au cordeau et sans âge, les maisons et les rues ne sont
Que pierre et fer en tas dans un désert invraisemblable.
Babylone et la Thébaïde ne sont pas plus mortes, cette nuit, que la ville morte de Paris
Bleue et verte, encre et goudron, ses arêtes blanchies aux étoiles.

Pas un bruit.
Pas un passant.
C'est le lourd silence de guerre.
Mon oeil va des pissotières à l'œil violet des réverbères.
C'est le seul espace éclairé où traîner mon inquiétude.
C'est ainsi que tous les soirs je traverse tout Paris à pied
Des Batignolles au Quartier Latin comme je traverserai les
Andes
Sous les feux de nouvelles étoiles, plus grandes et plus consternantes,
La Croix du Sud plus prodigieuse à chaque pas que l'on fait vers elle émergeant de l'ancien monde
Sur son nouveau continent.

Je suis l'homme qui n'a plus de passé. — Seul mon moignon me fait mal. —
J'ai loué une chambre d'hôtel pour être bien seul avec moi-même.
J'ai un panier d'osier tout neuf qui s'emplit de mes manuscrits.
Je n'ai ni livres ni tableau, aucun bibelot esthétique.

Un journal traîne sur ma table.

Je travaille dans ma chambre nue, derrière une glace dépolie,
Pieds nus sur du carrelage rouge, et jouant avec des ballons et une petite trompette d'enfant :
Je travaille à la fin du monde.

Blaise Cendrars


J'aime beaucoup Cendrars, ça poésie est toujours en perpétuelle mouvement, en rythme découpé, comme une sorte d'élan, de fleuves parfois sombres parfois lumineux.

Un poète indémodable.

******************
Quelques textes et quelques poèmes de Rodanski :

« Je me vois dans cette constellation, inscrite comme dans des graffiti sur un mur nu, dans une chambre froide ?

Ensuite je me vois emporter cette image dans la dissolution complète. Les eaux.
Ce doit être toi qui entres, masqué. Du caveau s’exhale la Voie lactée. La pierre tombale est une lune solitaire dans l’espace, une étoile qui se brûle dans la glace. L’adoration perpétuelle... »

[...]

« L’eau des vitres est un bain de lune, depuis mon premier sommeil, au berceau de ma vie une réfrigération s’est mise en route en grande pompe. L’éclair se coagule dans le verre. Il fait clair. La fleur est une éclaboussure. Il est une clarté diffuse. En mémoire de moi il y a cette corbeille de fleurs anesthésiées, ce sommeil le long des couloirs aux motifs factices. Des chemins se déroulent comme des bandes de gaze, les marches des escaliers sont des coussins de plume et l’on se laisse aller. »

Statues claires

“Statues claires d’un pays chanté dans le temps
Hommes et femmes présents dans votre chair lumineuse
Présents avec votre grande mer ou bien le soleil
Vous êtes tous dans le regard heureux de vivre
Le rêve qui l’anime - marbre ou créatures
Du temps des pommes du sel et de la lyre
Maintenant le sel érige d’étranges statues vertes
Dans un verger envahi où coulent les prairies gelées
Pommes blettes et lyre brisée !
C’est alentour la débâcle des saisons
La pluie sur les morts la pluie sur les ruines
La pluie sur la mer pour d’autres prestiges
Que la vague au flanc du temple et les jeux révolus
Une femme passe qui ne calme pas les flots
La lyre noire du bois d’enfer exalte
Le farouche troupeau des cadavres
Mélopée lancinante qui résonne aux halliers de la nuit
Où s’égarent des chasseurs éperdus
Le sang du soleil s’écoule sans lumière
Nous marchons parmi le désastre des cités
Univers chaotique de mon rêve
Flamme morte au biseau du temps
Et son fantôme errant dans l’orbite vide d’un théâtre !
Je passe avec le vent qui s’offre aux plaines
Envergure mystérieuse par monts et par vaux
Je suis frère de celui qui court[…]”

- Stanislas Rodanski

[quote="Ame Mélancolique"] J'aime beaucoup Cendrars, ça poésie est toujours en perpétuelle mouvement, en rythme découpé, comme une sorte d'élan, de fleuves parfois sombres parfois lumineux. Un poète indémodable. [/quote] Un autre de Cendrars alors : [b]Ma danse [/b] Platon n'accorde pas droit de cité au poète Juif errant Don Juan métaphysique Les amis, les proches Tu n'as plus de coutumes et pas encore d'habitudes Il faut échapper à la tyrannie des revues Littérature Vie pauvre Orgueil déplacé Masque La femme, la danse que Nietzsche a voulu nous apprendre à danser La femme Mais l'ironie? Va-et-vient continuel Vagabondage spécial Tous les hommes, tous les pays C'est ainsi que tu n'es plus à charge Tu ne te fais plus sentir... Je suis un monsieur qui en des express fabuleux traverse les toujours mêmes Europes et regarde découragé par la portière Le paysage ne m'intéresse plus Mais la danse du paysage La danse du paysage Danse-paysage Paritatitata Je tout-tourne --- Et sinon j'aime beaucoup ses vers à ce Rodanski, il ne me semble pas avoir eu l'occasion de le lire avant ton partage @Ame_Mélancolique, je me demande bien comment j'ai pu passer à côté !
Sémiramis Il y a 4 ans


J'aime beaucoup Cendrars, ça poésie est toujours en perpétuelle mouvement, en rythme découpé, comme une sorte d'élan, de fleuves parfois sombres parfois lumineux.

Un poète indémodable.

Un autre de Cendrars alors :

Ma danse

Platon n'accorde pas droit de cité au poète

Juif errant

Don
Juan métaphysique

Les amis, les proches

Tu n'as plus de coutumes et pas encore d'habitudes

Il faut échapper à la tyrannie des revues

Littérature

Vie pauvre

Orgueil déplacé

Masque

La femme, la danse que
Nietzsche a voulu nous apprendre

à danser
La femme
Mais l'ironie?

Va-et-vient continuel
Vagabondage spécial
Tous les hommes, tous les pays
C'est ainsi que tu n'es plus à charge
Tu ne te fais plus sentir...

Je suis un monsieur qui en des express fabuleux traverse les toujours mêmes
Europes et regarde découragé par la portière

Le paysage ne m'intéresse plus

Mais la danse du paysage

La danse du paysage

Danse-paysage

Paritatitata

Je tout-tourne

---

Et sinon j'aime beaucoup ses vers à ce Rodanski, il ne me semble pas avoir eu l'occasion de le lire avant ton partage Ame Mélancolique, je me demande bien comment j'ai pu passer à côté !