Il est beau, jeune et... loin d’être con. Et ça rapporte! Devenu en deux temps trois mouvements l’un des meilleurs partis du rock français auprès de Noir Désir ou Louise Attaque, ce jeune éphèbe au regard ténébreux, signe l’un des disques pop les plus bouleversants et controversés de la rentrée. Cristallisant toutes les principales tendances du rock sous un doigté habile et personnel, cette nouvelle tête de file d’une génération réaliste évoque, au fil de Jours Etranges, les affres d’un millénaire en pleine implosion, dans un manifeste qui alterne révolte, poésie et humour corrosif

Sorti de l’anonymat à l’âge de 22 ans grâce à un coup de maître que certains ne manqueront pas de prendre dans la gueule, ce jeune insoumis, insolent, teigneux (mais avant tout rebelle et tourmenté), jette sa pierre dans le paysage musical français à coups d’hymnes fédérateurs qui font plutôt figure de pavés contre le conformisme. Injectant toute ses illusions perdues dans un son d’un rock nerveux et sombre, le jeune dijonnais noie, derrière des guitares fougueuses et des mots affûtés comme des lames de rasoir, une insatisfaction miroir de toute une génération. Inspiré par Brel, Brassens, Ferré ou Ferrat, mais aussi par Bono (du groupe U2), il a gardé de sa naissance en pleine gloire punk, le goût de l’outrage et de l’appel à la révolte. Surréaliste comme Jim Morrison, il lui a même emprunté le titre de son album. Son carnet de bord d’adolescence , musicalement proche de Radiohead et de U2, a été nourri par ses modestes origines de fils d’immigrés habitant la banlieue. Il doit sa sensibilité farouche à sa lutte contre l’archaïsme de l’enseignement classique qu’il a reçu au conservatoire de Dijon.Car cet ex-pensionnaire de conservatoire a décidé, dès son plus jeune âge, de remettre les pendules Around The Clock pour aborder des sujets tels que la violence, les guerres civiles en Algérie ou en Yougoslavie, la misère et la drogue, sur fond de pop rock à l’anglo-saxonne. Soleils lyriques et noirs passent à l’horizon: Jeune et con, qui démarre comme le Supersonic d’Oasis crache une rage noire contre la planète France. Sauver cette étoile, très inspiré par le dernier Noir Désir, est une vision déchirante de sa jeunesse mélancolique. Crépuscule et Jours étranges rôdent dangereusement autour du suicide... Jeans troués, tignasse et regard sombres, Saez met ses textes et sa dégaine très Johnny Depp en conformité avec ses paroles, pour vilipender le star system Rock'n'roll Star et déclamer le mal-être adolescent J'veux m'en aller prône la fuite en avant vers un Soleil 2000. Les deux derniers titres, dont un Petit prince qui surprendrait St Exupéry, sont des ballades mélancoliques, d'une douceur rarement atteinte par les chanteurs de Rock. L’album contient, à parts égales, sa dose de tendresse et sa dose de rage...

Aux frontières de la musique individuelle et du groupe communautaire, cette nouvelle vague rock, déjà à l’origine d’un véritable raz de marée qui a dépassé les 50 000 ventes, a permis de faire sortir de l’ombre la voix de Damien Saez et la richesse de ses compositions. L’album puise sa force dans une solide collaboration entre Damien le chanteur du groupe, Marcus Bell, guitariste et Jean Daniel Glorioso, batteur, tous deux co-compositeurs de trois des titres de l’album.Sans masque ni fausse pudeur, avec juste ce qu’il faut d’arrogance et de naïveté pour être pris au sérieux, étonnant de maturité et d’investissement personnel, ce nouveau poète des banlieues tout droit sorti de l’écurie Island, possède définitivement tous les ingrédients pour faire l’unanimité de la jeunesse et se hisser à la tête d’une scène Bleu Blanc Rock.