Damien Saez ne laisse jamais indifférent. Parce qu’il a un talent de dingue, comme dirait l’autre. Mais aussi parce qu’il donne rarement dans la demi-mesure. Blanc ou noir, gris le moins souvent. L’annonce de ses deux concerts parisiens en 2021, là aussi, a fait réagir. Pour les bonnes… et les mauvaises raisons.
Depuis 20 ans, Damien Saez est hors système. Et il en paie parfois le prix. Pas de major, pas de grosse machine marketing, mais des convictions bien ancrées. Pas question, pour un artiste, de se laisser exploiter par le monde de la finance. C’est en tout cas la voie que lui a choisie.
En toute logique donc, opter pour l’artisanat plutôt que la production presque mécanique d’un produit parfaitement empaqueté – mais sans saveur – s’est accompagné au fil des années de quelques ratés. Ou ressentis comme tels par les fans. Le site culturecontreculture par exemple. Payant. Et peu alimenté pendant des mois. La présence de sa discographie complète – y compris des morceaux jamais intégrés dans des albums – justifie pourtant pleinement qu’on puisse investir quelque 60 euros annuels dans son œuvre.
La dernière tournée, elle, aura laissé un goût amer. Usé mais grandiose à Bercy, à bout et absent sur les dernières dates. Annulées.
« Je vous livrerai en 2021 deux concerts à Paris, deux soirées, l’une à la suite de l’autre.
Deux concerts où je jouerai et enregistrerai pour la première fois deux doubles albums distincts, jamais enregistrés auparavant, devant vous »
Les deux concerts annoncés pour 2021 sur son tout nouveau site (www.saez2021.fr) participent des choix artistiques de Saez. Une ville. Paris. Pas de dates, pas de salles programmées. Le choix est fait d’une sorte de crowdfunding. Qui m’aime me suive, lance-t-il. Au prix de 116, 166 ou 200 euros. Levée de boucliers.
Et pourtant… Le site est clair. Chaque formule choisie, décortiquée à froid et sans a priori négatifs, est plutôt économique. Allez donc y faire un tour… Saez donnera deux concerts. L’un, seul sur scène, un autre, c’est ce qu’on a cru deviner sans trop d’efforts, avec orchestre symphonique. “Mélancolie”. Puis “La symphonie des siècles”. Le tout avec chansons inédites. Pour chaque concert, édition d’un double CD capté en live. Puis, compris dans le pack toujours, un recueil de textes de Saez et un abonnement d’un an à culturecontreculture. Scandaleux ? Compliqué, sans doute pour certains, de signer un chèque (presque) en blanc. Mais l’assurance, au final, que la formule est intéressante. Et que le moment sera unique. Comme à chaque fois quasiment.
L’année 2021 sera celle de Saez. Ou ne sera pas. Les deux concerts auront en effet lieu si l’artiste est suivi par ses fans. A moins qu’au final, quel que soit le succès de l’opération, Saez décide de toute manière qu’il sera bien sur scène l’an prochain. Même devant 100 personnes, même devant 1 000 personnes. Le challenge est de taille. Voyons plutôt les choses du bon côté, au-delà des réactions épidermiques. Pour ceux qui ont fait de l’artiste leur référence, c’en est même excitant. Qui vivra verra…
Christophe Bonnefoy
Source : musique.jhm-blogs.fr