Avec 3 concerts sold out au Bataclan, Damien Saez a fait découvrir – en acoustique – les nouveaux titres qui composeront son prochain album en anglais prévu pour 2008.

En annonçant dès février une poignée de concerts acoustiques, Saez remplit des mois de silence et relançait la motivation de ses fans qui commençaient à trouver le temps long. Retour sur la carrière du petit prince devenu grand et report obligé sur ces 3 rendez-vous acoustiques.

Le 26 octobre 1999, Saez sortait Jours étranges avant d’entamer une minitournée des Fnac. Moins d’un an plus tard, ROCKMAG naissait et découvrait Damien, le 19 octobre 2000, lors d’un concert donné dans le cadre du Nancy Jazz Pulsation, 2 jours après son 1er Elysée Montmartre. Entre-temps, le "petit prince du rock" avait scotché son monde avec des prestations lives bien rock'n'roll, un single, Jeune et con, qui tabassait les ondes et une attitude perçue alors comme branleur-rebelle plutôt que réaliste-écorché. Bref, Saez dénotait et on voulait voir si le phénomène était consistant... Et là, le choc. Durant le soundcheck de l'après-midi, les gars nous balancent High & Dry et Fake Plastic Trees de Radiohead. La référence est de qualité. Le soir, on comprend enfin tout (du moins l'essentiel) avec Jeune et con, J'veux m'en aller, Amandine, Sauver cette étoile ou Rock'n'Roll Star, mais aussi une reprise punk et déjantée du thème de Titanic, et une autre un peu plus académique du My Girl de Smokey Robinson.

Contrairement à Raphaël, qui débarquait au même moment avec son Hôtel de l'Univers, Saez, lui, avait choisi son camp - le rock - dès le début de sa 1ère tournée lancée en mars 2000. Une trentaine de dates, 6 festivals (dont les Eurocks, Dour et le Paléo) et un single diffusé sur les radios rock avait suffi à porter ses Jours étranges au firmament des ventes de skeuds. Bilan : plus de 200 000 copies et la certification double disque d'or qui va avec... D'octobre à décembre 2000, le phénomène prend d'ailleurs une sérieuse ampleur avec une quarantaine de dates. La tournée finit le 19 décembre à l'Elysée Montmartre avec un concert un peu particulier, en 2 parties (déjà !) : la 1ère en piano voix et la 2ème en formation électrique avec Richard Kolinka (Téléphone) en batteur intermittent. Ce soir là, a posteriori, les bases de God Blesse étaient posées.

Classique et rock

9 ans de conservatoire de piano, ça ne s'oublie pas. Ça ne se renie pas non plus. En 2002, Saez revient avec God Blesse, un double album ambitieux. Du rock tantôt illuminé tantôt cradingue, parfois electroïsé... et une 2ème face classique, avec le piano et la voix mis en avant. Le pari est risqué, d'autant que l'attente de la maison de disques est certainement énorme après le succè de Jours étranges. Qu'un jeune artiste avec 1 seul pus au compteur se lance dans un tel projet est plutôt rare, mais Universal le suit (...ou finit par céder ?). Le 26 mars, le résultat - artistiquement parlant - est là, même si les ventes peinent à démarrer, d'autant que la tournée ne commence que tardivement. Après le Printemps de Bourges le 10 avril, Fils de France mis à dispo gratuitement sur Internet au lendemain du 21 avril (Le Pen au 2ème tour des élections présidentielles) et un nouvel Elysée Montmartre le 23, Saez disparaît jusqu'à la Cigale du 1er juillet pour une prestation magique mêlant parfaitement clame et fureur, électrique et acoustique. Il ne reprendra réellement la route qu'entre fin octobre et fin novembre pour seulement une quinzaine de dates dont les Zénith de Paris le 12 novembre. Passé du label Island à la nouvelle entité AZ, Saez n'a plus la cote avec la (ou les) structures qui l'entourent. Il passera finalement chez Barclay, autre label Universal, pour son prochain opus.

Rock toujours

Début 2003, Damien ne fait pas parler de lui... avant de prendre finalement tout le monde à contre-pied en calant 3 concerts piano/voix à la Cigale les 1, 2 et 3 juillet. 3 shows évènements très forts en intensité qui seront sold out. Mais avec 2 autres apparitions en festival (Dour et Franco de Spa), ce sera sa seule actu de l'année et la suite attendra le 31 août 2004 et l'arrivée d'un 3ème LP, Debbie. Direct et efficace. Plus rock que jamais, plus homogène et moins "naïf", le disque est une vraie réussite. Mais, dans les chiffres, il ne rééditera pourtant pas les ventes miraculeuses de Jours étranges... Alors que Luke monopolise la scène rock depuis la sortie de La tête en arrière, la nouvelle tournée démarre encore une fois tardivement puisqu'il faut attendre le 1er mars 2005 pour son lancement à Amiens. Bien rock au début, celle-ci reprend des allures plus intimistes avec 5 Bouffes du Nord à Paris en guitare/piano/voix (les 22, 23, 24, 25 et 26 juin), puis une véritable tournée acoustique organisée entre le 16 octobre et le 17 décembre, à Lille, Bruxelles, Arras, Saint Quentin, Strasbourg, Nancy, Pully et Thionville.

Myspace connexion

Après 6 mois de black out, on apprend en juin 2006 que Saez enregistre un nouvel effort et que des sessions studio se seraient déroulées dès le printemps en Angleterre. La suite est prévue à Paris, mais là encore, pas la moindre confirmation officielle et pas plus de détails. Le 26 août, alors qu'on le croise par hasard à Rock en Seine pendant le concert de Radiohead, Damien nous prévient qu'on entendra bientôt parler de lui, mais ne nous en dira pas vraiment plus. La reconnexion se fait pourtant le 13 octobre lorsqu'il lance sa page MySpace.com/saez. Son disque est dès lors attendu en indé ! On y découvre des nouveaux titres en anglais, dont Jessie qui disparaît assez rapidement. Depuis, les 3 mêmes titres occupent la playlist : Killing The Lambs (voix aérienne, guitares electroacoustiques et rythmique voyageuse), Yellow Tricycle (quelque part entre Fake Plastic Trees et High and Dry de Radiohead) et Numb (plus proche de Led Zeppelin avec un gros riff hypnotique). La piste d'une 4ème opus entièrement en anglais se dessine doucement... avant l'annonce - le 19 février 2007 et toujours sur MySpace - d'un retour en tripes et en voix avec 2 Bataclan calés en solo les 18 et 19 juin. Quelques jours plus tard, d'autres dates s'ajoutent avec un 3ème Bataclan (le 20) eet le Théâtre antique des Nuits de Fourvière les 14 et 15 juillet. Le disque et la tournée qui suivra sont désormais programmées pour 2008.

Preview acoustique

Les 18, 19 et 20 juin, ROCKMAG se point au rendez-vous fixé au Bataclan. Comme prévu, les 3 shows sont 100 % acoustiques et Damien est tantôt seul à la guitare ou au piano, tantôt accompagné de Frank et Antoine. Les 3 soirs, le rituel est le même, avec une 1ère partir présentant le futur disque en anglais, un entracte d'environ 1/2 d'heure et une 2ème partie plus free avec "revisitage" des classiques de Jours étranges , God Blesse et Debbie. Saez joue la proximité avec son public et apparaît particulièrement enjoué. Il rigole avec l'assemblée, parle de lui - "Quand j'ai commenccé, quand j'étais « jeune et con », j'étais complètement chtarbé... Mais je suis super cool (rires)" - ou du futur disque - 'On a enregistré un album en anglais qui sortira vers je sais pas quand... mais qui sortira un jour, sinon il sera sur le Net ou je sais pas, on verra". Et question nouveautés, justement, il fallait plutôt être là dès le 18 où 11 titres ont été dévoilés, dont Out Of The Reach - qui sera remplacé les 2 autres soirs par le dylanien Your Way To Heaven, ainsi que Numb, Walk With The Devil et When You Walk By qui seront carrément évincés de la set list, certainement pour parvenir à une 1ère partie de show plus courte mais plus dense (plus de 2h de live en moyenne quand même !). Les 3 soirs, en revanche, la même ambiance posée accueillera ces inédits. Le public, assis - le Bataclan étant en configuration théâtre avec des rangées de sièges à la place de la fosse - est attentif et concentré pour goûter les esquisses du successeur de Debbie, qui s'annonce d'ailleurs relativement calme et mélancolique (Pill For The Ride, Drive Me, Holding On To You). De notre côté, on retiendra quelques titres plus particulièrement : la version de Killing The Lambs, le quasi nirvanesque Julie ou encore la transe entêtante de Walk With The Devil enchaîné avec le All Along Watchtower de Dylan lors du 1er soir.

La folie passagère

Pour la 2ème partie, là on connaît mieux. Et pour avoir été à la Cigale en 2003 ou au théâtre des Bouffes du Nord en 2005, on peut dire qu'on ne s'est pas sentis dépaysés. En 2007, la magie n'a pas disparu, le Bataclan explose et le public est toujours aussi à fond, scandant ou chantant à l'unisson avec Damien sur les Debbie, J'veux qu'on baise sur ma tombe, Fils de France ou autre Marie ou Marylin. 3 soirs de suite, il a retourné 3 Bataclan archibourrés et n'est pas peu fier de ne devoir ça qu'à son public : "Je trouve assez incroyable, et c'est pour ça que je vous dis merci d'être venu, entre autres parce que, pour annoncer ces concerts, en en fait, on a juste mis un bandeau sur Internet. Pas d'affiche, pas de radio, pas d'interview, pas de TV... Enfin ça, on le sait, rien de nouveau là-dessus (rires). Pas de radio, pas de TV, y a rien de nouveau ! Mais bref, vous êtes là, en fait !"

Epilogue

L'après-midi du 20, ROCKMAG avait calé un rendez-vous via son tourneur Alias et espérait donc en apprendre un peu plus sur la suite des évènements. Le 18, la rencontre était confirmée mais pas l'heure. On attendra, mais celle-ci n'arrivera pas... Finalement, le jour dit, dans l'après-midi, n'ayant pas eu d'annulation non plus après tout, on se décide à partir en mission à l'arrache au Bataclan. Arrivés devant la salle à 15h, gros coup de chance, on tombe direct sur Damien tranquillement installé à la terrasse du Bataclan Café avec Antoine et une partie de l'quipe. On discute un peu, mais on voit qu'une interview classique ne va pas être possible tout de suite ("Je ne suis pas au courant"). Il nous lâchera néanmoins quelques infos et l'on apprendra qu'en fait 2 albums ont été écrits et devraient sortir en 2008, l'un en anglais et l'autre en français. Mystérieux, il nous laisse entendre que d'autres surprises arriveront quasi simultanément... On n'en saura pas plus, mais pour ce qui est d'une éventuelle interview, le suspense court toujours ("J'ai pas vraiment envie, là... y a ces concerts, mais rien de plus à dire pour le moment"). Finalement, et sans qu'on insiste, il change d'avis quelques secondes plus tard et lâche un "Oh et puis ouais, ça peut le faire en fait !" On se dit qu'on s'appelle demain pour se voir une fois le dernier concert passé. Le 21, son téléphone sonne mais ne répond pas. Damien l'a dit au Bataclan : "Je suis pas un mec facile à vivre... je suis pas un gars bien de toute façon..." Et encore moins le genre à rappeler quand on lui laisse un message... Fuck les journalistes !