Varsovie, Paris, l'Alhambra, trois destinations parcourues en un triple album et vingt-neuf titres. Rencontre avec Damien Saez, explorateur des profondeurs de l'âme.

Ado rebelle ou arrogant, jeune homme discret ou militant, génie ou poète maudit, tout a été dit, le pire comme le meilleur, sur ce chanteur révélé par son Jeune et con en 2000. Huit ans après demeure une question : qui est Damien Saez ? Après une demi-heure d'interview, nous n'en saurons pas beaucoup plus sur lui, mais davantage sur son quatrième album, sorti fin avril. En chemise à carreaux, jean usé et godillots éculés, Saez nous parle de Varsovie-l'Alhambra-Paris dans l'intimité du café du Bataclan. Son sourire est aussi ravageur que son regard moqueur quand il nous confie l'histoire de la naissance de ce triple album, écrit peu avant ses trente ans. « Je rentrais de voyage, je vivais une situation personnelle difficile et comme je venais de produire un album en anglais, j'avais une frustration de ma langue. En août, j'ai commencé à écrire. Ça a duré quinze jours et j'ai été moi-même stupéfiait de la franchise et de l'écriture. »

Au final, cet opus n'est pas l'album rock annoncé (reporté à 2009) mais un triptyque acoustique dans lequel il explore son âme et chante ses révoltes. « Je suis rentré avec une bonne syphilis », ironise-t-il. En effet, les textes sont poignants et entrent en collision avec l'amour, les injustices et la mort, des thèmes qui lui collent à la peau depuis Jours étranges (1999). « Les choses tristes ne me rendent pas triste. Ce sont les choses superficielles qui me dépriment », explique-t-il. Le volet Varsovie, très mélancolique, a sa préférence et l'intime On meurt de toi est son titre de prédilection : « Dis-moi où mène ce chemin où tu n'es pas. Car si l'on ne meurt pas d'amour, je peux te dire qu'il est certain qu'on meurt de toi. »

Les 25 et 26 juin prochains, Saez sera en concert au théâtre des Bouffes du Nord, à Paris (complet). Quel sera le contenu des deux soirées ? « Je n'en sais rien encore » avoue-t-il, mais la poésie et la rébellion « saeziennes » seront au rendez-vous.