Après quatre années de silence, Damien Saez signe, de belle manière, son retour avec « Paris ». Un opus que le Savoyard, à l'accent chantant, décline même sous la forme d'un triple album.

En 2002, Damien Saez propose en téléchargement « Fils de France ». Un titre écrit dans l'urgence du choc de l'élection présidentielle et de ce fameux 21 avil. Six ans plus tard, le jeune homme n'a rien perdu de sa veine contestataire. « Jeunesse lève-toi », lui aussi proposé gratuitement sur Internet, traduit son désenchantement après une autre élection présidentielle en 2007.

L'amour, la mort

Epuré, guitare-voix, ce morceau éminemment politique est aussi le premier extrait d'un nouvel album : « Paris ». Textes sombres, mélodies impeccables, Saez y parle d'amour, beaucoup. De mort aussi. L'envoûtant « Toi tu dis que t'es bien sans moi », « Le cavalier sans tête », tube en puissance, « Alice » dont le phrasé et la mélodie ne sont pas sans rappeler Noir Désir, séduisent. Une évocation qui se fait parfois avec violence (« Putains vous m'aurez plus »), mais qui porte aussi une note d'espoir (« S'en aller »). Accessible à tous, servi par des textes qui prouvent le talent d'écriture du garçon, « Paris » est une vraie réussite.

De la poésie chantée

Révélé par le tubesque « Jeune et con » (1999), Damien Saez ose, à l'heure où le disque est en crise, un drôle de pari. Celui d'offrir en bonus pas moins de 19 chansons. Car si « Paris » se décline seul, Saez le propose également en version triple album : « Varsovie » et « L'Alhambra » en sus. Deux albums qui raviront les inconditionnels. Les autres y rentreront plus difficilement. Il est vrai que l'expression musicale y est souvent réduite à quelques notes de guitare et/ou de piano. Les textes, toujours aussi finement écrits, relèvent plus de la poésie chantée (« Au-delà du brouillard »)

Comme sur « Paris », l'amour, la mort, thèmes transversaux, tiennent sur « Varsovie » et « L'Alhambra » une place de choix. On retiendra notamment le très réussi « Quand on perd son amour », la touchante « Chanson pour mon enterrement ». On regrettera cependant l'absence de livret (téléchargeable sur Internet), indispensable pour mieux pénétrer l'univers poétique et torturé de Saez.