Suite à notre concours du mois d'octobre, deux gagnantes, Garance et Sandrine, sont parties sur les routes de France à la rencontre de Saez, alors en pleine tournée hexagonale. De Lille à Paris en passant par Poitiers, elles ont pu côtoyer Damien et son groupe de près et s'apercevoir combien l'artiste était en prise directe avec son public...

Saez, il faut le suivre ; c'est en substance ce que Garance et Sandrine auront surtout retenu de ces quelques heures passées près d'un artiste qui ne triche jamais. Oui, il faut le suivre, Damien, car d'annulation (le concert de Rouen, le 13 octobre pour cause de « prise de tête » avec la « sécurité » locale, laquelle la veille à Caen avait viré manu-militari et sans ménagement les derniers fans de la salle alors que ceux-ci discutaient paisiblement avec le chanteur) en arrivées à l'arrache, au dernier moment, Saez ne connaît pas trente-six façons de fonctionner. Il y va « au cœur », au feeling, au contact, à l'épiderme ; sincère dans son engagement d'artiste comme dans ses chansons, fidèle aux idées de loyauté et de respect qu'il s'est forgé dans sa vie personnelle, l'animal ne fait pas de cadeaux. A un public qui ne « réagit » pas ou qui l'écoute trop « religieusement », il répond par une paire de tartes. Pas par vanité ou mépris, non, tout au contraire. Par respect. Il veut faire de ses concerts des moments privilégiés d'échange, de partage. Alors, si le public est venu (en masse, soit dit en passant), et qu'il a « envie » de le voir, Saez a aussi besoin d'un feed back de la part de celui-ci. Et Saez n'est pas regardant, il n'est pas sur une scène pour qu'on lui cire les pompes. Alors, quelle que soit la nature du feed back en question, il est preneur : aimant, joyeux, nerveux, agressif, festif, ému... S aez est même du genre à provoquer l'audience (en lui demandant de siffler et de gueuler sur la reprise punkoïde de « My Heart Will Go On » par exemple). Bref, vous voilà prévenus, si vous venez à un concert de Saez en « consommateurs » de musique, il va vous en cuire ! Un peu surprises et déroutées au début par ce comportement entier sinon écorché, Garance et Sandrine ont finalement compris la drôle de logique du personnage ; et peut-être aussi ressenti la chaleur du feu intérieur qui consume l'artiste. Laissons-leur la parole...

Lille, le 14 octobre

Après un faux départ pour Rouen (cf. plus haut), nous voilà sur la route pour l'Aéronef de Lille à la rencontre de Saez. Arrivée à la salle en début d'aprem, mais Damien n'est pas là. Rentré à Paris la veille, il n'arrivera que vers dix-neuf heures. Petite déception qui s'estompera bien vite avec la présentation du groupe. Marcus, basse, Jean-Da, batterie, notamment qui, en vieux routier des tournées, ne cessent de « brasser » gentiment les deux bleus du groupe (et potes de Damien) Antoine aux claviers et Frankie à la guitare. Arrivée de Damien, apparemment en forme, et discussion rock sur, pêle-mêle, U2, le reggae, Indochine... On n'a pas vu le temps passer, le voilà déjà qui monte sur scène. Quant à nous, nous rejoignons une salle surchauffée et ce n'est qu'un début, car ce soir le public et le groupe sont en grande forme. En effet, le concert trouvera sa fin suite à six rappels d'un public déchaîné. De retour dans les loges, Damien, une fois l'euphorie du concert un peu retombée, nous fait part de ses impressions sur le public nordiste. L'air de rien, il l'a beaucoup observé et s'en déclare très proche. D'ailleurs, ce soir, il se livre à une longue séance de dédicaces et de photos, qu'il fait avec enthousiasme. La joie du public s'est transmise à Damien qui nous l'a fait partager autour d'un dîner.

Malheureusement, après ça, il s'agit pour nous de rentrer sur Paris dan sle brouillard et la nuit, brrr !

Paris le 17 octobre

Ce soir pour son premier grand concert parisien dans une « grande salle », à l'Elysée Montmartre en l'occurrence, Damien a sorti le grand jeu : mise en scène, ange, chandelier et drapeau pour l'accompagner pendant ses chansons. Quant au public, quasiment dès le début du show, il scande les paroles telles des hymnes, se déchaîne sur les titres les plus connus qui prennent toute leur dimension rock sur scène. Même le schansons du prochain album sont déjà familières à une grande partie du public (« Menacés mais libres » en acoustique à la fin du show, tout simplement magnifique et folle), qui depuis la Maroquinerie est beaucoup plus présent, tout comme Damien qui entretient désormais une relation complice avec lui. En outre, la maturité qu'a acquise le groupe leur permet désormais de prendre plus de liberté sur scène et de montrer ainsi le plaisir qu'ils ont à jouer. Mais, c'est « donnant donnant » si le public est absent, le groupe le ressent. Comme ce sera le cas au concert de Poitiers, une dizaine de jours plus tard.

Poitiers, le 27 octobre

Nous voilà de retour sur les routes, cette fois direction le Confort Moderne de Poitiers. Arrivée à 20 heures dans la loge où le groupe se livre aux derniers préparatifs. C'est l'heure de se réveiller, montée en scène dans dix minutes. La pression monte, les trois rasés du groupe (Marcus, Jean-Daniel et depuis peu Antoine, qui, harassé par les deux autres a fini par leur céder ; Frankie tremble désormais !) à défaut de s'embrasser le crâne à la Barthez, se « claquent » la tête. Quant à Frankie, relax, il mange une banane et tente en vain de « booster » Daniel, le guitariste, qui a une façon plus réservée de se préparer. Tout comme Damien qui, en silence, prépare son désormais traditionnel tee-shirt ; ce soir ce ne sera pas « Maman baise-moi » mais « Le rock est mort ». on vient chercher les musiciens pour entrer sur scène alors que Damien débute sa chanson depuis les coulisses. Les chansons s'enchaînent mais le public n'est pas là : aucune réaction de la salle (pourtant bondée), même sur des titres comme « Jeune et con » qui généralement entraînent un pogo enflammé. Damien le sent tout de suite, il tente de motiver les gens ; en vain. Tout d'un coup, énervé, à la fin d'une chanson, il quitte carrément la scène, suivi par tout le groupe. Il estime (avec raison) ne rien devoir à son public ; c'est quelqu'un d'entier qui chante par plaisir et non par obligation. Damien revient ensuite au bout de dix minutes, donnant ainsi au public poitevin une deuxième chance de s'exprimer. Bizarrement, c'est sur les titres que Damien jouera seul en acoustique à la fin du concert que le public semblera sortir de sa léthargie (une partie de celui-ci a même parfaitement compris le sens du « rentre-dedans » fait par le chanteur, le gratifiant d'un « Merci Damien ! » assez touchant lors de son retour sur scène.) Le retour aux loges est tendu, Damien set déçu, pensif. Contrairement à Lille où l'euphorie du public s'est transmise au groupe, à Poitiers, le public aura plutôt transmis sa relative passivité. Pourtant, Damien était fidèle à lui-même, enthousiaste, détendu, communicatif. En effet, depuis plusieurs concerts, il semble plus à l'aise, il se déplace avec son micro sans fil, se met à genoux ou s'allonge sur scène (comme au début de « Jours étranges »). Il est en pleine évolution et a encore beaucoup de potentiel à exploiter ; ce qu'évidemment l'on ne manquera pas de suivre !

Maintenant, c'est le temps des derniers remerciements aux musiciens et à Damien qui à son habitude nous répond : « Non, c'est moi. ». Nous, on ne voit pas trop bien en quoi on est à remercier...

Garance de Rougemont & Sandrine Quentin with a little help from Whybee