"Cette censure me donne envie de vomir"

C’est l’affiche au centre de l’actualité de ces derniers jours… Pour promouvoir son album « J’accuse »*, Damien Saez a demandé au photographe de mode Jean-Baptiste Mondino de shooter une jeune femme dénudée, installée dans un chariot… Mais le résultat a choqué l’Autorisation de Régularisation Professionnelle de la Publicité qui a estimé que l’affiche présentait « un caractère dégradant pour l’image de la femme dans la mesure où elle apparaît nue, et qui plus est dans un chariot de supermarché ». Résultat : l’affiche est censurée et n’apparaîtra pas sur les murs de la capitale. Damien Saez, qui a eu l’idée de la photo, n’en revient toujours pas.

On vous imagine scandalisé par la décision de l’A.R.P.P. Quelle a été votre réaction ?

Cette décision me donne surtout envie de vomir. Maintenant, je me pose plusieurs questions. Sur l’image puis sur le texte. Est-ce qu’on voit son sexe ou un de ses seins ? Non, on ne voit rien du tout. Cette femme est digne et libre. Elle porte une culotte donc elle n’est pas complètement nue. C’est une femme féministe. Si elle s’était prise en photo dans la rue, dans son chariot au soleil, ca aurait aussi choqué ? Moi, je trouve la photo magnifique. La fille aussi l’est. Où est le problème ? Ensuite, il faut lire. Au-dessus d’elle, il est écrit « J’accuse ». On ne fait pas le parallèle ? Tout est bafoué. Il n’y a pas de liberté d’art, pas de liberté de message. On s’en fiche de tout.

Qui a eu l’idée de ce visuel ? Vous ou le photographe Jean-Baptiste Mondino ?

C’est moi. Tout est parti de moi. Un jour, en studio, un musicien est revenu avec un chariot et voilà. J’aimais l’idée de "vendre en assumant", j’aimais l’idée de marcher sur les mêmes plates-bandes que ceux qui font de la publicité et Jean-Baptiste Mondino l’a tout de suite compris. Je trouve que c’est une belle réponse au pop-art d’Andy Warhol. La fille fait très "nouvelle Marilyn Monroe".

Vous avez voulu faire une autre affiche. Cette fois, juste un texte signalant que vous avez été victime de censure. Elle a, elle aussi, été censurée.

C’est aberrant comme décision, complètement lunaire ! Je voulais, je tenais à signaler qu’on m’avait censuré. Etre bâillonné, c’est quoi la raison ? Au final, on protège plus le caddie que la femme…

Vous comptez porter l’affaire en justice ?

Ca, c’est sûr ! Quand la première a été censurée, je me suis dit "ok, donc on en est là". Mais que ça se reproduise une seconde fois, c’est too much, c’est trop. C’est du foutage de gueule ! Et quand en plus, j’entends la représentante des "Chiennes de Garde" (ndlr : Florence Montreynaud chez Frédéric Taddéi, lundi sur France 3) m’accuser d’être un mac alors que je dénonce le proxénétisme…

Qu’avez-vous envie de répondre à ceux qui affirment que cela vous fait un formidable coup de pub ?

(Rires) Ca ne change rien pour moi. Je n’en ai pas besoin. Je ne passe pas ma vie à faire de la promo à la télévision ou à la radio. Je n’ai pas besoin de faire de la communication. Les tournées marchent très bien et ça fait douze ans que ça dure, alors...

Khadija Moussou