Un triple album rien que ça, Saez tiens déjà ses promesses, il ne reste plus qu’à écouter le contenu en espérant ne pas ressentir de déception…à parfois trop souvent attendre…Un artiste qui ne se dévoile que par son art : la musique, jamais dans les médias, la théâtralité et l’impudeur qu’impose parfois aux artistes le jeu médiatique. De l’air frais, un homme en adéquation avec les convictions qu’il édicte.

Trois cds pour un total de 27 chansons, avec un univers et un thème propre à chacun. Une unité pourtant se dégage très clairement au niveau des thèmes abordés.

Dans « Sur Les Quais » le premier titre Marianne vous emporte sur un tempo d’abord lent avant que ne se déchaîne la révolte Saezienne. Le parallèle avec les femmes est un exercice que Damien aime faire et il le fait parfaitement bien comme sur la chanson Cigarette de l’album J’Accuse. Jamais mièvre et toujours juste, il exprime ce qu’il pense de l’état de notre pays et de ses valeurs qui se délitent. S’en suit une pléiade d’ovni, au début on se demande si c’est bien sérieux ces chansons limite guillerette, puis la troisième écoute vous dit ok, je m’incline. La voix est chantée sur cet opus, bien plus que sur les précédents albums. Le style rock sied à sa voix mieux que lorsque les chansons sont orchestrés en piano/voix comme sur les deux autres opus du triple. A mi parcours vient Ma petite Couturière afin de vous rappeler à l’ordre pour vous dire allez enrage toi maintenant ! Un ode à la rébellion qu’il avait déjà donné à entendre mais quel plaisir de la retrouver tant le discours est d’actualité. Les graines de la desobeissance non pas civile mais temporelle, la rébellion sans le poing levé. Cet artiste a une aptitude à verbaliser ses emotions, la beauté des formules est saisissante. On peut au grès des chansons y sentir du Brel pour les influences et bien d’autres mais peu importe. Le langage universel de la musique saupoudrée de poésie. Voluptueux et incisif voilà ce qui importe.

« Les Echoués » Marie est un peu une redite de VLP, le seul bémol ici. Les Fils d’Artaud, quelle pureté ! Difficile de décrire cette émotion, je laisserai seul juge les auditeurs. On retrouve toute son admiration face aux grands hommes d’esprit et de littérature tel que l’était Artaud. Rien d’étonnant quand on sait que Damien Saez est également un littéraire autant qu’un musicien talentueux. Le Gaz, douce comme un couperet. Sa force est aussi là, paraitre simple à l’oreille de l’auditeur, ce qui est compliqué à créer. Tant au niveau de l’écriture que de la composition musicale. Et du travail il y en a pour sur !

« Messine » Il nous emporte doucement avec un titre instrumental Thème Quais de Seine qui vous plonge dans les meandres de la mélancolie. Le son est travaillé, précis, l’orchestration est splendide et crescendo. Les Magnifiques, la voix tendu au bord de l’émotion , la force des fragiles ! Plus intimiste dans ses textes, il pose là ses obsessions à propos de la mort, la perte d’un amour amical, des amours amoureux. Sensible oui, mais pas de sensiblerie ici malgré le fait que se termine l’album sur Le Bal des lycées et Thème aux encres de nos amours.

Vos tympans et votre coeur vous remercierons tant il vous harponne et vous désarçonne. Passant en revue la plupart des sentiments du tréfond humain, excepté la haine et la violence. Du sombre souvent, mais pas de désespoir, non. Comme un tableau authentique Saez non ne déçoit pas, il nous laisse impatient attendant la sortie de Miami.

Allez Damien ressers ton vin !

Nadine

Source : lepavotenrage.org