Damien Saez n'a que 22 ans et se qualifie sans complaisance de Jeune et con : "Alors on va danser / faire semblant d'être heureux / pour aller gentiment se coucher / mais demain rien n'ira mieux." Les maux du cœur attisent sa colère d'ancien adolescent. Alors il murmure des comptines sur les cordes feutrées de guitare. Ou il hurle sa révolte sur des arpèges saturés: "Je ne veux pas crever dans cette inhumanité." Jours étranges, premier album de Saez, traverse des contrées perdues et sauvages que Noir Désir a défrichées avant lui. La voix de Damien, souffreteuse et tendue, risque la rupture, mais ne tremble pas, même si parfois le fantôme de Bertrant Cantat plane sur les mélancolies. Cet opus racé ressemble étrangement à un amour de vacances, passionné et à l'innocence fragile. Reste à savoir s'il tiendra ses promesses ou restera sans lendemain.