Il y a quelques soirs de cela, au Grand Rex de Paris, Harmony et Rachel Korine, accompagnés de Vanessa Hudgens, Ashley Benson et Selena Gomez mais surtout de leurs très nombreux fans via Twitter, venaient faire la promotion du film autorevendiqué « générationnel« , Springbreakers.

Au son du hashtag #weloverachel , des jeunes filles voyaient comme modèles des néo-braqueuses parties se défoncer (et se faire défoncer) pour Springbreak. Jusqu’au moment où James Franco vient jouer le vrai méchant.

« c’est un endroit magique yo, un monde à part yo [plan présentant un couple dansant langoureusement], on peut changer qui on est yo, bikini et petits culs, la vie quoi! »

Il a quelque chose de gênant, dans la nouvelle communication du star-système, et particulièrement celle à destination des adolescentes; comme si les vendeurs de rêve avaient décidé de faire en sorte d’arranger une rencontre – pardon un date – entre des « putes en civil » et les Eglises. C’est la grande différence avec le passé: ce n’est plus seulement le cul qui fait vendre, c’est le popotin élevé en conversations mondiales comme point d’entrée d’un « lifestyle« . Es-tu hot or not?

Un exemple parmi d’autres de cette schyzophrénie ambiante: Rihanna. Deux images extraites de son compte instagram traduisent ce drôle de monde, où l’on surligne les passages des Evangiles tout en trouvant délibérément « cool » la pornographie.

Au milieu de cette collision des Dieux et des vices, un garçon s’élève encore une fois avec sa plume et son coeur, la bouteille de Jack au poing et la sueur comme alternative à la cocaine. Quand Satan réinterprète la Cène, Saez remonte sur scène.

« Puisque tout à son prix puisque rien ne vaut rien
De partouzes en sextapes, la vérité éclate
Aux yeux de ses connards abrutis dans la toile
Qui rêvent de Malibu et des pornos
Victimes du fascisme qui règne ici
Moi je suis le Fuhrer et des armées de femmes
A mes pieds qui supplient
Elles ont le corps de putes et le coeur des vierges
Et dans ma blanche neige elle s’y voit l’infini »

En dévoilant son nouveau titre, Miami, ce sont des générations entières plus adressées par MTV qui redonnent de la voix à l’écho infini du Rimbaud moderne. Damien Saez parvient comme à chaque coup de mots à s’interconnecter aux attentes d’un public toujours plus nombreux; un public toujours plus réceptif depuis 15 ans à un artiste qui brille par un contre-modèle du marketing « mainstream« : très peu de télévision; un point d’honneur à s’affranchir des médias et du microcosme parisien; une diffusion d’informations au compte-goutte relayées par des communautés extrêmement bien structurées qui démontrent que quand des textes déjouent la standardisation des majors en s’adressant directement aux cerveaux des citoyens, « ainsi la poésie n’aura pas chanté en vain » comme le disait Neruda.

Damien Saez fait le siège de Miami et instaure qu’à défaut de Springbreak, on puisse rêver de printemps nouveaux. On n’a jamais été aussi sérieux quand on a 17 ans.

LILZEON

Source : blogs.lexpress.fr