Propulsé au grand jour via le simple single « Jeune et con », le premier album de Damien Saez bluffe par sa richesse mélodique et la maturité de son écriture.

Tu as défini ton album comme « le journal intime d’un ado » ; Tu te sens toujours ado ?

Oui. C’est la plus belle période de toutes. C’est un moment où tu as encore des rêves, des dégoûts… Tu n’es pas blasé, tu as encore une envie de liberté. Etre libre 24h/24, c’est pas forcément ce qui pousse vers la liberté. On ne jouit vraiment de la liberté que lorsqu’on a des murs à briser. A l’adolescence, tu vis toujours chez tes parents mais tu commences les relations amoureuses, tu découvres le monde. L’adolescence, c’est Rimbaud. D’ailleurs, je pense qu’il avait tout compris puisqu’il s’est arrêté d’écrire à la fin de son adolescence.

Parce que tu envisages déjà d’arrêter d’écrire ?

Non, ça veut pas forcément dire que j’aurais le même courage que lui. Je n’ai pas la même culture ni la même facilité littéraire. On n’a pas eu la même éducation. A 10 ans, il faisait déjà des vers en grec et en latin toute la journée.

Quel genre d’éducation as-tu eu ?

Eclectique. J’ai vécu à Marseille et à Dijon. Marseille, la Provence, c’était l’enfance. Dijon, est plus lié à l’adolescence. Je suis totalement immigré. Mon père est andalou et ma mère algérienne. Du coup, j’ai connu plusieurs culture, plusieurs musiques. Mon beau-père également a beaucoup compté. C’est quelqu’un de très cultivé, très intelligent.

Et côté école ?

J’ai eu un bac S, il y a 4 ans. Je faisais tout le temps des chansons, j’étais pas très bien en cours. J’avais l’impression d’être pris dans un engrenage de morts-vivants. J’ai commencé une fac d’histoire et puis j’ai laissé tombé. J’ai toujours su que je vivrais de la musique. J’ai toujours baigné là-dedans.

On a beaucoup comparé ton timbre de voix à celui du chanteur de Noir Désir…

Ca s’est calmé. Plus tu vends des disques, moins on te compare. Oui, on est du même côté, mais on n’a pas le même âge, on ne parle pas des mêmes choses. Je suis plus inspiré par des gens comme Brel que par des groupes de rock français. En ce moment, j’écoute beaucoup le dernier album de Placebo.

Pourquoi as-tu choisi de faire une reprise déjantée du titre phare « Titanic » lors de tes concerts ?

La façon dont la chanson est reprise ne tend pas vraiment vers le côté fan. Les gens qui chantent et qui en sont à un point de non retour par rapport à ce qu’ils font, ça me gave ! Cette reprise, c’est de la décision, de l’humour. Elle nous a tellement soûlés avec son titre, Céline…

Malgré la qualité de tes textes, tu ne crains pas d’être catalogué chanteur pour midinettes en raison de ton physique de boy’s band ?

Je deviendrai ce que je deviendrai, ça ne me pose aucun souci. Je n’en ai rien à secouer ! Et puis, est-ce que Kurt Cobain n’était pas un chanteur pour midinettes ?

Tu donnes l’impression d’être assez sombre, limite teigneux…

Je ne suis pas quelqu’un de pessimiste. Mélancolique peut-être, réaliste sûrement. Je ne suis pas un révolté mais j’essaie de faire bouger les choses par le témoignage. C’est la société qui ne me plaît pas, je ne me sens pas en phase.