Fin 1999, « Jours étranges » arrivait sur nos platines. Véritable électrochoc, Saez déclenche vite réactions en tout genre, son franc-parler dérange, on l’aime autant qu’on le déteste.

Une tournée et trois ans plus tard, le voici de retour avec God Blesse. Patchwork d’émotions et de musique, ce double album est une véritable bombe qui risque d’en dérouter plus d’un.

Sur le premier disque, Damien hurle sur fond de guitares rugissantes, puis l’ambiance se pose pour des ballades plus calmes. On arrive sur la deuxième galette, intitulée Katagena, qui recèle de somptueux piano ou guitare voix.

Bienvenue dans le petit monde de Damien Saez.

Plus qu’un disque, ce double album vous prend par la main pour un véritable voyage. Fermez les yeux, laissez vous porter par la musique, vous traversez toutes les ambiances, des affres de la mondialisation (Solution) aux nuits malsaines de night-club (Sexe) jusqu’aux palais autrichiens de Mozart (Thème 1) et les rues enneigées de l’ancienne capitale russe (St Petersbourg). Ainsi que quelques ballades d’amoureux (So Gorgeous) et une mention spéciale à une sublime déclaration « J’aurais aimé t’aimer comme on aime le soleil, te dire que le monde est beau, et que c’est beau d’aimer » du particulièrement émouvant J’veux qu’on baise sur ma tombe.

Au détour de chaque piste, c’est une nouvelle surprise, une nouvelle découverte.

Mais le meilleur reste à venir. Alors que le voyage touche à sa fin, c’est le dernier sursaut avec les envolées lyriques et la grandiloquence du volcanique Voici la mort où orchestre et chœurs s’entremêlent et déferlent par vagues dans nos oreilles tel un orage. Damien Saez mêle le son énergique du rock à ses influences classiques et nous livre le chef d’œuvre du disque avec cette chanson.

Quant aux paroles, elles font tour à tour trembler, rire, sourire, pleurer, portées par la voix puissante et fragile, violente et si vivante du jeune chanteur de 24 ans.

On perçoit de plus un changement, plus de maturité dans la façon d’interpréter les textes. L’impact des mots est plus intense, qu’ils soient criés, ou susurrés selon la chanson, ce qui donne souvent l’impression d’écouter des poèmes chantés.

Et voilà, après plus de deux heures de voyage, le silence se fait, les lumières se rallument, il faut essayer de reprendre ses esprits après cet uppercut, ce monstre qui assomme.

On peut aimer ou pas la dimension énorme du disque, le lyrisme, et ce mélange classique rock, mais avec un minimum d’objectivité, on ne peut rejeter l’originalité du projet, et le talent du bonhomme qui n’a décidément pas fini de nous surprendre.

Anna