Après le désormais mythique concert de la Cigale le 1er juillet dernier, Fransaez a voulu en savoir plus sur l’évolution du groupe sur scène, mais aussi lors de la préparation des concerts et du travail en studio. Réponses et réactions en exclusivité pour la rédaction de Fransaez…

Le concert de La Cigale ? Tu t’attendais a un tel accueil ?

Je m’attendais à rien en fait. Pour un concert, je ne pense pas à la réaction du public. Je préfère y penser après qu’avant.

Au niveau de la tracklist, ça a été un choix perso ?

Je ne fais pas grand chose perso. Autant il y a des domaines où il n’y a pas de place pour les autres, Menacés Mais Libres par exemple, où là, je n’ai aucune envie que ça parte dans des directions d’orchestrations, je préfère que ça reste minimaliste et le moins arrangé possible. Et pour tout le reste, je suis extrêmement ouvert et à l’écoute des autres. Donc évidemment pour l’enchaînement des morceaux, c’est un choix qui vient de tout le monde.

C’était important pour vous de chanter des chansons de « Jours étranges » ?

Après, c’est quelle chanson est réellement importante pour soi, et c’est là que ça se fait en tout cas dans la démarche. C’est là que moi je ne fais peut être pas comme d’autres qui vont réfléchir au public, moi je vais réfléchir à moi-même, aux mots que je vais chanter, est-ce qu’il y a un sens à l’instant où je vais le chanter ou pas. C’est vrai que ça m’aurait fait bizarre de pas chanter « Jours étranges » parce que c’est, pour moi, à mon goût, une de celles qui me représente le plus et dont je suis le plus fier et que je prends le plus de plaisir à chanter. Et puis y’en a d’autres que j’ai moins envie de chanter aujourd’hui et y’a des jours où j’aurais envie de les chanter et on le fera. Y’a pas d’obligations là-dedans je crois.

Jeune et con » fait partie des chansons que tu joues de moins en moins ?

Oui, en sachant que ça peut revenir ou pas, c’est pas non plus… J’ai pas le point de vue « je renie les singles », c’est pas dans mon caractère. Je renie rien à partir du moment où je me mets quelque part. Maintenant y’a des soirs où on a pas envie de chanter certaines choses. Tout simplement.

« Fils de France » tu l’as écrite tout seul ou avec un autre membre du groupe ?

Non je l’ai faite tout seul. Non le début du texte je l’ai pas fait tout seul. Le premier passage jusqu’à « suicidaire », je l’ai fait avec quelqu’un d’autre. Et après, le reste, tout seul.

Le public de la Cigale avait hâte de l’entendre. Et ça a été un grand moment sur scène. Comme « Sexe », en live elle est complètement différente…

Oui, elle est passée dans le rock. Ce qui est étonnant, c’est que c’est une chanson vraiment rock à la base, c'est-à-dire qu’il y avait des riffs de guitare électrique et après je trouvais assez intéressant et même si je savais qu’il allait y avoir chez certains de l’incompréhension parce que c’était pas forcément ce que les gens attendaient, j’étais très content de là où elle est arrivée. Parce que c’était justement la seule qui allait dans un domaine que j’ai plus tendance à critiquer qu’à valoriser, mais je trouvais tellement drôle le décalage entre la musique et le texte et finalement je la trouvais vachement franche et justement dans le contexte de la chanson extrêmement rock. D’ailleurs c’est la chanson qui s’est fait le plus censuré, comme par hasard… Mais c’est vrai que sur scène, elle est beaucoup plus rock.

Le concert avait plus un côté rock, au niveau de la tournée qui commencera à la rentrée, tu as l’intention de faire des concerts plus « acoustiques » ?

Oui, mais dans une seconde partie je pense. Je pense que j’aimerais bien l’annoncer, que les gens qui viennent vont pas venir pour danser. Parce qu’il y a quand même rien de plus désagréable d’être dans un trip plutôt texte, voix posée et d’avoir des gens qui ont envie de bouger. Et finalement, le concert acoustique à l’image de « Katagena » serait plus à faire dans une salle complètement assise. Du moins, c’est comme ça que je le pense.

A part pour la tournée de « Jours étranges » qui t’a permis de jouer dans des festivals, tu as plutôt l’habitude de jouer dans des « salles ». Est-ce que tu penses déjà au Zénith parisien ?

Franchement j’aimerais bien qu’il soit plein déjà !! (rires) Parce que ça fait du monde quand même…

Et puis, je pense qu’on peut faire quelque chose de vraiment bien. Si je pars là-dedans, j’aimerais vraiment bien monter un show intéressant. Allier de l’image, du texte avec un début, un milieu et une fin. Ecrire vraiment un scénario dans l’ensemble pour ne pas refaire le concert de la Cigale ! Parce que, et pour moi et pour les gens de la Cigale, ça sera plus agréable. Le concert de la Cigale était un concert très agréable, parce que je sentais les gens aussi et c’était un peu un concert à part.

Moi je pense qu’il faut faire les deux, des petites et des grandes salles. J’ai l’impression qu’il faut faire les deux, et que les deux sont bons. Si je prends le paroxysme du gigantesque, à chaque fois que j’ai vu U2 en concert, j’au pris une baffe que par rapport à la musique, c’était le sens des images qui allaient avec, et tout l’ensemble. Et je pense que si je les voyais dans une autre salle, je prendrais une autre claque, mais dans un autre registre, c’est pas la même chose quelque part et presque pas la même musique.

Au niveau du groupe, on retrouve Antoine et Frank…

Normal…

On les attendait eux aussi !

Non mais Antoine commence à avoir la cote grave ! (rires) Non mais sérieux !

Il l’avait avant…

Oui je sais mais là… il l’a encore plus !!

Ah oui… !! Vu la réaction du public au moment de la reprise de Cohen…

Ah oui c’est bon !! Non mais c’est clair… Ceci dit, il est quand même très beau… Oui je le trouve beau. Il a des yeux… J’en deviendrais presque homo !

Et ça s’est fait comment votre duo ?

En fait, Franck et Antoine on a des amitiés très fortes et très différentes. C’est vrai qu’avec Antoine, sur le temps on s’est beaucoup moins vu par rapport à ce que j’ai pu voir Franck avec qui je suis quasiment tout le temps. Avec Antoine y’a presque un truc de frangin, c’est dur à expliquer. C’est très fort, et y’a pas besoin de le dire. Cette chanson, c’était un disque je connaissais de Cohen, que j’avais écouté chez mes parents quand j’étais petit, et un soir où j’allais pas très bien, j’ai été dormir chez Antoine, et je me suis réveillé le matin, lui était déjà levé et il était en train d’écouter ce disque. J’avais déjà très bien dormi, ce qui m’arrive assez rarement, surtout en dormant chez quelqu’un ! Tu vois, quand tu connais pas et où tu n’as pas tes repères, et bien j’avais trop bien dormi, je me sentais trop bien, le café sentait trop bon, le pied quoi ! Et à la fois ce moment était assez mélancolique, assez étrange et on écoutait cette chanson. Et puis un jour en répète, on s’est mis à la chanter tous les deux. Et comme je trouve qu’Antoine a une très belle voix, et c’est étonnant parce que c’est pas le même registre que moi, ça n’a rien à voir en terme de voix et les deux ensemble c’était chouette.

Et le fait de la jouer ensemble à la Cigale vois en êtes venu comment ?

Bah c’était pas le fait qu’il accepte ou pas, c’est… On l’a vraiment pris à la « cool », c’était le truc on chante une chanson et puis que ce soit la Cigale, chez quelqu’un ou on la chante tous les deux, c’est pareil. En plus Antoine c’est comme ça qu’il envisage la scène : « on est heureux d’être là et de jouer ensemble ». D’ailleurs Antoine est beaucoup plus pour la scène que pour le studio. A l’inverse de Franck, il est beaucoup plus à l’aise sur scène.

Franck a été plus présent au niveau de l’écriture, son nom apparaît sur 3 chansons ?

En fait, Franck n’était pas avec moi. C’était lui tout seul dans son coin, puis il est arrivé avec les accords de « Solutions », il l’a joué à la guitare, on a bossé ensemble. C’est lui qui l’a amené.

Un autre jour, il m’a amené les accords de « Sexe » et bien avant, au tout début, il m’avait amené les accords de « Light the way ». Et il a commencé à la jouer et puis après ça s’est développé. En fait il bosse de son côté, et puis après on bosse ensemble.

Il est quand même à l’aise sur scène, mais de préférence il choisirait le studio. Ce qui est un peu mon cas à la base. Et Antoine alors lui… tu lui dis « on va tourner 365 jours sur 365 jours » il dit OK.

Au niveau des autres membres du groupe ?

Le bassiste, c’est le bassiste d’un groupe anglais qui s’appelait « the The » dans les années 80. Le guitariste, déjà présent au Réservoir, alors lui… C’est la classe ! Il faisait des séances en Angleterre, et puis on a commencé à bosser et ça colle. Pat, il est trop fort vraiment. Il a pas travaillé avec nous sur « God Blesse » mais sur le prochain c’est clair…

J’ai eu de très bons échos au niveau des fans…

Moi j’ai vraiment pris mon pied, j’étais vraiment content parce que c’est tellement un album éclectique que c’est pas forcément évident de le mettre en scène. Et c’était assez émouvant… « J’veux qu’on baise sur ma tombe » c’était très émouvant, même tout ce passage là « Light the way », « Perfect world » j’étais content… C’était vraiment bien.

En plus, j’ai l’impression que ce soir il y avait, enfin il y a eu une symbiose de deux frustrations. Celle du public après pas mal de concerts annulés et la mienne également. J’ai l’impression que le fait qu’il y ait eu tant à attendre a fait que de toutes façons il était convenu, inconsciemment, que, de la part du public et de nous sur scène on allait pas rater ce moment là.

Ca t’a manqué la scène ?

Honnêtement oui. Surtout quand ça se passe comme ça. Et c’est vrai que là… Bon le groupe a toujours été formé avec Franck et Antoine, mais là il s’est agrandi. Avant, il y avait des gens qui étaient avec nous, voilà, mais il y avait deux groupes. Et aujourd’hui il n’y a plus deux groupes, il n’y en a plus qu’un. Et ça c’est vraiment bien, et c’est ce qui me rend content, surtout pour Pat parce qu’on a les mêmes affinités, les mêmes goûts musicaux. Ca colle vraiment. Et affectivement aussi.

Peu importe le domaine ou le boulot, c’est de toutes façons plus agréable quand tu travailles avec des gens que tu apprécies…

Oui ! Carrément. Donc y’a des chances pour qu’on annule pas de dates de concert !

Julie