Lors de cette tournée, les nouvelles chansons n’ont pas été les seules à nous surprendre. Le live permet aussi de redonner une nouvelle jeunesse et une nouvelle dimension à des chansons qu’on pensait pourtant connaître sur le bout des doigts.

Jeune et Con. On l’a entendue sous toutes ses formes, pourtant furieusement électrique et gueularde sur les premiers lives, elle a parfaitement supporté le passage à l’acoustique. Tantôt à la guitare, d’autres fois au piano, même en italien, elle n’a jamais perdu de sa force. Alors que depuis quelque temps, on avait pris l’habitude d’écouter une version épurée et raccourcie de la chanson, les publics de Strasbourg et Bruxelles ont eu le privilège d’une version encore inédite : après l’avoir jouée en entier, guitare en bandoulière (et fortement accompagné par le public), Damien est rejoint par le reste du groupe. Guitare, basse, batterie font leur retour pour un final grandiose avec en prime le refrain célèbre de Dido/Eminem qui n’est pas sans rappeler une autre prestation inoubliable, il y a 2 ans aux Victoires de la Musique. Un air de nostalgie envahit la salle…

On ne peut pas évoquer les modifications scéniques sans penser à Voici la Mort. Encore une chanson qu’on a entendue sous de multiples facettes, chacune faisant ressortir un nouvel aspect de ce morceau décidément à part. On l’a connue au piano dans un silence de cathédrale, avant de la redécouvrir avec orchestre et chœurs. Et, aussi étonnant que cela puisse paraître, elle résiste magistralement aux changements d’ambiance et sort encore grandie de cette interprétation électrique absolument époustouflante ! L’atmosphère se charge d’électricité, la tension est palpable. Couplée à Massoud récitée comme un discours politique, les rugissements des guitares annoncent la tempête qui va suivre ! Dix minutes de frissons ininterrompus. Un instant a cappella le temps de vomir quelques « A ta santé Georges Bush » puis des basses lancinantes à faire littéralement trembler toute la salle surgissent. La puissance est décuplée, la batterie réglée comme un métronome, les cœurs battent au rythme de la basse. Nous revoilà KO une fois de plus.

Sexe aussi subit un lifting, et prend une tournure des plus rock. L’excitation va crescendo. Pogos et slams à tout va dans la fosse qui se transforme en dancefloor géant, stroboscope, électricité et chaleur tropicale, un peu trop on dirait pour certaines demoiselles qui ont du mal à s’en remettre ! A moins que ce soit les pas de danse improvisés de Damien qui les mettent dans cet état ? En tout cas, la transformation est réussie ! Qu’on ait aimé ou pas la version CD et ses innombrables remix (à quand une version piano ?), on ne peut pas rester insensible au rythme et on se surprend même à fredonner les paroles avec enthousiasme !

Sauver cette Etoile nos met régulièrement à genoux. Toujours remaniée, améliorée et fortifiée de nouveaux couplets. Elle débute désormais avec la voix d’un petit garçon qui récite le premier couplet de la chanson comme une litanie. Il n’est pas seul puisque le public hurle chaque mot en chœur : violence puissance inconscience… 3 ans après, ces mots sont malheureusement toujours d’actualité… « y’a la Palestine, et puis y’aura Bagdad » Retour sur Terre…réalisme, fatalisme, noirceur et rage. Laissons à Damien les mots de la fin : « Pas besoin de laisser passer pour entrer dans la compagnie, qu’importe qui tu es si tu peux payer le prix, bien au dessus des foules règnent les compagnies, c’est les tours qui s’écroulent, nous n’avons rien appris »…

Certaines restent fidèles à elle-même, mais à entendre les hurlements de la foule à chaque fois de Damien reprend un Montée là-haut toujours plus émouvant, on ne pouvait pas ne pas la mentionner. Toujours plébiscitée, elle n’a pas pris une ride et reste LA chanson pour beaucoup.

L’autre chanson incontournable devenue culte dès les premiers jours, J’veux qu’on baise sur ma tombe, le public chante à l’unisson en se tenant par la main, et l’émotion atteint son paroxysme quand on arrive à St Petersbourg. Elle est passée du piano à la guitare sans encombre, son dépouillement fait sa force. Moment d’intense communion entre l’artiste et le public, le silence se fait instantanément.

Mais c’est sur A ton nom que l’interaction se fait le plus sentir. Pour finir le show, God bless bless America , inch’allah inch’allah lalala… sur tous les rythmes , tous les tons, ultime remerciement d’un public fidèle, admiratif et enthousiaste à un artiste généreux, talentueux, et unique.

Anna