Saez, avant de se produire au Zénith de Paris le 12 novembre, assurera une tournée complète qui passera notamment par Marseille, Toulouse ou bien encore Lyon. Pour sa première date, c'est à Dijon, sa ville d'origine, que nous avons rendez-vous. Toute une journée, dans la peau d'une rock star, si c'est pas du bonheur, ça ?

Dès notre arrivée en gare de Dijon, nous rencontrons les musiciens de Damien. Max, qui assurera la batterie, ou encore les Anglais James Eller qui a joué sur l'album et Pat. Ils proposent de nous déposer à l'hôtel, mais la grosse berline allemande prêtée par la prod ne démarre pas : nous nous y rendrons en taxi. Il est déjà temps de rejoindre Saez sur le lieur du concert pour les préparatifs. Pour cette première date « à domicile », il a une pression supplémentaire sur les épaules. En plus de tous les fans qui seront présents, il y aura la famille. « De toute façon la pression elle est tout le temps là, quelle que soit la date. » Après avoir récupéré les Pass à la prod, on fonce voir Damien. Le groupes est en train de réfléchir à la set list définitive. La particularité de cette première est de faire partie d'un festival à l'affiche relevée, l'Open Festival. Après Gotha Project et Morcheeba la veille, c'est rien moins que Tarmac et Jean-Louis Aubert qui partageront l'affiche avec le Dijonnais. « C'est bien, les choses commencent à bouger à Dijon, la mairie est passée à gauche, je sais pas si c'est pour ça. Moi quand j'étais ici y avait pas ça ! » Juste le temps de faire quelques photos dans la lumière du soleil couchant avec son bonnet de combattant et l'on file aux balances.

Ça balance

Il est déjà 16 heures sous le grand chapiteau de 4500 places qui a déjà abrité les concerts des Eurockéennes. Le groupe joue « Solution » avec un son très fort et confus, à la limite du supportable. « Y avait de la tension parce que les conditions ne sont pas bonnes, la balance était très courte et j'ai jamais entendu un son aussi pourri. A vide, y a comme une reverbe, mais quand y'aura du monde ça le fera plus. Le concert va être mortel. » Le chanteur descend dans la fosse pour écouter ce que ça donne, mais Max se plaint du décalage que ça provoque et l'invite à remonter sur scène. Après quelques réglages, ça va mieux et Saez prépare sa guitare acoustique. 17H00, retour à l'hôtel. On fonce dans la chambre d'Antoine, plus grande, pour suivre PSG-OM. « Tu vois que Damien n'est pas favorisé », ironise son manager. Il ne restera qu'une mi-temps devant la déroute de ses protégés marseillais. On peut dire que devant sa télé, l'image véhiculée par les médias du mec qui s'y croit, tombe à l'eau. Le mythe de la rock star aussi. Comme tout supporter qui se respecte, il gueule après l'arbitre en toute objectivité... bien sûr. Après cet intermède de sport intense, il part se préparer psychologiquement pour le concert : l'heure approche. « Je me mets une heure, une heure et demie dans la loge, je ne vois personne, je ne fais plus rien. Je m'allume des bougies, je tripe quoi. Zen. » Le repas au catering est un grand moment. L'ambiance de tournée est omniprésente et manger entre Richard Kolinke (batteur de Téléphone) ou Gaëtan Roussel de Tarmac, n'est pas donné à tout le monde. Je savoure.

Let the show begin

22h30, le set de Tarmac terminé, il est temps d'assister au retour du petit prince du rock sur ses terres. Après « Monster », une intro mélodique jouée dans l'obscurité, « Solution » résonne. Poing levé, les accords de Franck à la guitare défilent. Sur le premier refrain, Saez ne chante pas et se contente d'écouter le public en se baladant sur la scène. La chanson se termine sur un arpège de piano et s'enchaîne sur l'electro « Sexe ». L'ambiance augmente de façon croissante, le slights rouges éclairant enfin dignement le combo. Le titre oscille entre techno et disco et Damien se met à genoux pour réciter sa complainte. « Alors comment ça va, ça fait plaisir de vous voir. » lance-t-il avant de commencer, guitare sèche en bandoulière, « J'veux qu'on baise sur ma tombe ». Boite à rythme derrière lui, les guitares de Pat et Franck se réservent pour une version excitée. Les briquets s'éteignent pour laisser place à « Jungle », puis le magnifique « -Light The Way » dans des accents radioheadiens très prononcés. Le chanteur semble intimidé par l'événement et peine à communiquer tout en se lâchant vraiment. « On vous a pas trop endormis ? » Kylie, sa reprise de « Can't Get You Out Of My Head » se charge de réveiller les éventuels somnolents. Il encourage le public à remuer, alors que celui-ci est déjà bien en forme. Un sample de voix d'enfant distille ensuite un texte et c'est « Sauver cette étoile » qui est joué. Saez se ballade toujours, main dans le dos et profite de l'instant avant de s'asseoir sur le rebord de la scène. Pat, le deuxième guitariste joue un solo et s'énerve dans la lumière, tandis que Damien reprend les non, non, poings levés. C'est une véritable ovation qui envahit la salle. Puis, c'est le medley « Massoud/La mort » où le chanteur récite, bonnet sur la têre, les paroles comme un discours politique. Il est 23h24, tout le monde quitte la scène.

Fils de Dijon

Le public ne l'entend pas de cette d-façon et les rappelle pour jouer « Fils de France ». C'est le délire sous le chapiteau. Les spots diffusent dans le dos du leader des lumières bleu, blanc, rouge. Il chante derrière un play-back de guitares acoustiques sur le premier couplet, tandis que les deux guitaristes se réservent pour s'énerver sur la fin du titre. Sur les refrains, les lumières s'affolent dans tous les sens. Saez lâche un merci beaucoup, et s'éclipse rapidement. La salle attend un deuxième rappel, mais il n'en est rien. Il a apparemment renoncé à jouer « A ton nom ». De retour dans les loges, Franck Phan semble légèrement déçu, mais relativise : « C'est un concert de rodage. » Pourtant l'assistance, elle, fut ravie. Le cadre d'un festival, avec des horaires à respecter n'est pas propice à l'improvisation et c'est peut-être ce qui a gêné le chanteur. Quoi qu'il en soit, le concert était, malgré une baisse de rythme dans le premier tiers, tout à fait convenable. Loin de l'esprit intimiste que permettait La Cigale, il a laissé néanmoins entrevoir de réelles possibilités pour la tournée à venir. En tout cas, l'homme est assurément motivé et a hâte de rencontrer à nouveau son public, de prouver ce dont le groupe est capable quand il jouera en tête d'affiche.