Cinq mois après un triple album aussi rageur qu'amoureux, le bouillonnant et prolifique Damien Saez sort dix nouvelles chansons, aussi fougueuses que de coutume. Et dont la tonalité politique dresse un constat très sombre de ce qui nous entoure : Miami est une plongée sans fard, sans merci ni pardon, dans un univers postmoderne aux fascismes sous-jacents — l'Amérique puritaine et friquée, notamment. L'album s'ouvre sur un morceau manifeste (Pour y voir), tableau des fausses promesses de l'existence ; il se referme sur un chant nostalgique (Que sont-elles devenues ?), égrenant les joies enfuies et enfouies. Entre les deux, Saez chante les drogues, le sexe — dominé ou marchandé —, le pouvoir, l'hypocrisie, les fins de nuit échouées... Jamais du côté des puissants (« Je suis pour les putes et pour les infidèles »). Là où l'album précédent alternait les ambiances, celui-ci assume une veine rock — dans la lignée de J'accuse, sorti en 2010 —, qui se teinte ici et là d'électro, et prend parfois des accents de sono mondiale. La chanson-titre est d'une telle efficacité qu'elle pourrait presque se muer en tube... si seulement les radios l'osaient.

Valérie Lehoux

Source : www.telerama.fr