En quelques albums, Jours étranges (1999), G od blesse (2002) et Debbie (2004 ou encore le triple Varsovie – L’Alhambra – Paris (2008), le musicien à fleur de nerf a trouvé un ton résolument personnel même si Noir Désir ou Louise attaque sont déjà passés par là avant lui. Le sexe et la mort, Ferré et Brel, Radiohead et Jeff Buckley, Massoud et Che Guevara, Verlaine et Rimbaud… Autant d’obsessions que Saez livre avec rage et insolence.

N’allant jamais sur les plateaux de télévision, sinon pour se produire aux Victoires de la musique un bonnet jusqu’en dessous du nez, Saez, c’est aussi une rock’n’roll attitude et un joli minois boudeur et romantique, qui plaît au public féminin par excellence.

Originaire de Dijon, Damien Saez est issu d’un milieu modeste. Son père quitte la maison lorsqu’il avait 5 ans, sa mère, éducatrice s’occupe de mineurs délinquants. À 8 ans, le petit Damien veut apprendre le piano. « Comme c’est moi qui ai demandé, dit Damien Saez, ils ont pris ça pour une obligation parentale d’accepter, même si on n’avait pas beaucoup d’argent. Ce n’était pas évident de jouer du piano dans l’immeuble. »

À 18 ans, Saez, qui a commencé à écrire ses chansons, prend ses cliques et ses claques et s’installe à Paris. Son premier album, J o urs étranges , est à l’image du simple Jeune et con qui a attiré l’attention de toute une jeunesse sensible à ce jeune gars chantant son mal-être et celui de la société.

En fait, Saez ne se force même pas. Il agit à l’instinct. N’en fait qu’à sa tête. Qu’il n’a pas vide. Quand Le Pen passe au premier tour des présidentielles, il enregistre dans l’urgence Fils de France téléchargeable gratuitement sur le site de sa maison de disques de l’époque. À peine connu avec le titre Jeune et con , il revient avec un double album conceptuel, obligeant Universal à prendre des risques que les temps présents ont oubliés. Il remet les couverts ces jours-ci en publiant Miami (Cinq7/Wagram) alors que son deuxième triple album Messine est sorti en 2012.

Oui, mais voilà avec peu de promo et aucune apparition à la télévision mais avec un sens calculé de la provocation (l’affiche de sa nouvelle tournée a été censurée par la RATP et la pochette de Miami par certains distributeurs), les salles sont remplies et Saez d’être suivi par une horde de jeunes fans prêts à voir en lui le nouveau messie atypique du rock. L’intéresse refuse, pourtant, d’être un porte-parole. Il dit ce qu’il pense (il hait le mot « communisme », par exemple), reconnaît être inspiré par ses névroses en bon hypocondriaque, caractériel et parano qu’il avoue être.

Saez reste convaincu qu’il faut exprimer ses malaises. Plutôt que de boucher la source, il faut l’analyser, la canaliser, la mettre à jour. Il tient à ce côté thérapeutique des chansons. Il n’a même pas peur d’être « bruelisé » par des gamines amoureuses confondant Saez avec un boy’s band, trop arrogant pour ça. Et, sur scène, il ne caresse pas vraiment dans le sens du poil. Une musique recommandée aux brutes et aux âmes sensibles.

Source : www.dna.fr