Saez, c'est le Mélenchon du rock, toujours à haranguer les foules le doigt pointé et le verbe haut ; imprécateur à guitare partageant le monde de façon binaire (comme l'est sa musique), sans souci de nuance, aussi brutal que ce qu'il dénonce.

Hier soir au Zénith, on a cru comprendre (au milieu d'un son bien «crade» qui rendait le discours passablement confus) qu'il y a d'un côté les puissants «dans leur limousine» et de l'autre, les gueux qui finissent «dans la fosse commune». Damien Saez raconte les espoirs déçus, les luttes condamnées à l'échec, la finance qui écrase le gagne-petit. Effort louable.

Dans un répertoire à se flinguer, il utilise des mots qui claquent (il fut, il y a 14 ans, «jeune et con») et des expressions qui marquent. Quand il affirme : «L'homme ne descend pas du singe mais plutôt du mouton», il devrait penser aux 5 000 fans qui réagissent comme un seul homme, fascinés par un gourou dont le principal signe extérieur de révolte est de fumer sur scène en buvant un verre de bière (le tout dans un curieux pull de ski qui fait ressortir ses bourrelets).

Les connaisseurs ont visiblement vécu une transe «révolutionnaire», tirant eux aussi sur leur clope, plus ou moins planante. Le visiteur d'un soir s'est terriblement ennuyé, dès les premières chansons, face à un spectacle tout d'un bloc, dans un univers en noir et gris.

Jean-Marc Le Scouarnec

Source : www.ladepeche.fr