En quelques années, il est passé des tubes générationnels ( Jeune et con, Fils de France), plébiscités presque malgré lui, à des morceaux plus intimes, parfois même plus courageux. Damien Saez continue de cultiver son anticonformisme, secouant toutes les petites habitudes de la scène avec « la rage d’un écorché ».

Spécialiste de “l’impro”

Rien d’étonnant à le voir purement et simplement planter la salle au beau milieu du concert. Les lumières se rallument, une partie du public, hagard, commence à quitter les lieux. Ceux qui suivent de près ses tournées connaissent l’astuce, et au bout d’un gros quart d’heure, il remonte sur les planches comme si de rien n’était. Un coup d’éclat qui rappelle à quel point il aime, dans un désopilant excès de malice, déplacer les charentaises de son public. Mais dans la salle, tout le monde le suit, happé par son charisme.

Car on est très loin des concerts standardisés, ici le groupe module ses titres au gré des émotions du public, Saez n’hésitant pas à prolonger la musique d’un signe de la main. On découvre un groupe phobique de toutes aseptisations, et un torrent d’improvisations.

Bien sûr, l’arme ultime de Damien Saez, c’est son chant, porté par une voix singulière, et on a vite le sentiment qu’il pourrait faire un tube à partir de n’importe quelle prose. Hurlant à pleins poumons pour mieux murmurer l’instant suivant, Saez fait partie de ces artistes qui n’économisent pas la moindre calorie, offrant une tribune surréaliste à sa poésie engagée. Et pour le public, une cure de jouvence radicale.

Source : www.bienpublic.com