Comment pourrait-on définir la musique de Damien Saez? Tâche ardue lorsqu’on connaît la variété des compositions du "Petit Prince du Rock" dijonnais… Une partie de la réponse se trouve dans son deuxième opus sorti en avril 2002, le dénommé God Blesse/ Katagena. Notre mystérieux ami nous livre un album peu banal, parfois incohérent mais en phase avec l’après 11 septembre 2001 (rappelez vous les deux tours de Lego détruites par des kamikazes imitations G.I. Joe du désert).

Tout porte à croire qu’il a écrit une bonne partie de ces 29 titres après le Nine/Eleven car dès l’ouverture du premier cd (J’Veux du Nucléaire, titre inquiétant pour plus d’un titre, mais qui n’est pas un hymne à Hiroshima ou Nagasaki), il pose le problème de la profusion d’images diffusées aux yeux non-avertis de nos cadets les petits "Playmobil". La fin du titre est réservée à un bon cramolard bien visqueux envoyé aux camarades capitalistes et maîtres du monde. Vient ensuite ce qui reste le premier single de cet album : Solution, dans lequel nous apprenons que l’on a un trop de tout (Trop de sang sur le mur/ Trop de murs entre les pays/ Trop de pays dans l’Union/ Trop d’unions monétaires/…) sauf de… solution. Avouons que l’idée du jeu de mots est bien trouvée. Après les délires electro-pop d’Isn’t love II et Sexe vient la bombe (pas Nucléaire), la perle, la magnifique, l’incommensurable: J’Veux qu’On Baise sur ma Tombe, poème (et non nécrophilie) sur le double thème de l’amour-mort (j’aurais aimé t’aimer/ comme on aime le soleil/ te dire que le monde est beau/ et que c’est beau d’aimer/…). Ce titre est archi-connu de la communauté saezienne et repris en cœur par les foules en délire lors de ses concerts. Ce doit être à ce seul moment que l’on entend plus les "Damieeeeen, je t’aiiiiimeuh !".Le reste du premier cd reste malheureusement hétérogène et aurait mérité un petit élagage (quelle différence entre By my princess et Perfect world, si ce n'est le titre?)…

Ne serait-ce pas la huitième merveille du monde qui se profile à l’horizon? Certains ne sentiront rien de rock 'n' roll dans la guitare ou le piano de Katagena et tomberont littéralement dans le panneau. L’absence de basse, de guitare électrique ou de batterie (sauf dans Voici la Mort) ne rend pas cet album moins Rock, s’agissant plus d’un état d’esprit que d’un style de musique. Réécoutez les perles telles que Massoud (Mais des milliards d’humains/ ça vaut pas des milliards/…) ou Voici la Mort (Fais-moi l’amour/ Mamaaaann). Les fans des Doors apprécieront… Nos mères aussi. Pour en revenir à la personnalité de notre poète rebelle, voici qu’il lève enfin le voile sur certains de ses traits de caractère. À l’écoute d’Usé, de Les Hommes ou d’À ton Nom, on peut percevoir clairement un être tantôt perdu, tantôt solitaire, voire même mégalomane, paranoïaque et fataliste (Usé par les Hommes/ Par le bruit qui rend fou/ Usé par la vie/ Par les hurlements/…). La solitude et la fatalité sont des thèmes très utilisés par Damien, écoutez le tryptique Varsovie-l’Alhambra-Paris.

Oui, cet opus est très hétérogène, voire trop personnel ; Oui, Katagena est classique ; Oui, il s’agit plutôt de poèmes accompagnés de musique, mais si nous devions donner un nouveau synonyme au mot éclectisme, nous le nommerions : Damien Saez.

Posthuman666

Source : www.destination-rock.com