Hier soir, j’étais au concert de Damien SAEZ, artiste tellement rare dans les médias mais pourtant adulé par des millions de francophones. Depuis « jeune et con« , Damien SAEZ n’a pas cessé d’écrire, de composer, de vendre des albums, de se produire sur scène dans des salles combles, sans faire aucune promotion.

La voix de Damien nous donne la chair de poule, tantôt douce, tantôt éraillée par une longue tournée de concerts arrosée de bières et de cigarettes. Parfois seul avec sa guitare, Damien nous transporte dans son univers sombre et rempli de désillusions. Car pour être un bon artiste – je veux dire par là un artiste qui fait passer des émotions et des idées – il faut avoir connu des amours déchus ou avoir vécu une certaine souffrance. Damien Saez est un écorché vif, un peu ours des cavernes qui dit à peine bonsoir, à peine merci. Ancien agoraphobe, il cache sûrement son mal-être derrière sa timidité. Et son talent derrière sa barbe et ses quelques kilos en trop.

Car du talent, il en a, c’est un mélange de Serge Gainsbourg, de Jacques Brel, de Stéphane Hessel et de Bertrand Cantat. Ses textes sont sombres mais beaux, denses et très poétiques. Sa musique dégage une sensibilité et une énergie hors du commun.

Un concert comme celui auquel nous avons assisté avec Fred peut facilement vous mettre en trance, même au doux son de l’accordéon. J’ai d’ailleurs à plusieurs reprise fermé les yeux, pour laisser la musique tamisée ou violente pénétrer chacun de mes pores. Ou pour me laisser bercer au son de sa voix.

Pourtant, ce fût difficile de faire bouger les gens de leurs sièges hier à la Halle Tony Garnier de Lyon. On avait l’impression que la foule, tout comme l’artiste, avait peur de se lâcher. De lâcher prise même. Devant un tel déversement de critiques envers nos politiques, notre société de consommation, envers la progression du FN en France, on ne peut que s’indigner, se révolter même. Jeunesse, lève-toi, chante-t-il d’ailleurs si justement.

Oui Damien, nous sommes dans un monde qui ne tourne pas rond.

C’est dommage que sur la scène française, on ne trouve pas plus d’artistes comme Damien Saez qui dénoncent d’avantage les dérives de notre société. Ça pourrait peut-être réveiller les esprits endormis des français. De ton triste sommeil, je t’en pris libère-toi.

Tant pis si, en dehors de ses chansons, l’artiste de fût pas bien bavard avec son public, il y a des silences qui valent mieux que de longs discours. Il y a des mélodies qui provoquent plus de frissons qu’une farandole de mots.

Damien SAEZ est finalement un bel exemple pour ma génération, même s’il mène une vie plutôt rock’n roll, la cigarette ou le verre d’alcool greffés à la main. Il prouve qu’on peut tracer sa propre voie en quittant les chemins conventionnels. Et que quand on a du talent et un vrai message à faire passer, même si la vie est peuplée d’embûches, ça finit toujours par payer.

Source : www.savethegreen.fr