« Pour que tu me fasses croire que tout ça n’est pas vain. »

Quoi qu’on en dise, la sortie d’un nouvel album de Saez est toujours un évènement. De par une communication absente dans les médias, le garçon s’est au fil du temps construit un mythe à lui tout seul, au point même où les fans du chanteur pourraient se réclamer les fidèles d’une secte mystique. Tout comme lui. Ce bon vieux Saez qui a retentit un jour dans mes oreilles et qui ne m’a plus quitté depuis, comme un vieux compagnon de route qu’on ne quitterait jamais. Même quand il nous déçoit un peu. Ce nouvel album donc, intitulé « Miami« , a encore une fois fait parler de lui. Sa couverture, jugée malsaine, a été censurée par les métros parisiens. Encore une fois, après celle de « J’accuse« , la France nous démontre sa tolérance et son ouverture d’esprit. Bref, passons sur ce sujet pour nous attarder à l’essentiel, la nouvelle production de notre copain Saez.

C’est marrant, à chaque fois qu’un nouvel album de lui sort et que je l’écoute, je suis déçu très rapidement. Mélodies vues et revues, paroles peu inspirées et rythme qui se répète, ce Miami n’a pas abrogé à la tradition du « c’était mieux avant ». Sur le coup, je l’ai vraiment maudit. De nous faire toujours la même soupe, de tomber dans la critique gratuite, de bâcler le travail. Et puis j’ai pris le temps de l’écouter, de l’étudier. Après de multiples écoutes intégrales, cet album n’est finalement pas si mal que ça et m’a rassuré face aux doutes que je lui portais.

Saez fait son medley : Du bon et du moins bon

On commence tout d’abord avec un titre très sombre, sur un air de gratte aux sonorités graves, « Pour y voir » est dores et déjà un classique de l’album. Dans cette chanson, on retrouve le parfait mélange d’un Saez poète et rebelle, flirtant parfois avec ce que pouvait faire Bertrand Cantat avec Noir Désir. Dotée d’une très belle écriture bien qu’un peu répétitive, cette chanson me transporte dans cet univers sale et malsain que Damien aime tant. Il y dresse le portrait d’un monde qui ne fait que mentir et duper, le rythme est là, c’est très réussi !

Dans les 9 chansons suivantes de Miami, Saez y a mélangé un peu de chaque style musical pour nous offrir un univers différent, passant de la ballade amoureuse à la révolte saignante. Ainsi, « Les infidèles » nous fera voyager quelques temps en arrière à l’époque de « J’accuse » et de cette musique rock à faire péter les tympans. Ces infidèles qui ne m’auront pas séduits tant que ça, leur trouvant un air de déjà-vu et un manque d’inspiration.

Heureusement, le reste de l’album saura apporter son lot de sonorités inédites pour nous donner des musiques maîtrisées et accomplies. C’est le cas notamment de quatre titres qui m’auront particulièrement marqués dans cet album : Rochechouard, Cadillac Noire, Le Roi, Les Drogués. Ces quatre morceaux que je retiendrais comme les meilleurs de ce cru 2013 selon moi, de par leur audace et leurs qualités respectives. Si je pestais lors des premières écoutes contre les quelques sons électro de Rochechouard ou la lenteur de Cadillac Noire, je trouve maintenant que tous ces éléments étaient indispensables à ces chansons et qu’elles n’auraient été possibles autrement. Mention également pour Rottweiller, une chanson remplie d’une immense tristesse où l’on pourra ressentir toute la fébrilité et l’amertume de Damien sur un fond musical extrêmement bien choisi. Chanson qui jouera également le rôle de transition. En effet, les deux derniers titres de cet album, No more et Que sont-elles devenues? n’ont pas leur place sur cet album. Bien que ces deux chansons soient de qualité, elles vont à contre courant avec les autres. No more aurait du se trouver dans Yellow Tricycle alors que la dernière chanson, Que sont-elles devenues?, aurait être dans Messine. On aimera ou pas et ce n’est là que mon avis mais la différence de rythme est trop nette pour qu’on ne la ressente pas.

« J’ai pas de dieu, que des gants de boxe pour cramer la vie. »

Avant d’écouter Miami, j’avais de gros doutes sur sa qualité. Mais après l’avoir écouté de fond en comble, j’aime cet album. Il est évident que si nous devions le juger en comparaison aux autres, cet album serait sans doute parmi les moins bon (et encore). Mais ne boudons pas notre plaisir. Miami est un très bon album qui possède de grandes qualités et ce ne sont pas ces quelques défauts qui vont faire de lui un album à jeter. Oui, les paroles ne sont peut-être pas les plus recherchées. Oui, les chansons ont parfois tendance à s’éterniser sur la fin. Quand bien même, Miami n’est peut-être pas l’album qui marquera le plus mais il fait le boulot. Les fans de Saez, comme moi, apprécieront cet album pour sa fraîcheur et son audace. Les autres, ceux qui n’écouteront cet album que d’une oreille sans vraiment chercher à le comprendre, le trouveront dépassé et ringard. Ma foi, tant pis pour eux.

GalWii

Source : dieandretry.com