La pochette de Miami et le single éponyme ne donnent pas forcément envie de découvrir le nouvel album de Damien Saez, sorti le 18 mars dernier. Malgré le beau cul de la fille, y poser la Bible dessus est une provocation un peu facile. Elle n’est en rien choquante, on a l’habitude de voir partout des publicités bien plus déshabillées. Cette photo dénonce simplement l’hypocrisie américaine, le paradoxe entre la religion et le sexe omniprésent.

A travers dix titres, Saez reste dans ses thématiques, dénonçant la société de consommation, le pouvoir et l’argent. Il dresse le portrait d’une jeunesse désabusée, se perdant dans divers excès. Les drogues, l’alcool et le sexe… On imagine des personnages rencontrés la nuit, de Pigalle à Miami.

Les deux premiers titres nous font penser à Noir Désir. Pour y voir nous met dans une ambiance ultra glauque et pourtant si lucide. Un conseil : si vous attendez un enfant, évitez ce morceau ! Puis, sur Les infidèles, on retrouve avec grand plaisir la plume bien affûtée de Damien Saez.

Dans le métro, sur la ligne 2, ivre à 5 heures du mat’, Rochechouart est le son idéal. « Pigalle la nuit, j’suis trop bourré ». Le texte décrit les amours rompus de la jeunesse actuelle. Entrainant, léger et fun, il est impossible de résister à la touche repeat !

Miami, le single, est déroutant à la première écoute, la musique est même agaçante. Malgré cela, s’enchaînant bien avec Rochechouart, et avec plusieurs lectures, il devient plus appréciable. Suite logique de Pilule (un morceau de l’album J’accuse, 2010), il brosse la démesure de cette ville cubaine : la cocaïne, la chirurgie esthétique, les filles faciles attirées par l’argent bref le mauvais rêve américain. Le roi, Des drogues sont dans la même veine ainsi que Cadillac noire avec sa guitare électrique à la Jimi Hendrix.

Rottweiler, « un poids lourd sans les freins » qui nous ramène à Marguerite (toujours extrait de J’accuse) « j’ai pas d’potes, pas d’gang, pas d’famille » est une superbe compo grunge à la Nirvana. Un mec qui ne croit plus en rien et qui n’a plus rien, si ce n’est la rage. Un dealer, un mac, un ancien légionnaire ? Un Rottweiler, un battant qui ne lâche pas et qui lutte, cherchant juste à s’en sortir, comme beaucoup dans cette vie où les inégalités sociales se creusent de plus en plus.

L’album se clôt en beauté avec deux jolies balades : No more, titre très touchant en anglais et Que sont-elles devenues, plus profond, un « voyage au bout de soi », souvenirs de ses amours passés. On songe alors à Tango et Amandine.

Vous pourrez jugez par vous-même car Saez est en tournée en France et en Belgique, ainsi que dans divers festivals jusqu’à fin juillet. Le 18 et 19 avril au Zénith de Paris.

Alice

Source : soundculturall.fr