A chaque nouvelle scène, je suis surprise par l’hétérogénéité du public. Dans la file, à ma droite le sosie de Léo Ferré : mêmes cheveux, même barbe, et certainement même âge ; à ma gauche les petits enfants de Bob, tout y est : dreads, sarouels, gobelet de bière et slim entre le pouce et l’index ; les personnes lambda, les vieux rockeurs, et même quatre ou cinq mouflets de pas plus de 13 ans. Damien touche tout le monde, toute culture et génération confondues.

Il y a un mois j’étais à Clermont, et ce soir je m’attendais à revivre la même chose. Mais l’espace d’un instant j’avais oublié que chaque fois tout est différent. Et ce soir n’a pas dérogé à la règle. Entre l’humeur de l’artiste, les problèmes techniques, le fond de fosse qui était vraiment désagréable, et toutes ces personnes ivres évacuées avant les premières notes, j’ai eu du mal à trouver mes marques. Sans compter le massacre de la première partie de ‘Marie ou Marilyne’ et l’absence de Théo sur ‘Miami’ (et par conséquent la bande son arrière qui a vraiment failli me faire pleurer de dégout.) Quand il partage cette chanson avec son frère il y a ce mélange entre communion et violence, ce truc en plus, un peu sauvage, qui donne toute sa beauté à cette chanson. Ça m’a manqué. Atrocement.

Mais à chaque fois c’est pareil, il sait me surprendre. Me faire lever le point bien haut et m’émouvoir. Les Anarchitectures II, le texte lu au milieu de ‘Ma petite couturière’, me donne des frissons et des envies de tout casser, de secouer les gens dans tous les sens en leur disant : « Mais bordel, réveillons-nous ! ». Alors que ‘Chatillon sur Seine’ me tire simplement les larmes.

Ce soir, il a préféré chanter ‘Tricycle Jaune’ que ‘Tu y crois’. Et je crois qu’à ce moment-là il s’est inscrit encore un peu plus en moi. Je n’étais pas sortie, que déjà, je voulais recommencer. Encore et encore. Encore et toujours plus.

Source : whathappensillneverforget.tumblr.com