Ce 24 avril, Damien Saez pose sa verve et sa guitare sur la scène de l'AB pour la seconde date bruxelloise de sa tournée Miami.

Brut et concentré, celui qui sort à peine de sa précédente tournée « Messina », n’a rien laissé au hasard. Bien sûr, on connait le gaillard engagé et militant, mais sa prestation scénique nous rappelle qu’il est, avant tout, un auteur-compositeur incroyablement talentueux et un interprète à la hauteur des plus grands. Même certaines de ses attitudes scéniques, comme celle d’allumer sa énième cigarette, n’est pas sans rappeler un certain Gainsbar provocant et provocateur.

Ouvrant le concert, axé sur trois albums antérieurs (Les échoués, Sur les Quais, Messine) et Miami, dans une atmosphère très « brelienne », où sa voix louvoyante et convaincante se mêle à l’acoustique d’une simple guitare sèche, c’est dès le premier morceau et l’attaque de « Quai de Seine » que le public se prend au fil des mots du français en révolte.

Après trois morceaux dans la même veine, l’entrée des musiciens et la remarquable interprétation de « Betti », les notes s’électrifient et le public s’enflamme. Les lumières plus rapides et plus saccadées accompagnent le voyage chahuté dans lequel Saez emmène son public, passant d’un son tranchant et presque violent, à des périodes d’accalmie où le texte se fait plus enragé que jamais.

Un des moments clés de la soirée est sans conteste « Miami », morceau phare de l’album éponyme dont l’arrangement est presque malsain de basse et de souffle. Mon ami de Liège clôturera cette soirée sur une émotion à couper au couteau, des mercis fusant de la salle dès la dernière note.

Bien entendu, on peut regretter la distance que met l’artiste entre son public et lui. Pas un mot ne sort de sa bouche entre les morceaux, et, plus décevant encore, il rechigne à mettre en avant ses musiciens pourtant extrêmement talentueux en oubliant même de les présenter.

En résumé, Damien Saez a fait ce que SON public, soudé comme un seul homme en résistance, attend de lui : l’embarquer dans un train à grande vitesse. On sent l’artiste peu enclin à la concession, ce qui plaît certainement à ses fans mais qui peut déstabiliser ; mais finalement n’est-ce pas ce que Saez a toujours cherché… déstabiliser ?

Christelle Cotton

Source : www.wallonight.be