On a beau être des gros bourrins de metalleux qui aimons se foutre sur la gueule, on aime aussi la poésie. Pas vous ? Ah, je dois être le seul... Bon bah, j'ai beau être un gros bourrin de metalleu qui aime me foutre sur la gueule, j'aime aussi la poésie. C'est justement cet amour de la poésie qui m'a fait aller voir DAMIEN SAEZ en concert !

Saez, je l'ai découvert en 2010, avec son album J'accuse. Entre les power-chords bien Rock de ses chansons engagées, on trouve des arrangements sublimes qui rehaussent les textes emplis de métaphore et d'amour de la vie.

En 2012, vient son triple-album Messina (avec 27 chansons s'il vous plait), l'apogée de sa carrière. On y trouve des pianos-voix, des arrangements, des thèmes classiques, et des morceaux très Rock. Un triple-album très diversifié, découpé en trois CDs avec chacun une identité propre.

En 2013, ensuite (l'équivalent de 4 albums en 7 mois, productif le bonhomme), sort Miami. Carrément une déception. Assez parlé de sa carrière, qu'en est-il du concert ?

Et bien, c'est 3 heures de concert, dans un Zénith plein à craquer et sold-out depuis plusieurs semaines. C'est une heure de cours séchée. C'est juste lui et nous. C'est nous et lui.

Il commence seul sur scène, avec sa guitare, et un pupitre. Les cheveux gras rabattus vers l'arrière, le même pull moulant qui souligne son bide de bon-vivant (ça veut dire gros mais on reste politiquement correct !) que depuis le début de la tournée et le même jean défoncé. Il entonne alors une inédite. Une de celles qu'il ne sortira jamais sur album mais qu'il joue à chaque concert de cette tournée. Il est simplement accompagné de sa guitare et de son accordéoniste. Quelle bonne idée il a eu avec l'accordéon... Ensuite, il chante un morceau de son triple album Varsovie, L'alhambra, Paris (2008) : "Tango". Vient maintenant "Marie", ma préférée ; il réussit à me filer des frissons dès le troisième morceau ! S'enchaînent ensuite "Boléro", "Pour Y Voir" et "Betty" avec toujours autant de puissance dans les mots, de beauté dans les mélodies, de partage dans les regards. Le set devient plus rock, avec les morceaux de Miami réarrangés. Les craintes quant à cet album sont vite dissipées et on se rend compte petit à petit que finalement, l'album est bon. Il joue le morceau éponyme, accompagné par son frère, qui répète inlassablement "Cocaïne, cocaïne". Le morceau se termine par un mix qui sonne sud-américain. On trouve des cloches à gogo sur scène (des percussions brésiliennes, souvenirs des cours de musique), on réalise que chaque musicien est polyvalent, qu'il peut jouer de tout. On part vraiment sur les morceaux bien rock, avec un détour par l'album J'accuse (sur lequel je perd ma voix tellement je crie). C'est bien, ça saute, ça pousse un (tout petit) peu. C'est bien beau tout ça, mais il manque un Wall Of Death ou deux. Enfin bon, on va pas faire les chiens.

Une entracte, 20 minutes. Il peut se le permettre le garçon, ça fait déjà 1h30 qu'il joue. QUOI ?! Déjà 1h30 ? Bordayl de Dieu ce que ça passe vite. Damien revient après que le Zénith ait diffusé des pubs sur les écrans géants (bande de capitalistes !). C'est reparti pour 1h30 de plus. On recommence avec un morceau plutôt planant : "Into The Wild" puis quelques morceaux un peu énervés. Comme toujours après une entracte, j'ai du mal à me remettre dedans. Trois chansons et deux pogos (pogo rock j'entends) plus tard, je suis reparti ! Je me détruit la voix sur "Marie Ou Marilyn", extraite de Debbie (2005) et sur "Fils de France". Ensuite vient le temps pour un discours. Oui, un vrai discours, lu sur une feuille de papier. Il faut avoir des couilles pour faire ça quand même ! Au milieu de "Ma Petite Couturière", il lit. Il lit simplement un texte récemment écrit puisque présent dans la set-list uniquement le 18 et le 19, ses deux dates au Zénith. Un discours qui tape là où il faut, là où ça fait mal. En fait, il me donne des frissons, les majeurs levés.

Damien enchaine encore les chansons, on voudrait rester une éternité avec lui. Ce sont ses meilleurs morceaux, ceux que tout le monde, absolument tout le monde connaît par cœur, puisque tout le monde chante. Ce sera le cas sur "Putains, Vous M'aurez Plus", où l'émotion rejoint les voix et les rend tremblantes. Soudain, il entonne "Tricycle Jaune". Il ne l'avait jamais chantée de toute sa tournée, et c'est l'une de mes préférées. Comment rester calme ?. Nos voix s'unissent. A vrai dire, 6 000 voix s'unissent dans un accord parfait. Damien nous avoue « Je crois que c'est ma préférée de toute ». Il semblait au bord des larmes qu'on la connaisse tous.

Petit à petit, on se rapproche de la fin. Les musiciens s'en vont un à un, on retrouve Damien seul sur scène avec sa guitare, comme pour le début. La boucle est bouclée, un cercle parfait. Il joue "Tu Y Crois". Elle n'a jamais fait partie de mes préférées mais elle prend une toute autre tournure en concert. Bourrée d'émotions, elle me retourne littéralement. Il finit en pleurs, comme chaque soir en chantant "Châtillon sur Seine". Ça y est, c'est fini, sur ces quelques mots : "Non, vous m'aimez pas : c'est moi qui vous aime... et je mesure mes mots. C'était bien ce soir, hein ? On a encore frôlé l'orgasme... enfin non, on l'a pas frôlé : on l'a eu. Cette fois, c'est vraiment fini. Il quitte définitivement la scène, les lumières s'éteignent, et moi ? Et moi je reste là, ébahi par ce que je viens de me prendre dans la gueule ! Je repars triste mais heureux. Triste que ce soit fini, heureux d'avoir été là. C'est officiel, rendez-vous pris pour la prochaine tournée. Cette fois, je serai au 2e rang et non au dixième ! (bah ouais, c'est une fosse rock, ça bouge pas assez pour changer les rangs).

Je ne voulais pas finir ce report sans remercier Nathan et son pote qui m'ont permis de passer un bon moment dans la file en attendant l'ouverture des portes, et de m'abriter un minimum de la pluie. En m'excusant de pas les avoir attendus quand le pote en question était appelé par la sécurité à cause d'un appareil reflex.

Et un gros gros merci à Laura et Lætitia pour m'avoir fait passer un super concert ! Je ne les connaissais pas avant, je ne leur parlerai plus jamais, mais on a partagé quelque chose de magique.

Des fois qu'ils tombent dessus...

Source : www.metalyouth.fr