Un second album en deux volets pour un jeune artiste brillant autant que bruyant

Loin de jouer dans la cour de la discrétion, Damien Saez s'est fait remarquer en 1999 avec un premier essai plus que convainquant, "Jours étranges". Sous la forme d'un concept album foncièrement rock, on découvrait alors un jeune artiste certes insoumis mais aussi plein de talents. Avec "Jeune et con", un titre qui en dit long, il allait même faire la fête aux Victoires de la Musique, le temps d'y réaliser une interprétation en direct aussi originale que musclée. À 24 ans, soit deux ans après le succès de "Jours étranges", il sort enfin du studio où il s'est isolé pendant près d'une année avec une nouvelle plaque composée de deux CD: "God blesse" et "Katagena".

Pour le premier opus, l'auteur de "Sauver cette étoile" joue essentiellement sur les genres en brassant des éléments de rock, des ballades, de la techno, de la poésie ou encore un ensemble classique et même quelques saveurs psychédéliques. En seize titres parfois chantés en anglais ou tout simplement instrumentaux, il se fait à la fois revendicateur sur "Solution" et "J'veux du Nucléaire"; raffiné en reprenant le morceau de B.B. King "Stand by me"; convainquant avec l'excellent "No place for us" ou "Perfect World"; playboy en s'offrant un tube sexy et électronique à souhait, "Sexe"; sans oublier de souligner une page d'actualité avec un mélodieux "WTC". Un chapitre qui mérite qu'on s'y attarde tant les compositions sont chargées de sens et de singularité. Pour la seconde partie intitulée "Katagena", Saez revient au principe du concept album pour la plus grande joie de ses fans de la première heure. Ici, on a affaire à treize plages voguant entre un esprit orchestral classique et des envolées lyriques pures. Un mélange où il surpasse de loin un grand nombre de ses concurrents. Au programme, des arrangements minutieux soutiennent des textes aiguisés et tranchants comme la lame d'un rasoir. Mais, pas de danger, même s'il hurle comme un damné, Damien n'est pas un tueur d'illusions. Ses chansons sont touchantes et l'ensemble respire de moments forts et de prises de positions radicales. Un must, quoi !

Question collaborations, Damien Saez est resté fidèle à ses potes Franck et Antoine. Autour d'eux ont également gravité plusieurs invités de marque tels que Théo Miller (ex producteur de Placebo), le batteur de Portishead, ou encore Martin Jenkins (Ocean Colour Scène) à la programmation. Ceci sans omettre la présence du chef d'orchestre Deodato qui a entre autres collaboré avec Frank Sinatra, Björk et Aretha Frankin.

Autant dire qu'avec son second album, Damien Saez brouille les pistes. Tout d'abord, il troque sa crise d'adolescence contre une panoplie complète d'auteur-compositeur mature avant d'explorer de nouvelles voies qu'il exploite avec force et singularité. Bref, les fans s'y retrouveront tandis que les autres auront de quoi se mettre sous la dent.

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