Après le succès phénoménal de "Jours étranges", Damien Saez nous offre un tour de manège hallucinant sous forme d'un double manifeste intitulé "God Blesse". D'une richesse musicale impressionnante, ce projet conceptuel et particulièrement ambitieux enchaîne à un rythme effréné, sur fond de loopings obsessionnels, rock (dé)générationnel (J'veux du nucléaire, Solution), ballades subliminales intimistes (So Gorgeous, No Place for us, J'veux qu'on baise sur ma tombe, Be my princess, Light the way, Isn't it love, A Ton Nom), techno hardcore à corps (Sexe), thèmes classiques aux orchestrations luxuriantes (Light the way-Interlune, Thème I, Thème II), pop songs imparablement tubesques (Isn't it love II, Perfect world), délire néo-psychédélique à dominante instrumentale(WTC pour World Trade Center, Route 666, Ice cream trip on an acid van) et chansons s'inscrivant dans la tradition française (Les condamnés, Saint Pétersbourg, Massoud, Les Hommes, Usé, Menacés mais libres). Et "Voici la mort", clef de voûte céleste et majestueuse, éclair de génie frappant l'âme en plein ciel, renvoyant les Dieux dans les cordes misérables qu'ils ont passé au cou de l'humanité. Symphonie d'un chaos annoncé, litanie d'une désespérance maladive, chronique d'un monde aliéné en pleine implosion, "God Blesse" démontre magistralement que Damien Saez assure la relève et tisse le lien (non seulement en tant que chanteur à la voix aux multiples octaves, mais aussi et surtout en tant que compositeur flamboyant et auteur virulent) entre Jacques Brel, Léo Ferré, Edith Piaf et Noir Désir. Ce disque bouleversant possède toutes les chances de provoquer un cratère dans le paysage musical hexagonal : il insuffle le même esprit de révolte maligne et contagieuse qui émane du couvercle d'un piano du Conservatoire, ou de la distorsion névralgique d'une guitare saturée. Chapeau bas, Monsieur Saez.