Devant plusieurs milliers de personnes réunies pour les Francofolies de La Rochelle, Damien Saez s'est lancé dimanche 14 juillet dans une diatribe contre le Ministère de la Culture (« ministère du vent, ministère des merdes »), l'industrie musicale (« tous des putains »), et plus généralement les modes de vie, de consommation et de production dans la France actuelle. Une prise de parole qui aura fortement impresionné les festivaliers. Elle est intervenue le jour de la Fête Nationale, qui marquait aussi le 20e anniversaire de la mort de Léo Ferré, et alors qu'Aurélie Filipetti avait fait le déplacement à La Rochelle.

Il était un peu moins de 23 heures quand le chanteur, censé clore son concert pour laisser place au traditionnel feu d'artifice, a prévenu : « Ils viennent de me dire qu'il ne restait plus que quatre minutes. Franchement, qu'ils aillent se faire enculer. Si ça coupe, on continuera ailleurs »... On l'a alors entendu entonner l'une de ses chansons à la tonalité très politique et sociale (Ma petite couturière), et y insérer un long texte, écrit pour la circonstance. « Il parait que le ministère est là... Comment ils appellent ça ? Ministère de la Culture ? C'est bon, le cynisme (…) Ah ça, pour faire copain copain avec les petits médias, ça parle.. J'ai envie de vomir ».

Sans une seconde de répit, Saez a brocardé pêle-mêle une France acculturée et repliée sur elle-même, sur ses villages et ses musées ; dont le cinéma est « financé depuis trente ans par des chaînes de télé » ; où sont faits « chevaliers des Arts et Lettres des animateurs de télé » ; et dont les institutions se montrent prêtes à « sucer la bite à n'importe quelle starlette américaine ». Evoquant plusieurs fois Léo Ferré, Damien Saez a dénoncé les hommages convenus qui lui sont rendus. « Ils parlent de la mort de Léo Ferré, mais ils l'ont jamais écouté ? Ils l'ont jamais lu ? »...

Le chanteur, qui semblait sombre et préoccupé - mais qui a livré un concert impressionnant de puissance et d'intensité -, a ensuite quitté la scène sur un « Salut La Rochelle et bon feu d'artifice ».

Valérie Lehoux

Source : www.telerama.fr