Saez est une figure particulière du paysage musical français. Chanteur à textes, engagé et contestataire, il ouvre son concert sur une lecture habitée. Les anarchitectures. Ambiance posée.

Effet de mise en scène étrange, il restera tout le temps derrière un pupitre qui jure un peu avec l’ambiance rock qu’il a souhaité instaurer sur scène.

Cela fait un long moment que je n’avais pas croisé sa route. Lui qui remarquera justement au cours du concert que le public a changé doit se rendre à l’évidence : il est ici question de torts partagés.

Il conserve la fougue qui a fait sa réputation. Il faut reconnaître que lorsqu’il lâche ses mots il se passe quelque chose de fort, il fait mouche souvent, on se laisse toucher par l’intensité de son interprétation.

Ses monologues enragés font partie du spectacle (on retiendra son attaque contre le ministère de la culture « le ministère des merdes » (sic)), mais, pour l’avoir vraiment beaucoup aimé, je redoute qu’il ne devienne petit à petit la caricature de lui-même, poussant petit à petit à l’extrême les débordements qui ont jalonné sa carrière (je pense par exemple au visuel du dernier album ou à l’affiche de sa tournée).

Quand il fume tranquillement sa clope en sirotant un verre, assis à l’arrière de la scène, pendant qu’un de ses guitaristes assure le grand spectacle, il me tape sur les nerfs.

Je ne suis plus aussi sensible qu’avant à son travail. Est-ce lui qui a changé tant que ça ? Ou bien est-ce moi ? On revient au point abordé plus haut : ici encore, je crois que je suis obligée de constater qu’on a les torts partagés et de dresser ce triste constat : sa magie n’opère plus vraiment sur moi.

Il me reste la nostalgie des moments précédents partagés en sa compagnie. Des heures d’écoute de ses chansons, magiques, mais son live désormais ne me déclenche plus de frissons.

Alors bien sûr ça reste un avis personnel et les fans venus se masser le long des barrières, dont le corps était couvert d’inscriptions à la gloire de l’artiste, l’ont eu, eux, le grand frisson et ont hurlé leur joie d’un bout à l’autre du concert.

J’espère que je pourrais à nouveau partager ça avec eux un de ces jours prochains. Car j’y retournerai. J’ai vécu trop de jolis moments grâce à ce fougueux écorché pour rester sur une déception. A une prochaine, donc.

NotSoBlondeetSwann

Source : blog.ricardsa-livemusic.com