Le chanteur jouait pour la première fois aux Francos dimanche soir devant 5.000 fans conquis d’avance…

Sur le modèle de leur idole, ils se méfient des médias «menteurs et vendus aux grands groupes.» Les grands groupes de rock? «Non, les groupes politico-financiers.» Lesquels? Peu importe. Si un «grand groupe» était particulièrement visible dimanche soir à La Rochelle, c’est bien celui des fans de Damien Saez, qui jouait pour la première fois sur la grande scène des Francofolies.

Avant le concert proprement dit, Julie, Math et Zaïd, trois jeunes Lillois venus pour l’occasion, sont allés à la plage, «même si le tourisme de masse nous fait gerber».

Pas de médaille

«Le prix des billets et des boissons, sans déconner, c’est dégueulasse», estime Julie, qui a largement opiné du chef quand, sur scène, Saez s’en est pris au ministère de la Culture. «Les subventions et les médailles, c’est toujours les mêmes qui les ont, analyse Zaïd, mais Damien il s’en fout. Il a pas de subventions mais il nous a nous.»

A en juger par la violence et la vulgarité avec laquelle le chanteur a débité sa diatribe, pas sûr qu’il «s’en foute» tant que ça. Mais peu importe: «il y a le message, mais il y a aussi la musique» chez Saez, rappelle Math.

Fureur anti-système

Saez, justement, a donné un concert intense, sombre et très rock. Loin des minauderies électro d’un Gaëtan Roussel, qui rendait hommage à Alain Bashung un peu plus tôt, Saez ne s’embarrasse pas d’effets de manche. Pour autant, chacune de ses paroles, essentiellement pour vomir la société française, est acclamée par la foule.

Un peu à l’écart des jeunes filles enamourées qui ont inscrit Saez au feutre sur leurs fronts, Marielle et Zélie, trentenaires parisiennes, analysent le phénomène. «Saez va au-delà de la fureur anti-système, il a un regard sur la société de consommation et veut réveiller les consciences. Mais en même temps, il ne veut pas dicter aux gens leurs opinions. Tu vois?»

Feu d’artifice d’insultes

Si les paroles des chansons de Saez oscillent entre beauté obscure et pamphlet caricatural, son concert de dimanche soir à La Rochelle a été marqué par de nombreux emportements que l’on pardonnerait à peine à un adolescent prépubère.

Alors que les organisateurs du festival lui signifiaient que son concert touchait à sa fin pour pouvoir donner le traditionnel concert du 14-Juillet sur le Vieux-Port, Saez s’est emporté: «Franchement, qu'ils aillent se faire enculer.»

Julie, Marielle et les autres ont hurlé leur joie avant que Saez n’entonne sa dernière chanson de la soirée.

Benjamin Chapon

Source : www.20minutes.fr