« God blesse » ne peut pas passer inaperçu.

Cet album est vraiment un voyage !

Je l'ai vraiment vécu comme ça, avec plein d'escales dans des pays déroutants. Pour ces raison, je pense que ce disque va se faire détruire par une certaine presse...

Encore s'agit-il d'un catégorie particulière de médias !

Je peux situer exactement la tranche d'âge de chaque mec que ça dérange. Les seuls à être dérangés, en fait, sont ceux qui ont mon âge... Parce que ça les gave d'avoir en face d'eux un mec qui dit je vais faire ça et ils réagissent : « Pourquoi a-t-il tant de moyens ? Comment peut-il oser un morceau classique de dix-huit minutes ».

Saez n'est pas là par hasard !

Bien sûr. Mais seul, le temps fait les choses. Finalement, les plus grandes discussions que j'ai, ce n'est pas avec les gens de ma génération, jamais... par rapport à la musique, par rapport à la culture en général, à la vie. Par exemple, beaucoup de jeunes à qui tu parles de Brel disent le connaître sans l'avoir jamais écouté. Alors tu arrives à entendre des trucs comme : « Ah celui qui a fait « Le Gorille » ».

On sent dans ce disque une lucidité, pire même, un aspect écorché douloureux.

On est tous, par exemple, angoissé par la mort. Il y a peut-être de la naïveté ou une grande honnêteté à le dire tant le sujet est devenu tabou. Elle n'est jamais montrée et a disparu du quotidien. A un époque, les grands-parents mouraient à la maison. Aujourd'hui, ils finissent leur vie dans des maisons de retraite. C'est comme les crèmes anti-rides. Tous ces trucs pour en arriver à « ne regardons pas ça ». La femme est belle à 40 ans, également à 50. On peut estimer qu'el l'est tou le temps.

La chanson « Usé » traite du vieillissement.

Comme l'érosion. Je développe le mêe thème dans « Menacés mais libres ». L'expression ne vient pas de moi, elle est de ma mère. Elle m'a dit « comme les oiseaux, toujours menacés, toujours libres »... C'est pour ça qu'une phrase à l'intérieur dit « Nous avons vieilli, les poings montent moins hauts ». Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne montent plus. « Usé » se termine par « Un jour on s'est aimé et ce jour c'est demain ». Je crois à ce truc. La preuve que je ne suis pas défaitiste.