Mélange des genres aux Voix du Gaou où le public a pu se révolter au son des textes enragés de Saez et danser sur les airs folks de Lou Doillon.

Le festival les Voix du Gaou s'est achevé hier soir sur la presqu'île du Gaou, à Six-Fours (Var). On a vibré sur les musiques de Saez, Lou Doillon et Rover. Sur fond de chant des cigales.

Franck et Sylvie se déhanchent et lèvent les deux bras, leur fille de 13 ans, Jessica, sautillant à leurs côtés. Les Cigler sont venus spécialement de Nice pour voir Saez, que « toute la famille aime bien ». Face au chanteur engagé qui, verre à la main, « accuse [son] tout petit pays d'enculés », la foule est partagée. A l'image de la famille Cigler, des quinquagénaires se balancent, les gamins sur les épaules, sans se soucier des paroles parfois violentes qui parviennent à ces oreilles juvéniles. Pressés contre la scène, les plus jeunes se déchaînent en gardant toujours leur poing fermé vers le ciel.

Saez tête d'affiche de la soirée, livre une heure et demie de concert furieux qui électrise le public du Gaou. « J'ai tout fait, j'ai pleuré, j'ai crié », raconte Amélie, survoltée, en revenant vers ses amis restés en marge de la foule compacte qui applaudit et siffle les textes contestataires de l'interprète de Jeune et Con. La jeune femme de 28 ans attendait ce concert depuis douze ans : « Je voulais quelque chose d'intimiste ; là j'étais à 5 cm de Saez ».

Encerclée par la mer, la scène du Gaou ne pouvait offrir à cette Marseillaise un cadre plus privé pour enfin apprécier l'énergie communicative du rocker français qui aime provoquer. Hauts d'une vingtaine de mètres, les échafaudages qui constituent cette scène à ciel ouvert se dressent parmi les pins noueux. Moment de grâce sous une lune presque ronde : Saez interprète Marie, accompagné de sa seule guitare.

Le chanteur ne s'est pas gardé, au cours d'une prestation mouvementée et alcoolisée, de lancer une pique à Lou Doillon, qui l'a précédé sur scène. « Les petits bourgeois chantent en anglais », a-t-il envoyé, sans qu'on puisse manquer la référence aux ballades de l'actrice récemment convertie à la chanson. Laure, une Britannique de 35 ans, regarde Saez d'un oeil circonspect en tirant sur sa clope. Elle est venue pour Lou, dont elle apprécie le style « so British ».

Martin ROUX