C’était chaud hier soir au théâtre Jean Deschamps. Autant Saez et OrelSan sont complètement différents autant la folie hystérique qui a parcourue leur public était la même.

D’un côté nous avons du rock avec Saez. De l’autre du rap avec OrelSan. Deux styles qui s’opposent mais les deux artistes se caractérisent par des chansons aux paroles tranchantes quasi pamphlétaires. Mais chacun à leur façon. Pourtant sur scène, ils déclenchent le même type de réaction : une hystérie collective. Les fans hurlent, sautent, dansent. Sur la scène de Saez, une groupie va même jusqu’à débarquer et danser à la vue de tous vêtue exclusivement d’un minuscule short en jean. Très Woodstock.

On pourrait penser que le public d’hier soir était tout simplement enragé mais non, que ce soit pour Saez ou pour OrelSan, l’auditoire connaissait très bien les paroles et ne se gênait pas pour les scander, tous en chœur. Étrange d’ailleurs qu’un même public soit à ce point efficace sur deux styles si différents. Peut-être ne sont-ils pas si différents après tout.

OrelSan et Saez jouent tous les deux un rôle. La différence est que chez OrelSan, le rôle est assumé, poussé au déguisement alors que chez Saez, on espère que ce soit un rôle.

Saez, connu pour avoir le verbe haut, pour être celui qui se révolte contre la société, a endossé le rôle du rebelle. Lunette noire, cigarette, boisson sombre (coca? whisky ? whisky coca ?), il se balade nonchalamment sur scène avant de déverser ses paroles contestataires sur un son à vous déchirer les tympans.

Lorsque l’on ferme les yeux, on a la vague tentation d’entendre Bertrand Cantat mais en ouvrant les yeux on se retrouve face à une autre réalité. On a le droit a du rock pur et dur et Saez est déchaîné. Mais pas avec son public. Il semble avoir avec son micro une relation assez perso ce qui le rend presque dédaigneux. Mais c’est son personnage et le peuple adore.

OrelSan, lui aussi joue et il y va à fond. Lui et ses six musiciens débarquent vêtus d’une longue toge noire à capuche. Comme des membres d’une secte. Au milieu de la première chanson, OrelSan fait tomber la capuche et apparaît masqué. La scénographie est géniale. Puis il abandonne le masque, sa troupe abandonne le costume et ils apparaissent tels ils sont ce qui les rend instantanément accessible. L’attitude change aussi vis-à-vis du public. OrelSan est sorti de son rôle de provocateur et endosse celui du rappeur, content d’être là avec ses fans.

Deux personnages ont joué hier soir et ils ont retourné leur public.

Élodie Toto

Source : www.ladepeche.fr