Pour sa 7è édition, le festival catalan possédait l’une des programmations les plus imposantes de l’été, malgré une défection de poids.

Il suffit d’aller aux Déferlantes pour mesurer à quel point ce site est unique. Le festival prend position sur les hauteurs de la ville, dans une cuvette/amphithéâtre bordée de pins et autres conifères imposants au pied du château de Valmy dominant de sa blancheur la plaine d’Argelès et la mer. Avec une scène Château et une scène Mer montées côté à côte, les groupes se relaient sans temps mort et la capacité maximale des 10 000 festivaliers permet à chacun de voir et entendre parfaitement.

Le dimanche soir, il faudra passer outre les horripilants Dub Inc et leur brouet festif et observer d’un air dubitatif Willy Moon et ses poses de défilé de mode plutôt que de rocker convaincant avec de voir Saez faire hurler au public « fuck you Goldman Sachs » pour un set tonitruant. Maceo Parker peut se renommer Maceo Pépère (bien qu’agréable) mais la surprise du jour sera la prestation resserrée de Ben Harper avec Charlie Musselwhite. Un pur bain de blues râpeux et inspiré, le vieil acolyte de John Lee Hooker chantant quelques titres. Harper entame son set avec un percutant « I Don’t Belive A Word You Say » et ne relâchera pas d’intensité même au milieu des morceaux les plus calmes, remerciant chaleureusement le public à la fin et ému de dédicacer une photo d’eux deux avec John Lee Hooker.

Le lundi, Cali l’enfant du pays catalan marche, tel Moïse, sur une mer de mains (au sens propre). Plus tard et fort de deux albums sensationnels, c’est au tour de Charles Bradley avec son groupe de blancs-becs de marcher sur les traces du Godfather of Soul à grand coups de hurlements/feulements funk/soul torrides rappelant aussi parfois les Chambers Brothers. Ce sera ensuite un concert best-of de Madness, vêtus d’élégants costumes, rappelant qu’ils sont un des meilleurs groupes anglais des trente dernières années. Les quelques très bons titres du dernier album ne ternissent en rien la magie des « Bed And Breakfast », « Our House », « Embarrassment » et autres. Un de leurs potes fera même un karaoké hilarant sur « Highway To Hell », en plein milieu du set. En revanche, au bout de deux titres de Jamiroquai, on s’est souvenu qu’on avait un sanglier sur le feu… toujours pas cuit à la fin de C2C.

Le troisième et dernier jour, la défection de Motörhead sera généreusement comblée par Skip The Use et un Matt Bastard survolté qui livrent une stupéfiante version de « Ace Of Spades »… Matt, toujours drôle et déconnant dans ses interventions, balance quelques bonnes punchlines en faisant se lever comme un seul homme une assistance bluffée par l’énergie produite.

Les Stooges en forme totalement olympique effectueront une sélection par le volume sonore, jouant non plus à 11 mais à 13, faisant déguerpir les plus sensibles dans les vignes en contrebas. Une setlist impeccable, Williamson en tueur de tympans, le groupe termine les deux rappels sur un « Passenger » pour temporiser avant de clouer tout le monde sur « Your Pretty Face Is Going To Hell ». Après ce déluge et grâce à leur monumental contingent de fans, les BB Brunes réussirent un mini-exploit et parvinrent à retenir le public. Ce que ne réussirent pas les Hives et leur show copié-collé.

Hervé Deplasse