Il nous a été récemment donné l'occasion de découvrir par le bais de Marinette, charmante petite cousine hystérique à tendance gothique de 13 ans et demi, l'existence d'un jeune et talentueux artiste nommé Damien Saez.

Nous avons donc parcouru l'immensité de la toile tel le proverbial pèlerin en quête de vérité, et au hasard du chemin nous sommes tombés sur ce qui semble être le rendez-vous obligé des jeunes penseurs de demain, je veux parler du site skyblog. Parmi la multitude de blogs qui s'offrait à nous, d'aucuns traitaient du jeune Damien Saez en termes élogieux qui confirmaient avec éclat l'enthousiasme exacerbé de Marinette ("Se keum je le kiff tro en plus il trop bo

Damien est né avec un seul doigt à sa main droite, et il n'en n'a pas honte

Une terrible excitation intellectuelle s'est aussitôt emparée de moi : il fallait que je sache, moi aussi, quel était le message distillé par ce jeune barde tro bo. En un mot, mon voeux le plus cher était de kiffer de concert avec les intellectuels prépubères du Skyblog et de sentir tout mon être vibrer à la seule évocation de ce nouveau maître à penser.

Pour ce faire, rien de tel que de s’imprégner à tête reposée de quelques paroles de chanson afin d'en retirer la substantifique moelle. Mon dévolu s'est immédiatement jeté sur "Je veux du nucléaire", au titre assez prometteur.

Enfant d'une génération ratée
Qui pensait qu'à rêver
De drapeaux blancs
Moi j' veux du nucléaire
J' veux du sexe et du sang
Des bombes dans le RER
Même si je ne suis qu'un enfant

D'emblée, nous découvrons le terrible malheur qui a frappé Damien Saez dès sa naissance : il est l'enfant d'une génération ratée qui rêvaient de drapeau blanc. Chacun a les rêves qu'il peut, mais il faut bien avouer, en l'occurrence, qu'un drapeau blanc n'offre, en matière d'onirisme, que des perspectives bien limitées. Encore, si l'on rêve d'un drapeau blanc situé à quatre où cinq mètres, ça va encore : avec un peu de chance, s'il y a du vent, il bouge, ça crée un semblant d'animation. Mais si on a les nez dessus, c’est tout blanc, c’est monotone.

Terrible conséquence de ce laisser aller : maintenant Damien veut du nucléaire. Donc, si j’ai un conseil à donner aux futures mères, c’est d’arrêter tout de suite de rêver de drapeaux blancs si elles ne veulent pas donner naissance à un enfant qui leur demandera une centrale nucléaire dès leur premier Noël. Mais Damien ne s’arrête pas là : il veut également du sexe, du sang et des bombes dans le RER. Pour le sexe, ça peut se comprendre, on en est tous un peu là. Pour le sang, la motivation exacte ne nous apparaît pas clairement. Pour les bombes dans le RER, nous sommes dans l’expectative. Selon nos sources, Damien, qui a su rester simple malgré son immense succès, continue de prendre les transports en commun, et il en a marre d’être boudiné dans un wagon tous les matins quand il va au bureau. Observateur, il a constaté qu’une bombe dans le RER avait pour conséquence de diminuer de façon sensible la fréquentation des transports en commun. Résultat : on y respire mieux, et parfois même, on réussit à trouver un place assise entre Nation et châtelet. Damien est un garçon pratique.

Enfant d'une génération ratée
Vautré devant la TV
On se branle devant les bombardements
Mon dieu que c excitant
Moi j' veux du nucléaire
J' veux du sexe et du sang
Des bombes dans le RER
Même si je ne suis qu'un enfant

Dans ce couplet, on en apprend un peu plus sur le mode de vie du jeune Damien : il passe ses journées devant la télé, ce qui explique sans doute sa grande connaissance des problèmes géo politiques contemporains. Il lève également un voile pudique sur ses pratiques sexuelles : il est le fervent adepte d’un onanisme débridé devant les bombardements. Mais je tiens à mettre en garde le citoyen lambda qui serait tenté par une telle expérience : seul un artiste de la trempe de Damien Saez peut s’enorgueillir d’atteindre un quelconque résultat dans ces conditions extrêmes.

Le reste du couplet répète le couplet précédent, donc si vous n’avez pas compris, lire au dessus. A la lecture du troisième couplet, je suis pris d’une immense lassitude. Trop d’émotion sans doute. Il faut que j’aille me reposer.

Philippe Grédisset

Source : philotropie.over-blog.com