UN DOUBLE ALBUM, soit vingt-neuf titres en deux fois soixante-dix minutes de musique ! « God Blesse », le deuxième disque de Damien Saez, 24 ans, est un labyrinthe déroutant où se côtoient rock nerveux et pièces symphoniques, chansons et titres instrumentaux. « Si j'ai pu me permettre ça, explique l'auteur-compositeur-interprète, c'est parce qu'avec mon premier album, j'ai été Disque d'or sans pub télé... » Sa liberté artistique, Damien Saez l'a conquise en effet il y a deux ans, grâce à « Jours étranges », un disque auquel le rageur « Jeune et con », premier single au ton de manifeste, a valu d'être rapidement étiqueté « rock rebelle ». « Sans recul » « Nous vivons dans un monde où l'analyse est permanente et cette analyse empêche tout engagement, affirme ce diplômé du conservatoire. Moi, dans mes textes, je décris ce que je vois autour de moi, sans recul. » A l'écoute des paroles de Saez, on se prend à sourire de cette révolte tous azimuts - entre « J'veux du nucléaire » ou « Massoud » - qui pousse cet artiste Universal à chanter tous les combats, de sa voix torturée et plaintive. Lui assume tout, avec l'assurance maladroite d'un jeune homme qui ne doute de rien, et surtout pas de son talent ni de son charisme. La démarche, happée comme elle vient et complètement en dehors des formats habituels, est ambitieuse. Telle qu'il la définit, elle touche même à la prétention : « Je suis bien conscient que personne n'est capable d'écouter ces deux disques à la suite, comme personne ne lit un livre d'une seule traite. Je fais confiance à mes auditeurs, sans pour autant penser à eux lorsque je compose. » Qui l'aime le suive...