Toujours très productif, Damien Saez revient au devant de la scène avec un nouvel album engagé. Après les déboires sentimentaux, place au Saez rebelle, celui qui aime ruer dans les brancards et appuyer là où ça fait mal.

jaccuse SaezOn a connu un Damien Saez très sombre en 2008. Avec son triple album VARSOVIE – L’ALHAMBRA – PARIS, il y avait de quoi prendre une corde et aller se pendre au premier arbre venu. Par contre, parmi la trentaine de titres, il y avait des purs chefs-d’œuvre, d’une intensité incomparables (Quand on perd son amour, Putain vous m’aurez plu). L’année d’après, Saez nous a présenté un projet surprenant avec son Yellow Tricycle. Un album en anglais, mais qui n’était pas vraiment réussi et qui n’a pas déclenché un enthousiasme débordant chez les fans.

Et cette année, le voilà qui revient avec une belle patate et des titres rock comme on pouvait en trouver sur GOD BLESSE. Saez a toujours été là pour dénoncer les inégalités, pour lutter contre le fascisme et pour combattre une certaine forme de mondialisation. Un artiste engagé comme l’on dit.

L’humanité dans un caddie

« J’accuse ». Ces deux mots, avant de sortir de la bouche de Saez, ont été comme vous l’avez sans doute appris à l’école, le titre d’un article de Zola destiné au Président de la République pour soutenir le capitaine Dreyfus injustement condamné à perpétuité. Nous ne sommes pas là pour parler d’histoire, mais Saez n’a pas choisi ce titre au hasard. Si l’article de Zola a fait scandale, la pochette de Saez n’est pas en reste non plus. La photo de Jean-Baptiste Mondino a déclenché les foudres de certaines chiennes de garde. La splendide femme nue dans le caddie de supermarché a mal été interprétée. Les affiches ont dû être retirées dans les métros français et la polémique était lancée. Et pourtant… Saez ne considère sans doute pas la femme comme un vulgaire objet, mais au contraire c’est toute l’humanité que représente cette femme. On ne va pas rajouter de l’huile sur le feu et partir dans des débats philosophiques à deux balles, mais je vous propose qu’on s’intéresse plutôt au contenu de J’ACCUSE.

Une intro a capella (Les anarchitectures) où finalement tout est résumé et tout y passe. Plus qu’une intro, c’est un poème que nous offre Saez. Le timbre de voix si particulier ressort d’autant plus lorsqu’il n’y a pas d’instruments derrière. On n’aime ou on n’aime pas. Les titres phares de l’album se trouvent dans la première partie de l’album. Sans vouloir dénigrer la seconde partie où il y a d’excellents morceaux, mais c’est clair que “Pilule”, “Cigarette” et “Des P’tits Sous” à la suite, ça déchire.

« Ya une époque les filles avaient le poing levé, aujourd’hui c’est plutôt culotte baissée, quand je s’rai grande moi j’s’rai poupée gonflable pour des millions à se branler sur mon âme sur la toile »

Un peu plus loin le titre éponyme, “J’accuse”, toujours dans un élan contestataire, Saez dénonce nos modes de consommation entre ultralibéralisme et mondialisation. Ajouté à cela notre société où tout est réglementé et où les interdictions surpassent les libertés. « L’homme descend pas du singe, il descend plutôt du mouton ».

Dans la seconde partie de l’album, on est moins dans cette vague contestataire. Comme on l’a dit, il y a de bons morceaux, mais ce n’est pas du niveau des 6-7 premiers titres. On retiendra tout de même “Marguerite”, sorte de déclaration d’amour à une nana un peu marginale, un peu barrée. « Marguerite elle est belle comme un accident de bagnole, c’est pas vraiment un bon coup, mais c’est dans l’mille à tous les coups ». Si ça ce n’est pas de l’amour…

Damien Saez a rempli deux fois les Docks ce printemps et pour ceux qui ont manqué ces excellents concerts, des séances de rattrapage sont prévues au Festineuch et au Paléo.

Anthony Golay

Source : www.lordsofrock.net