L'histoire est presque trop belle. Presque trop limpide. Un conte de fées auquel on se dit qu'on ne va pas croire. Et puis, on rencontre Damien Saez, et là, on est bien forcé de se rendre à l'évidence : le talent existe !

FLASH-BACK. DIJON, Côte d'Or, c'est de là qu'il vient Saez. Une solide culture, un langage choisi, des manières élégantes, laisseraient à penser qu'il vient des beaux quartiers. Faux. Il vient de la banlieue, des HLM, comme quoi les stéréotypes ont la vie dure. Parce que c'est depuis sa banlieue que Saez a fait ses études de piano classique et aussi le Conservatoire ; c'est de sa banlieue qu'il a découvert Coltrane, U2 et Herbie Hancock, entre autres. Et c'est depuis sa banlieue qu'il s'est aperçu qu'il allait vraiment mieux quand il mettait ses émotions en chansons. Alors, depuis l'âge de seize ans, Saez compose sérieusement, compulsivement. Aujourd'hui, à vingt-deux, il signe son premier album, « Jours étranges », puissant condensé unidimensionnel de « rêves éveillés ». Difficile de le décrire autrement. En tout cas fulgurant. Pour n'importe qui. Sauf pour lui on dirait. Lui, qui possède la tranquille assurance des gens qui savent qu'ils en ont sous le pied et qui n'ont pas cherché ce qui leur arrive. Tôt ou tard, Saez savait que ça lui arriverait. Dans ces conditions, ce n'est sans doute pas un hasard si une chanson de son disque s'appelle « Petit Prince ». Au fait, son disque, quand il s'en parle à lui-même, il l'appelle « Le voyage », ça veut tout dire. A suivre. D'urgence. Et de très très près.