Qu’on adule ou qu’on déteste, Saez fait toujours réagir. J’accuse, son dernier opus en date, a attiré l’attention autour de la censure qu’il subit (ses affiches ont été interdites de publication dans le métro); mais il s’agit surtout d’un album de textes aiguisés et réalistes qui ne demandent qu’à exploser en live. C’est dans un zénith sold-out que l’expérience Saez s’est déroulé durant 3h!

Date : 05.05.10

Adresse : allée du zénith 75019 PARIS

Web : www.le-zenith.com/paris

C’est tout d’abord un mec énervé qu’on trouve sur scène, vêtu d’un jean troué et d’un simple tee shirt noir. Il crache son mécontentement sur une société en déclin. Le zénith plein à craquer ce soir acquiesce à ses mots coup-de-poing; rien d’étonnant car il chante ce qu’on nous cache ou ce qu’on refuse de voir (Non l’homme descend pas du singe, il descend plutôt du mouton). L’artiste a toujours trouvé des mots justes pour résumer l’état d’esprit de beaucoup de jeunes, qui aujourd’hui ont comme lui une petite trentaine. A chaque album pourtant son public gonfle. Ce soir ce dernier ne perd pas une occasion pour montrer sa fidélité et son respect; pas besoin d’attendre les titres connus pour se faire entendre. Chaque dénonciation est soutenue par la foule, le bras levé. Même lorsqu’on connait ses disques, c’est toujours une claque à chaque écoute. Pendant une bonne heure les trois guitaristes font saigner leur instrument sur une bonne partie du dernier album, tandis que les lumières assaillent la scène en rythme. Musicalement on frôle le hard rock avec de longues instrumentalisations qui chauffent la salle.

Après une micro-entracte, Damien Saez revient seul. Assis dans un fauteuil, éclairé par une seule lumière il entame une set d’acoustique. La salle est plongée dans un silence religieux, une flopée de briquets vient accentuer l’atmosphère céleste; je retiens mon souffle face à la beauté de l’instant. On se croirait à un autre concert tant l’ambiance est à l’opposé de ce qui vient de se passer. A ce moment-là plus rien n’existe, six mille personnes sont hypnotisées par sa voix si particulière qui résonne dans la salle.

Au long du concert on surprend Saez esquissant des sourires, bafouillant (faut dire que le débit est soutenu), taquinant son public. Il se sent bien là et nous remercie à maintes reprises. Peu fatigués par leurs divers sauts et slam, les parisiens insatiables (même les gradins étaient debout) en redemandent alors que les lumières se rallument. La salle gronde; le « mauvais garçon » revient une dernière fois et interprète seul deux magnifiques titres parmi ce qu’il appelle ses pleurnicheries. On ne pouvait pas imaginer une plus sublime fin à cette soirée.

Rod

Source : archives.le-hiboo.com