Surnommé le Petit Prince du rock, Damien Saez est un auteur-compositeur-interprète plutôt insolent. Véritable génie pour les uns, énorme arnaque musicale pour les autres, il divise. Mais cette première galette « Jours étranges » n’est pas complètement mauvaise et peut même se révéler agréable si l’on arrive à occulter le côté « ado-rebelle », qui, il faut bien le reconnaître, est foncièrement insupportable.

Car là où le bât blesse, c’est au niveau des textes. Les thèmes abordés ne sont pas novateur dans le genre : la drogue, le suicide, la jeunesse, la déception amoureuse, l’injustice, le capitalisme, la mondialisation... En bref, le panel du parfait « petit guide de l’adolescent incompris qui en veut à la terre entière ». Saez décrit les choses qui l’entourent de manière très noire et fataliste mais il manque encore de maturité, et nous assène une série de stéréotypes plutôt affligeants. Le paroxysme est atteint avec la chanson « Soleil 2000 », où il nous donne une vision très pessimiste de la jeunesse et de son futur : « Mais nous sommes jeunes encore, mais l’avenir est mort. Et nos ailes sont brisés, reste la drogue encore pour nous enfuir »…vraiment quel génie ! Et encore ceci n’est qu’un aperçu, alors imaginez le tout répété douze fois!

Deuxième problème : sa voix est ce qu’il y a de plus inaudible. Sa diction laisse à désirer, son timbre est sadique et crispant au possible et son interprétation manque franchement de nuance. Quelques cours de chant lui ferait le plus grand bien…et ferait aussi le plus grand bien à nous les auditeurs ! Ajoutez une trop grosse dose de fougue, et le résultat se révèle tout, sauf bon.

Mais voila, c’est contradictoire, malgré cette série de mauvais points, je l’aime bien cet album. Ce qui le sauve de la catastrophe, c’est la musique, qui alterne entre rock et mélodies toutes jolies. « Soleil 2000 » se distingue par sa belle envolée de violons sur la fin, « Rock’ n’ Roll Star », qui a mis les doigts dans la prise, est plus légère et quelques appels à l’électronique ont été ajoutés comme ce beat techno complètement étouffé. Un titre nerveux, bourré d’énergie. La présence de chœurs masculins qui crient leur « encore » comme un slogan de manifestation sur « Sauver cette étoile »,(qui sonne très Noir Désir), amplifie la colère de cette chanson déjà vindicative. On a même droit à un solo de guitare.

Saez mise aussi sur la carte de l’émotion, avec « Crépuscule », une chanson intense qui vous prend littéralement aux tripes. Dommage que Saez l’entache un peu en faisant un « viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiienns » en plein milieu de la chanson, des plus foireux. Mais cela reste le seul point négatif pour ce titre. L’hymne « Jeune et con » est dans la veine de « Sauver cette étoile », à savoir un titre rock brut et sec.

En revanche grosse pour déception pour « Hallelujah » et ses atmosphères suaves mais à lui tout seul, il gâche la chanson en hurlant un « ham..lé-é-élou-jah » des plus ridicules. L’explosion final est particulièrement émouvante, mais il préfère se la jouer perso et faire une belle bouse vocale. On oubliera aussi vite « My funny valentine », qui se veut dans la plus pure tradition piano-bar, mais qu’est-ce que vous voulez, on ne peut pas marquer des points partout.

En règle générale, ce disque tient la route, et même si il n’y a rien de révolutionnaire dans la musique, je ne me suis laissée prendre au jeu des ambiances et des mélodies. J’estime la musique plus importante que le reste, et c’est pourquoi ma note n’est pas mauvaise. Damien est un artiste jeune, et il a encore le temps de cuire. La suite parlera d’elle-même…

Vivi

Source : fp.nightfall.fr