Une petite review, la première d’ailleurs, pour ce blog… Ceux qui me connaissent savent que je suis un grand fanatique de Saez, je vous prie donc de bien vouloir m’excuser d’avance de l’éventuelle partialité (ou pas) de cette chronique. Ainsi donc, quelques mois à peine après avoir sorti le triptyque Les échoués – Sur les quais – Messine, Damien revient avec Miami, un album résolument plus rock, avec quelques petites expérimentations tout de même. Petite chose qui m’a frappé, dans la plupart des chansons, on trouve des échos lointains de vieux titres, par l’ambiance ou des bouts de paroles.. Enfin, on voit aussi les liens qu’on choisit de voir, n’est-ce pas?

Pochette

Au niveau de la pochette, étant donné que celle de J’accuse est ma favorite, quand je tombe sur celle-là, autant vous dire que je la trouve moche, artistiquement parlant. OK, elle critique l’hypocrisie ricaine, pays produisant à peu près autant de fous de Dieu que de films pornographiques, OK, elle n’est pas floue mais c’est à peu près tout ce qu’on peut en dire. Pas mieux pour le palmier-bite fait en billets de 500 euros.

Autre fait peu étonnant et à mon avis parfaitement calculé, elle a été refusée par la RATP et s’est retrouvée affublée d’un sticker dans certaines chaines de disquaires. Certes, cela corrobore ce que Saez dénonce depuis quelques albums déjà mais je trouve qu’il s’est un peu endormi sur ses lauriers pour le coup. Mais ne nous arrêtons pas à l’emballage, ça serait rendre un bien piètre hommage à cet artiste.

Tracklist

Pour y voir [04:42]
Les infidèles [03:57]
Rochechouart [04:53]
Miami [04:21]
Le Roi [05:39]
Des drogues [05:02]
Cadillac noire [04:25]
Rottweiler [04:39]
No more [04:50]
Que sont-elles devenues? [04:35]

La première chose qui me soit venue à l’esprit après l’écoute initiale, c’est que je m’attendais à quelque chose de bien plus énorme. En effet, quand je prends Messina, qui est à mon sens l’album le plus abouti de Saez, celui-ci m’a paru comme un pâle reflet de sa gloire passée. Bien entendu, après plusieurs écoutes, cet effet est bien atténué, mais c’est tout de même la moins grosse claque que j’ai subie à la découverte d’un nouvel album. J’ai été bien davantage surpris par « Parait qu’elle est en ville », une inédite chantée lors du concert du 19 mars à Amiens, c’est dire! M’enfin…

On entame le bal avec Pour y voir, le même accord répété durant toute la première partie dure un peu trop longtemps avant de laisser place aux guitares explosives. Thématiquement, on tomber sur quelque chose d’inédit, puisque Damien y aborde la venue au monde d’un enfant et de ses possibles devenirs, le tout teinté d’une amertume profonde. Un morceau qui passera superbement bien en live, pour introduire la setlist. à confirmer grâce aux prochains concerts.

Viennent ensuite Les infidèles. Là, le texte est on ne peut plus explicite, en plein dans la beauté du sale et du mâle surtout… Mais pas de réelle surprise, des prostituées, il nous en a déjà largement parlé et niveau mélodique, c’est du déjà-vu.

Rochechouart (une station du métro parisien) a une mélodie on-ne-peut-plus étrange, je m’attendais vraiment pas à trouver ce genre de choses sur une galette de Saez. Sinon, ambiance de fin de soirée, les yeux déchirés, où l’on ressemble davantage à un tas de détritus à deux pattes qu’à un être humain digne. Et comme pour rendre le personnage encore plus pathétique, il essaie de récupérer sa belle, ce que tout humain doté d’un brin de bon sens ne ferait jamais sobre.

On en arrive à la chanson-titre, Miami. Sex, drugs and money, of course. Une chanson à prendre à l’envers, tout comme Rock’n'roll star. Mais c’est un nouveau miroir aux alouettes comme seul sait en offrir le Nouveau-Monde. L’American Dream en prend plein la gueule. J’ai lu (dans une interview de l’Humanité, merci SaezLive) que Messina était comme un pot-au-feu et Miami un McDo. C’est peut-être bon au goût, mais au final ça écœure, c’est artificiel et formaté.

Le Roi, avec sa mélodie digne d’une série policière de TF1 de fin de soirée, est une de mes préférés de l’album au niveau sonore. Comme le morceau précédent, on est dans l’ironie. Le personnage, bien au-dessus des foules, célèbre l’avènement du Dieu-Argent et tous les « avantages » qui vont avec, dont la soumission des inférieurs, se mettant à genoux devant les rois.

Avec Des drogues, j’ai un peu l’impression que le personnage du film noir saezien arrive à la phase chronique de l’addiction. L’énumération des différents prétextes pour en prendre se conclut par une prise de conscience du caractère illusoire de tout ce qu’elles pouvaient bien apporter: des drogues pour être le roi le roi des cons tu vois.

On monte ensuite dans la Cadillac noire du mafieux désenchanté qui a tout ce que l’argent peut obtenir. Je crois qu’on a bien compris à ce stade a toutes une meute de putains à sa disposition, qu’il utilise comme des Kleenex.

La conscientisation de l’éphémère trouve son apogée avec Rottweiler et sa guitare sèche au rythme entêtant. Le personnage sent bien que c’est fini, qu’il est seul au milieu de tous, que la lutte pour la suprématie n’aura jamais de fin. Son cœur balance entre suicide et tuerie.

Puis fut No more, une ballade en anglais qu’on dirait rescapée de Yellow tricycle. On y retrouve un thème cher à Saez, l’amour perdu. Comme toujours, plusieurs interprétations sont possibles mais celle qui me vient à l’esprit est que le protagoniste de cette histoire a perdu sa bien-aimée, qui aurait sauté d’un pont la menant vers le ciel, loin de son bien-aimé. Ce dernier finit par en avoir assez d’être sans elle, de marcher sur le rebord du pont. Un autre sens de Walking on the edge pourrait être d’exister à moitié entre la vie et la mort. Mais il finira par se jeter dans le gouffre sacré…

On termine cet album par Que sont-elles devenues, déjà nostalgique par le titre, une guitare sèche et quelques percus « à l’ancienne », telles qu’on pourrait les retrouver autour d’un feu de camp et quelques bières. Tout pareil pour les paroles, qu’on pourrait résumer par Que sont-elles devenues les promesses et les vies qu’on a rêvées un jour? Je les retrouverai dans le fond du grenier.On peut y voir également un clin d’oeil à Amandine (son héroine), un titre qui commence quand même à dater et dont les plus grands aficionados savent qu’il existe une version antérieure, probablement enregistrée au lycée.

En posant le point final de cette review, je me dis que je l’ai peut-être jugé trop hâtivement et durement. Ce n’est certes pas l’album de l’année, encore moins le meilleur de Saez, mais il se laisse apprécier, après plusieurs écoutes attentives, certes. J’espère ne pas avoir dit trop de conneries, auquel cas je vous laisse volontiers me contredire en commentaire. Et à venir, ces prochains jours, la mise à jour de mon livret de paroles.

Cretch

Source : cretch.net