Ce mois ci sort le nouvel album de Damien Saez, Miami . La pochette est... disons «attirante», n'est-ce pas ? Le «Holy Bible» joue la provoc' à souhait ; cela nous promet un bon et grand moment ! Connaissant le « phénomène » SAEZ, nous pouvons nous attendre au pire en ce qui concerne les retombées évidentes d'une telle pochette puisqu'il nous avait déjà fait le coup sur l'album de 2010 J'accuse. A cause de la polémique ayant suivi la parution des affiches pour promouvoir ses concerts parisiens du mois de mai (Ndlr : une blonde nue dans un chariot de supermarché), les « bien-pensants » de la censure avaient hurlé à la provocation et au sexisme. Il reste à parier que Les grenouilles de Bénitier vont monter au créneau et s'en donner à coeur joie une fois encore ! Vont-elles comprendre le message qui se cache derrière cette pochette? (sans vilain jeu de mot...)

C'est bien là le principal souci de Saez. C'est un incompris. Mais n'est-ce pas là, l'apanage des artistes de génie ?

Avec sa gueule d’ange et ses faux airs de Eminem, ses intonations à la Brian Molko (Ndlr : chanteur du groupe Placebo), son look variable au fil des saisons, Damien Saez frappe un grand coup en 2013. Il avoue des influences comme Ben Harper, Noir Désir ou The Doors. Mais Manu Tchao, Louise Attaque nous semble une piste aussi crédible à l’écoute de cet opus. Nous noterons quand même en point négatif, cet accent qui déforme les sons buccaux. (Le « é » devient « ai » ; les « eu » deviennent « e » etc…). Nous n’aimions pas ça chez Cali, encore moins chez lui. Surtout qu’il n’a aucun accent naturel en interview.

A maintenant 35 ans, Saez nous présente donc son huitième album. Le premier datant déjà du vingtième siècle, 1999 pour être précis. Ce jeune auteur, compositeur, interprète et multi-instrumentiste autodidacte nous dévoile encore une fois son côté sombre, grivois, tourmenté. Et tourmenté, il l’est le garçon ! Il n’y a qu’à lire les textes de ces chansons pour comprendre. Plein de questions nous viennent à l’esprit. Est-ce du vécu ? A-t-il vraiment autant souffert de la drogue et de ses méfaits, qu'il le chante ? N’est-il pas tout simplement un peu mytho sur les bords ?

En tous cas, il peut se targuer d’être une énigme.

Son dernier-né se compose de dix morceaux. Musicalement, il s’appuie sur des guitares plus ou moins distordues, avec des effets de synthé distillés de façon toujours judicieuses. Ajoutez à cela une rythmique basse/batterie solide, et la sauce monte facilement !

Les chansons s’enchaînent très bien sur l’album. Le son rock ( français, européen, pop, alternatif ) qu’il nous présente est une grande réussite. Les textes sont d’une grande qualité. Il ne passe jamais par des mots sortis du dico, préférant les mots crus, voire grivois et vulgaires. Mais il travaille beaucoup sur la musicalité des phrases et des termes employés. C’est un chanteur Français, un vrai. Une seule chanson dans la langue de Shakespeare, mais quelle chanson ! «No More » est une grande réussite qui ne souffre d’aucun doute : Saez a un style bien à lui. Cette balade mélancolique où l’auteur nous conte ses peines de cœur (dans des lyrics sombres et tristes), nous prouve son talent.

Même si le premier morceau, «Pour Y Voir », peut en surprendre plus d’un, le texte (chanté sous forme de slam) nous accompagne tout le long de la rengaine, qui est jouée à la guitare pour une montée en apothéose. Chaque titre a une particularité musicale : une intro électro sur «Rochechouart » pour un hommage au quartier ; une intro à la pédale Wha-Wha sur «Cadillac Noire » où l’auteur nous donne un aperçu de ce qui s’y passe ; ou bien du pur rock sur «Les Infidèles ». Ce dernier titre fera évidemment grincer des dents car c’est une attaque en règle des principes cathos. Le nouveau pape François appréciera surement… "Miami" est le titre phare de l'album, le premier single sur la toile au début du mois de mars. Une apologie ou une dénonciation de la Cocaïne et de ses excès. Une vue noire sur la mer et l’ambiance artificielle des villes "tape à l’œil"… Sur la chanson «Des Drogues », Saez réussit la prouesse de répéter 48 fois (et oui, nous avons compté ...) «des drogues » sur une rythmique très entraînante. Enfin, nous retrouvons un accompagnement à la gratte acoustique en accord mineur sur ce qui restera une chanson majeure de l’album, «Que Sont Elles Devenues », nostalgie du temps passé.

Pour conclure, SAEZ nous offre une œuvre bien ficelée. Un huitième opus que nous qualifierons de belle réussite. Nous avons pris beaucoup de plaisir à le suivre dans ces textes parfois violents, parfois provocants, mais toujours empreints de poésie et de vérité. Sa musique est variée, changeant même de style au sein d’un même titre. Un album à écouter sans modération, mais avec une grande ouverture d’esprit…

Redge

Source : rockart-titude.fr