PARCOURS – Le livre "Damien Saez à corps et à cris" s'intéresse à la personnalité fragmentée et sulfureuse de la tête brûlée de la chanson française. Entre ses aspirations, la genèse de sa carrière, son autodestruction à petit feu, ses combats permanents, le journaliste Romain Lejeune décrit un artiste jusqu'au boutiste qui a fini par s'enfermer dans son propre système. Metronews a retenu 5 éléments méconnus qui en disent davantage sur son cheminement de pensée.

C'est un artiste totalement à part dans la sphère de la chanson française. Un tube populaire qui lui colle à la peau depuis ses débuts ("Jeune et con"), quelques soucis avec la censure, un répertoire dense et habité... Damien Saez envoûte autant qu'il agace. Celui qui a fêté ses 15 ans de carrière en 2014 brûle aujourd'hui la vie par les deux bouts, quitte à y laisser de nombreuses plumes et des fans sur le chemin. "Il est totalement obnubilé par son œuvre, grillant ses années de vie comme il allume ses cigarettes, trop vite et trop souvent", souligne le journaliste Romain Lejeune qui lui consacre une biographie intitulée "A corps et à cris". Derrière ses chansons en forme de brûlots se cache pourtant un homme à la personnalité assez secrète, qui se dévoile un peu plus à travers le livre.

Une enfance très sage

La jeunesse de Damien Saez ne ressemble pas du tout au rythme de vie dissolu qu'il a pu adopter par la suite. Elève appliqué au conservatoire de Dijon, le futur chanteur passe des journées tranquilles auprès de sa mère Cherifa et de son beau-père Pierre Cholbi. "Il était extrêmement aimable, poli, gentil, attentionné, pas du tout turbulent, colérique, hyperactif ou capricieux", se souvient ce dernier. Une époque paisible à laquelle il rendra hommage sur le titre "Châtillon-sur-Seine", qui clôt son album Messina.

William Sheller, son premier fan

Damien Saez compare son tube "Jeune et con" au classique "Un homme heureux" de William Sheller, par la fausse simplicité de sa formule. Au début de carrière, le jeune Saez vient le voir en concert et lui remet quelques-uns de ses textes. "Il en a lu un devant moi. Je pouvais lire dans ses yeux de l'interrogation et de l'intérêt. Il m'a regardé et il m'a dit : vos textes racontent des histoires, je vous rappelle la semaine prochaine." Un rendez-vous est convenu entre les deux hommes, qui aboutira à d'autres rencontres avec des maisons de disques. On connaît la suite.

Fan des séries télé... sauf Game of Thrones

On n'imaginait pas Damien Saez dévorant avec avidité des séries télé. Breaking Bad, Lost, Battlestar Galactica...le chanteur ne les raterait pourtant pour rien au monde, sauf peut-être Game of Thrones. "Il est très casanier, explique son demi-frère Théo. Il est tellement perfectionniste dans la musique, tellement précis dans l'écriture de ses textes qu'il a besoin de relâcher la pression devant ce genre de programmes." Le plus surprenant : Columbo, dont il aurait vu la plupart des saisons.

Une dent contre Noir Désir

Son irrévérence et sa farouche indépendance ont souvent rapproché Damien Saez du groupe de Bertrand Cantat. Pourtant, le chanteur n'a jamais digéré un épisode marquant de la formation de Bordeaux : sa tribune virulente contre Jean-Marie Messier, alors PDG de Vivendi Universal, aux Victoires de la musique en 2002. "Les mecs venaient de signer un très gros contrat avec Barclay et Bertrand Cantat sort qu'il n'est pas du même monde. Pour moi, c'est un peu se mettre à la table du roi et s'en prendre à lui une fois qu'il vous a donné l'argent. J'avais l'impression d'être plus alternatif qu'eux."

Fervent supporter de l'Olympique de Marseille

Encore un aspect méconnu de la personnalité de Saez. L'homme soutient l'Olympique de Marseille avec passion, allant jusqu'à exiger qu'on le tienne au courant des résultats des matchs au moyen de "subterfuges surprenants". En 2013, lors de la tournée Miami, il demande à son demi-frère de suivre en temps réel les rencontres de son club préféré. Il a également installé du double vitrage dans son salon pour ne pas se faire griller la surprise par le bar en bas de chez lui.

A corps et à cris, par Romain Lejeune, aux éditions Braquage. 153 pages, 15,50 euros.

Un nouvel album sur les rails

Fidèle à sa réputation, Damien Saez travaille actuellement dans le secret le plus total. Il se murmure que son nouvel album pourrait sortir dans le courant de l'année 2015, 2 ans après le choc Miami et 3 ans après son triptyque Messina. Doit-on s'attendre à une nouvelle salve de textes frondeurs ou à une approche plus minimaliste et expérimentale ? Silence radio du côté de son entourage.

Boris Tampigny

Source : www.metronews.fr