Déprimant et lumineux, le premier album de Damien Saez est aussi le plus surprenant de cette rentrée. Avec Jours étranges, ce jeune auteur-compositeur-interprète (vingt-deux ans) originaire de Dijon, joue d’un rock aux accents suicidaires dont les textes, hantés par l’idée de mort, disent les tourments d’une " génération sans but " à l’aube du nouveau millénaire. " J’veux pas crever dans cette inhumanité ", chante-t-il dans J’veux m’en aller ou encore " Y a plus rien à foutre ici qu’à désespérer " (Soleil 2000). Le spleen est au rendez-vous de son univers qui sait allier puissance des guitares et poésie torturée : " Il me manque mon héroïne " (Amandine). On croit par moments entendre la voix de Bertrand Cantat, chanteur du groupe Noir Désir, dont Saez s’est visiblement inspiré. Noirs, violents, pessimistes... ces Jours étranges témoignent aussi de l’Algérie, de l’Irlande, de la Yougoslavie, bref, des douleurs de la planète, en un cri qui désespère de pouvoir " Sauver cette étoile ". Une œuvre forte, sombre et romantique.