Après trois longues années de silence total et deux derniers albums peu convainquants, Saez revient enfin avec un manifeste qu'il annonce courant juillet sur les réseaux. Le 4 novembre, il livre le premier volet de son manifeste : un album de dix chansons. Le petit Prince de la poésie fait son grand retour.

Avec les terribles événements qui ont ensanglanté la France ces deux dernières années, Damien Saez allait forcément ressortir sa plume. C'est ce qu'il fait depuis le mois de juillet : il mène une petite révolution artistique, un projet réparti sur une année entière qu'il a baptisé "Le Manifeste". Après une belle et longue vidéo où il expliquait ce qu'il allait créer au cours de cette période, il sort deux premiers singles. Le 4 novembre dernier, le poète a dévoilé "Tous les gamins du monde, en hommage à Charlie Hebdo puis "Les Enfants Paradis", un hommage aux victimes des attentats de Paris du 13 novembre 2015. Le vendredi 9 décembre, il met en vente son album L'Oiseau Liberté & Prélude Acte II.

Saez a retrouvé sa plume de poète, qui manquait cruellement à son univers musical depuis l'irréprochable triple album Varsovie - L'Alhambra - Paris en 2008 et le rock'n'roll J'accuse en 2010. Les derniers albums (Messina en 2012 et Miami en 2013) avaient essuyé des échecs cuisants et l'art du "Petit Prince" avait amplement perdu de son éclat. Mais Damien Saez est bel et bien de retour. Pour ceux qui le connaissent, il était évident que de telles circonstances nationales, aussi dramatiques soient-elles, allaient toucher le poète en plein coeur. Face à tant de chagrin et de larmes, Saez laisse couler son encre pour se guérir. Le malheur lui va malheureusement si bien, c'est dans le désarroi qu'il écrit ses plus belles chansons.

Mélancolique, il pleure ses frères disparus, ces innocents tués au nom d'un mirage et d'idéaux absurdes. Il déplore l'illettrisme et prône l'amour des autres, la liberté. C'est la plus grande majorité des sujets qu'il chante pendant ces dix nouvelles chansons. Les textes sont poignants, sublimés par un simple piano ou une guitare acoustique : quoi de mieux pour accompagner des mots si lourds et si meurtris. C'est aussi malencontreusement le point noir de cet album : trop de redondance dans les thématiques. Il aurait été préférable d'élargir un peu les horizons pour un album aussi attendu. Parallèlement, il réitère les problématiques qui lui sied le mieux, excepté l'amour perdu. C'est ainsi qu'on retrouve l'habituelle dénonciation du capitalisme dans la chanson "Mon terroriste".

Saez sera en concert trois soirs consécutifs au Bataclan les 21, 22 et 23 décembre prochain et il passera par le Zénith de Paris les 21 et 22 avril 2017.

Elodie LEMAN

Source : www.poleculture.net