« Ils étaient des sourires, ils étaient des sanglots / (…) / Enfants du paradis, enfants du Bataclan ». Le 4 novembre dernier, Damien Saez dévoile sur son site culturecontreculture.fr « Les enfants paradis », morceau hommage à ceux qui sont tombés, victimes de la tyrannie. La chanson, voix fragile, piano délicat, illumine « Le manifeste » nom du projet avec lequel le chanteur a annoncé en juin dernier vouloir repartir au combat.

Une poésie résistante

Poing levé et solidement armé de ses mots, Saez délivre dans « L’oiseau liberté » premier acte de ce manifeste, une colère lourde emprunte de lyrisme. Celui qui assure vouloir continuer le combat contre vents et marées convoque au fil des plages Colombine et Rimbaud, Brel et Hugo. Dans « Mon pays je t’écris », belle mais triste lettre à la France, il déclare son indéfectible amour à ce pays des lumières, à ses frères de liberté morts fusillés. Proposée elle aussi sur son site « Tous les gamins du monde », guitare acoustique et chœurs, rend hommage à Gavroche et aux enfants de Charlie Hebdo. Un titre éclairé dans lequel il enjoint son pays à rester debout. Le clown triste qui plante des roses dans le sable n’a clairement rien perdu de sa verve. De « L’humaniste » et « Les enfants lune », sa poésie résistante, portée par des mélodies qui bien que moins électriques sonnent rock, entend réveiller les consciences.

Œuvre en mouvement

Avec « Prélude », un ensemble de trois morceaux qui constitue une introduction à ce que pourrait être le deuxième acte du manifeste, Damien Saez change de ton. Il s’en prend aux politiques (« Mon terroriste »), aux réseaux sociaux (« C’est la guerre »), au capitalisme, à la parole facho et à la téléréalité dans la séduisante « Je suis ». La révolte, cette douce amie, laisse parfois place à la colère. Comme sur « Peuple manifestant » donné, lui, uniquement en téléchargement et dans lequel il dit son dégoût d’une certaine société. Eternel contestataire, Saez se montre plus désenchanté sur « Le dernier disque ». Un titre avec lequel se ferme « L’oiseau liberté » et qui fait le pont entre les univers d’un manifeste dont les pages restent encore à écrire.

Mercredi 21 décembre, lors du premier des trois concerts (à guichets fermés) qu'il a donnés au Bataclan, le chanteur a annoncé la sortie probable de son prochain manifeste le 15 février.

Stéphane Guihéneuf

Source : www.letelegramme.fr